ZEN Rang: Administrateur
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| Sujet: Les trésors horlogers du Doubs Ven 25 Aoû - 8:57 | |
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- Les trésors horlogers du Doubs
Vue générale de la vallée du Doubs.
D.R.
MORTEAU (DOUBS) ENVOYÉ SPÉCIAL
Au XVIIIe siècle déjà, l'agriculture ne suffisait pas toujours à faire vivre ceux dont c'était le métier. Alors, pour compléter leurs revenus, surtout l'hiver, les paysans du haut Doubs se faisaient artisans - sous-traitants, dirait-on maintenant - pour l'horlogerie. En famille, chacun dans sa ferme avec ses propres outils inventés ou bricolés, préservant jalousement leurs secrets de fabrication puisqu'ils étaient payés "à la pièce", ils produisaient des éléments pour les fabricants de montres, français et suisses. Chacun avait sa spécialité : les aiguilles chez l'un, le cadran émaillé chez l'autre, telle ou telle partie du mouvement chez un troisième. Ensuite, un assembleur récupérait et réunissait le tout.
Accès et renseignements S'y rendre : Besançon par TGV ou autoroute A36, puis emprunter la RN57 et la D461 vers Morteau et Villers-le-Lac.
Renseignements : offices de tourisme du val de Morteau (tél. : 03-81-67-18-53, www.morteau.org), Villers-le-Lac (tél. : 03-81-68-00-98, www.villers-le-lac-info.org) et Maîche-Le Russey (tél. : 03-81-64-11-88, www.maiche.free.fr).
[-] fermer Gîte, restaurants et/ou hôtels Gîte : les Greniers du Meix Lagor à Montlebon, où Christian, Nicole et Yves Monnet ont reconstitué dans une ferme de 1803 un petit village, où les chambres sont d'antiques et authentiques "greniers forts" à grain organisés autour d'une place centrale. Groupe de 15 personnes minimum, 6 chambres (tél. : 03-81-67-26-03, www.meix-lagor.com).
Restaurants et/ou hôtels : à Grand-Combe-Châteleu, Faivre (tél. : 03-81-68-84-63) et l'Auberge de la Roche (tél. : 03-81-68-80-05), à Villers-le-Lac, l'Hôtel Le France, 8, place Cupillard (tél. : 03-81-68-00-06, www.hotel-restaurant-lefrance.com), et, à Morteau, l'Hôtel de la Guimbarde (tél. : 03-81-67-14-12, www.la-guimbarde.com).
[-] fermer A visiter et à découvir A visiter : le Musée de l'horlogerie du haut Doubs, 17, rue de La Glapiney, 25500 Morteau (tél. : 03-81-67-40-88, www.musee-horlogerie.com), le Musée de la montre, 5, rue Berçot, 25130 Villers-le-Lac (tél. : 03-81-68-08-00, www.montres.fc-net.fr), l'Atelier Jean-Claude Alonet, 1, rue de la Brasserie, 25500 Morteau (tél. : 03-81-43-82-80, www.horloge-comtoise.com), le Musée des automates d'Yves Cupillard, 14, rue des Moulinots, 25500 Morteau (tél. : 03-81-67-10-01, www.cupillard.com). Le Musée de la pince, à Montecheroux (tél. : 03-81-92-50-00), les Fermes-Musées du pays horloger à Grand-Combe-Châteleu (tél. : 03-81-68-86-90) et les "échelles de la mort" utilisées aux XVIIIe et XIXe siècles par les contrebandiers, à Charquemont.
A découvrir : le saut du Doubs, soit en bateau, avec les compagnies Droz-Bartholet (tél. : 03-81-68-13-25, www.sautdudoubs.fr) et CNFS (tél. : 03-81-68-05-34, www.saut-du-doubs.org), soit en calèche (tél. : 03-81-68-09-03, www.saut-du-doubs.org).
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Il suffit aujourd'hui, pour percevoir l'ampleur de leur activité, de pousser la porte du château Pertusier, charmante demeure bourgeoise de 1576, à la façade Renaissance, qui abrite le Musée de l'horlogerie à Morteau. A 83 ans, Constant Vaufrey, bon pied bon oeil, fondateur de ce lieu associatif dont il reste le conservateur bénévole, est intarissable. Il brosse les portraits de ces horlogers protestants de Blois "qui, chassés de France après la révocation de l'édit de Nantes, trouvèrent refuge à Genève", où ils firent prospérer leur art. Au fil des salles, machines, montres, pendules, ateliers reconstitués avec des automates, témoignent du travail que ces expatriés fournirent d'abord aux ouvriers de Neuchâtel puis, progressivement, aux paysans comtois.
