Actu: L’avenir sombre des boutiques de montres en Suisse

jacno1977 a écrit:

je perçois aucune remise en question dans la façon de vendre.

Effectivement, c'est assez étonnant mais les AD ne rappellent pas les clients pour les inciter à revenir en boutique. Certains AD ont pourtant des CRM assez pointus (Salesforce) qui leur permettraient de rappeler leurs clients ciblés en fonction de leur historique d'achats, localisation, etc... C'est un peu comme s'ils baissaient les bras devant la fatalité.

QuentinL a écrit:

Quand je vais en boutique, les remises sont extrêmement timides, les vendeurs pas toujours très compétents et la valeur ajoutée (goodies etc...) bien souvent inexistante malheureusement.

C'est beaucoup moins vrai actuellement sur Genève ou l'on peut obtenir des reductions de l'ordre de 15/100 voir plus.

Et bientôt ce sera la grande braderie...

...cela dit ça ne change pas grand chose, même en affichant des réductions jusqu'à 50/100 avant liquidation, les boutiques multimarques restent vides.

Tout cela est une industrie détenue par quelques grands groupes (Swatch, Richemont...).

Ils ne déprécieront pas les prix officiellement, car cela reviendrait à déprécier leurs actifs comptables.
C’est plus intéressant pour eux de ne pas vendre et de maintenir/augmenter les tarifs que de vendre moins cher !

QuentinL a écrit:

La capacité de se mouvoir vers le commerce en ligne discerner les marques qui pourraient s'en sortir sans trop de casse des autres. Il n y a qu'à voir le succès de Christopher Ward ou de la plupart des micro-marques, qui proposent des circuits de distribution beaucoup plus courts et réduisent ainsi leur RRP.

 J'ai l'impression que ce modèle motive beaucoup de jeunes à s'intéresser à l'horlogerie car cela s'inscrit dans des pratiques d'achat connues et rassurantes. Quand je vais en boutique, les remises sont extrêmement timides, les vendeurs pas toujours très compétents et la valeur ajoutée (goodies etc...) bien souvent inexistante malheureusement.

Je pense également que le commerce en ligne doit être une priorité actuellement. La question que je me pose, c'est comment apporter l'expérience et l'émotion de l'achat de luxe lors d'un achat en ligne? Quand j'achète mes bouquins sur Amazon, c'est clinique, froid, impersonnel. Est-ce le même sentiment que l'on aimerait avoir lors d'un achat à plusieurs milliers d'euros? Non, pas du tout. 

Un article a récemment été publié sur ablogtowatch.com à propos de l'expérience d'achat en ligne de quelques montres de luxe. On y retrouve les classiques lettres "manuscrites" du CEO, les petits goodies, les conditions de retour facilitées. Est-ce suffisant pour remplacer l'expérience en magasin? Quelle expérience ou plus-value peuvent-ils encore apporter par rapport à l'achat en magasin?

Finalement cette crise va dans le bon sens pour les actionnaires:

-Réduction de la masse salariale.
-Réduction de la production.
-Augmentation des marges.

Pour l'instant c'est au fond du gouffre, mais il y a fort a parier que la situation ne reviennent jamais a la normale, avec une distribution confidentielle de petites productions chinoises vendues a prix d'or

FrozenBrain a écrit:

La question que je me pose, c'est comment apporter l'expérience et l'émotion de l'achat de luxe lors d'un achat en ligne?

C'est la possession d'un bel objet qui m'intéresse. Et d'avoir pu l'obtenir au meilleur prix. Les attentions pour me flatter en boutique ne sont que de l'écume et je ne ressens aucun plaisir puéril à ça, parfois plutôt des réactions épidermiques. L'objet, rien que l'objet.
Lorsque j'ai acheté des montres en boutique, elles ont quasiment toujours été commandées, j'ai donc dû me déplacer à nouveau pour réceptionner le paquet. Autant le réceptionner chez soi sans bouger !

Le problème de fond en dehors de toute crise est le total manque de compétence commerciale
de la plupart des AD et de leurs équipes de vente.
c'est la même chose , voire encore pire, chez les concessionnaires automobiles qui ne te rappellent jamais après que tu sois passé
à la concession en manifestant ton intérêt pour tel ou tel modèle.

Les vrais bons commerçants souffrent aussi en ce moment c'est inévitable, mais beaucoup moins.
(nous en connaissons tous un sur FAM du côté de Pithiviers)
malheureusement pour eux et pour nous ils sont rares.

