Actu : «La reprise horlogère est manifeste mais fragile»

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Nathalie Veysset, directrice générale de Montres DeWit, t livre son analyse pour l’exercice en cours

L’horlogerie suisse a vécu un vif rebond l’an passé. L’entreprise indépendante Montres DeWitt aussi, assure sa présidente exécutive Nathalie Veysset. La patronne, ancienne cadre dans une grande banque, évoque une progression des ventes de l’ordre de 25%, une hausse permettant à la société sise à Meyrin et active dans le haut de gamme de revenir presque à ses niveaux de 2008. Quelque 1200 montres ont trouvé preneur en 2010.

Tout n’est pourtant pas allé de soi. Il a fallu faire preuve de stoïcisme, de philosophie, de patience, faire un travail introspectif sur la marque, ses valeurs et son positionnement et se concentrer sur les fondamentaux. Quelque 7,5 millions de francs ont de plus été injectés pour amortir les effets de la crise et assurer le développement de la société. En parallèle, le réseau de distribution a été épuré. A l’interne, un travail de simplification et une réorganisation des structures de l’entreprise ont été menés.

Malgré ce redressement, Nathalie Veysset ne cède de loin pas à une sorte d’euphorie qui semble avoir contaminé d’autres horlogers. «J’aurais souhaité que la branche dans son ensemble s’imprègne davantage d’une vision à long terme, du type de celle de Nicolas Hayek. Or, on a l’impression que c’est redevenu le business as usual, avec une recherche du profit immédiat. Que cela se produise dans le monde bancaire, je peux le comprendre, mais dans l’horlogerie…», regrette-t-elle, amère.

Dangers chinois

Selon Nathalie Veysset, la reprise est certes manifeste mais elle demeure fragile. Elle évoque une croissance qui pourrait être asynchrone et cahoteuse et estime que bien trop d’incertitudes planent encore sur l’ensemble de l’économie, malgré la locomotive que représente l’Asie. «Ces pays, en particulier la Chine, sont montés très vite. Mais cela peut redescendre tout aussi rapidement et brutalement». Il faut donc savoir raison garder et avancer avec prudence.

Et la Chine? Même constat. «Tous les signaux ne sont de loin pas rassurants. Ainsi, on ne peut exclure une bulle immobilière. Globalement, la visibilité y est biaisée, avec un Etat trop impliqué. Par exemple, avec les détaillants horlogers, il y a une limite dans nos intérêts communs.» Dans ces conditions, il faut développer une stratégie locale. La présidente exécutive ne veut toutefois pas rater ce relais de croissance, sans y surinvestir cependant. Des efforts particuliers sont ainsi déployés en Russie, en Asie centrale, aux Etats-Unis et au Moyen-Orient. De nouveaux marchés ont également été ouverts en Europe.

L’an passé, l’entreprise a «engagé quelques personnes», portant les effectifs à 70 collaborateurs. Durant la récession, hormis quelques ajustements, Nathalie Veysset a délibérément voulu préserver les effectifs tant que faire se peut. En 2008, la société avait écoulé 1400 montres, pour un chiffre d’affaires de quelque 35 millions de francs, selon des estimations.

Pour Montres DeWitt, société fondée en 1999 par Jérôme de Witt, l’exercice 2011 marquera un tournant avec la première ligne de montres pour femmes. La société prépare aussi d’autres surprises au niveau des produits, qui seront présentées lors du salon horloger de Baselworld (fin mars), mais ne souhaite en aucun cas multiplier les références. «Comme les liquidités, la gestion des stocks demeure cruciale.»

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