FORUMAMONTRES
AccueilAccueil  PortailPortail  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
| |
 

 Une histoire heureuse d'une montre salvatrice

Aller en bas 
AuteurMessage
ZEN
Rang: Administrateur
ZEN


Nombre de messages : 57505
Date d'inscription : 05/05/2005

Une histoire heureuse d'une montre salvatrice  Empty
MessageSujet: Une histoire heureuse d'une montre salvatrice    Une histoire heureuse d'une montre salvatrice  EmptySam 4 Avr 2020 - 10:25

On est en 1911. Firmin et Hyppolite ont respectivement 12 et 9 ans. Il sont frères dans un village des Ardennes. C'est l'été et les enfants s'aventurent de plus en plus loin de chez eux. Le plus grand a reçu pour sa communion un chronographe de poche dont il est très fier. Son père est passionné par les instruments de mesures. Son truc à lui ce sont les baromètres et les barographes. Il aime aussi la cartographie alors il a un très gros chronographe en argent, un Longines dans un coffret en bois avec un couvercle transparent.

Sur une carte, il a mesuré non pas les kilomètres, ça on peut les lire mais le temps qu'il fallait pour s'y déplacer en marchant à vitesse "normale". Il a considéré que si le terrain est en montée, c'est plus long et s'il est en pente c'est plus court. Dans un sens ou dans l'autre, le même trajet à la même distance est donc plus long de 8 minutes lorsqu'on monte.

Firmin est fasciné par ce mode de calcul dont son maître d'école lui a dit le plus grand bien. Alors que son père est au travail et sa mère occupée, Firmin subtilise la carte et embarque son frère à 17 minutes à l'aller et à 23 minutes au retour. Le lieu est une carrière que le gamin a visitée avec son père et où il a vu une grotte dont son père lui a raconté qu'elle menait à un dragon cracheur de feu. Voici donc les deux gamins partis en explorateur. Après 10 minutes de marche, Hyppolite est pris par un point de coté. Il se met à pleurnicher puis il dit qu'il a mal au ventre. Son frère le conspue mais le gamin se met à hurler, il devient livide. Hyppolyte est si pâle que Firmin comprend qu'il se passe quelque chose d'anormal. Il tire son frère vers le bord de la route et lui dit de rester derrière un talus, le temps d'aller chercher du secours. La carte indique 13 minutes pour aller au prochain village et 18 pour en revenir en partant du point où les enfants sont arrêtés. Le plus court chemin, c'est de revenir sur ses pas et d'aller chercher sa mère.

Alors, il court, il court à toute vitesse et arrive chez lui en 6 minutes. Il explique la situation à sa mère et les voilà partis en courant dans l'autre sens. Le gamin attentif explique que s'ils courent de cette manière, c'est à 6 minutes. Il est incapable de donner le nom du lieu mais sait que c'est à 6 minutes. Il veut montrer sur la carte là d'où il vient mais où est-elle ? Où est cette satanée carte ? Il n'en sait rien. Sans doute l'a-t-il perdue en chemin ou oubliée à la maison dans la panique. Qu'à cela ne tienne. Mais la maman essoufflée ralentit le pas. Elle se tient la poitrine et dit qu'elle ne peut plus courir. Alors, il faut marcher mais comment calculer où il faut aller. Le gamin ne reconnait rien des lieux. Il se souvient de la carrière où il voulait aller, du talus mais le talus fait au moins 3 kilomètres de long... Non, décidément, il ne reconnait rien. La mère panique. Elle hurle pour appeler Hyppolite mais il n'y a aucun appel en retour.

Elle est affolée et un paysan s'approche. Elle explique la situation, il se met à chercher aussi. Il appelle un ouvrier à la rescousse qui travaillait avec lui sur un champ voisin. Mais non, rien de rien. Il faut absolument retrouver le lieu précis. L'ouvrier est chargé de courir jusqu'au village le plus proche pour solliciter les gendarmes. Lorsqu'ils arrivent, tout le monde appelle le gamin dans tous les sens. Le gendarme s'adresse à Firmin.

