La haute horlogerie fait appel à de nombreux savoir-faire. Toujours en quête d’innovation, elle fait appel à une nombreuse main-d’œuvre pour exécuter des opérations extrêmement minutieuses. Photo DL/Greg YETCHMENIZA
Au cœur de la vallée de Joux règnent des fleurons de la haute horlogerie suisse. Ils sont dans le canton de Vaud, à deux pas du département français du Jura, qui dessine ses combes semées de hauts épicéas.
Au milieu du village du Sentier, le pionnier Antoine LeCoultre s’est installé en 1833. Ce fut les prémices d’un grand développement, puis de l’association de son petit-fils avec le Français Edmond Jaeger en 1903.
L’imposant bâtiment de 1866 demeure, agrandi d’une bâtisse contemporaine aux lignes sobres, gardée comme le Pentagone, mais discrètement.
Ici, les mots “site de production” ou “unité industrielle” n’ont pas cours. Nous sommes à la Manufacture.
« L’industrie horlogère reste une industrie de main-d’œuvre », explique Pierre Convercey, responsable des ressources humaines de Jaeger-LeCoultre. Toutes les fonctions de cette manufacture sont intégrées, c’est-à-dire sur le même site, de la conception au produit fini.
Jaeger-LeCoultre emploie 1200 personnes, dans quarante métiers différents.
Une constante innovation
La tradition manufacturière s’est alliée à la modernité, car les marques sont en constante recherche d’innovations. C’est même le propre de l’horlogerie, l’histoire de chacun étant marquée par ses inventions. Dans ce domaine, Jaeger-LeCoultre a ses points forts.
Son emblème, la Reverso, montre qui se retourne pour la protéger des chocs, a fêté cette année ses 80 ans.
À l’intérieur des boîtiers, la marque est connue pour ses mécanismes complexes et miniaturisés, ses” complications”, ses “grandes complications” (termes s’appliquant à toute la haute horlogerie).
Parmi les récentes inventions de Jaeger-LeCoultre : le Gyrotourbillon, qui prévient les effets de l’attraction terrestre sur l’exactitude de la montre.
La visite, commencée par des bureaux où de jeunes créatifs et ingénieurs conçoivent les modèles, se poursuit par les ateliers de mécanique (avec machines à commandes numériques) où les boîtiers sont percés, puis l’atelier de polissage. Certaines opérations font appel aux techniques du décolletage.
L’assemblage des minuscules pièces formant les mécanismes est particulièrement délicat.
Chaque pièce conserve sa mémoire : une empreinte métallique rangée (appelée l’ébauche) et classée comme dans une bibliothèque.
Le nombre de pièces varie de 130 pour une montre “simple” à plus de 1000 pour une “grande complication”.
Les matériaux employés peuvent être précieux, mais la valeur ajoutée est humaine.