Au départ, la montre m'a été cédée car pièce "de famille" avec toute la valeur qu'on accorde aux pièces sentimentales ... Coté calibre, les affres du temps et de l'usure avaient eu raison de pas mal de pièce interdisant à celle-ci de fonctionner correctement.
Pour ces pièces toujours délicates à travailler car l'usure fait qu'on sait quand on commence à y mettre les doigts mais ne permet pas de savoir où on va s'arrêter, il est parfois hasardeux de se lancer dans une restauration nécessairement couteuse si elle est faite dans les règles de l'art.
Cette montre "Prix Payot", comprenez prix de l'éditeur libraire "Suisse" décerné à des jeunes auteurs dans la seconde partie des années 1920, méritait de retrouver vie comme au premier jour. Confiée à un horloger passionné par les pièces de poche, celui-ci lui a redonné une précision déconcertante qui lui aurait permis d'obtenir un "bulletin de marche" si ceux-ci existaient encore ...
Intéressante à plus d'un titre, cette montre est "fait de hasard" ou de la chance, l'une des toutes premières dont le calibre a été assemblé et numéroté dans l'atelier de Besançon. Sans aucun doute, ces ateliers ouverts en 1925 n'avaient pas plus de 2 ou trois mois quand cette pièce est sortie de la filiale française de Zenith. Cela permet de la dater facilement et avec certitude. Le mouvement 18-28 est encore numéroté dans les 2000... Des aiguilles bleuies de forme peu courante et un cadran émaillé magnifique donnent à cette montre simple les qualités que l'on peut apprécier dans les montres populaires qui ont participé à l'histoire de l'horlogerie par la conquête sociale de l'heure individuelle.
Au final, cette pièce avec toutes ses raretés et ses caractéristiques méritait qu'on lui consacre moyens et temps...
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).