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 Sujets historiques généraux

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MessageSujet: Sujets historiques généraux    Sujets historiques généraux  EmptyDim 23 Avr - 19:06

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MessageSujet: L'Exposition Universelle de 1900 et l'horlogerie   Sujets historiques généraux  EmptyDim 23 Avr - 19:07

Du 15 avril au 12 novembre 1900, se tient à Paris l'Exposition Universelle.
Les manufactures horlogères attachent une importance particulière à cette exposition. D'abord parce que l'horlogerie a mal vécu les dernières années du 19ème siécle sur un marché tendu et ensuite parce que l'on sait que cette exposition qui marque le changement de siècle va attirer beaucoup de monde sur les 50 hectares de son installation.

Au total, ce sont plus de 51 millions de visiteurs qui vont s'éparpiller sur l'exposition dont le point d'orgue est la Tour Eiffel accueillie de manière partagée en raison de son esthétique contestée. Mais soit, l'édifice est provisoire et devrait disparaître après l'exposition.





Sujets historiques généraux  Aff2_expo_1900

Sujets historiques généraux  Aff1_expo_1900


Au sein de l'exposition, le Palais Suisse présente des montres en quantité impressionnante sous des vitrines qui tiennent lieu de comptoirs. ZENITH, OMEGA, ULYSSE NARDIN, LONGINES sont à l'apogée de leur succès. L'exposition est une bataille pour conquérir toujours un peu plus de notoriété. Les mouvement Omega et ZENITH n'ont pas encore fait changer les noms des manufactures qui les fabriquent et Louis Brandt comme Georges Favre-Jacot misent énormément sur ces montres qui se déclinent par niveaux de qualité, de finition et d'empierrement dans des boites plus ou moins précieuses, plus ou moins travaillées et plus ou moins rares.

L'Exposition Universelle fut très anticipée par les marques. On y distribue des prix voire de grands prix davantage commerciaux que scientifiques mais que les marques mentionneront plus d'un demi siècle durant. Cette exposition marqua les esprits et la mémoire collective au point de devenir une référence, celle du siècle changeant...

Sujets historiques généraux  GoussetArgent2005mdailles

Dans les allées de l'exposition, on se perd mais un peu partout la réclame rappelle la présence des industries naissantes ou déjà confirmées qui se sont installées en plein coeur de Paris.


Sujets historiques généraux  435px-Expo_1900_Paris_-_Plan_Pratique

ZENITH en 1900 diffuse le calibre ZENITH qui a déjà 2 ans d'exploitation commerciale et écoule d'impressionnantes quantités de montres dotées de mouvements plus anciens quant à leur conception... Georges Favre-Jacot président de la manufacture qui prendra le nom de ZENITH en 1911 est un grand amateur d'art et d'art nouveau en particulier.

Alfons Mucha est sans nul doute l'artiste le plus à la mode en ce début de siècle. Implanté en Champagne où il produit notamment de la publicité pour les marques Champagne, il est aussi l'auteur de nombreux dessins dont les 4 saisons illustrées de manière romantique.

Georges Favre-Jacot, sensible à ces dessins décide d'en faire des décoration de boitiers de montres en toute petite série ... Il passe un contrat ponctuel avec Mucha. Les montres sont vendues en quelques jours à des amateurs qui achètent les 4 versions...


Sujets historiques généraux  PubZenith1902bis

Sujets historiques généraux  Printempsargentdos2

Les manufactures proposent par ailleurs des modèles en argent Niellé qui donnent à la montre de poche des couleurs or et noir, des reflets et reliefs qui marqueront les amateurs durablement.


Sujets historiques généraux  GoussetargentNilface225022006


Sujets historiques généraux  Goussetargentniel5022006fond-1

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MessageSujet: Quand l'industrie suisse emboitait des calibres américains    Sujets historiques généraux  EmptyLun 24 Avr - 9:05

On sait que les manufactures suisses n'accédaient que conditionnellement au marché américain et devaient se conformer à l'obligation d'assembler les mouvements dans les boites aux USA en ayant recours à des boites américaines (Dennison ou Elgin le plus souvent).

On sait moins que les Américains de Elgin ou Waltham faisaient emboiter leurs calibres par des Suisses ...

Sujets historiques généraux  ElginWaltham1900

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MessageSujet: Les plus plates des montres de poche   Sujets historiques généraux  EmptyLun 24 Avr - 9:24

On les appelle aussi les montres de smoking car elles n'en déforment pas les poches ...

Sujets historiques généraux  Omegaextraplatepocheacier3

Sujets historiques généraux  Omegaextraplatepocheacier2


Les montres de smoking sont en général d'un diamètre un peu plus faible que les autres (40 à 45 mm contre 50 mm en général). Ici , la boite fait 42 mm pour un calibre de 29,5 mm, donc un diamètre qui avec une boite étudiée est tout à fait adapté. Sur cette ZENITH, la particularité est d'avoir joué la carte de la faible épaisseur en adaptent le calibre à seconde centrale et en réduisant la hauteur de l'axe afin de supprimer cette seconde.

Cela donne une montre de poche très plate et élégante.

Sujets historiques généraux  Montredesmokingsanstrotteuse2



Sujets historiques généraux  Goussetdesmokingcadran


Enfin cette Jaeger LeCoultre (pas à moi hélas) au cadran sobre et racé ...

Sujets historiques généraux  P1010980

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MessageSujet: Les radium girls victimes de l'industrie horlogère.    Sujets historiques généraux  EmptyLun 24 Avr - 10:01

Les femmes victimes du radium horloger




Depuis le milieu de la première guerre mondiale jusqu'à la fin des années 30, le radium fut largement utilisé pour obtenir une luminescence nocturne des montres et réveils. Le radium, matière miraculeuse, disait-on, fut transformé pour entrer dans la composition de peintures servant à peindre les aiguilles et les chiffres des cadrans des montres et autres instruments garde-temps. Les armées furent de grandes consommatrices de ce type de pièces et le marché civil adopta ces montres si merveilleusement luminescentes la nuit en dehors de tout éclairage.

Sujets historiques généraux  Radium10

Dans tous les pays producteurs de pièces d'horlogerie, on fabriqua de ces pièces et en particulier aux Etats-Unis où l'U.S. Radium Corporation ne tarda pas à devenir leader sur le marché de l'extraction et de la transformation du précieux minerai et de la fabrication de cadrans pour l'industrie horlogère américaine très prospère à l'époque. Le radium recommandé pour soigner la peau et les lésions de toutes sortes ne fut guère suspecté jusqu'aux débuts des années 20 de pouvoir être dangereux. L'usine de l'U.S. Radium Corporation située dans le New Jersey ne tarda pas à employer plus de 100 personnes, essentiellement des femmes pour peindre les cadrans et les aiguilles avec de fins pinceaux qu'elles humectaient avec les lèvres. Les pinceaux en poils de chameaux devaient rester très pointus pour conserver leur efficacité et dans l'apprentissage des ouvrières, il était expliqué qu'un passage entre les lèvres permettait un pincement salutaire à la tenue des pinceaux. La confiance était si forte que celles qui travaillaient à domicile pour livrer ce type de cadrans laissaient jouer les enfants avec cette peinture, enfants qui léchaient les pinceaux pour savourer le goût à peine sucré de la peinture.

Sujets historiques généraux  Radium10

A partir du début des années 20, certains scientifiques se mirent à douter des effets du radium sur la santé humaine et très vite transformèrent leurs doutes en certitudes sans que les industriels ni les firmes horlogères ne cessent de laisser travailler des femmes à mains nues sur ces produits. Les chimistes, directeurs, contremaîtres commencèrent à se protéger avec des tabliers en plomb et à se tenir éloignés des produits. Ils avaient accès, en effet, à une documentation qui s'enrichissait en provenance des médecins et chercheurs qui se mirent à donner l'alerte sur l'utilisation de ces produits.

Sujets historiques généraux  Lip-bu10

Dans le même temps, les médecins proches des centres industriels commencèrent à constater des maladies de peaux et des plaies anormales à la mâchoire des ouvrières qui perdaient anormalement leurs dents et saignaient des gencives. Pendant ce temps, inconscientes des dangers, d'autres ouvrières s'amusaient à peindre leurs dents pour épater leurs petits amis où à se peindre les ongles avec ces peintures avant d'aller danser. Les cas de maladies se mirent à croître si fort que les médecins demandèrent l'arrêt de ces fabrications.

Le nombre de malades connut une croissance exponentielle. Pour dissiper les accusations faites à l'industrie horlogère, celle-ci accusa les appareils servant à faire les radiographies d'être à l'origine des maux rencontrés mais les symptômes devenaient sans limites. "Les os de la mâchoire étaient comme brûlés et cédaient sans motif" raconte un médecin. Les cas d'anémie, de leucémie, de ménopause précoce, de naissance d'enfants handicapés, de stérilité, d'ongles se détachant spontanément des doigts, de perte d'une partie des joues et de la bouche devinrent alors très nombreux et incitèrent à l'arrêt dans la hâte de l'exploitation de cette industrie par peur des procès. Les cancers graves se multiplièrent et la médecine américaine complice de l'industrie n'hésita pas à détourner l'attention pour impliquer d'autres causes dans la mort des travailleurs et travailleuses qui furent même accusés d'avoir contracté la syphilis ! Dès 1924, neuf des ouvrières soignées étaient mortes, toutes étaient des jeunes femmes n’ayant pas encore atteint 30 ans. Leur seul point commun était d’avoir travaillé dans l'usine du New Jersey.

Sujets historiques généraux  Radium11


Cinq des ouvrières malades portèrent malgré tout plainte et se rendirent au tribunal en 1928. Le procès tourna court grâce à un arrangement entre les parties offrant 10 000 dollars à chaque ouvrière, une rente annuelle de quelques centaines de dollars et l’assurance que les soins médicaux seraient payés par l’U.S. Radium Corporation. Toutes furent décédées 2 ans plus tard.

Deborah Blum qui s'est intéressée à ce sujet raconte que Harrison Martland, médecin qui a mené l'enquête sur le sujet fit exhumer le corps d’une des ouvrières et en préleva des tissus qu’il réduisit en cendres avec les os. Il nettoya le tout et le plaça dans une chambre noire près d’un film photographique enveloppé dans du papier noir. Il procéda ensuite à la même préparation avec des tissus et des os pris sur un mort non contaminé afin de disposer d'un échantillon témoin.

Le docteur Martland raconte, “s’ils étaient radioactifs, les os et les cendres de tissus émettraient un rayonnement et les rayons bêta et gamma traverseraient le papier noir pour impressionner le film photographique”... Au bout de dix jours, le premier film était constellé de taches blanches et le second était resté noir.

Au delà de la preuve apportée de la radioactivité des corps, il fut établi, en approchant un compteur Geiger des tombes de ces femmes, la présence d'une source radioactive, cela en 1987 soit plus de 60 ans après leur mort.


En France, en Suisse, il n'existe que peu ou pas d'études sur le sujet. Tout juste s'est-on préoccupé de la dépollution des sites de fabrication notamment des réveils Bayard ou autres marques qui avait eu recours au radium. La France a créé une législation drastique sur la dépollution des sites. En Suisse, les choses sont plus discrètes. On ne perturbe pas une industrie qui rapporte autant. Voilà pourtant un beau sujet de thèse pour un étudiant doctorant qui accepterait de s'expatrier ensuite car il aurait peu de chance de trouver du travail dans l'industrie. Mais tout va bien au pays du chocolat, des marmottes et de la belle horlogerie bisounoursienne.






