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Il fait revivre les chefs-d'œuvre des écoles suisses d'horlogerie
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LA CHAUX-DE-FONDS Cette montre pendentif a été réalisée à l'Ecole d'horlogerie et présentée à l'Exposition universelle de Milan en 1906. La boîte en or émaillée est quant à elle l'œuvre de l'Ecole d'arts appliqués. (SCHMID MULLER DESIGN)
Bel hommage aux générations d'enseignants et d'apprentis ayant usé leurs outils dans les dix écoles d'horlogerie de Suisse, un ouvrage remet au premier plan les fameuses «montres-école» que devaient y confectionner les élèves. De vrais petits chefs-d'œuvre, à découvrir au fil de... 570 pages.
Il y pensait depuis 15 ans, il l'a fait: ancien directeur du Wostep, centre de perfectionnement horloger établi à Neuchâtel, Antoine Simonin vient d'éditer une véritable bible consacrée à une de ses passions: les montres des écoles d'horlogerie.
«Un travail d'équipe», tient-il à souligner, en feuilletant l'épais ouvrage - quatre kilos, 570 pages -, réalisé notamment avec Estelle Fallet, Marlyse Schmid et Bernard Muller, ainsi qu'une trentaine d'autres spécialistes d'histoire horlogère, sous le titre «Dix écoles d'horlogerie suisses, chefs-d'œuvre de savoir-faire.»
C'est sûr, le pavé fera référence: «J'ai fait ce livre pour la mémoire», indique Antoine Simonin. «Et j'ai même attendu trop longtemps car beaucoup de professeurs de ces écoles sont morts aujourd'hui. Or, ils étaient les gardiens de ce savoir-faire.»
Avant les années 90, les écoles d'horlogerie réalisaient des «pièces-écoles», qui permettaient aux apprentis de se faire la main et d'apprendre la rigueur nécessaire au métier. Leur réalisation prenait souvent plusieurs mois et aboutissait parfois à la confection de vrais petits chefs-d'œuvre.
«Dans certaines écoles, notamment celles où existait un département de micromécanique, les élèves devaient même fabriquer les ébauches du mouvement», relève Antoine Simonin.
La tradition des «pièces-écoles» a été abandonnée progressivement mais est en train de renaître aujourd'hui, sous forme de collaboration entre certaines écoles et l'industrie. Dans le canton de Neuchâtel, Vaucher Manufacture, Chopard, la Haute Ecole Arc et le Wostep sont notamment concernés. Les écoles d'horlogerie sont toutes nées en Suisse au 19e siècle. C'est celle de Genève qui a été fondée en premier (dès 1824), suivie de Fleurier, La Chaux-de-Fonds, Saint-Imier, Le Locle, Neuchâtel, Bienne, Porrentruy, Soleure et Le Sentier (la dernière, 1901). A noter qu'il n'en reste que six aujourd'hui.
Elles avaient souvent leur spécialité, en fonction du tissu horloger qui les abritait. Ainsi, l'école du Sentier s'est rapidement fait une réputation dans les complications, alors que celle de Saint-Imier, étroitement liée à la fabrique Longines, privilégiait les modes de production plus industriels. Elles n'étaient cependant pas en compétition: «Il y avait assez peu de contacts entre elles», remarque Antoine Simonin. «La qualité de leur enseignement dépendait largement des professeurs qu'elles comptaient dans leurs rangs.»
Et de citer des hommes comme Jämes Pellaton au Locle ou, comme il les appelle, les «trois mousquetaires» de La Chaux-de-Fonds, Fridolin Wiget, Robert Gafner et Georges Sautebin, dans les années 30. Des hommes qui auraient peut-être pu trouver une activité plus lucrative dans l'industrie? «Ils avaient la passion d'enseigner», répond Antoine Simonin.
Il rend ainsi hommage aux générations d'enseignants et d'apprentis qui ont usé leurs «micros» à travers tout l'arc horloger. Avec force dessins et illustrations de pièces provenant de collections privées ou de musées. De quoi se rincer l'œil. /FRK
«Dix écoles d'horlogerie suisses, chefs-d'œuvre de savoir-faire», éditions Antoine Simonin, Neuchâtel, info@booksimonin.chFRANÇOISE KUENZI
http://www.arcinfo.ch/journal/horlogerie/article/272810/il_fait_revivre_les_chefs_doeuvre_des_ecoles_suisses_dhorlogerie.html