Histoire ordinaire d'une passion d'un homme pour les montres

Pour mon tout premier sujet sur FAM, j’ai décidé de vous raconter l’histoire d’une passion d’un homme pour les montres. 
Je n’ai pas le talent d’orateur de Zen mais j’espère que cette histoire vous plaira 
 
Notre histoire commence en 1984, l’homme n’est encore qu’un enfant que ses parents emmènent en ballade à Bruxelles. Au détour d’une rue, charmante au demeurant, les parents s’arrêtent devant une jolie boutique avec des montres en vitrine. 
L’enfant n’a que 9 ans et s’intéresse plus aux Lego mais ses parents restent en arrêt devant la montre qui attire leur attention. Le cadran épuré, la lunette octogonale vissée et le bracelet acier très fin leur plaît énormément. Ils vont bientôt quitter le continent pour aller poursuivre leur vie en Guadeloupe, ce serait dommage de partir sans se renseigner sur cette montre qui leur plaît tant. 
 
La petite famille pénètre donc dans cette boutique cossue qui respire le luxe, cette décision changera à tout jamais la vie de l’enfant.
Une fois passée la porte de la boutique, il est émerveillé par l’atmosphère et le soin que prend la jolie jeune femme qui les accueille pour mettre la famille à l’aise. L’enfant oublie complètement la visite du magasin de jouet que ses parents lui ont promis. Il est subjugué par la boutique et souhaite désormais que cette visite s’éternise, il reste en admiration devant les montres exposées sur les présentoirs et ne perd pas une miette de la conversation que ses parents ont avec la jeune femme. Il sait lire et grave dans son esprit un mot de 6 lettres qu’il associera désormais au luxe ultime : Cartier 
Pendant ce temps, les parents négocient l’achat de la montre convoitée et se mette d’accord avec la jeune femme. L’enfant est heureux  car la famille partira avec la jolie montre. Il l’est encore plus lorsque ses parents lui indiquent que cette montre lui appartiendra lorsqu’il sera adulte 
 

 
Lorsqu’il rentre chez lui, l’enfant n’a plus qu’une seule idée en tête, apprendre à lire l’heure car ses parents lui promettent une montre s’il y parvient. Avec une telle motivation, il ne lui faut pas longtemps pour y arriver et, le jour où il y parvient, il découvre un joli paquet cadeau posé sur son oreiller au moment du coucher. C’est une Swatch noir avec des aiguilles dorées aujourd’hui disparue et dont il n’a malheureusement aucune photo. 
L’enfant et encore plus heureux que le jour où il a eu le camion de pompier qu’il aimait tant. 
 
Une fois installé en Guadeloupe, l’enfant grandit et se met au surf et au windsurf. Il aime toujours autant les montres mais se rend compte que la Swatch n’est pas très pratique pour ses activités nautiques. Ses copains portent des Casio à compte à rebours sonore, très pratique pour les départs de régates. Il aura une montre comme celle la à son anniversaire qu’il gardera jusqu’à ses 15 ans et une malencontreuse rencontre avec des voyous très attiré par cet objet. Ses parents lui ont expliqué que ca pouvait arriver et qu’il était hors de question qu’il risque sa vie pour un bien matériel. Il laissera donc la Casio aux voyous sans avoir de photos souvenir de cette montre.
Ses parents lui achèteront une nouvelle Swatch qui peut paraître féminine mais il faut savoir que l’adolescent est dans sa période rose car grand fan de la légende vivante du Windsurf, Robby Naish qui a ses voiles de cette couleur 
Même s’il ne la porte plus, cette montre est toujours dans la boite à montre de l’homme qu’il est devenu 
 

 
Il n’est pas encore un homme lorsqu’il obtient son baccalauréat et quitte la Guadeloupe pour faire ses études supérieures à Paris. Il aime se balader sur les Champs Elysées et passe souvent devant la boutique Cartier qui lui rappelle ses premiers émois pour l’horlogerie mais son budget d’étudiant rend impossible toute entrée dans cette boutique. Il se contente des petites bijouteries du centre commercial non loin de son université où il s’y achètera une montre avec pour seule critère l’esthétique. Peu importe qu’elle soit à quartz, elle lui plaît. La marque lui est familière car il est resté surfeur dans l’âme et surtout, elle est dans son budget 
 

 
Le cancer va emporter son père quelques mois plus tard. Il récupérera à cette occasion une montre à laquelle son père tenait beaucoup. C’est la première montre mécanique qu’il va porter, il apprendra plus tard qu’elle emboîte un Unitas 6497. Nous sommes en 1997, on paye en francs et l’équipe de France n’est pas encore championne du monde. 
 