Lecture recommandée : http://blog.slate.fr/globule-et-telescope/2011/03/29/les-irradiees-du-new-jersey/

http://www.chicagomag.com/Chicago-Magazine/The-312/September-2011/The-Radium-Girls-of-Ottawa-Illinois/

http://nypost.com/2017/03/22/skin-glowing-from-radium-ghost-girls-died-for-a-greater-cause/


Forumamontres- Droits réservés - Décembre 2011- Joël Duval

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MessageSujet: Les raquettes à disque excentrique   Sujets historiques généraux  EmptyLun 24 Avr - 10:12

A la demande de plusieurs d'entre vous, voici un sujet sur les raquettes à disque excentrique dites aussi raquettes Colimaçon que l'on retrouve dans certaines marques de montres de poche et bracelets jusqu'à la fin des années 60.

Il faut pour fixer l'intention de l'inventeur de ce type de raquette car il en existe un, se souvenir que dès la fin du 19ème siècle, les manufactures se livrent une sorte de jeu de raquettes particulièrement inventif.  Les Américains rivalisent d'idées plus ou moins exotiques pour démontrer que le réglage de leurs montres peut être affiné de la plus ultime manière.  

Si le col de cygne classique apparaît comme une solution extrêmement fiable, il n'est pas visuellement assez impressionnant pour attirer un client davantage vers une marque qu'une autre et de fait, toutes les marques ont des cols de cygne qui se ressemblent.


Sujets historiques généraux  Calibr10
Col de Cygne sur Montre de poche Ulysse Nardin

Sujets historiques généraux  Omega_12
Col de Cygne Omega

Sujets historiques généraux  Hamilt10
Col de Cygne Hamilton

La véritable création sera dans un premier temps, moins dans les cols de cygne que dans les systèmes de porte piton et dans la recherche de procédés de nature à parfaire l'isochronisme des mouvements (la régularité du tic-tac) dans toutes les positions.

Tavannes est en la matière assez pointu avec son calibre Pleïade

Sujets historiques généraux  Tavann10

Raquette simple flèche Tavannes et son dispositif exclusif

Les Américains vont exploiter le "filon" de la raquette originale et, en faisant des publicités très visuelles sur les mouvements de leurs montres, séduire une grande partie de leur clientèle.

Sujets historiques généraux  Elgin_10
 Raquette Elgin

Sujets historiques généraux  Waltha10
Raquetterie Waltham
 


Sujets historiques généraux  Hampde10
La raquette Hampden est une des plus réfléchies de l'horlogerie américaine


En Suisse, les manufactures s'intéressent à cet élément des calibres avec un peu de distance. Les auteurs de la fin du 19ème et les meilleurs horlogers émettent des doutes quant à l'intérêt réel de telles raquettes et observent à juste raison que les chronométriers préfèrent des systèmes à simple flèche à la plupart des systèmes. Plus la surface de la flèche est large et plus le contact avec le coqueret crée un frottement qui empêche le déréglage du mouvement.

Un Suisse pourtant, horloger à son compte à Saint Imier, imagine en 1902 et dépose en janvier 1903, un modèle de raquette qui va emporter l'engouement des manufactures hélvétiques. Hermann Roost imagine une raquette colimaçon, dans laquelle un disque excentrique permet de déplacer très lentement et très précisément la raquette vers avance ou retard en garantissant la pérennité du réglage.  

Sujets historiques généraux  Raquet10

Sujets historiques généraux  Raquet11

Le sytème est très vite adopté par plusieurs manufactures dont Ulysse Nardin est la première ...

Sujets historiques généraux  Ulysse10
Raquette de Roost sur un mouvement Ulysse Nardin


Georges Favre Jacot voit pour son calibre Zenith (la manufacture ne porte pas encore ce nom) un élément tout à fait intéressant et adopte cette raquette dont il achète l'exclusivité des droits d'exploitation du brevet.

Sujets historiques généraux  Armae_11

Les manufactures concurrentes ne disent pas pour autant leur dernier mot et tandis que le brevet porte sur un guidage de la raquette en creux, Omega, Longines, Aegler vont exploiter un système très proche avec un guidage de la raquette en épaisseur ...

Sujets historiques généraux  Longin10
Longines

Sujets historiques généraux  Longin11
Longines

Sujets historiques généraux  Omegra11
Omega

Sujets historiques généraux  Orator10
Aegler

Les systèmes de ces trois marques sont très proches et très proches aussi de celui exploité par Zenith et déposé par Roost en 1903. Zenith exploitera jusque dans les années 70 ce système tout en revenant parfois sur des raquettes à col de cygne classiques.

Les raquettes de ce type sur Longines, Omega ou Aegler étaient réservées à des chronomètres et si le disque est cranté et en débord des ponts de balancier, c'est simplement pour favoriser le réglage des raquettes avec la pointe de l'ongle souvent moins dangereuse que l'incitation faite auprès des possesseurs des montres de recourir eux-mêmes à un outil.  Ces raquettes appartiennent au passé et aujourd'hui, jouer sur les vis implantées sur le balancier (système Microstella) semble davantage reconnu.
Les raquettes excentriques à disque ont peu séduit les chronométriers lors des concours de chronométrie des observatoires, signe qu'effectivement leur apport reste limité.

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MessageSujet: Le métier de chronométrier   Sujets historiques généraux  EmptyLun 24 Avr - 10:16

Nés à la fin du 19ème siècle, les concours de chronométrie ont perduré jusqu'en 1968. Le quartz et l'évolution des règlements des concours qui récompensaient quasiment toutes les marques ont fait jeter l'éponge par les plus grandes manufactures et pour ce qui concerne l'observatoire de Neuchatel, l'abandon par Zenith mit un point final au concours que les autres manufactures s'empressent elles-aussi d'abandonner.  

Dès lors la précision scientifiquement démontrée ne sera plus jamais un argument de vente et même si les bulletins de marche certifiant la précision de la montre observée par un organisme indépendant se voient remplacés par une norme certifiée par le COSC et la délivrance d'un certificat de chronomètre, la recherche des marques se sera plus orientée vers la chronométrie comme elle le fut jusqu'à la fin des années 60.

Le chronométrier tenait une place à part dans les manufactures, souvent un peu isolé. Il vivait parfois en ascète comme l'expliquait le fils de l'un d'entre eux, en communion avec son métier et ses pièces 7 jours sur 7.

 
Sujets historiques généraux  Chrono10
Un chronomètrier à l'établi en 1966

Le chronométrier utilisait des calibres emboités dans des "contours" sortes de pièces en bois ou en aluminium avec parfois un accès par une ouverture sur la raquette afin de pousser le réglage jusqu'à la quasi perfection. Le travail du chronométrier pouvait durer des mois pour présenter au concours organisé par les observatoire de Genève ou Neuchâtel des séries de pièces aptes à décrocher un premier prix.
 

Sujets historiques généraux  707_ca10

Sujets historiques généraux  Chrono10

Le réglage pouvait s'accompagner de la conception de raquettes tout à fait particulières et parfois uniques où des raquettes faites en un seul exemplaire, à la main permettait d'aller de plus en plus loin dans les réglages...


Sujets historiques généraux  Graal_10
Modèle unique de raquette faite à la main


Les chronométriers apportaient des innovations technologiques reprises parfois ensuite dans la fabrication des pièces dans un cadre commercial et en série. C'est le cas par exemple de la double flèche mise au point par Charles Fleck et qui servit notamment dans le calibre 5011 titulaire du record absolu de précision ...




Sujets historiques généraux  D-4-1210
Version concours du 5011 de Zenith

Sujets historiques généraux  Pocket5011Kcalibre
Version commerciale du calibre 5011


Charles Thomann, fils de chronométrier, explique dans son livre que son père se rendait à pieds à plus de 20 kilomètres pour livrer à l'observatoire ses pièces et cela y compris en plein hiver. Il explique que pour les concours de l'Observatoire de Kew Teddington près de Londres, les chronométriers exigeaient parfois de transporter eux-mêmes les pièces afin de leur éviter des chocs ou des pertes, ce qui après des mois de travail est assez compréhensible.  
Le travail du chronométrier était scientifique et comme les pièces lors des épreuves étaient placées dans des étuves puis au froid, c'est parfois la chambre froide du boucher qui hébergeait les pièces de concours lors des tests faits par le chronométrier.  
Le réglage des pièces se faisait avec en référence des régulateurs de parquet à partir des années 24/25 installés dans des chambres à pression constante pour réduire les erreurs.

Les pièces de chronométrie de type concours sont évidemment rares même si les manufactures les ont en partie ou bradées ou jetées dans les années 70 alors qu'elles étaient considérées comme ne valant rien. Fort heureusement tout ne fut pas jeté et quelques rares pièces circulent pour les plus passionnés et les privilégiés qui les trouvent... Elles recèlent des centaines d'heures de travail dans leur histoire... Un autre concept de l'horlogerie.  

On termine évidemment sur mon Graal ... Un double prix de chronométrie en 1924 et 1925 en catégorie Bord et Poche au concours de chronométrie de l'observatoire de Neuchatel.  


Sujets historiques généraux  Graalsurgalets

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MessageSujet: Petite histoire des rubis synthétiques   Sujets historiques généraux  EmptyLun 24 Avr - 10:20

Avant 1902, les pierres des montres sont de véritables rubis, des pierres précieuses qui coûtent cher et sont souvent limitées dans le montage des montres par souci d'économie.
Il faut attendre l'invention du corindon, pierre dure synthétique, par un Français, Auguste Verneuil,  qui à partir de 1902 va permettre d'étendre l'empierrage à des montres plus abordables. Ce corindon s'obtient par fusion de poudre d'oxyde d'aluminium avec un colorant rouge (ou d'une autre couleur). La pierre synthétique est très dure et évite l'usure de frottement des pivots.

Pour autant, toutes les montres après 1902 ne sont pas empierrées avec des pierres synthétiques et les manufactures qui ont parfois des stocks importants de pierres vont en vanter l'utilisation en soulignant dans leurs publicités que les pierres ne sont pas synthétiques...

L'affaire durera jusqu'au milieu des années 20 jusqu'à ce que les cours des rubis deviennent trop élevés pour se passer du corindon et jusqu'à ce que tout le monde soit finalement convaincu de la qualité de ces pierres.

Par luxe certaines sont parfois bleues ou transparentes laissant supposer la présence d'autres pierres. Les pierres ont gardé le nom de rubis autrefois davantage justifié et sont restées rouges ...

De nos jours une filiale de Swatch Group fabrique ces pierres en quasi monopole pour toute l'horlogerie.    


Un lien pour en savoir plus ...

http://www.watches-lexic.ch/pages/fr/tec/exp10.htm

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MessageSujet: Une montre retrouvée après le drame du Titanic   Sujets historiques généraux  EmptyLun 24 Avr - 10:22

Le 14 avril 1912, 1513 passagers disparaissent avec le Titanic au large de Terre-Neuve suite à un choc avec un iceberg un peu plus de deux heures plus tôt. C'est la plus grave catastrophe maritime en temps de paix.

