[REVUE] Jaeger Lecoultre - Cal. P813 Bumper

Bonsoir amis Fameurs !

Je profite d'une petite "restauration" sur la montre de mon paternel pour vous présenter la Jaeger Lecoultre à calibre P813 "bumper", dont je n'ai pas trouvé trace sur FAM. J'ai retrouvé sur le net une source, qui situe la production de cette montre vers 1957.

L'objet de la "restauration" est d'enlever le "luminova" qui s'est détaché de l'aiguille des minutes et bloque la montre :



Fond vissé à pans, sans surprise. Je compte 6 signatures d'intervention au dos, signé Jaeger et classiquement décoré. Je ne suis pas le premier, on s'en serait douté ;-)





A la vue du calibre, on comprend immédiatement le sens de l'appellation "Bumper", la masse oscillante étant arrêtée à chaque extrémité de sa course par un bon vieux ressort.



Petite surprise : le calibre est maintenu dans le boitier par des "pattes" qui n'ont rien à voir avec les traditionnelles brides (Merci Divico pour l'élément de vocabulaire horloger) vissées. Une extrémité de la patte tient dans un gorge en périphérie du boitier. L'autre s'enfile sous la platine, selon le schéma suivant. On le verra mieux plus loin. Comme je n'ai pas totalement démonté la montre, je ne sais pas quelle tête cela a en dessous.



A priori, il suffit de faire pivoter le mouvement, une fois la tige de remontoir enlevée, pour amener les pattes en face de la réserve présente dans le bord du boitier pour sortir le mouvement. sauf que... tout est bloqué et de toute évidence il faut enlever la masse oscillante et le ressort du bumper pour accéder aux pattes sans risque. C'est parti. Démontage (un peu tendu.. c'est la montre du paternel et il y a un vieil adage qui dit "on ne fait pas d'affaire en famille"... pas intérêt à faire de c..., moi.)

Etape 1 : dépose du pont de la masse. côté verso, on trouve le sautoir du petit cliquet qui gère le blocage du mécanisme de remontage.

L'horloger amateur que je suis découvre alors l'ingénieuse "tringlerie" du mécanisme de remontage automatique. Je serai d'ailleurs heureux de savoir quel est l'intérêt du mécanisme "bumper" par rapport aux mécanismes plus traditionnels, avec une masse qui peut faire le tour complet du mouvement.





Dépose de l'inverseur



La masse oscillante, recto / verso





Petite vue sur la vis de tirette (proéminent, à droite), dont la hauteur traverse tout le pont de la masse oscillante que je viens d'enlever.



Etape 2 : passage délicat du retrait du balancier, à mettre au plus vite à l'abri.



C'eeeeest bon. Je respire mieux.



Etape 3 : J'accède enfin au pattes qui calent le mouvement... et tout s'éclaire ! La patte située sous le bumper (à gauche sur la photo) a été forcée (au remontage ou suite à un choc). Elle est sortie de la gorge du boitier et bloque tout.



Je cale mon boitier dans le porte boitier qui va bien. Un petit coup sur la tête de la patte pour la faire rentrer à nouveau dans son logement. "A y est !", ça tourne tout seul. Les pattes sont en face de la réserve et je peux sortir le mouvement du boitier.





Le calibre posé dans un porte mouvement permet de mieux comprendre le principe de fixation des pattes dans la platine, glissées entre la platine et le cadran





Bon ! Passons à l'objet de la visite. Ah ben oui, on comprend que ça bloque !



L'objet du délit étant enlevé, je m'attaque à un petit relumage "maison" :
D'abord retrait du reste de matière



Recherche de couleur. Pour un Daltonien, je me mon fils se débrouille plutôt bien.



Relumage et séchage sur cure dent planté dans le Rodico (merci aux anciens pour le partage du savoir faire !)





Nettoyage du cadran au Rodico avant repose des aiguilles et découverte d'un disque dateur bicolore. Sympa !



Toute est remonté qui est bien remonté :



Réemboitage dans le boitier nettoyé et lustré



A défaut d'un beau bracelet disponible pour l'entrecorne de 18 mm, je décide le jouer coloré. Et ce n'est pas mal, qu'en pensez-vous ? L'aiguille des heures, relumée, est un peu plus claire que celle des minutes, mais cela passe très bien.



A côté de ma Superman/Lejour de 63, que j'avais au bras aujourd'hui. La princesse et le crapaud.



Et comme une revue digne de ce nom ne se termina pas sans une "wristshot" :



On sent très bien le rebond de la masse oscillante sur le ressort amortisseur du bumper. mais il s'oublie très vite. Je n'ai pas trouvé grand chose sur le forum à propos de ce mode de remontage automatique. Je serai curieux de savoir ce qui a poussé les manufactures horlogères vers cette technique, et éventuellement le nom et la date d'invention de ce système

Voila. J'espère que vous aurez pris plaisir à découvrir cette jolie montre.
A bientôt !