 
4 ans plus tard l’enfant, désormais devenu un homme, rencontre celle qui deviendra la femme de sa vie et envisage le mariage et les enfants. Il vit désormais à Marseille et sa mère tient alors la promesse qui lui a été faite enfant dans une rue de Bruxelles. Elle lui remet la Cartier de ses premiers émois. 
Les images de la boutique lui reviennent et les sentiments d’un enfant émerveillé l’envahissent lorsque qu’il prend dans ses mains le coffret rouge et or. A ce moment, il se souvient de la madeleine de Proust et comprend parfaitement ce que l’auteur a voulut évoquer.  A Marseille, il va entrer pour la seconde fois de sa vie dans une boutique Cartier pour la mise à taille de la belle. L’accueil est digne de celui qu’il a eu enfant, il est heureux et sort de la boutique avec la belle au poignet 
 

 
Le temps passe, l’homme s’accomplit dans sa vie professionnelle et sa vie de famille. Il possède désormais 4 montres mais n’en porte qu’une, sa madeleine de Proust, jusqu’à ce qu’un des maillons du bracelet le lâche. La boutique Cartier a fermé, il se rend alors chez l’AD Marseillais qui la remplace ou l’accueil est aussi glacial que désagréable. C’est à peine si on lui conseille de reléguer sa montre au fond de la boite et d’en acheter une neuve. L’homme sort de la boutique écœurer de voir ainsi traité une montre qui est pour lui plus qu’un simple objet de consommation. 


Internet a révolutionné le monde et, même si c’est très loin de sa culture, il fait l’effort d’y aller chercher la solution à son problème.
Il va alors faire la connaissance d’un horloger à l’ancienne, animé par la passion, qui a sa boutique pas très loin de chez lui. Pour le prix d’un café l’horloger bidouille le bracelet défectueux qu’il répare avec l’un des maillons non utilisé. L’homme lui laisse alors sa montre pour une révision complète qui lui sera facturée 5 fois moins cher que celle faite chez Cartier quelques années auparavant.
L’homme a alors compris que quelque chose ne tourne pas rond dans l’univers de l’horlogerie et plus il en apprend sur les marques historiques, plus le mythe s’effrite. 
 

 
 
Qu’importe, si la HH marche sur la tête, il n’aura alors plus la même considération pour la HH (il faut savoir que l’homme est plus têtu qu’une mule et qu’il a un caractère de m*rde). 

 
Sur internet, il découvre l’histoire d’Aletta Bax et Peter Stas qui tentent, avec leur nouvelle marque, de rendre l’horlogerie Suisse accessible au grand public. Il décide alors de s’acheter un de leur modèle qui lui plaît beaucoup par sa sobriété, la Frederique Constant Classic Index 
 

 
Devenu boulémique, il se cherche également une plongeuse et dégote une Steinhart Océan one qu’il revendra par la suite :
 

 
Il découvre ensuite l’histoire d’entrepreneurs français qui ont également pour credo de rendre l’horlogerie accessible. Ils viennent de boucler leur premier modèle et s’apprêtent à lancer un financement participatif pour le second. La montre lui plaît énormément, l’état d’esprit des entrepreneurs également. C’est décidé, il participera à cette aventure et devient un « backer » Akrone. Quelques mois plus tard, il recevra la superbe K-02 Rorqual :
 

 
Entre temps, au détour d’une discussion avec son beau père après un repas bien arrosé, celui-ci sort d’une vieille boite en ferraille une montre mécanique dans un piteux état. Elle tourne toujours mais à une dérive de 10 minutes par heure. Il apprend que sa femme a appris à lire l’heure sur cette montre lorsqu’elle était petite fille. Le beau père lui offre la montre en l’état qui file directement chez son ami horloger qui lui apprend que le mouvement est français et qu’il date de l’age d’or de l’horlogerie française à Besançon. Après un entretien complet et la pose d’un nouveau plexi, la montre peut alors intègrer la boite aux côtés des autres :
 

 
Lors de ses tribulations sur internet, il s’est laissé envahir par la collectonite. Il rencontre alors un autre passionné qui lui offre une tool watch Citizen animée par une pile à rechargement solaire :
 

 
Cette montre lui donne des envies de chrono. Il a vu plusieurs fois des photos d’un ancien mouvement Suisse devenu Chinois de toute beauté, le ST19. Plus il en apprend sur son fonctionnement, plus il le trouve fabuleux. Il pense alors s’acheter une Seagull 1963, puis s’intéresse à un autre projet de financement participatif français avant de tomber sur un fabricant américain qui a pour projet d’emboîter ce mouvement dans un boîtier résolument moderne et sportif. C’est pour lui le plus beau projet de montre avec ce mouvement qu’il ai vu, il y participe et reçoit quelques mois plus tard son chrono, la marque est Mercer Watch et le modèle est Lexington. Le résultat est à la hauteur de ses espérances :
 