-Tu ne reconnais pas l'endroit ?
-Non, je ne me souviens plus !
-Et que fais-tu avec ta montre à la main ?
-C'est que j'avais mesuré 6 minutes en courant pour rentrer à la maison ou 10 minutes en marchant.
-D'accord petit. Je te monte sur mon cheval, on rentre chez toi et on va repartir à pied de là-bas en courant à ta vitesse.

En 15 minutes, l'opération est faite .

-C'est là, oui c'est là, je reconnais ! C'est là !
-Bien dit le gendarme, on est à plus d'un kilomètre de l'endroit ou cherche ta maman.
-Oui, c'est ça ! C'est ce talus !
-Le gendarme est derrière le talus avec Firmin mais Hyppolite n'y est plus.
-Tu es sûr de toi petit ?
-Oui, regardez, il y a son mouchoir ici .


Pas de doute, ils sont au bon endroit. Le gendarme se précipite au milieu de la route et sort son sifflet, il siffle jusqu'à ce que son collègue lui réponde de la même manière. Ce n'est pas qu'il l'ait entendu mais l'ouvrier l'a prévenu. Tout le monde est sur place en 3 minutes. L'ouvrier est formel, il connait l'endroit où il jouait petit.


-Il y a une grotte là-bas derrière les arbres, si ça se trouve, il s'est caché là ! Il faut faire attention parce qu'il y a un puits juste à coté. J'espère qu'il n'est pas tombé dedans !


Les gendarmes regardent dans la grotte mais il n'y a personne. Tout le monde s'inquiète. La maman appelle son fils sans discontinuer. Le Gendarme la fait taire .

-Taisez-vous ! S'il appelle on ne l'entendra pas …


Tout le monde se tait. Tout d'un coup, l'ouvrier entend un enfant en train de pleurer. Il s'avance derrière des buissons et Hyppolite est là, prostré et accroupi.
 
-Viens gamin, viens n'aie pas peur !  Je l'ai ! je l'ai trouvé ! Il est là !

La maman se précipite mas Hyppolite est accroupi et reste dans cette position.

-Viens Hyppolite ! Qu'est-ce que tu fais là …

Le gamin éclate en sanglots, il pleure sans se relever .

-Mais lève-toi ! Enfin !
-Je ne peux pas maman
-Et pourquoi donc ? quelqu'un t'a fait du mal ?
-Non, c'est pas ça …
-Alors pourquoi parle bon dieu de bois !
-J'ai fait caca dans ma culotte. C'est à cause des cerises qu'on a mangées sur l'arbre hier. J'en ai trop mangé …
-Mais tu as mangé des cerises sur l'arbre ? Elles sont à peine mures ! Tu en as mangé beaucoup?
-Ben oui, comme 8 ou 9 grand bols.

Le gendarme ne félicite pas Firmin d'avoir fait manger à son frère toutes ces cerises mais il le félicite d'avoir mesuré le temps de marche jusqu'à son frère. La carte sera retrouvée sur le perron de la maison. Firmin perdit son chronographe quelques années plus tard en 1917. Il a alors 17 ans et sera préservé malgré sa participation à plusieurs combats. Il conserva la carte de son père et son chronographe. Il mourut en 1992 léguant à son fils de 67 ans ces deux objets marqués de son histoire. Le fils est mort en 2006 et a légué à son tour le chrono et la carte à son propre fils. Il avait 54 ans. Il a aujourd'hui 68 ans et est en pleine forme. Il raconte cette histoire en sortant les photos de son grand-père. Ne lui demandez pas de les photographier car il considère qu'internet est la pire plaie de la société. Son fils qui a 42 ans m'a promis qu'il lèverait le secret des images un jour mais le plus tard possible.

Merci spécial à Hélène et Jean-Claude pour cette piste !

_________________
Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
Revenir en haut Aller en bas
https://sites.google.com/site/hourconquest/
 
Une histoire heureuse d'une montre salvatrice
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» L'histoire heureuse d'un petit chef qui fut héroïque
» Polissage/satinage dune montre
» Montre de Communion : une jeune fille (pas encore en fleur..) heureuse !
» J'ai l'histoire de la montre mais la montre a disparu. Passionnant
» La montre de Norbert, l'histoire d'un homme racontée par sa montre...

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
FORUMAMONTRES :: Forum général de discussions horlogères-
Sauter vers: