FORUMAMONTRES
AccueilAccueil  PortailPortail  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
| |
 

 Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage

Aller en bas 
+32
Nouch30
Grandga
fdm44
totolouga
georges zaslavsky
Raxevis Arcofin
Chris16
Baki95
Niiico78
Chronographe
Tekila
jacno1977
caput
LUDOSTER
isosta
RR&B
Roseau
stellar
Alt0201
lekabe
Perpetual_dragon
H
Taille1
Jagoon
Ludo888
coyoterebelle
Pat51
Charly
Virgile
Cartman
Arthur7
DON
36 participants
Aller à la page : 1, 2  Suivant
AuteurMessage
DON
Modérateur
DON


Nombre de messages : 3197
Localisation : New York, mais ça c'était avant
Date d'inscription : 02/02/2016

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptySam 10 Juin 2023, 11:41

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Omega_10
Magnifique Omega Constellation Pie Pan avec son rarissime bracelet en or d'origine. Copyright Don, tous droits réservés


Billet & Interview : Rencontre avec l’AD Antoine de Macedo, horloger, distributeur et spécialiste du vintage de prestige


Quelques temps se sont passés depuis le dernier billet sur FAM mais cette période a été en fait véritablement riche en termes de préparatifs. Je souhaitais renouer avec la tradition des échanges avec des acteurs du secteur. Pour beaucoup, réaliser une interview semble aisé : d’un point de vue externe, une interview se résume à quelques questions préparées en une dizaine de minutes pour ensuite le retranscrire dans le système de gestion de contenu pour formater et publier. Par rapport à un article ou un billet traditionnel, cela semble d’une grande facilité. L’interview est en fait l’un des formats les plus chronophages quand il ne se contente pas de survoler la surface d’un sujet.

J’ai en tête ces interviews minutées avec des « célébrités » du milieu cinématographique dans lesquelles les échanges sont extrêmement courts avec des conseillers en communication ou des agents qui (re)cadrent les questions des journalistes pour ne parler que de sujets très convenus et forcément positifs. L’échange ne dure que quelques minutes pour laisser la place au journaliste suivant qui reposera peu ou prou les mêmes questions soporifiques. Il faut tout le travail d’un acteur pour simuler l’enthousiasme et ne pas s’endormir lors de ces échanges convenus où le spontané n’a en fin de compte que peu de place.

FAM n’est pas un lieu d’échange comme les autres : le spontané d’un forum s’allie avec la volonté d’offrir un contenu de qualité qui sort des sentiers battus de la communication traditionnelle tout en gardant de la tenue – tenue assurée par l’équipe de modération. Dans cette nouvelle série d’interviews, la liberté offerte aux intervenants est réelle. Du côté de l’interviewé et aussi du côté de l’intervieweur. Les intervenants ne sont pas des annonceurs et cela donne une immense liberté qui sort du carcan de la communication ultra convenue. Il n’y a pas de bien-pensance ou de mal-pensance. La notion de respect reste présente évidemment, les intervenants étant des professionnels reconnus. Trop de personnes confondent la notion de liberté et de vulgarité, confusion devenue commune dans une société qui évolue défavorablement dans ce domaine. Le but est ici d’avoir un véritable dialogue en abordant les sujets de fond sans contrainte et sans hésiter à donner son opinion.

Échanger avec Antoine de Macedo permet d’avoir l’opinion et l’analyse d’un homme qui a construit une très belle réussite dans le créneau des montres vintage de prestige à Paris avec certainement l’une des plus belles collections du continent et cette opinion vient d’un homme qui a été formé pendant la crise du quartz, période fondamentale qui permet de disposer d’un regard d’en haut, celle d’un horloger et aussi d’un distributeur multimarques qui a vu les hauts et les bas d’un secteur. Cela permet de sortir des discours dithyrambiques convenus et retranscrits sur d’autres plateformes.

L’échange avec Antoine de Macedo a été extrêmement riche, nous abordons de multiples sujets alors préparez-vous à vivre auprès de nous cette plongée dans le secteur qui nous est cher : celui des montres et de ses dessous avec un retour sur le confinement, la spéculation, l'événement Watch & Wonders, l'évolution globale du secteur, la situation particulière de l’horlogerie française et les comportements des marques.

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Bregue10
Don, tous droits réservés. Collection rue Madame d'Antoine de Macedo



Quelques années se sont écoulées depuis notre dernière interview, notre très regretté Joël Duval était alors parmi nous. C’était avant les confinements. Revenons d'ailleurs un instant sur cette période particulière en disposant d’un certain recul : comment les confinements ont impacté ton activité à l’époque ?