Quant aux fabricants, Si tous les CEO avaient le talent de JCB la situation, même en temps de crise, serait bien différente
car il y a la possibilité de créer de vraies dynamiques de développement commercial, même en ce moment

Isosta

Manivel a écrit:

Finalement cette crise va dans le bon sens pour les actionnaires:

-Réduction de la masse salariale.
-Réduction de la production.
-Augmentation des marges.

Pour l'instant c'est au fond du gouffre, mais il y a fort a parier que la situation ne reviennent jamais a la normale, avec une distribution confidentielle de petites productions chinoises vendues a prix d'or

Je rajouterais, cette crise va dans le bon sens pour le consommateur qui prend de plus en plus conscience que ce monde horloger marche sur la tête, et peut donc se recentrer sur des vraies valeurs humanistes ...

Tant pis pour le Landerneau horloger qui récolte ce qu'il a semé ...

Manivel a écrit:

VIDEO

Voila en gros ce que les Suisses pensent de leurs montres... 

Elles sont trop cher, et sont souvent achetées sur le gris ou par les ventes au personnel, a travers des intermédiaires qui travaillent dans le milieu. 

Ils ont un fort pouvoir d'achat mais se limitent souvent a Tissot.

Les suisses consomment local mais ce ne sont pas eux qui fréquentent les boutiques d'horlogerie.
Il est aussi rare d'y entendre l'accent suisse qu'il est fréquent d'y entendre l'accent chinois, des vendeuses...

Ils consomment local : le produit ? L'achat ?  La fabrication et les matières premières ? C'est compliqué.

Est-il mal vu en Suisse de porter une Seiko ? (à peu près dans la même gamme de prix que Tissot) Et donc s'ils achètent une Seiko dans une boutique locale

Ils consomment dans des boutiques suisses des marques suisses disons... 

En boutiques ils achètent plutôt de l'entrée de gamme si ils n'ont pas une combine.
Il n'est cependant pas rare de voir un suisse porter une Seiko5... 

Mais bon, quand tu as des potes qui bossent dans l'horlogerie et t'obtinennent a 750chf en vente au personnel (j'ai eu la liste en main) une Maurice Lacroix vendue 4000chf en boutique, ou une Breitling "grise" au tiers du prix (un ORL consulté a Genève qui l'avait au poignet), voir une Piaget altiplano a 5000chf (j'ai la aussi eu le catalogue "personnel" sous les yeux)... tu traines pas dans les boutiques. 

FrozenBrain a écrit:

Je pense également que le commerce en ligne doit être une priorité actuellement. La question que je me pose, c'est comment apporter l'expérience et l'émotion de l'achat de luxe lors d'un achat en ligne? (...) Quelle expérience ou plus-value peuvent-ils encore apporter par rapport à l'achat en magasin?

Ca n’a jamais empêché Tesla de vendre ses voitures modèles X et S à plus de 120ke (tarif d’entrée de gamme Avant l’apparition de la 3) ces dernières années 100% en ligne.

Et ils vont plus loin puisqu’ils revendiquent que la prochaine évolution de leur expérience de vente sera 100% sans contact et sans se déplacer (la voiture viendra à son nouveau propriétaire ; avec ou sans conduite autonome !)

Donc en effet, ou est le problème de la vente en ligne ?

FrozenBrain a écrit:

Je pense également que le commerce en ligne doit être une priorité actuellement. La question que je me pose, c'est comment apporter l'expérience et l'émotion de l'achat de luxe lors d'un achat en ligne? Quand j'achète mes bouquins sur Amazon, c'est clinique, froid, impersonnel. Est-ce le même sentiment que l'on aimerait avoir lors d'un achat à plusieurs milliers d'euros? Non, pas du tout. 

Un article a récemment été publié sur ablogtowatch.com à propos de l'expérience d'achat en ligne de quelques montres de luxe. On y retrouve les classiques lettres "manuscrites" du CEO, les petits goodies, les conditions de retour facilitées. Est-ce suffisant pour remplacer l'expérience en magasin? Quelle expérience ou plus-value peuvent-ils encore apporter par rapport à l'achat en magasin?

hum , tout dépend de l'expérience magasin...
Sur les AD qui fournissent du Suisse ...... mon expérience achat? dans l'hôtellerie de luxe , pour un verre ou diner, ça serait top, pour l'AD, limite c'est comme si tu achetais une chocolatine, et encore je ne parle pas de la couronne....
Donc en théorie , oui le magasin peut  donner une émotion à cet expérience "luxe" , mais dans  mon expérience..NIET

Je n'aime pas les boutiques.