Sujets historiques généraux  589px-Titanic

Sujets historiques généraux  St%C3%B6wer_Titanic

La catastrophe envoie par le fond hommes, femmes, enfants et leurs montres... On imagine sans peine la détresse des victimes et que le souci horloger ne soit pas très présent. Pourtant, on sait aussi que vu les personnes fortunées qui étaient dans les premières classes, il y a eu des pièces horlogères définitivement perdues.

On sait peu de choses de ces montres car peu furent retrouvées lors des fouilles et mis à part les témoignages des familles de l'époque, finalement rien n'a traversé le siècle.

En février dernier pourtant, on a retrouvé une de ces montres oubliées pendant plus de 90 années. Celle d'un passager, un certain John Chapman, s'est arrêtée au contact de l'eau glacée. Elle témoigne de l'heure du drame.

Sujets historiques généraux  Titanic-watch_1318646c

Le couple Chapman avait embarqué à Southampton en seconde classe avec le ticket numéro 29034 pour 26 livres. Madame Chapman fut placée dans le bateau de survie numéro 4. Constatant qu'elle ne pourrait partir avec john, elle demanda à une amie, Emily Richards de partir avec elle. L'embarcation bascula à 1h45 du matin le 15 avril et madame Chapman se noya. La montre retrouvée avec le corps de monsieur Chapman après le drame, fut présentée en début d'année 2009 au National Maritime Museum in Falmouth, Cornwall lors d'une exposition.

M. Chapman avait émigré au Canada en 1906 avant d'épouser sa fiancée Sarah Elizabeth Lowry, le lendemain de Noël 1911 à Liskeard, Cornwall.
Ils se rendaient en Amérique pour se rapprocher du frère de Mme Chapman avec comme projet de gérer une ferme et de fonder une famille ensemble.

Le corps de madame Chapman ne fut jamais retrouvé et seul celui de son mari et sa montre purent être rendus à la famille.

Voilà comment le destin brisé de deux êtres reçoit aujourd'hui un témoignage par une montre qui s'est arrêtée le 15 avril 1912.


Source http://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/howaboutthat/4735451/Titanic-pocket-watch-which-stopped-when-owner-fell-into-sea-is-on-display-for--first-time.html

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MessageSujet: L'influence du magnétisme sur la précision ...   Sujets historiques généraux  EmptyLun 24 Avr - 10:25

La précision des vintages







Il est utile de se pencher sur l'influence du champ magnétique pour mieux comprendre l’exploit lié à la fabrication des « vintages »  c'est-à-dire des montres qui des années 40 à 70 pour lesquelles des développements technologiques majeurs sont intervenus. Les travaux du laboratoire suisse de recherche horlogère sont en la matière très instructifs et témoignent des difficultés que la mise au point des mouvements a pu susciter.



L’influence du champ magnétique.



Le champ magnétique agit sur toutes les pièces de la montre. L’effet principal est constatable sur les organes d’échappement et surtout sur le système régulateur balancier/spiral.

L’effet sur les arbres, pignons et aiguilles est décelable et globalement il peut être considérable.

Si le balancier possède deux bras en acier (pour un bimétallique), ces bras comme pour une boussole auront tendance à s’orienter dans le champ magnétique (chacun a déjà fait le test avec une aiguille sur de l’eau).

Le champ agit en produisant un couple qui se surajoute au couple élastique du spiral ce qui entraîne une diminution de période (perte d’amplitude) et bien sur fait avancer la montre anormalement.



L’influence du champ magnétique a essentiellement trois effets :


-Une influence temporaire

-Un effet résiduel

-Et l’arrêt de la montre.



Claude Attinger explique que l’influence temporaire, c’est l’effet temporaire de l’exposition de la montre au champ magnétique.

Par exemple, une montre qui exposée en permanence prendrait 2 minutes par jour,  n’avancerait que 1,2 secondes pour 15 minutes.

La conséquence est alors quasi négligeable.



L’effet résiduel, c’est ce qui se passe après l’exposition au champ magnétique. Ici les pièces restent en quelque sorte aimantées et interagissent entre elles comme autant d’aimants. L’effet est permanent, certes moins dévastateur que l’influence temporaire mais plus durable.

Si l’effet résiduel est de 2 minutes par jour, cet écart vient s’ajouter à l’écart de marche habituellement enregistré et ce, chaque jour.



Le troisième effet est l’arrêt de la montre en raison d’un champ trop élevé.



Les équipements de nos environnements n’ont cessé de créer des champs magnétiques nouveaux. Hauts parleurs, écrans…il suffit souvent de quelques centimètres pour réduire voire annuler l’effet de ces champs.

Il reste le champ magnétique terrestre auquel on n’échappe pas. L’effet est important car une montre préalablement exposée et « magnétisée » sera d’autant plus sensible au champ magnétique terrestre.



Des écarts allant jusqu’à 1 seconde/jour ont été mesurés.



L’expérience suivante a été enregistrée en 1948 :



Montre réglée à + 17 sec /jour :



Exposition à 50 gauss parallèlement au cadran pendant quelques secondes puis sortie du champ.



Mesures :



Remontoir au nord + 120 secondes

Ouest + 80 secondes

Sud + 125 secondes

Est + 180 secondes



La montre est passée dans un appareil de démagnétisation et revient à 16 secondes/jour.



Pour parer aux effets du magnétisme, la recherche s’est orientée dans des systèmes balancier/spiraux en alliages non magnétiques.

Des essais furent tentés sur des balanciers en laiton et des spiraux en bronze ce qui au plan thermique fut catastrophique mais fut en revanche excellent du point de vue magnétique.



Les balanciers en maillechort ou en bronze au béryllium furent préférés des les années 40 avec des spiraux auto compensateurs, Nivarox ou Métélinvar.



L’étude de Claude Attinger démontre que la difficulté fut de fabriquer des alliages auto compensateurs et totalement antimagnétiques car ce qui était gagné d’un côté était perdu de l’autre vu que plus un spiral est amagnétique moins il compense les effets de la température.



L’écart lié à la température étant potentiellement plus lourd à gérer que celui résultant du magnétisme, c’est par des solutions « extérieures » aux mouvements que les recherches des années 50 se sont portées.



Des écrans en fer doux, en « mu-métal » (alliage de fer, nickel, cuivre et chrome) en « permalloy » (alliage de fer, nickel manganèse et molybdène).



En outre, les échappements ont été fabriqués en alliages non magnétiques comme comme les aiguilles, etc.
Les matériaux employés posaient pour ces vintages des problèmes de fabrication notamment pour les bronzes au Béryllium.

A+

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MessageSujet: Un phénomène peu ordinaire et mesuré scientifiquement   Sujets historiques généraux  EmptyLun 24 Avr - 10:28

Chaque année ou presque jusqu'en 1968, l'Observatoire de Neuchâtel organisait des concours de chronométrie. Les marques et les régleurs indépendants déposaient des pièces dans les catégories ouvertes au concours et gloire à ceux qui remportaient les premiers prix.

En 1951, il se produisit un phénomène jamais constaté et jamais expliqué en tous les cas pas avec les outils disponibles mesurant magnétisation, température, humidité ou pression barométrique.

Tous les chronomètres se mirent à avancer de manière significative quel que soit le régleur et la marque.

Compte tenu du soin apporté par ces régleurs dans leur travail une erreur "commune" est inconcevable mais rien, non rien n'a pu expliquer ce phénomène.
Etonnant, non ?

Une recherche météorologique donne les résultats suivants ...

Quelques catastrophes relevées en 1951 :

On relève le 30 novembre 1951 un séisme important dans le haut Verdon. L'année 1951 fut aussi considérée comme une année à avalanches en Suisse.

Le climat est pourri en 1951...

Citation :
La fin du printemps et l’été 1951 sont catastrophiques – la pluie et la fraîcheur n’en finissent pas. Le 9 mai, les températures ne dépassent pas 5 à 7° dans le nord-ouest – le 18 mai au matin, les campagnes d’une grande moitié sud de la France sont recouvertes de givre – le 20 mai, il tombe 20 cm de neige au Puy (à 700m d’altitude) – les 15 et 16 juin, de violents orages éclatent un peu partout – ils provoquent des inondations notamment en Haute Loire et dans Paris – du 22 au 30 juin, on se croirait en automne et il ne fait pas plus de 14° sur les côtes de la Manche – la température descend même à 1° à Mont de Marsan – des inondations se produisent dans tout le nord-est du pays – le 24 juillet, le mauvais temps s’acharne de nouveau et des gelées blanches sont même localement observées en Normandie – du 5 au 15 août, l’été ne pointe toujours pas le bout de son nez, bien au contraire – ce temps très désagréable mine les Français et fait la une des quotidiens – la journée du 8 août est sans doute l’une des plus exécrables que l’on puisse connaître dans nos régions en cette saison – au cours de cette journée, il tombe l’équivalent d’un mois de précipitations à Paris.
20 décembre : presque toute la France est noyée dans le brouillard – la visibilité est parfois inférieure à 10m.

Vous en savez autant que moi. Une équipe de chercheurs s'est je crois penchée sur le phénomène mais n'a rien produit de concret...
Que s'est-il donc passé en 1951 ?  Incompréhensible

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MessageSujet: L'épopée de l'horlogerie canadienne   Sujets historiques généraux  EmptyMar 25 Avr - 11:29

Les horlogers canadiens




L'horlogerie canadienne est loin d'être négligeable d'abord à cause du nombre important d'horlogers qui s'exilèrent vers le Canada du 17ème siècle au début du 20ème siècle et parce que les pièces vendues sur place furent d'une très grande qualité qui motivait la présence d'excellents horlogers formés dans le berceau européen de l'horlogerie qu'étaient la Suisse, la France, l'Angleterre, l'Irlande et l'Ecosse.


Les montres canadiennes ne sont pas exclusivement des montres de chemins de fers avec au dos des élans ou des locomotives à vapeur.  L'histoire de l'horlogerie canadienne est beaucoup plus ancienne et ancrée dans l'histoire du pays. La nouvelle France qui englobait une grande partie du Canada actuel et en particulier la région de Québec était à partir du 16ème siècle un espace qui vit émigrer plusieurs horlogers tant de Franche Comté que de Grande-Bretagne, d'Ecosse et de Suisse vers cette nouvelle terre d'accueil. Cela suffit à expliquer que le Québec en particulier fut au 19ème siècle le terrain d'une grande tradition horlogère. Les migrations massives justifiaient l'idée d'un besoin de montres et d'heure.

De fait on retrouve de grandes dynasties d'horlogers qui de génération en génération vont traverser le 19ème siècle et entamer le 20ème en perpétuant des noms de familles que l'on retrouve plus de 100 ans plus tôt sur les cadrans.

James Orkney, un horloger écossais très réputé migra ainsi et s'installa dans la côte de la Montagne en 1785 et y tint une boutique jusqu'en 1820.  Epousant la fille de James Hanna un autre horloger émigré en provenance de Dublin, ils eurent un fils, James Godfrey Hanna qui lui-même devint un horloger très réputé qui s'installa lui aussi sur la côte de la Montagne au Québec.

Sujets historiques généraux  Routie10

Sujets historiques généraux  Routie11

La boutique d'Alfred Charles Routier au début du 20ème siècle (Photo : propriété de Jean-Marie Lebel - Historien canadien)


Parmi les noms les plus significatifs, celui de Charles Routier peut être retenu comme le représentant d'une grande dynastie, celui des Ardouin de la rue Saint-Jean entre 1820 et 1860. Celui de William McMaster, originaires d'Ecosse, de 1827 à 1854. Thomas G. Cathro eut lui aussi une boutique rue Notre-Dame, à proximité de l'église Notre-Dame-des-Victoires de 1822 à 1844. William Baxter fut horloger lui aussi de 1835 à 1878 dans les rues Buade et Saint-Jean. On citera encore Jos l'Heureux et Caron à Montréal et un certain Emile Jacot rue saint joseph, installé en 1862. Ce dernier se fournissait chez Wittnauer qui distribuait Longines.


Sujets historiques généraux  Jolheu10

Sujets historiques généraux  Joslhe10

Montre de Jos L'Heureux installé à Montréal avec un mouvement Omega "inversé"

La plupart du temps, ces horlogers achetaient en Suisse leurs mouvements de montres ou d'horloges et les emboîtaient grâce à des fabrications "locales". Sur le cadran, le nom de la marque pouvait aller jusqu'à être totalement éclipsé pour être remplacé par celui de l'horloger canadien. Le Canada proche de la grande Amérique bénéficia ainsi de mouvements suisses de belle qualité tels que les Express Leader et Express Monarch que Longines fabriquait spécifiquement pour le marché Nord Américain.  

Sujets historiques généraux  Jacot_10

Sujets historiques généraux  Jacot_11

Sujets historiques généraux  Jacot_12

Montre d'Emile Jacot - Québec - Calibre Leader Express Longines 17 rubis 20 lignes.


Certains fabricants se tournèrent, comme ce fut le cas pour Alfred Charles Routier, vers des ateliers anglais avant de devenir revendeurs de montres Omega, Movado, Vacheron & Constantin ou Patek Philippe. Routier parvint à devenir l'un des horlogers les plus fournis en pièces de haute qualité.  Les Américains avant 1850 ne savaient pas réellement faire de bonnes montres en grande série et lorsqu'à partir de la seconde moitié du 19ème siècle, ils devinrent plus efficaces, le marché canadien fut exploré par les plus grandes marques américaines comme Elgin, Waltham ou Hamilton. Les grandes maisons suisses nouèrent alors des accords avec des distributeurs locaux auxquels elles livrèrent des mouvements à emboîter. Les assembleurs américains se fournirent de la fin du 19ème siècle jusqu'aux années 1930 auprès de fournisseurs de calibres suisses. Bulova, Gruen, Benrus et même Elgin sont parfois équipés de mouvements suisses. Omega étendit sa zone de diffusion ainsi sur tout le Canada. Millan, à Vancouver, livrait les compagnies de chemins de fer avec des montres équipées de calibres Omega.  


Sujets historiques généraux  Omega_22
Montre équipée d'un calibre Omega vendue par Millan à Vancouver.

Le Canada après les années 30 affiche de moins en moins les noms des horlogers sur les cadrans mais essentiellement ceux des marques et normalise ainsi la distribution. L'expérience horlogère des Suisses avec le Canada n'est pour autant pas terminée puisque des grandes marques suisses dont Longines, Omega et Zenith livrent jusqu'à la fin des années 50 des mouvements pour la fabrication de montres pour les compagnies de chemins de fer canadiennes. La plus célèbre d'entre elles est sans doute la RR 56 de Zenith.

Sujets historiques généraux  Rr56_r10

Sujets historiques généraux  Zenith10

La RR 56 de Zenith fut livrée en 1956 et 1957


A lire : « Les Routier : une dynastie d’horlogers de Québec » http://www.erudit.org/culture/cd1035538/cd1044716/7668ac.pdf

https://sites.google.com/site/zenithistoric/

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MessageSujet: La précision des montres vintages   Sujets historiques généraux  EmptyMar 25 Avr - 18:07

La précision des montres vintages



A la fin des années 40, Claude Attinger, physicien au Laboratoire Suisse de Recherches Horlogères s'intéressa à l'influence des causes extérieures sur la marche des montres.
Son étude pour être complète quant à la précision doit être complétée par celle de Paul Ducommun chimiste dans ce même laboratoire.
Leurs études ont considérablement influencé les bureaux d'études des fabriquants jusqu'au début des années 70.
Attinger énumère 3 causes essentielles au fonctionnement de la montre :

-La température

-Le champ magnétique

-La pression barométrique.


La température.


L'auteur après avoir rappelé le principe de dilatation des métaux en cas d'élévation de la température relève rien qu'en jouant sur la température, un couple spiral acier /balancier laiton retarde de 0,5 sec pour un degré d'élévation de la température tandis qu'avec un spiral et balancier acier, elle avance dans la même proportion et dans les mêmes conditions.
Si l'on augmente la température, c'est le spiral qui devient plus sensible...
On passe à 11 secondes de retard par jour pour un degré pour un balancier laiton avec spiral d'acier.
Une montre réglée parfaitement à 20 degrés perd 2 minutes par jours à 31 degrés.
L'hiver la température de la montre peut descendre considérablement lorsqu'elle est posée et pour une amplitude totale de 40° la différence de marche entre les 2 extrêmes est de 7 minutes.
Ce constat a fait naître le spiral compensé (des effets de la température). La compensation joue sur le spiral et sur le balancier.

La compensation porte sur le matériau du spiral (alliage thermoélastique) et sur celle du balancier "bimétallique" ou le laiton moins dilatable entoure la serge (anneau) en acier.

Les alliages au nickel pour spiraux à faible coefficient thermoplastique reçurent les doux noms d'Elinvar (pour élasticité invariable) métélinvar et Nivarox . Les spiraux Elinvar furent les premiers et hélas moins bons que leurs cadets. Les alliages sont à base de fer et de nickel mais il y a aussi du carbone, manganèse, chrome, tungstène ou molybdène pour le Nivarox.

Les coefficients thermiques dès les années 45, c'est à dire l'écart de marche par jour et par degré dans les limites courantes de température est inférieur à 0,5 seconde.

Ces normes ont depuis été réduites.

L'autre intérêt est celui que je traiterai prochainement à savoir la faible sensibilité de ces alliages aux champs magnétiques.
L'apport de la technologie depuis les années 40/50 est l'aptitude à doser l'alliage et donc à favoriser une plus grande précision. Sans avoir atteint la précision ultime, il se pourrait que ces jours-ci des matériaux de synthèse venus de chez SEIKO révolutionnent un peu ce domaine.


On mesure dans ces conditions à quel point la maîtrise de l'alliage du balancier est essentielle et Nivarox s'est en ce domaine taillé une part essentielle.
Nos montres sont bien sûr grâce à ces équipements notamment moins sensibles que celles des années 30/40 aux conditions de température et il faut des chaleurs extrêmes pour mesurer des écarts sensibles et significatifs. Les plus observateurs ont pu lors de la canicule 2003 constater des écarts de quelques secondes plus importants dans la précision de leurs montres.  

Pour nos vintages, c'est évidemment une autre paire de manches et pour les goussets du début du siècle c'est encore plus problématique.
Un gousset de 1900/1910 qui un siècle après sa fabrication, une fois révisé, tourne à 2 ou 3 secondes par jour démontre une aptitude exceptionnelle de ses créateurs qui n'avaient ni les alliages ni les moyens technologiques pour jouer sur des qualités d'alliages pas encore inventés.
OMEGA, ULYSSE NARDIN, LONGINES, LEMANIA, ZENITH et une poignée d'autres tenaient le haut du pavé et se livraient à tous les concours des observatoires des compétions dont on mesure mieux la difficulté, replongés dans les moyens de l'époque... 



L’influence du champ magnétique.



Le champ magnétique agit sur toutes les pièces de la montre. L’effet principal est constatable sur les organes d’échappement et surtout sur le système régulateur balancier/spiral.

L’effet sur les arbres, pignons et aiguilles est décelable et globalement il peut être considérable.

Si le balancier possède deux bras en acier (pour un bimétallique), ces bras comme pour une boussole auront tendance à s’orienter dans le champ magnétique (chacun a déjà fait le test avec une aiguille sur de l’eau).

Le champ agit en produisant un couple qui se surajoute au couple élastique du spiral ce qui entraîne une diminution de période (perte d’amplitude) et bien sur fait avancer la montre anormalement.


L’influence du champ magnétique a essentiellement trois effets :


-Une influence temporaire

-Un effet résiduel

-Et l’arrêt de la montre.



Claude Attinger explique que l’influence temporaire, c’est l’effet temporaire de l’exposition de la montre au champ magnétique.

Par exemple, une montre qui exposée en permanence prendrait 2 minutes par jour, n’avancerait que 1,2 seconde pour 15 minutes.

La conséquence est alors quasi négligeable.


L’effet résiduel, c’est ce qui se passe après l’exposition au champ magnétique. Ici les pièces restent en quelque sorte aimantées et interagissent entre elles comme autant d’aimants .L’effet est permanent certes moins dévastateur que l’influence temporaire mais plus durable.

Si l’effet résiduel est de 2 minutes par jour, cet écart vient s’ajouter à l’écart de marche habituellement enregistré et ce, chaque jour.


Le troisième effet est l’arrêt de la montre en raison d’un champ trop élevé.


Les équipements de nos environnements n’ont cessé de créer des champs magnétiques nouveaux. Hauts parleurs, écrans…il suffit souvent de quelques centimètres pour réduire voire annuler l’effet de ces champs.

Il reste le champ magnétique terrestre auquel on n’échappe pas. L’effet est important car une montre préalablement exposée et « magnétisée » sera d’autant plus sensible au champ magnétique terrestre.


Des écarts allant jusqu’à 1 seconde/jour ont été mesurés.


L’expérience suivante a été enregistrée en 1948 :


Montre réglée à + 17 sec /jour :


Exposition à 50 gauss parallèlement au cadran pendant quelques secondes puis sortie du champ.


Mesures :


Remontoir au nord + 120 secondes

Ouest + 80 secondes

Sud + 125 secondes

Est + 180 secondes


La montre est passée dans un appareil de démagnétisation et revient à 16 secondes/jour.


Pour parer aux effets du magnétisme, la recherche s’est orientée dans des systèmes balancier/spiraux en alliages non magnétiques.

Des essais furent tentés sur des balanciers en laiton et des spiraux en bronze ce qui au plan thermique fut catastrophique fut en revanche excellent du point de vue magnétique.



Les balanciers en maillechort ou en bronze au béryllium furent préférés des les années 40 avec des spiraux auto compensateurs, Nivarox ou métélinvar.


L’étude de Claude Attinger démontre que la difficulté fut de fabriquer des alliages auto compensateurs et totalement antimagnétiques car ce qui était gagné d’un côté était perdu de l’autre vu que plus un spiral est amagnétique moins il compense les effets de la température.


L’écart lié à la température étant potentiellement plus lourd à gérer que celui résultant du magnétisme, c’est par des solutions « extérieures » aux mouvements que les recherches des années 50 se sont portées.



Des écrans en fer doux, en « mu-métal » (alliage de fer, nickel, cuivre et chrome) en « permalloy » ( alliage de fer, nickel manganèse et molybdène).


En outre, les échappements ont été fabriqués en alliages non magnétiques comme comme les aiguilles etc…les matériaux employés posaient pour ces vintages des problèmes de fabrication notamment pour les bronzes au Béryllium.




L’influence de la pression barométrique.