 
Il lorgne depuis longtemps les mods Seiko sur base snzh55. Certains sont fantastiques et il commence à envisager son mod idéal lorsqu’un Fameur met en vente un modèle qui ressemble en tout point à celui qu’il a imaginé. Après quelques échanges téléphoniques très intéressants entre passionnés, l’affaire est faite. La petite dernière intègre elle aussi la boite à montre :
 

 
Aujourd’hui, l’homme est comblé. Il possède la collection qui lui permet de faire face à toutes les situations qu’il est amené à vivre sans pour autant s’interdire de la faire évoluer. 
Père de 2 enfants, il commence tout doucement à transmettre sa passion à ses enfants qui prennent déjà beaucoup de plaisir à lui choisir tous les matins la montre qu’il portera dans la journée. 

J'ai lu l'ensemble de ton histoire, c'est bien écrit même si ce fût un peu long sur la fin 
Mais tu as pris la peine de l'écrire et de l'illustrer pour témoigner de la genèse de ta passion horlogère, 
cela méritait bien la peine de la lire en totalité !

Merci d’avoir pris la peine de la lire jusqu’au bout

Jolie petite histoire! Merci de l'avoir partagé avec nous!

De rien, ce fut un plaisir de l’écrire et de la partager

Merci pour le partage! A chaque fois, des montres et un morceau de vie. 

Très belle histoire et bien documentée.

Des idées pour la prochaine montre ?

J’aime beaucoup ta façon de raconter ton histoire 
Pas toujours facile de garder la passion du début mais toi oui 👍 
La boite à montre risque  de s’agrandir 😉

Tof971 a écrit:

Il sait lire et grave dans son esprit un mot de 6 lettres qu’il associera désormais au luxe ultime : Cartier 

7 lettres, pas 6

Merci pour ce récit, très sympa à lire 

Bravo pour le partage !!! Merci pour cette belle histoire !!!

un petit faible pour la cartier
son cadran qui sort des sentiers 

Très belle histoire ! Et belles photos au passage !

@DavidFaM, c’est ce qu’il y a de plus beau à mon sens dans une passion quelle qu’elle soit, les histoires humaines qui l’accompagne
 
@steph9288, je suis en ce moment très branché chrono. J’attends avec impatience les premieres ébauches du futur chrono d’Akrone
Je garde également dans un coin de ma tête depuis plusieurs années l’idée d’une Speedmaster pre-moon
 
@VirgileF, en effet. Il faut croire qu’à 9 ans je savais lire mais je ne savais pas compter... Blague à part je suis un peu dégouté d’avoir écrit une telle horreur, d’autant que passé un certain délai on ne peut plus éditer ses messages 
 
@pileàlheure, comme raconté, cette montre a une valeur toute particulière pour moi. D’autant qu’on a peu l’habitude de voir des Cartier au cadran sans chiffres romaisn ni chemins de fer. Avec le recul, je ne sais pas dans quelle mesure ce cadran épuré tout en sobriété a influencé mes choix de montre par la suite    
 
@tous, merci pour vos sympathiques retours

Magnifique histoire.

Merci

Beau récit de vie. 

Portes-tu toujours aussi souvent ta "madeleine" ? 

D’apres mon horloger, ce serait un FE 233-60
Pour la lunette, mon beau père ne se souvient pas en avoir eu sur cette montre. Je me suis dit que ca devait être un boîtier « step-case »

Citizenfox a écrit:

Beau récit de vie. 

Portes-tu toujours aussi souvent ta "madeleine" ? 

Moins souvent que depuis que j´ai basculé du coté obscur de la mostrophilie
Dans la mesure ou je laisse mes enfants décider de la montre que je vais porter tout dépend de la force de persuasion de ma fille sur mon fils car elle lui plaît beaucoup

GG pour le récit. Ça me fait toujours bizarre quand je tombe sur un de tes posts ici...
La Steinhart se porte toujours bien, même si je la porte peu.

Ca me fait exactement le même effet quand je tombe sur un des tiens

Belle histoire , merci de nous la conter ici ! 

Très belle belle ta Mercer Watch Lexington, Tof, et elle parait bien plus qualitative que la Seagull 63.

Beau texte aussi 


(pour la Steinhart la marque me fait toujours rêver pour une Ocean Titanium 500, il faut juste que je me lasse de la ZRC, ce qui ne devrait plus tarder).

Merci, tu notes que j'ai toujours la Citizen que j'ai conservé sur nato
Elle est très utile, surtout depuis que je me suis remis au running

Tof971 a écrit:

D’apres mon horloger, ce serait un FE 233-60
Pour la lunette, mon beau père ne se souvient pas en avoir eu sur cette montre. Je me suis dit que ca devait être un boîtier « step-case »

ce boitier avait une lunette c'est certain.

Isosta