Je ne m'y suis jamais senti a l'aise, (2 exceptions , Rolex et Omega, le manager a chaque fois, très sympa, et qui étaient pas du tout dans cette attitude de gardien du temple Pas de nom propre).

Sinon beaucoup de gens désagréables, souvent sans trop de connaissances. Des gens sympas mais guindes. Et cette atmosphère un peu bizarre de ''on doit vendre du rêve'' ou au final personne n'est vraiment a sa place.

Je n'aime pas cette ''expérience luxe'', ce décorum, cette négociation, ces salamalecs, champagne, café, ce cirage de pompes.

J'adore un prix efficace sans discussion embarrassante; j'adore une communication claire, rapide, sympa, sans emballage de cérémonial inutile. J'adore faire un paiement en ligne et avoir DHL express qui sonne chez moi ou a mon boulot 24h après.

Bref, j'adore la vente en ligne.

Et je pense que je ne suis pas le seul, et qu'on va être de plus en plus nombreux.

Manivel a écrit:

Ils consomment dans des boutiques suisses des marques suisses disons... 

En boutiques ils achètent plutôt de l'entrée de gamme si ils n'ont pas une combine.
Il n'est cependant pas rare de voir un suisse porter une Seiko5... 

Mais bon, quand tu as des potes qui bossent dans l'horlogerie et t'obtinennent a 750chf en vente au personnel (j'ai eu la liste en main) une Maurice Lacroix vendue 4000chf en boutique, ou une Breitling "grise" au tiers du prix (un ORL consulté a Genève qui l'avait au poignet), voir une Piaget altiplano a 5000chf (j'ai la aussi eu le catalogue "personnel" sous les yeux)... tu traines pas dans les boutiques. 

Oui, c'est pour cela qu'il n'y a plus beaucoup de détaillants dans l'arc jurassien. Tout le monde connait quelqu'un pour obtenir son graal à "prix d'ami". Quand j'étais ado vivant à La Chaux-de-Fonds (ça fait donc quelques années  ), je ne me souviens pas d'avoir vu beaucoup de boutiques...

Concernant l'expérience en boutique, c'est toujours difficile pour moi de pousser la porte d'un magasin lorsqu'un gorille en costume m'attend juste derrière. C'est feutré, c'est joli. On vend du rêve effectivement mais je rejoins certains sur le côté mal à l'aise. Je préférerais presque partager une bière ou un verre de vin avec le vendeur au bistrot du coin pour parler mécanique. Les discussions seraient presque toujours plus spontanées.

En même temps La Chaux de Fonds n'est pas une ville qui incite a la dépense... 

Je partage le constat . Je ne comprends pas la stratégie des marques pour affronter cette crise et s adapter pour la suite .
Tout ce que je vois c est Des licenciements, Du chômage partiel, des actions commerciales dérisoires et une augmentation des tarifs comme si tout allait bien. Je pense que l’offre va se réduire tant en termes de points De vente Qu en qu en termes de marques réinventées du fin fond de l histoire . Les grandes marques solides vont s en sortir les autres risquent d y laisser des plumes voir de disparaître. Le marcher de l horlogerie de luxe faisait penser à une bulle . Certains croyaient avoir trouvé la martingale avec le mouvement manufacture, la plus vieille manufacture au monde et autres ficelles marketing un Peu grosses. Que les choses s assainissent pourquoi pas. Le problème c est la casse sociale . Malheureusement cette crise ne touche pas que l horlogerie . Bien d autres secteurs sont fortement impactés et durablement

zenital a écrit:

Devant les vitrines (j'ai tendu un peu l'oreille) certains touristes Suisses étaient choqués par les prix...
Dommage mais l'horlogerie suisse est devenue hors de prix pour beaucoup de Suisses et c'est un triste constat.

Les montres suisses sont tout de même beaucoup plus accessibles pour les locaux de la classe moyenne et plus, vu les salaires dans le pays, que pour les autres européens de l'ouest, sans même parler des autres.

La digitalisation est une bonne réponse.
Si je me rappelle bien, en début de crise j'ai reçu un mail d'Armand Nicolet proposant un service de boutique virtuelle. 
Via une interface Web un concierge vous présente les modèles qui vous intéressent. Je trouve que c'est un bon compromis pour conserver une proximité avec ses clients.

zenital a écrit:

Devant les vitrines (j'ai tendu un peu l'oreille) certains touristes Suisses étaient choqués par les prix...
Dommage mais l'horlogerie suisse est devenue hors de prix pour beaucoup de Suisses et c'est un triste constat.