Les recherches menées par le Laboratoire Suisse de Recherche Horlogère (LSRH) démontrent une influence plutôt assez faible de la pression barométrique notamment sur les montres de bonne qualité et en particulier des modèles certifiés chronomètres.

Le balancier dans son mouvement oscillatoire entraîne une certaine masse d’air et l’inertie de cette masse gazeuse est potentiellement susceptible d’augmenter l’inertie du balancier.
Les facteurs en cause sont donc la dimension du balancier, la densité et la viscosité de l’air.
Celle-ci est largement indépendante de la pression .

Les effets mesurés, explique Claude Attinger, sont un retard croissant avec la pression. L’air entourant le balancier freine son mouvement et donc diminue l’amplitude. Il résulte un effet secondaire sur la marche si la montre présente un défaut d’isochronisme (c’est-à-dire la marche variant avec l’amplitude).

L’effet global est extrêmement complexe.  

Des mesures prises ont montré sur des chronomètres de poche des écarts de marche de 0,01 à 0,02 sec par jour pour une différence de pression de 1mm de mercure.

Une montre réglée au Locle à 920 mètres par une pression de 680 mm accusait à l’observatoire de Neufchâtel, altitude 480 mètres et pression de 718 mm, un retard d’environ 0,6 seconde.
La même pièce transportée en bord de mer donc à 0 mètre d’altitude avec une pression de 760 mm retarde dans ces conditions de 1,2 sec par jour.

On mesure dès lors la difficulté des régleurs avant d’envoyer une montre à l’observatoire notamment pour concourir ou pour régler les chronos de marine.  

En avion, à 5500 mètres d’altitude, pression 380 mm la montre avancera de 5 à 6 secondes par 24 heures.

La marche de la montre croit d’une façon non linéaire avec la pression. Cette influence diminue notablement avec l’augmentation du diamètre du balancier et des aspérités sur le balancier telles les vis de réglage de la compensation qui ne semblent pas jouer un rôle prépondérant.

Il faut encore pour être complet considérer le facteur de température puisqu’une augmentation de la température agit sur la densité de l’air en la diminuant. Mais elle en augmente corrélativement la viscosité.

Les expériences faites par le LSRH démontrent une compensation sensible des 2 phénomènes.

La montre dans toutes ces conditions demeure malgré des traitements parfois difficiles un outil d’une fiabilité exemplaire. Une seconde par jour d’écart c’est 1 mm pour 100 mètres.
En cela la montre est admirable et l’horlogerie passionnante.  

Comprendre ces efforts de plusieurs siècles pour arriver à de tels résultats force le respect à l’égard des régleurs de précisions et des horlogers anonymes ou non qui contribuèrent à cette science de la précision.

Ecrit avec les travaux du LSRH, ceux de Charles Rosat et l’amitié des passionnés qui l’initient chaque jour un peu plus.

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MessageSujet: Les poinçons des marques de calibres   Sujets historiques généraux  EmptyMar 25 Avr - 18:10

Un petit lien d'abord ...

http://monsite.wanadoo.fr/wristwatchesvintages/page1.html

Et des images ensuite (les mêmes que sur mon site)


Sujets historiques généraux  MarquesA

Sujets historiques généraux  MarquesB


Sujets historiques généraux  MarquesC

Sujets historiques généraux  MarquesD

Sujets historiques généraux  MarquesE

Bonne chance pour vos recherches

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MessageSujet: Le cahier des charges établi par l'armée pour la type 21   Sujets historiques généraux  EmptyMar 25 Avr - 18:12

Le cahier des charges de la type 21 (1956)



Sujets historiques généraux  Type211quater

Sujets historiques généraux  Type212copie

Sujets historiques généraux  Type213copie

Sujets historiques généraux  Type214bis

Sujets historiques généraux  Type215bis

Sujets historiques généraux  Type216bis

Sujets historiques généraux  Type217copie

Sujets historiques généraux  Type218copie

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MessageSujet: Les montres très spéciales des représentants de commerce américains   Sujets historiques généraux  EmptyVen 27 Sep - 22:10

Les montres très spéciales des représentants de commerce américains


Sujets historiques généraux  Hamilt41
Salesman Watch Hamilton - Décembre 1905



La conquête des clients commence par celle des distributeurs. Fort de cette stratégie, dès le 19ème siècle, les manufactures horlogères ont cultivé par l'intermédiaire de leurs représentants chargés du contact avec les commerçants, une relation privilégiée. Les représentants des manufactures qu'on appelait « les commerciaux » devaient convaincre les commerçants de l'intérêt supérieur des produits qu'ils étaient chargés de leur vendre. Le commerçant devait ainsi devenir le premier émissaire de la marque auprès du client final. Les messages sont alors assez simples de la part des fabricants : « Nos montres sont plus précises et plus belles». Le mouvement est alors mis en avant dans un discours très pédagogique qui veut que ses qualités soient proportionnelles à sa beauté.

Ce qui est beau est bon !


A la fin du 19ème siècle, la concurrence des industriels sur les marchés internationaux est âpre et difficile. Les expositions universelles internationales stimulent les consommateurs et les fabricants doivent le plus souvent déléguer à leurs distributeurs locaux la diffusion de leurs produits et leur promotion. Dans l'industrie horlogère, les dirigeants des grandes maisons sont rompus aux voyages et parcourent le monde pour s'assurer de la conquête de marchés qui leur échapperaient bien vite s'ils n'y installaient pas un réseau de distribution dont ils doivent s'assurer de la dynamique.



Sujets historiques généraux  Hamilt42

Sujets historiques généraux  Hamilt43
Mouvement fabriqué en 1000 exemplaires


Les Américains donnent le tempo sur toute l'Amérique du Nord évidemment mais aussi sur l'Amérique du Sud où les grandes maisons suisses ont compris qu'il fallait être actif d'une part, parce que le marché est en pleine expansion y compris sur des pièces à complications et d'autre part, parce que le secteur connaît un essor économique favorable notamment grâce à l'émigration d'industriels et de planteurs en provenance du reste du monde et notamment d'Europe.


Sujets historiques généraux  Omega_95
Omega pour représentant de commerce fabriquée en 1895

Plusieurs manufactures suisses sont au fait du développement du marché notamment argentin et sur place, il faut appliquer à la vente les mêmes modes opératoires que ceux pratiqués par les manufactures américaines. Si les maisons suisses privilégient la présentation de la boite de la montre et de son cadran, les Américains mettent beaucoup en avant la présentation des mouvements qui sont fortement empierrés et décorés, ce qui est vanté comme un gage de qualité. Ces derniers ont par ailleurs massivement recours à la publicité dans la presse alors que les Suisses sont encore timorés sur leur promotion qui reste très basique. Les goûts américains différent de la perception suisse quant à ce qui est constitutif d’une qualité dite supérieure. Aux Etats-Unis, un mouvement doré est appréhendé comme ancien et le rhodiage est privilégié alors que les Suisses et les Européens perçoivent le rhodiage comme reflétant une moindre qualité.


Une montre outil de promotion des marques

Les Suisses vont donc devoir s’habituer à montrer les mouvements et équiper leurs représentants et revendeurs de montres dont les parties mécaniques sont facilement accessibles et visibles sans risque d'endommager celles-ci, ce qui serait contreproductif. Ces montres de démonstration dites "Salesman watches" sont assez courantes pour ce qui est des maisons américaines mais le sont beaucoup moins pour ce qui concerne les pièces suisses. Les Suisses ont peu pratiqué la distribution de ce type de pièce et le plus souvent les modèles accessibles sont des remboitages d'époques. Aux Etats-Unis, les boites des montres suisses sont systématiquement des boites américaines pour répondre aux contraintes protectionnistes d'importation de l'époque. Ces boites étaient souvent adaptées aux diamètres suisses quelque peu différents des mouvements américains et une maison suisse pouvait avoir des difficultés à réaliser une montre de démonstration dès lors qu’il fallait puiser dans des boites suisses pour obtenir des modèles harmonieux.



Sujets historiques généraux  Omega_94


Omega réalisa quelques montres de démonstration comme celle présentée ici qui date de 1896. La signature du mouvement est discrète et seul le sigle Omega dissimulé sous la raquette identifie la maison d'origine de la pièce. Si l'origine de l'architecture du mouvement ne laisse planer aucun doute sur son appartenance à la maison de Bienne, la boite est particulière car son fond est en deux parties. L'une classique clipsable et la seconde également clipsée fait office de cache-poussière transparent. L'ongle suffit à ouvrir le couvercle de fond monté sans charnière. La boite est en acier sans doute par économie, mais les boites de ce type de pièces n'étaient quasiment jamais en argent et encore moins en or, et le calibre est un 17 rubis de 18 lignes empierré avec de très grosses pierres chatonnées, bien plus grandes que les pierres des mouvements courants. La mention « Adjusted » figure en très gros et la décoration rhodiée est en tous points conforme aux standards américains. Les anglages soignés sont conformes aux plus belles pièces d'Omega ce qui est plutôt inhabituel dans un boitier en acier noirci. Le cadran en émail correspond aux meilleures versions en trois parties. La pièce a pu être portée classiquement grâce à son fond plein mais c'est bien une version spéciale de représentant. L'un d'eux a sans doute considéré que l'utilisation de la montre au quotidien était un moyen pratique de l'avoir toujours en fonctionnement sous la main.

Sujets historiques généraux  Omega_93


La taille de la gravure "Adjusted" sur le pont témoigne de l'importance accordée par Omega au message donné aux clients américains. La montre est réglée et c'est déjà à l'époque ce qui fait la différence. Les Américains ajoutent à cette mention le nombre de positions dans lesquels le réglage a été fait ainsi que le nombre de tests à différentes températures. Les Suisses appliqueront cet affichage par la suite.

Avec ce type de modèle de démonstration, Omega se met à égalité avec les produits des manufactures américaines. Une égalité qui passera par un emboitage qui devra être américain et réalisé sur le territoire des Etats-Unis. Les manufactures ont en effet fait pression sur le gouvernement américain pour limiter la concurrence suisse. Elles ont en cela été relayées par les puissants syndicats qui veulent éviter de voir des produits fabriqués par des ouvriers "suisses" non syndiqués. La compétition commerciale commence au comptoir des boutiques. Les clients sont noyés par la communication des maisons qui par voie de presse leur affirment toutes êtres les meilleures et les moins chères et leur montrent leur plus beaux mouvements. Une fois au magasin, le commerçant les oriente comme il l'entend d’où le soin mis à le convaincre. Les fabricants doivent donc se montrer généreux avec lui et ne négliger aucun effort à son égard pour qu'il encourage l'achat du produit d'une maison plutôt qu'un autre.

Le réseau de distribution est donc essentiel et cette fois les Américains ont une avance incontestable qui place l'horlogerie suisse en position marginale. L'une des rares maisons suisses qui trouve un espace s'approchant des positions des Américains est sans doute Wittnauer qui diffuse les instruments fabriqués par Longines.

Des montres dont le principe perdurera jusqu’aux années 1950

Ces montres de démonstration perdureront jusque dans les années 1950 quand définitivement, la montre de poche cesse d'intéresser une clientèle qui s'est reportée sur les modèles bracelets. Une nouvelle aventure commence alors pour l'horlogerie suisse qui profitera de la disparition progressive des manufactures américaines qui feront faillite les unes après les autres dans les 20 ans qui suivront.

