Giséle Potraze était de ces filles qui ne disent jamais rien et se fondent dans les groupes ou les foules sans qu'on les remarque.
Lorsque dans un groupe de 15, un seizième s'invite, l'arrivée au restaurant pour Gisèle était toujours une épreuve. Dernière à s'asseoir, il n'y avait jamais pour elle ni chaise ni couvert... Les autres, déjà installés devaient se déplacer sur leur chaise pour lui laisser une place manifestant sans vraies retenue leur mécontentement de partager quelques centimètres...
Gisèle était de ces boulets que l'homme jeune rencontre à la fin de l'adolescence et dont il ne se débarrasse jamais convaincu qu'aucune autre ne fera avec lui ce que Gisèle a accepté si tôt.
Ce matin de juin, Gisèle eut fait exceptionnel une conversation dès le petit déjeuner avec son mari que nous appellerons Jules. pour la première fois, elle manifesta une lassitute de ce rôle d'arrière plan qu'il lui consentait de jouer.
Jules ne mit pas plus de la journée pour décider de se séparer de Gisèle.
Elle reprit donc la montre des 15 ans de mariage qu'elle avait offerte à Jules à peine une semaine plus tôt , une Breitling Chronomat. Lui n'eut rien à reprendre, il avait juste acheté un bouquet de fleurs à la va-vite quand Gisèle l'avait appelé sur son portable pour lui demander de rentrer plus tôt.
Gisèle reprit aussi le Montblanc offert pour les 35 ans de Jules, 5 mois plus tôt.
Elle mit les deux objets en dépot vente.
La maison, la voiture, le crédit, la garde du chien etc... Tout fut réglé par convention dans le divorce.
Discrétement, Jules alla racheter sa montre laissée pour pas très cher au dépot mais il laissa le stylo.
Jules partage maintenant se jours avec Lise qui le méne par le bout du nez et l'oblige à l'attendre dans la voiture quand elle fait les boutiques.
Gisèle vit avec un prof de gymnastique qui la commande comme un adjudant.
La montre de Jules lui rappelle le bon temps où il faisait ce qu'il voulait... Gisèle vient de s'acheter un Montblanc, le même que celui offert à Jules qui finalement n'était pas si méchant.
Comment je le sais ? C'est le patron du dépot vente qui me l'a raconté... Je n'ai changé que les noms...
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).