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- La montre de luxe en un clic n'est pas encore pour demain
REUTERS | 24.03.2010 |
Par Silke Koltrowitz
BALE (Reuters) - Offrir des montres de luxe sur internet n'est pas à l'ordre du jour pour les marques horlogères réunies au salon mondial de l'horlogerie et de la bijouterie, même si d'autres acteurs du luxe ont déjà découvert pour eux cette voie de distribution.
Alors que le sac à main Gucci ou le parfum Hermès peut déjà être commandé en quelques clics de souris, la réticence des marques de montres à embrasser les ventes en ligne semble quelque peu démodée.
Jamais à court d'idées pour promouvoir sa marque Hublot, Jean-Claude Biver, ose un pronostic. "Cela va venir. Je ne sais pas quand mais j'espère que cela viendra bientôt", a déclaré à Reuters le directeur général de la maison contrôlée par LVMH, à l'occasion du salon Baselworld qui se tient à Bâle jusqu'à jeudi.
"Aucune marque de montres ne le fait pour le moment, mais il est évident que le premier qui se lancera aura des suiveurs. Donc, qui va être le premier? Je ne sais pas", a-t-il poursuivi, évoquant des inquiétudes concernant la contrefaçon.
"Nous, on hésite. N'importe qui peut imiter un site qui ressemble à celui de Hublot et ensuite livrer une fausse montre. Je ne voudrais pas endosser cette responsabilité. Pour le moment, c'est un peu prématuré."
Même son de cloche du côté de Blancpain, marque haut de gamme aux mains de Swatch Group. "Bien sûr qu'on trouve des montres Blancpain sur internet mais je les déconseille en principe, ce n'est jamais très sûr", a expliqué Marc Hayek, président-directeur général de la marque.
Outre la contrefaçon, son principal souci en la matière concerne le service après-vente. "Pour le client, c'est important d'avoir une personne derrière qui est joignable au téléphone ou peut sauter dans la voiture en cas de problème."
"S'il y a des partenaires compétents et que c'est bien fait, bien géré, bien contrôlé, je pense qu'à l'avenir ce sera possible de vendre des montres sur internet", a-t-il résumé.
"Mais quand même, un objet comme ça, il faut le toucher", a-t-il souligné, expliquant que l'idéal pour le client serait de choisir sa montre dans une boutique et de pouvoir la commander sur internet après une période de réflexion.
CHANGEMENT D'ATTITUDE
Un avis partagé par Jon Cox, analyste chez Kepler Capital Markets. "Lorsqu'on achète un objet aussi cher, on veut le toucher, le voir sur son poignet", explique-t-il, ne décelant de ce fait qu'un potentiel limité pour la vente de montres de luxe en ligne.
"Il y a peu à peu un changement d'attitude, l'internet est de plus en plus accepté par les groupes de luxe", constate l'analyste. "Le problème est qu'il y a déjà tant de sites tiers qui vendent des montres. Si les horlogers eux-mêmes avaient leur portail de vente en ligne, cela mettrait les clients en confiance", a-t-il ajouté.
Les groupes pourraient s'inspirer de l'exemple de nombreuses marques de luxe qui réalisent d'ores et déjà une partie de leurs ventes dans l'espace virtuel du net. Outre Gucci Group et Hermès, Christian Dior Montres propose ses produits aux internautes.
La présidente de la ligne montres et joaillerie de la maison de haute couture balaie les craintes liées à la contrefaçon.
"La copie, il y en a et il y en aura toujours, je ne pense pas qu'internet soit un levier de démultiplication de la copie", a estimé Laurence Nicolas, déclarant que les produits Dior étaient très difficiles à contrefaire.
"Cela fait un certain temps qu'on a notre boutique en ligne et, honnêtement, cela fonctionne très bien", a-t-elle confié sans dévoiler le pourcentage des ventes générées sur internet.
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Avec Astrid Wendlandt, édité par Pascal Schmuck
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