Ces montres n'étaient pas le seul support de publicité sur le lieu de vente. Il y avait aussi les chronomètres de vitrine. Ces derniers étaient parfois des chronomètres de marine recyclés ou fabriqués spécialement pour la décoration des magasins. Le plus souvent après 1910, ce seront des chronomètres spécialement habillés et qui posés en vitrine offriront l'heure à ceux qui regarderont la vitrine du commerçant. Rien n'est négligé pour séduire le client avec lequel la marque doit nouer un rapport de confiance qui va conditionner son achat. Finalement tout est beau dans ces montres qui donnent envie d'être regardées durant des heures autant pour la précision de l'heure qu'elles donnent que pour la beauté mécanique de leur mouvement. Avec elles, le temps ne compte pas !


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MessageSujet: Les boites de montres de forme coussin, une histoire de dames et d'hommes    Sujets historiques généraux  EmptyMer 22 Jan - 20:38

Les boites de montres de forme coussin


Avant propos

On a l'habitude de s'intéresser aux cadrans et aux mouvements, quelques fois aux aiguilles mais bien plus rarement à la forme des boites. Il suffit d'explorer la période de 1880 à 1913 pour se rendre compte que l'art comme l'horlogerie furent habités par une soif de renouveau, de création et d'innovation. La révolution des modes, l'évolution des mentalités, le goût immodéré pour une autre culture ont apporté une forme d'émancipation dans la manière de regarder, de comprendre et de vivre cette société au tournant du siècle. Les montres sont passées de la poche au poignet, ont été ainsi adoptées par les hommes comme par les femmes, dans un esprit de révolution culturelle, sexuelle, littéraire et artistique. Le temps tend à tant faire oublier que cette page d'histoire n'a qu'un siècle qu'il parait utile de regarder cette folle époque comme un détonateur qui fit éclater, il y a 100 ans et de manière durable, une bulle ou l'horlogerie était avant tout masculine et logée dans la poche. On croit parfois aujourd'hui à tort que ceux qui ont inventé la montre d'hommes se comptent sur les doigts d'une seule main, et c'est une erreur, car c'est davantage l'inspiration collective qu'une idée isolée qui est à l'origine d'une conception moderne de la montre. L'histoire de la montre moderne a mélangé les objets des hommes et des dames bien avant que l'égalité des deux sexes ne soit une revendication. La montre fut alors un marqueur, une provocation, un souffle de reconnaissance imposé à la force du poignet, un poignet garni d'une montre bien sûr et d'une montre d'homme avant tout. La montre a fait tomber, à ce moment précis, une barrière et avancer d'un grand pas l'idée que l'alchimie qui relie les femmes et les hommes ignore la supériorité de l'un ou de l'autre et ne connait que l'être humain. Il est vrai que le temps nous est commun.



Préambule


Il est des choses dans l'horlogerie dont l'origine s'égare dans la nuit des temps et dont l'invention n'appartient vraiment à personne en propre car, s'il existe bien quelques brevets pour des spécifications particulières, nul n'est en mesure de déterminer avec précision l'origine formelle d'une forme ou d'un système. C'est le cas des boites de montres de forme dite "coussin" si caractéristique des premières montres bracelets.

Si l'on ne peut poser un nom sur l'inventeur des boites de forme coussin, on peut situer dans le temps la présentation des premières boites de montres qui ont participé à l'inspiration des boites coussin. Les montres bracelet existent depuis le 16ième siècle. Leur évolution est plus ou moins discrète au cours des deux siècles suivants où elles sont considérées comme originales et marginales. Les pièces, dans cette période, sont toujours joaillères avant tout. Le 19ième siècle fait passer les montres de la forme dite "Oignon" à une forme plus plate des boites propre aux montres dites à "gousset". Le gousset est une poche du gilet ou de l'intérieur de la ceinture du pantalon destinée à loger une montre.

La forme de la montre s'est ainsi adaptée à la manière de s'habiller, plus légère et favorable aux mouvements du corps au 19ième siècle qu'au siècle précédent. La forme générale de la montre ne va plus beaucoup évoluer ensuite jusqu'au 20ième  siècle mis à part l'intégration de la couronne qui s'est substituée au milieu du 19ième siècle au remontage à clé. En tout état de cause, c’est bien la manière d’utiliser et de porter sa montre qui est et restera l’élément fondamental qui en dicte la forme.





La boite de la montre : Une identité visuelle fondée sur une constante

La boite de la montre comporte tout au long du 19ième siècle et sauf exception quatre parties :
- la lunette sur laquelle est fixé le verre
- la carrure dans laquelle se loge le mouvement
- le cache poussière ou cuvette qui protège le mouvement à l'arrière de celui-ci
- le couvercle qui ferme la boite
Pour jouer sur l'épaisseur de l'ensemble, les fabricants peuvent alléger la quantité de métal mais cela nuit à l'impression de qualité qui se dégage des pièces. A la fin du 19ième siècle et surtout au 20ième siècle lorsque les métaux employés deviennent plus rigides et lorsque leur usinage est fait avec une meilleure précision, certains fabricants vont supprimer la cuvette et ainsi gagner en épaisseur.
La montre se fait alors plus discrète, une discrétion qui préfigure l'une des préoccupations de ceux qui vont vouloir faire passer la montre de la poche au poignet de leur utilisateur.
Le 19ième siècle est très créatif dans la décoration des boites. L'émaillage hérité du siècle précédent vient encore orner les modèles de qualité, le niel dit aussi, « émail du pauvre », moins onéreux s'installe dans la décoration des boites. L'art nouveau puis l'art décoratif vont créer au 20ième siècle un regain d'intérêt pour les belles montres.
La forme des boites est sur toute la période du 19ième siècle assez constante. Malgré tout, certains créateurs déposent des brevets pour des boites carrées qui peuvent à loisir être décorées, gravées et assorties à une ligne de collection. Ce serait une erreur de considérer ces boites comme des ancêtres des boites coussin qui viendront plus tard. En effet, ces boites ne font que transformer la carrure dans un format carré mais n'ont rien des boites coussin et sont plus proches des boites rondes qui leur sont contemporaines.

Les premières montres bracelet de série

Les premières montres bracelet de séries suisses semblent bien être celles fabriquées par Girard Perrégaux soit 2000 exemplaires commandés en 1880 avec une grille de protection pour la Marine Impériale allemande. Paul Ditisheim et Longines à Saint-Imier s'engagent dans ce type de montres en 1890 et 9 ans plus tard Omega propose des montres bracelet. Lors de la guerre des Boers entre 1899 et 1902, la montre bracelet devient un équipement militaire largement répandu. Le marché civil anglais hérite directement le premier de cet instrument. En 1904, les militaires le plébiscitent comme un objet du paquetage militaire. La demande britannique est à l'avant-garde des attentes des marchés européens. Les premières années du 20ième siècle voient ainsi prospérer au sein des catalogues des grandes maisons des modèles de montres bracelets. La demande est encore très limitée car ces pièces sont considérées comme féminines et pas du tout masculines. Cette perception provient à n'en pas douter du fait que la plupart des fabricants ont créé ces montres à partir de montres de col et donc de montres de dames sur lesquelles ils ont soudé deux anses pour fixer le bracelet nécessairement étroit compte tenu de la forme ronde des carrures. Il a fallu faire tourner les cadrans pour laisser la couronne à trois heures mais la parenté avec les montres de dames est indéniable.


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Longines vers 1918

Il apparait très vite que le seul moyen de pouvoir fixer des bracelets plus larges est de pouvoir fixer les anses sur des boites carrées. En outre, les boites rondes des modèles de dames adaptés ont tendance à tourner sur le poignet et à s'accrocher facilement sur la moindre aspérité. Surtout, les montres bracelet s’encrassent plus vite que les modèles de poche car la manière de les porter expose beaucoup plus les mouvements à la poussière et à l’humidité en particulier celle de la transpiration. Les montres doivent repasser beaucoup plus vite entre les mains des horlogers qui découvrent des mécanismes très encrassés voire oxydés. En outre, les utilisateurs se plaignent de la mauvaise précision des montres bracelet dont les mécanismes sont mal adaptés à subir des mouvements fréquents et des vibrations dont la poche les préservait antérieurement. Les horlogers enregistrent plainte sur plainte et voient revenir un grand nombre de montres en panne pour des causes récurrentes liées au déréglage et à l’encrassement fatal. La transformation des montres de col ne peut donc être une solution pérenne pour fabriquer des montres bracelets pour hommes.  


Les premières boites de forme coussin

Les fabricants planchent sur la création de modèles conçus pour les hommes et ils le font avec leur expérience des modèles pour dames mais aussi leur connaissance des boitiers des montres de poche. On ignore encore la seconde centrale et la nécessité de placer celle-ci à 6 heures tout en ménageant la position de la couronne à 3 heures contraint à adopter des mouvements de type savonnette en les réduisant au format d'une montre bracelet. Les Américains davantage libérés des conventions en matière d’horlogerie n’hésitent pas à conserver les mouvements tels qu’ils sont et à tourner toute la montre en soudant des anses sur les côtés à 3 heures et 6 heures de sorte qu’il faut tourner le poignet pour lire l’heure. Elgin propose ainsi des montres au positionnement inconfortable que personne n’aurait admis d’une maison helvétique.


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Elgin boite argent adaptée avec un calibre de montre de poche vers 1910

La seconde étape est la création des boites. Les toutes premières boites coussin apparaissent une dizaine d'années avant la première guerre mondiale et se développent au cours de celle-ci. Ces boites ont l'avantage de ne pas tourner autour du poignet et facilitent donc un accès facile à l'heure. Cette demande caractéristique de l'époque de la première guerre est liée au fait que les montres de poche sont inaccessibles lorsqu'elles sont glissées au fond de la poche d'une redingote surtout si le porteur de la montre porte des mitaines pour protéger ses mains du froid.

Il faut alors s'entendre sur ce qu'est une boite coussin. La boite coussin est de forme dominante carrée mais sans angle vif, les anses qui sont soudées sur sa carrure prennent position aux extrémités de telle manière que le bracelet puisse être le plus large possible. Cela autorise des largeurs de bracelet qui selon la taille de la boite peuvent aller de 20 à 22 voire 24 mm. Le fond de boite non porteur d'angles vifs vient se clipser sur la carrure. Certains rares fabricants ont toutefois maintenu un système de charnière un peu plus contraignant à fabriquer. Le verre est enchâssé dans une lunette qui se clipse sur la carrure.
La dénomination de boite coussin est sans aucun doute lié à la forme générale de la boite dont le profil est celui d'un coussin. Ce type de montre connait un indéniable succès mais il ne détrône pas la montre ronde dont les fabricants améliorent les caractéristiques notamment en adoptant des couronnes mieux adaptées que celle des montres de dames car plus larges et en recherchant des bracelets plus larges.


Un succès sans frontière

La boite coussin renferme malgré tout une modernité qui va séduire pratiquement toutes les maisons et cela durablement. D'abord cette boite est visuellement identifiable comme étant celle d’une montre d'homme ce qui est important dans la culture du début du 20ième siècle. Ensuite, elle libère la tenue vestimentaire masculine de la chainette de montre qui relie la boutonnière et la montre de gousset. Enfin, elle se veut plus étanche que la boite de montre de dame « reconditionnée » ce qui est à la fois faux et vrai.

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Extrait Catalogue Waltham de 1917

En effet, la boite coussin n'a pas en général de cuvette ou cache poussière ce qui a pour conséquence que le fond serve à la fois à garantir l'étanchéité et lorsqu’il est suffisamment épais à assurer la rigidité nécessaire et la résistance à la déformation plus forte au poignet que dans une poche. Sur ce point, l'avantage est à la boite coussin car il est bien connu qu'une forte épaisseur est moins flexible qu'une double faible épaisseur. C'est en particulier le cas pour l'argent massif très en vogue à l'époque. L’étanchéité de la boite coussin viendra plus tard avec le modèle Oyster de Rolex en 1926.
Parmi les boites coussin les plus anciennes figurent celles de la maison anglaise Dennison qui en 1907 emboitait des mouvements et cadrans Omega. Ce sont probablement parmi les toutes premières montres coussin produites et en tous les cas les premières de la maison biennoise. Les boites Dennison étaient en argent ou or à 9 carats très courant à l'époque sur le marché anglais.


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Boite Dennison pour Omega 1907 – Source Omega « Voyage à travers le temps »

Sur le marché américain, lui aussi, vont être diffusées des montres bracelet coussin. La maison Fahys, spécialisée dans la fabrication des boites, propose ainsi en 1915, une boite coussin en argent massif à anse soudées. Cette même maison intègre en 1917 une grille de protection à la lunette pour un usage militaire. La grille non démontable réduit la lisibilité de l'heure. Les manufactures américaines semblent avoir développé les boites coussin davantage dans les années 1920/1930 soit après les Anglais et les Suisses.




Un souffle de modernité

Dans le monde civil, l'Art nouveau adopte les boites coussin qui se répandent au poignet des dames comme des hommes. La culture de l’Art nouveau porte une révolution des esprits et une évolution des mentalités. Les années folles sont des années de libération des hommes et des femmes à l’égard des conventions qui ont enfermé l’éducation des générations précédentes. La sortie de la guerre accroit la soif de liberté de la pensée et des mœurs.


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Montre Zenith « Art nouveau » vers 1920

La boite coussin fait souffler un vent de modernité sur la manière de porter l'heure. La montre d’homme en général et celle avec une boite coussin en particulier sont perçues comme unisexe dans une époque porteuse d'une évolution significative de la culture occidentale. On chante, on danse et on s’encanaille avec une montre au poignet que l’on exhibe quand on est une dame comme une sorte de conquête de la femme sur l’homme.
La plupart des cadrans ont conservé l'émail à l'aspect parfait des montres de gousset, seule la taille a été réduite et la qualité est perceptible car les cadrans parfaits lors de la fabrication des montres le sont restés un siècle plus tard. Les aiguilles bleuies, dorées, en or ou remplies de matière luminescente au radium de forme lance, pommes, feuilles de sauge, Mercédes rivalisent d'originalité. L'année 1911 a vu apparaitre le traitement des cadrans et des aiguilles au radium pour assurer une lisibilité des montres de nuit. Les civils et en particulier les dames s'amusent de cette caractéristique lumineuse dont les dangers ne seront connus que plus de 15 ans plus tard.
La boite coussin est soit en métal blanc, soit en argent, en plaqué or ou or massif.  Il ne semble pas qu'elle fut produite en grande série en acier sans doute à cause de l'oxydation potentielle du fond au contact de la peau. Très clairement si les mêmes montres sont portées par des femmes et des hommes, les grandes maisons s'attachent aussi à créer des modèles exclusivement féminins.



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Omega boite coussin avec cadran et aiguilles radium vers 1911

Les fonds des boites ont un ergot intérieur pour être remontés systématiquement dans la même position sur la carrure.  
https://www.artofmanliness.com/articles/mans-guide-wristwatches-history-wear-one/




L’éclipse

La boite coussin disparait progressivement dans les années 1940 avec l'émergence de l'exigence de boites étanches qui induit des fonds vissés en attendant que l'industrie soir en mesure de garantir l'étanchéité avec des fonds clipsés. Ensuite la manière de visser les fonds non pas en construisant ceux-ci sur la base d'une cylindre muni d'un pas de vis et monté directement sur la carrure mais avec des micro-vis a permis à plusieurs maisons de proposer à nouveau des boites coussin. Edox dans les années 1960, Panerai, Vacheron & Constantin figurent parmi les maisons les plus connues qui ont ressuscité ces boitiers.
Chaque maison adapte sa boite coussin en y associant des anses avec des systèmes qui facilitent le montage ou le démontage des bracelets grâce à des pompes amovibles. La fixation des bracelets grâce à des pompes amovibles induit une rigidité des anses et de la carrure qui ne doit pas se déformer lors de la pression exercée pour monter le bracelet. L’aspect visuel de la boite s’en trouve sensiblement modifié d’où le choix de certaines maisons comme Panerai de préserver l’identité visuelle complète de la boite coussin et d’opter pour un mode ingénieux de fixation qui implique un démontage complet de l’anse puis son remontage pour adapter le bracelet. D’autres maisons ont également opté pour un tel procédé. On constate que lorsque ce choix n’est pas fait, il est plus complexe de conserver un profil de boite coussin au boitier de la montre.
Le choix de ce type de boite pour des montres modernes conduit souvent à opter pour des montres sans trotteuse ou avec une petite trotteuse à 6 heures plutôt qu’une trotteuse centrale dont l’identité visuelle est plus contemporaine. Malgré tout, les designers se sont assez souvent affranchis du passé depuis une vingtaine d’années et le recours à des mouvements mécaniques génériques de grande diffusion a contraint certaines maisons à accepter une trotteuse centrale.

La boite coussin et la montre du poilu

Nombre de montres militaires réglementaires et montres civiles de poilus de la première guerre mondiale furent des modèles à boite coussin. Le fabricant français LIP est sans doute l’un des fabricants parmi les plus productifs de cette forme juste avant, pendant et après la première guerre mondiale. Les montres LIP à boite coussin avec leur cadran et aiguilles traitées au radium sont parmi les plus renommées. L’image du poilu est quasiment indétachable de celui de ce modèle de montre. Consciente de cette association, LIP produisit dans les années 1960 un chronographe moderne avec une boite coussin.  Beaucoup de montres coussin de poilus étaient anonymes soit parce que les fabricants laissaient aux détaillants le choix d’inscrire leur nom sur les cadrans ce que la plupart ne faisait, soit parce que ces montres étaient vendues à très bas prix et montées à domicile par des ouvriers qui les livraient à un grossiste. On peut estimer qu’au cours de la première guerre mondiale une montre de poilu sur 4 était de forme coussin.

Panerai agitateur de mémoire

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Panerai Radiomir



L’exploitation de cette forme de boite n’a jamais vraiment cessé. La boite coussin a traversé les époques et les modes. Sans aucun doute, le modèle Radiomir de Panerai en a relancé l’intérêt. Le modèle fût créé en 1916 à un moment où les boites coussin étaient au milieu de la guerre parmi les plus recherchées.  Panerai a su défier les difficultés d’étanchéité de ce type de boite et lors de la relance du modèle en 1938, lui donner une taille conséquente en respectant intégralement le design ancien de ce type de boite. Cela n’est pas pour rien dans son succès.
La Fondation de la Haute horlogerie dans un article publié le 28 novembre 2016 rappelait ainsi l’historique du modèle et de sa boite.
« De nos jours, Radiomir désigne la collection qui s’inspire des tout premiers modèles de montres militaires créés par Officine Panerai. Les boîtiers de grande taille sont tous de forme coussin, mais on distingue la Radiomir de base de la Radiomir 1940. La première a des particularités empruntées aux modèles de 1938 : anses à fil – autrefois soudées, elles sont actuellement amovibles – et couronne conique conçue pour faciliter la prise en main. Cette création est entrée au catalogue en 1997, avec une Édition Spéciale en platine, pour ensuite apparaître dans sa version subtilement modernisée en 2005, alors qu’elle accueillait le premier mouvement manufacturé par Officine Panerai. Quant à la Radiomir 1940, elle intègre les modifications qui ont rendu le modèle original plus robuste, en 1940 précisément. Avec ses cornes taillées dans le même bloc de métal que le boîtier et sa couronne cylindrique, elle enrichit les propositions de la marque depuis 2012 »
https://journal.hautehorlogerie.org/fr/radiomir-la-bonne-etoile-dofficine-panerai/
Panerai a très clairement travaillé à la rigidification des anses en les solidarisant avec la carrure. Cette condition était celle de la modernisation de la boite et de son adaptation aux besoins contemporains.

La luxueuse boite coussin chargée d’histoire
   
D’autres maisons de haute horlogerie ont proposé récemment un modèle coussin dans leur collection.  C’est le cas de Vacheron & Constantin avec ses collections Harmony et Historic American 1921» dévoilées en 2015. Cette grande maison résume ainsi cette collection : « La forme coussin réinventée, une allure contemporaine dotée de calibres inédits » https://www.vacheron-constantin.com/fr/montres/harmony.html#tab=0

La presse a qualifié cette forme « d’Icone des années folles ». Il faut dire que la marque a repris son modèle d’époque en poussant le détail jusqu’à placer la couronne « boule » de manière décentrée et la petite seconde à 4h30 l’ensemble étant fidèle à la version d’origine et pour cause, la version originale avait conduit à recycler le calibre savonnette d’une montre de poche d’où la position de la trotteuse et de la couronne.  Si on tourne la montre en plaçant la couronne à midi, on retrouve cette architecture originelle. C’est ce que l’on appelle tirer parti d’un bricolage d’époque mais les débuts de la montre bracelet se sont ainsi construits sur des recyclages plus ou moins heureux de montre de poche et/ou de montres de dames. Vacheron & Constantin magnifie ce travail en offrant une boite en platine à son modèle de forme coussin.

Dès lors, la forme coussin n’est d’une part ni passée de mode, ni éteinte dans la production contemporaine. Bien au contraire elle est associée à une image dynamique, moderne et à un clin d’œil au passé, celui des années folles, même si la réalité historique fait débuter la production de cette forme de boite aux alentours de 1905, au début de la période Art nouveau et si son essor se situe au milieu de la période de la première guerre mondiale.

La boite des instruments militaires, une idée américaine

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Publicité pour Illinois Watch C° en 1918

Pendant la guerre, la montre est au poignet des soldats de l’armée de terre mais elle fait aussi son apparition au poignet des pilotes d’aéronefs, véritables pionniers de l’aviation qui s’en servent pour calculer leur temps de vol en sachant que leur réserve de carburant limite la durée de leur mission. La montre sert aussi à s’assurer du temps de chauffe des moteurs avant le décollage. Elle est un instrument incontournable y compris à bord des navires. La montre bracelet est vite adoptée par tous les corps militaires. La version coussin bien adaptée à la forme du poignet grâce à une ergonomie qui lui fait couvrir une plus grande surface de contact avec la peau devient la référence la plus appréciée.

 
Si les marques françaises dont LIP ou suisses parmi lesquelles Omega, Zenith, Longines, Tavannes, Alpina, IWC et d’autres ont fait un large recours aux boites de formes coussin pendant la guerre, les manufactures américaines sont allées encore plus loin en mesurant très vite dès la fin de la première guerre mondiale le potentiel commercial des montres bracelets spécialement créées pour être portées par les hommes. Elgin dès la fin de la guerre donne ainsi aux modèles de sa collection des noms de militaires que la guerre a transformés en héros. L’une des pièces les plus emblématiques est certainement le modèle « Black Jack » en  hommage au général américain John Pershing . Cette pièce était vendue 25 dollars en 1919. La montre est en argent massif d’une dimension de 38 mm sur 30 avec un cadran noir en émail.  Le mouvement, à ce prix, est un 7 rubis de référence 462.