"L'énergie hydraulique, plus tard, apporta l'industrialisation", note encore Constant Vaufrey, ancien chef de fabrication lui-même, fier de montrer l'horloge en bois de 1680, l'astronomique de 1885 et la plus petite montre mécanique (98 pièces et moins de 1 gramme), qui figurent parmi les fleurons du château Pertusier. Le val de Morteau, grâce à cet apport de l'eau vive, compta jusqu'à 2 300 horlogers vers la fin du XIXe siècle avant d'être victime, au milieu du siècle suivant, de la révolution du quartz. Ce qui n'empêche pas des marques d'horlogerie d'être toujours présentes dans le haut Doubs, comme Péquignet à Morteau ou Michel Herbelin à Charquemont. Ces entreprises à forte technologie se développent au service de l'industrie du luxe pendant que des artisans de qualité prospèrent. Certains d'entre eux acceptant d'ouvrir leurs portes au public, sur rendez-vous.
Quelques kilomètres plus loin, à Villers-le-Lac, un second retraité se montre tout aussi disert. Mais si Yves Droz, 72 ans, a également créé son musée, celui de la montre cette fois, sa démarche est différente. Lui n'a jamais oeuvré en atelier. Chef et propriétaire de l'Hôtel de France, où déjeunaient les horlogers, c'est en décorant une salle à leur intention qu'il se prit sans l'avoir voulu au jeu dévorant de la collection. "J'ai eu la chance de tomber aussitôt sur un oignon datant de Louis XIV", se rappelle-t-il. Ensuite, comme Constant Vaufrey, il se jeta à corps perdu dans l'aventure, récupérant les vieilles machines d'usinage "jetées à la poubelle" dès les années 1960, avec la volonté de faire profiter le plus grand nombre de ces "reliques".
Chacun avec ses chers trésors, les pères fondateurs des musées de la montre et de l'horlogerie se jugent "complémentaires" et réfutent l'idée de concurrence. Mieux, ils incitent leurs hôtes à franchir la frontière suisse, à quelques minutes de là, pour découvrir le Musée international de l'horlogerie à La Chaux-de-Fonds et le Musée du château des Monts, au Locle. Car les conservateurs des deux pays affirment être avant tout des "amis" qui se confient des pièces pour leurs expositions, s'envoient des visiteurs et s'entraident pour célébrer une mémoire née d'un "destin commun".
Quelques artisans contemporains sont, depuis, venus se greffer sur la tradition. Comme Yves Cupillard, fabricant et réparateur d'horloges comtoises, qui a créé un amusant Musée des automates à Morteau. A proximité, dans le bâtiment de l'ex-brasserie de L'Aigle, les ébénistes de Jean-Claude Alonet "habillent" avec des essences de bois variées des mouvements d'horloge venus de Morez, dans le Jura, et racontent volontiers leur métier. Ce foisonnement ravit Annie Genevard, maire de Morteau et présidente du pays horloger. A ses yeux, parcourir le circuit de la montre est l'un des meilleurs moyens de découvrir cette région frontalière verdoyante, irriguée par le Doubs, où alternent avec une harmonie paisible vallées et plateaux.
Car l'endroit recèle bien des joyaux, tels ses édifices catholiques "issus des ermites et des moines défricheurs", souligne l'élue. Les amoureux de la mesure du temps croisent ainsi, sur des itinéraires parsemés de croix, statues, calvaires et oratoires, les amateurs plus intemporels de sites religieux en quête pour leur part d'églises, d'abbayes, de chapelles et couvents. La grotte de Remonot, lieu de culte souterrain depuis le VIIe siècle, et la chapelle Saint-Joseph, construite entre 1684 et 1690 aux Bassots, sont parmi les plus courus. En se rendant de l'une à l'autre, si l'on cultive la nostalgie du commerce d'antan, on peut s'offrir une halte au café-épicerie Vuillemin à Remonot, une enseigne discrète dont la marchande fort âgée "va encore cueillir dans son jardin les salades pour ses clients", jure Annie Genevard.
Si l'on souhaite quitter la route pour mieux profiter du paysage sauvage de cette terre de caractère, prendre la dimension de ses falaises et de son cadre de vie, une balade au saut du Doubs s'impose. Classé "premier site naturel de Franche-Comté" avec sa chute d'eau de 27 mètres - pompeusement baptisée The French Niagara sur certains dépliants touristiques -, les gorges de la rivière se parcourent en deux heures sur l'un des bateaux de 75 à 250 places armés par les deux compagnies implantées à Villers-le-Lac. Qu'il s'agisse d'une simple excursion éventuellement prolongée par une randonnée pédestre ou d'une vraie croisière avec déjeuner ou dîner, de jolies photos-souvenirs sont garanties. L'autre solution bucolique pour accéder au site, c'est la calèche tirée par des chevaux comtois, nouvelle spécialité du cru. Evidemment, il reste possible de s'y rendre en voiture, mais en sachant que les deux ou trois derniers kilomètres du trajet devront obligatoirement s'effectuer à pied, retour compris. Le pays horloger est accueillant, mais il se mérite. Jean-Pierre Tenoux LE MONDE http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3546,36-806407@51-768682,0.html _________________ Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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