Le plus triste c'est que j'ai plutôt l'impression que c'est eux qui ont réellement les yeux en face des trous.
Et c'est nous, la classe moyenne je précise, dans cette affaire qui sommes tombés dans l'irrationnel.

Leopal a écrit:

Les montres suisses sont tout de même beaucoup plus accessibles pour les locaux de la classe moyenne et plus, vu les salaires dans le pays, que pour les autres européens de l'ouest, sans même parler des autres.

Tout à fait; le pouvoir d'achat de la classe moyenne suisse, même les plus bas salaires, est équivalent à celui de la classe supérieure en République Tchèque par exemple, même en comptant le coût de la vie. Et la CZ n'est pas du tout un pays pauvre.

Moi je pense que les Suisses ont les moyens d’acheter leurs montres mais que cela ne les intéresse pas plus que cela (pas tous bien sûr). À chaque fois que je prends Swiss, je me dis chic je vais voir de belles montres Suisses à bord et bien c’est souvent niet. C’est soit pas de montre, une montre cheap ou parfois une Apple Watch voire une Tissot. Ils sembleraient qu’ils dépensent leur argent ailleurs.
Pas tout le monde est taré comme nous 

D'accord avec beaucoup de ce qui a été dit plus haut. En étant tout au plus un observateur éclairé, j'ajouterais deux réflexions: 
- La mise en place de vente en ligne a beaucoup trop tardé. La réticence des marques était devenue un peu ridicule devant une clientèle pour laquelle un achat à distance n'est en rien une expérience au rabais (Ce qui n'est pas mon cas, question de génération sans doute). Les marques dépensent des fortunes de marketing on line, les capacités de visualisation sont quasi sans limites. Reste l'essayage, à mon sens essentiel: comment se décider sans la montre en main ? 
- Pour ce qui est des boutique en Suisse, il me semble qu'elles ont été bien négligées par les marques et qu'elles-mêmes ont bien négligé la clientèle locale. Il y a quand même pas mal d'argent en Suisse et pour des montres à moins de 10k de quoi faire avec les gens d'ici. Mais il était visiblement plus simple d'attendre la poule aux oeufs d'or asiatique que de développer une vraie relation avec une clientèle plus proche. Il fut un temps où les Suisses (et leurs voisins) étaient beaucoup plus attachés qu'aujourd'hui à "leur" horlogerie, et ce n'est pas pour rien.

Je préfère voir le verre à moitié plein , pour ma part , et ne pas tomber dans le pessimisme exacerbé .
 
L'industrie horlogère suisse , expérimentée et pragmatique , saura s'adapter et surmonter cette crise et en ressortira peut-être même plus forte .
Exactement comme l'industrie automobile , actuellement .

A ma connaissance , aucune manufacture suisse majeure n'a fermé .
Les firmes citées , en difficulté , étaient plutôt confidentielles et avec de petites productions .

Il est vrai que les boutiques indépendantes devront aussi s'adapter et devront faire preuve de beaucoup d'imagination : j'avais esquissé quelques pistes .

Les touristes asiatiques reviendront l'an prochain .

Une mise à disposition d'un vaccin covid-19 , au 2° semestre 2021 , est plausible , de l'avis des scientifiques .

Toutes les prévisions tablent sur une reprise économique en 2021 , cad dans quelques mois .

La reprise économique en Chine est déjà une réalité .


( Et  si on pouvait cesser de tout " expliquer " par les " méchants actionnaires " : ils ont le dos large ...)

Certaines marques sont déjà en vente et des rachats sont en cours d'étude avec des sociétés d'investissement chinoises et américaines. Autrement dit, il va y avoir des changement de mains…

Le luxe est dans une situation très défavorable. L'horlogerie et les spiritueux sont dans une spirale très négative. Les messages rassurants autant sur le vaccin que sur la sortie de crise sont un écran de fumée puisque personne ne sait rien sur ce qui va se passer sinon que les 3 mois qui viennent vont être très compliqués au plan économique, sanitaire et sociétal.

Les boutiques en Chine sont "fermées" pour la plupart et plusieurs ne rouvriront pas. L'angélisme qui veut que tout aille mieux demain n'a aucun fondement.