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Elgin « Black Jack » hommage à John Pershing 1919

Waltham Watch C° fera aussi de la montre de forme coussin l’un des modèles à succès de sa collection. En Suisse, IWC multiplie à cette même époque des pièces d’une version en or massif de cette boite emblématique.
https://www.etsy.com/listing/197766513/international-watch-company-schaffhausen
La manufacture américaine Hamilton fut présente sur toutes les catégories de produits. Très agressive au plan commercial, elle avait une réactivité élevée face aux demandes de la clientèle et surtout face à ses concurrents. En voyant les catalogues des autres maisons américaines, elle fit inscrire dans son catalogue dès 1919 des montres à boites coussin puis ne cessa d’en afficher jusqu’au milieu des années 1930 qui marquent le moment d’une certaine rupture avec ce style de boites aux Etats-Unis.


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Extrait catalogue Hamilton 1919


On note, fait intéressant, que ce type de montre fut offert en dotation aux Forces expéditionnaires américaines et à l’US Navy. Elle apparaît comme la montre « outil » du moment ce qui la qualifie pour des usages professionnels.

Un site américain recense plusieurs générations de boites coussin produites pour Hamilton Watch C°.  http://www.hamiltonchronicles.com/2012/07/early-hamilton-cushions.html
L’une des principales évolutions de la boite sera celle des cornes qui passent de l’attache filaire soudée à des anses classiques, d’abord à pompes fixes et plus tard à pompes mobiles. Certains fabricants ont fait comme Rolex directement des choix de cornes solides.  

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Modèle coussin IWC avec grille intégrée - 1918

La boite coussin appartient dès lors aux pièces de tous niveaux, populaires comme haut de gamme. L’image la plus luxueuse est toutefois récente même si une maison devenue prestigieuse a trouvé dans la boite coussin le terreau de sa notoriété à savoir Rolex.
En effet la Rolex Oyster née en 1926, fut remarquée autant pour la forme de sa boite que pour son étanchéité.

Et l’étanchéité lui donna l’éternité, les perfectionnements de Rolex

Dès lors, la boite coussin qui était aussi peu étanche qu’une montre de poche devient un objet susceptible d’entrer en contact avec le milieu aquatique sans aucun dégât. Cela va asseoir la notoriété de Rolex et contribuer à forger l’image de la marque. Hans Wilsdorf, le fondateur de Rolex, fait preuve ici d’une clairvoyance exceptionnelle et il règle les deux problèmes endémiques des montres bracelets à savoir la précision, d’une part, et le défaut d’étanchéité d’autre part.

C’est avec une montre de forme coussin, l’Oyster, littéralement l’huitre, qu’il démontre qu’il peut surmonter facilement les critiques dont les montres bracelet sont l’objet.  Pour ce qui concerne la précision, il profite de la boite coussin pour placer un mouvement plus grand et donc avec un balancier plus grand qui améliore sensiblement la précision de la montre et en facilite le réglage. L’étanchéité fut un peu plus complexe à gérer.


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Rolex Oyster 1926

Les premières tentatives de fabrication de montres étanches furent faites sur des montres dont les boites étaient de type monobloc et ne s’ouvraient qu’en dévissant la lunette et en basculant le mouvement monté sur une charnière. Ce choix réduisait le nombre de point d’entrée de l’eau et de la poussière mais il était incompatible avec l’utilisation de métaux précieux trop mous et dont l’usure compromettait à moyen terme le fonctionnement de la montre. Le salut vient de deux personnes de la Chaux de fond, Paul Perregaux et Georges Peret, qui ont déposé un brevet 114 948 lequel porte sur une couronne de remontoir vissée sur un tube fileté dépassant du boîtier. Wilsdorf n'a pas tardé à acquérir le brevet de ses propriétaires et, quelques mois plus tard, la Rolex Oyster était sur le marché.
La conception de la boite coussin de l’Oyster mérite attention car elle est très spécifique à Rolex malgré une apparente simplicité.

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Rolex en 1912

Le mouvement de l’Oyster n’est pas attaché directement à la carrure du boîtier. Le boîtier est composé de trois parties : la carrure à laquelle sont fixés les anses, la lunette et le fond séparés, tous deux à visser. Le mouvement, le cadran et les aiguilles sont maintenus dans un anneau métallique à filetage extérieur vissé, une sorte de cercle d’emboitage perfectionné avec un trou à la position 3 heures et une goupille à la position 9 heures. L'anneau, cercle d’emboitage porteur du mouvement, est inséré dans le corps du boîtier et la goupille en forme de 9 s'insère dans un trou, sorte d’alvéole correspondant du boîtier. Le mouvement est ainsi calé dans la bonne position. La couronne et la tige de remontoir sont ensuite insérées dans le trou à 3 heures et la lunette et le fond du boîtier sont vissés. Le fond en soi ne comportait pas de joint et d’ailleurs Wilsdorf a bâti sa publicité en expliquant qu’il n’utilisait que le contact du métal contre métal pour obtenir une parfaite étanchéité. Cependant, un joint à l’intérieur du fond assurait au mouvement une totale étanchéité. Ce joint composé d’une feuille de plomb se déformait par pression au moment du vissage du fond et compensait les irrégularités de son usinage non pas sur le pas de vis mais sur l’intérieur du fond lui-même et sa partie plate.

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Première Oyster Coussin en 1926

Rolex a exploité la forme coussin du milieu des années 1920 à la fin de la seconde guerre mondiale. Si Rolex a tenté de lancer un boitier octogonal pour élargir son offre, la boite coussin fut celle qui remporta le plus grand succès. La boite de forme octogonale fut donc retirée du catalogue moins de 10 ans après son apparition.
La boite coussin est associée pleinement au démarrage de Rolex dans la fabrication de montres outils étanches dont la marque n’a cessé de faire progresser la technologie de fabrication.

La manufacture Zenith qui fabriquait ses propres boites a inscrit dans son catalogue des boites de forme coussin dès le début des années 1920. On en retrouve encore dans le catalogue de 1934, signe de la longévité de la vie commerciale de cette boite.

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Extrait du catalogue Zenith catégorie montres de messieurs 1934


On observe la diversité de designs des boites coussin et les variétés de cadrans avec comme constante la petite seconde à 6 heures. Même s’il en existe avec seconde centrale, la boite coussin est le plus souvent assortie de mouvements avec petite seconde ou pas de seconde du tout. Si cela peut s’expliquer dans les années 1910 par le recours à des mouvements conçus pour des montres de col, cette logique est mise à mal ultérieurement après les années 1920 quand des mouvements sont spécialement conçus pour des montres bracelets.

Il faut avant de conclure souligner que le terme de boites coussin est souvent utilisé à tort pour des boites qui ne sont en fait que des boites de forme « Tonneau ». Sauf à considérer que ces boites soient une évolution de la boite coussin, ce qui n’est pas exact, les boites de forme tonneau relèvent d’un design qui reste indépendant des formes antérieures des boites de montres. Fort utilisé dans les années 1970, le design Tonneau, est reproduit aujourd’hui pour réaliser des montres « hommages » ou des rééditions, c’est le cas par exemple, avec la marque Hamilton qui réédite son modèle militaire livré à la Royal Air Force mais oublie, outre qu’il fut essentiellement livré à l’Army britannique (armée de terre), que le design n’a jamais été de type coussin.

En outre, Panerai par ses réinterprétation des boites coussins a inspiré nombre de grandes et petites maisons qui, elles aussi, ont produit des designs divers plus ou moins en rappel des boites coussin. Cet aspect visuel est souvent contredit par le fond des montres.  Les vraies boites coussin ont des formes sans angles vifs dans la même approche que la lunette ou la partie supérieure de la carrure qui fait office de lunette et offrent un profil symétrique. La plupart des fonds des boites hâtivement désignées sous la terminologie « Coussin » n’ont aucunement cette caractéristique.

De même, nombre de boites carrées sont ou ont été qualifiées de boites coussin mais n’en ont aucune caractéristique mis à part le fait qu’elles soient carrées. L’absence de définition précise de ce qu’est une boite coussin et de détention par un seul auteur d’un dessin ou brevet rend la notion de boite coussin « fluctuante » et favorise les désignations exotiques de modèles qui n’ont que très peu de rapport avec ce design. De très nombreux fabricants se sont emparés de la terminologie coussin au point d’avoir fait perdre de vue l’histoire et l’évolution historique de ce type de boites. Il semble intéressant d’accompagner un lancement de produit d’une explication marquée d’exemples puisés dans des catalogues anciens de ce que fut cette boite, à savoir l’une des premières formes de boites de montres bracelets dessinées pour la clientèle masculine ceci à la différence des boites reconditionnées des montres de col de dames.

Cette situation a l’avantage de son inconvénient. Elle ouvre une très grande liberté créative dans la réinterprétation et les évolutions potentielles des boites. Elle permet d’ouvrir un « champ du possible » pour exploiter le nom et de créer un design original plus ou moins librement inspiré que l’on s’attachera à déposer pour éviter d’être copié.
Le recours à des boites coussin pour des montres de dames correspond à une émancipation de la femme à travers son choix de montres, un clin d’œil aux années folles, à l’art nouveau et à une époque faste. Une campagne de communication marquée par le recours à des œuvres issues de l’art nouveau (Alphons Mucha par exemple) peut être porteuse d’un accompagnement visuel au lancement du produit et un marqueur universel des esprits universel tant féminin que masculin.  

       
Faut-il conclure ?

Le fait d’avoir été et d’être encore exploité par des maisons de prestige fait de la boite coussin, une forme qui reste ancrée dans la mémoire et conserve ainsi une modernité et une image de produit de qualité qui a occulté la mémoire des pièces produites au début du vingtième siècle et embarquées au poignet des poilus dans les tranchées.
La boite coussin grâce à ses systèmes de fixation permet de choisir son bracelet rompant avec les premières boites à anses fixes qui contraignait à les porter sur un bracelet en toile dit aujourd’hui « Nato ». Les verres en saphir ou en matière minérale trempée voire en hésalite ou plexi sont garants d’une étanchéité en façade.  La couronne munie de joint et parfois vissée ainsi que les joints de fond associés à la précision des usinages permettent d’accéder à des boites étanches à des profondeurs qui permettent au moins la baignade.

La boite coussin est en outre séduisante, agréable au porté et esthétiquement sans arêtes vives. Hors des modes et du temps elle ouvre la voie de la pérennité des montres, pérennité confortée par son existence depuis 5 générations auprès de maisons qui sont toujours là, porteuse dorénavant d’une image de luxe puisque l’horlogerie s’est développée depuis un demi-siècle en véhiculant son appartenance au luxe.

L’identité visuelle des cadrans et des aiguilles mais aussi des anses et des systèmes d’attache des bracelets participe à la différenciation des marques et impose une attention particulière pour être porteuse d’identité et faciliter la reconnaissance visuelle des produits. C’est là tout l’art de cultiver sa différence et son propre style dans un boitier qui a un siècle d’ancienneté dans le patrimoine commun de l’horlogerie.


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