Jerry.

Beau travail, et je comprends le stress de la montre du paternel.

Elle est superbe.

Par contre, t'aurais un zoom sur l'aiguille des secondes?

Izzy a écrit:

Beau travail, et je comprends le stress de la montre du paternel.

Elle est superbe.

Par contre, t'aurais un zoom sur l'aiguille des secondes?

Voui. "Ya kA" demander. Je ne sais pas si c'est l'objet de ta question mais je me suis demandé si elle est d'origine. On aurait en effet pu s'attendre à une aiguille dauphine, comme les 2 aiguilles principales. Je ne sais pas si la montre a été achetée neuve. Je vais demander à son propriétaire.

AU delà du travail sur la montre, je reste épatée par la qualité de tes photos.
Entre le travail horloger et le travail de photographe je ne sais pas ce qui est le plus compliqué.

Hysj a écrit:

AU delà du travail sur la montre, je reste épatée par la qualité de tes photos.
Entre le travail horloger et le travail de photographe je ne sais pas ce qui est le plus compliqué.

Merci du compliment
Les photos ne sont pas très artistiques. J'ai un bon appareil compact. Il faut surtout faire attention aux reflets.
L'éclairage blanc de la lampe d'horloger aide bien aussi.
Il y a un vrai plaisir à partager. C'est le sens de la démarche. Cela ne peut se faire de façon sympa que si l'on soigne un peu la mise en scène.

Mais pour moi, l'horlogerie est indiscutablement plus compliquée à ce stade !

bon boulot, c'est le paternel qui va être content

juste une petite remarque : pourquoi ne pas avoir relumé les deux aiguilles

dans le noir ton père en verra une seule : celle des heures

bon je te taquine ...

Isosta

Jerry a écrit:

Izzy a écrit:

Beau travail, et je comprends le stress de la montre du paternel.

Elle est superbe.

Par contre, t'aurais un zoom sur l'aiguille des secondes?

Voui. "Ya kA" demander. Je ne sais pas si c'est l'objet de ta question mais je me suis demandé si elle est d'origine. On aurait en effet pu s'attendre à une aiguille dauphine, comme les 2 aiguilles principales. Je ne sais pas si la montre a été achetée neuve. Je vais demander à son propriétaire.

C'était pas le but de ma question, mais en effet, en la voyant de plus près, j'ai les mêmes doutes que toi.

Du coup, j'ai vite regardé sur google, et les 2 sites que j'ai trouvé montrent une JLC identique à la tienne, mais avec les 3 aiguilles différentes:

http://www.vintage-watches-collection.com/watch/jaeger-lecoultre/jaeger-lecoultre-steel-bumper-automatic-1957/

http://catalogue.gazette-drouot.com/ref/lot-ventes-aux-encheres.jsp?id=1843970

A voir si ces 2 autres montres ont bien les aiguilles d'origines, mais en tout cas, ça semble plus cohérent que chez toi (même si les aiguilles des heures et minutes ne choquent pas du tout)

Félicitations pour la restauration de cette jolie JLC

En dépit du stress causé par "la montre de papa" & "une JLC quand même", tu t'en es très bien tiré!

et, également bravo pour ce reportage photo bien commenté!


Salutations

Une montre comme je les aime, vintage avant tout
Belle restauration, félicitations

bravo et merci pour le CR

Izzy a écrit:

Du coup, j'ai vite regardé sur google, et les 2 sites que j'ai trouvé montrent une JLC identique à la tienne, mais avec les 3 aiguilles différentes:

http://www.vintage-watches-collection.com/watch/jaeger-lecoultre/jaeger-lecoultre-steel-bumper-automatic-1957/
http://catalogue.gazette-drouot.com/ref/lot-ventes-aux-encheres.jsp?id=1843970

A voir si ces 2 autres montres ont bien les aiguilles d'origines, mais en tout cas, ça semble plus cohérent que chez toi (même si les aiguilles des heures et minutes ne choquent pas du tout)

Hello Izzy.
les liens vers lesquels tu renvoies sont en effet les seules source d'infos que j'ai trouvées sur le net.
Il ne reste plus qu'à interroger la maison mère.

Cela étant, si l'on fait abstraction de ces sources, la trotteuse présente sur le modèle que je vous ai présenté ne jure pas par rapport à l'ensemble.

@Divico : le crayonné de l'ami Buck par F. Bergese est sympa ;-)

Bravo.
Manque plus qu'un beau bracelet type teju et c'est reparti.

G&N a écrit:

Bravo.
Manque plus qu'un beau bracelet type teju et c'est reparti.

Merci de la suggestion.
C'est effectivement vers cela que je m'oriente. Je vous posterai une photo.
Bon Dimanche.

Jerry a écrit:

G&N a écrit:

Bravo.
Manque plus qu'un beau bracelet type teju et c'est reparti.

Merci de la suggestion.
C'est effectivement vers cela que je m'oriente. Je vous posterai une photo.
Bon Dimanche.

Voici le rendu sur une cousine :

Bravo pour cette restauration et merci pour le partage !

Ton reportage est parfait pour comprendre toutes les étapes que tu as suivies

Précision sur la trotteuse, selon le témoignage du seul et unique propriétaire à ce jour :

La montre a été achetée neuve en 1950, chez Jaeger Lecoultre, dans un magasin qui se situait à l'époque Boulevard des Capucines, à Paris.
Elle n'a été ouverte que par des horlogers maison pour les révisions successives.

L'aiguille des seconde n'a jamais été changée. Elle est donc d'origine pour ce modèle.
Le bracelet original était de couleur noire.



Amicalement,
J.

Très belle restauration.

J'aimerai bien savoir faire ça...

A bientôt

Belles photos !

Belle restauration !

Belle montre !!

Bravo, j'envie de pouvoir en faire autant..

Bonsoir à tous.

Pour le "Clap !" de fin de cette revue, voici une petite mise en scène pour vous présenter cette Jaeger sur un bracelet bracelet tout neuf et plus cohérent.
Amicalement

J.

Je remonte ce post car je suis resté un peu frustré par l'absence d'information sur le calibre P813 et plus généralement cette configuration particulière de mécanisme. En lisant un peu plus attentivement une descriptif réalisé par le site "Vintage watch collection", j'ai trouvé quelques infos qu'il me semble intéressant de partager. L'article est en anglais. je vous livre ici une traduction sommaire du paragraphe concerné, expurgée des descriptif propres à la montre présentée :

"Le mouvement de cette montre est un Jaeger LeCoultre calibre P813, introduit en 1956, et une superbe exemple d'un classique mouvement automatique "bumper". Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce terme, il décrit le système de remontage automatique où, plutôt que d'avoir une rotation complète de 360 degrés comme cela sera apparaîtra plus tard, la montre est remontée au moyen d'un rotor oscillant dont la course est limitée à 180 degrés, étant stoppée par des butoirs ressorts qui renvoient le rotor dans sa direction d'origine. Ces mouvements sont très "charismatiques" car le porteur perçoit parfaitement le rebond lorsque le rotor frappe le ressort et repart en arrière pour remonter la montre. Le mouvements automatiques construits par le "Top 3" des fabriques suisses étaient très fiables, mais manquaient de l'efficacité qui pouvaient être atteinte par les remontages à rotor. Ainsi, en raison des coûts supplémentaire générés par ces calibres compliqués, comparés au mouvement beaucoup plus simples à rotation sur 360 degrés, la production des calibres "bumper" a pratiquement totalement cessé à la fin des années 50. A l'époque de son lancement, le calibre P813 était déjà anachronique dans le contexte de l'industrie horlogère suisse prise dans son ensemble. Rolex produisait des rotors automatiques depuis 1935 et Omega avait sorti son premier calibre automatique, le 470, en 1955. Confirmant le point évoqué plus haut (Nota : l'article émet la thèse que Jaeger LeCoultre avait plutôt une stratégie de défense et d'amélioration de brevets existant plutôt que d'innovation propre) l'utilisation par Jaeger LeCoultre d'une conception de mouvement considérée comme obsolète par la plupart des sociétés concurrentes suggère à nouveau que la politique maison était d'affiner des technologies plutôt que de d'innover. Le P813 est l'un des calibres Bumper les plus fins et le mieux finis jamais réalisés par aucune marque, mais prétendre qu'il représentait la quintessence de la conception des mouvements automatiques en 1956 serait un non sens.

"Jaeger LeCoultre, Fab Suisse, Swiss" est signé sur cet exemplaire, avec la référence P813 tamponnée sous le balancier. Le numéro de série individuel 1296008 (Nota : de l'exemplaire présenté), compris les deux références extrêmes de la production annuelle de Jaeger LaCoultre cette année-là, de 1225000 et 1300000, nous indique que ce calibre a été fabriqué en 1957"


Source : Jaeger Lecoultre steel bumper automatic 1957


J.

Merci Jerry, pour cet article

Bonjour Jerry.

Merci pour cet article vraiment sympa sur un modèle peu courant.
Voici la mienne.

.

A bientôt

Elle est dans un état magnifique !
J.

Sympa.
Les grandes aiguilles sont légérement occidées mais le reste de la montre est vraiment en super état vu son age.