Des microbulles pour authentifier vins et montres

Ghislaine Bloch Le fabricant horloger Parmigiani a été convaincu par la technologie de la société française Prooftag

La contrefaçon de produits de marque représente 10% du commerce mondial, selon l’Organisation du commerce international. Et cela ne concerne plus uniquement le secteur du luxe. Plusieurs solutions existent pour tenter d’empêcher la contrefaçon, à l’exemple des encres spéciales, des hologrammes ou des cartes à puce. «Toutes ces technologies sont reproductibles», se méfie Thierry Deflandre, directeur de la société française Prooftag. Cette entreprise a développé une solution innovante qu’utilisera l’horloger Parmigiani de Fleurier (NE) pour protéger certains de ses modèles.





Il s’agit d’une petite pastille métallisée contenant des minuscules bulles. Ces «codes à bulles», comme les nomme Prooftag, peuvent s’intégrer dans un document ou être collés sur un objet. Parmigiani les insérera sur les certificats de certains de ses modèles. «Chaque étiquette est unique et correspond à un numéro d’identité lié au produit», explique Thierry Deflandre. Pour vérifier l’authenticité d’un objet, le consommateur introduit le code figurant sous la pastille et l’envoie par Internet ou via son téléphone portable à Prooftag. Il reçoit instantanément une photographie censée correspondre à la constellation de bulles qu’il a en main. «Il n’est pas nécessaire de posséder un scanner ou un outil spécifique pour authentifier le produit», souligne Albert Gowen, président de Gowen Family Office, à Genève, qui a investi dans le projet. Toutefois, pour les douaniers ou la police, il existe également un lecteur optique qui mesure la réflexion de la lumière de ces «codes à bulles».Publicité



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L’idée a germé en 2003. Francis Bourrières, un expert en électronique, s’est associé à Clément Kaiser, un spécialiste en colles. Ils ont créé en 1995 la société de recherche et développement Novatec à Montauban (sud de la France). Un procédé de fabrication, tenu secret, a été élaboré et transféré à Prooftag. La société utilise un polymère. Lorsque cette matière est chauffée, des bulles d’air se forment et se répartissent de manière aléatoire dans la structure, créant une constellation unique, non reproductible et tridimensionnelle. Puis le polymère se solidifie. Il prend la forme d’un papier métallisé, découpé selon la forme souhaitée par le client. En 2006, Albert Gowen a fait la connaissance du projet lors d’un salon du vin à Bordeaux. Il a tout de suite été séduit par la technologie. «Sept actionnaires ont investi au total 10 millions de francs», souligne-t-il.

Vins et spiritueux
Aujourd’hui Prooftag, qui compte 30 collaborateurs et réalise un chiffre d’affaires de 1 million de francs, a signé des contrats avec plusieurs clients. Son système authentifie par exemple le matériel électronique de l’Agence spatiale française, les équipements de loterie de la Française des jeux, les diplômes d’écoles polytechniques émis en Côte d’Ivoire ou les nounours de la marque Ovale.
La société recense également 30 clients dans le secteur des vins et spiritueux, et 4 millions de bouteilles tracées et sécurisées par sa technologie.