ADM : On a dû travailler différemment, sur rendez-vous, et ce n’était pas si désagréable que ça pour nous. Le fait de ne pouvoir recevoir qu’un seul client à la fois sur rendez-vous permettait de consacrer du temps à chaque client.

Toutes les marques ont tout de même pris la tasse, les marchés internationaux ont beaucoup souffert durant cette période, je pense également à tout le « tourisme horloger » qui contribuait à tirer le marché local, peut-être un peu artificiellement. Pour tes boutiques, j’imagine que cela a eu une incidence en termes de vente.  

ADM : Oui, nous avons eu tout de même une baisse des ventes mais en même temps il y a eu un vide pendant 3 mois durant cette période. Je m’attendais néanmoins à bien pire sur l’année en termes de chiffre d’affaires.

Et durant cette période, quelles sont les pièces pour lesquelles il y a eu toujours une demande soutenue ? As-tu quelques modèles en tête ?

ADM : Le covid a quand même laissé la place au marché spéculatif : ça concerne quelques marques particulières comme PP avec la Nautilus, AP avec Royal Oak, et Rolex. Les prix ont considérablement monté durant cette période covid pour ces marques et leurs références phares. Une bulle a pris forme en particulier durant cette période.

Une bulle qui a éclaté récemment. Nous avons vu le marché des Rolex d’occasion par exemple, qui a connu des sommets il y a peu encore, une correction assez drastique a eu lieu depuis.

ADM : Rolex, PP, AP, tout le marché de l’occasion qui était d’ailleurs assez lié à la spéculation sur le bitcoin a connu cette correction.

Tu mets un parallèle entre l’envolée du bitcoin et la bulle du marché de l’occasion pour les montres ?

ADM : Oui, l’envolée du bitcoin a donné un effet richesse à ceux qui en avaient et par conséquent ces personnes qui en ont bénéficié ont beaucoup dépensé. Certaines références prenaient 20% à la revente en 1 semaine. C’était devenu n’importe quoi…

Je peux témoigner aussi, des connaissances personnelles issues de pratiquement toutes les CSP qui s’étaient lancées sur le marché spéculatif notamment dans les Rolex d’occasion.

ADM : Il n’y a pas besoin d’être très intelligent pour se lancer dans la spéculation. Tu sors du magasin avec une montre qui vaut 5000 et que tu peux revendre 7000, beaucoup n’ont pas pris trop de temps pour comprendre qu’il y avait de l’argent à faire.

Cela me fait penser un peu aux agiotages de la rue Quincampoix au XVIIIème siècle qui a entrainé, après une flambée spéculative immense qui a atteint de nombreux pans de la société, la fin du système de Law et une défiance par la suite envers le papier-monnaie.

ADM : Oui tout à fait, c’était l’une des premières faillites retentissante. Ça me fait penser aussi aux marchés des bulbes de tulipes en Hollande.

Revenons à l’actualité récente, tu viens de participer au Watch & Wonders à Genève, j'ai vu une photo où tu étais en compagnie avec Laurent Ferrier. Et pour toi, comment s'est passé cet événement ?

ADM : C'est la grande messe horlogère internationale. Ça faisait un moment que je n’y étais pas allé mais cette année il était important d'y participer. On a fait la visite au pas de course, parti le matin et revenu le soir. En tant que professionnels, en tant que distributeurs, il était important de nous y montrer. Pour ce qui est des stands, certains étaient juste magnifiques. Le stand de Van Cleef était sublime. D’une grande élégance. Et la joaillerie? Ça été mon vrai coup de cœur du Watch & Wonders. Après, chez Hermès, il y a toujours des scénographies qui sont intéressantes.

Les marques horlogères ont fait leur show au Watch & Wonders mais en parallèle il faut rappeler qu’elles ont sucré beaucoup de détaillants de leurs listes de distributeurs, nous inclus. L’exemple le plus emblématique ce sont les marques du groupe Richemont qui retirent aux détaillants leur licence de distribution.

C’est un sujet que nous avions évoqué il y a quelques années et qui était déjà d’actualité

ADM : Oui, tout à fait, les marques reprennent leur distribution en main. Du coup, dans les grandes villes, ils ont les moyens de proposer des montres à la vente et pour le reste, ils développent leur vente en ligne.

J'en avais discuté avec d'autres AD et notamment ceux qui sont situés entre Paris et Genève. Et la plupart des AD avec lesquels j'avais discuté m'ont fourni le même constat, ainsi Rolex (et par extension Tudor) semble retirer des licences de distribution. Après avoir échangé avec les AD, ce qui en ressort c'est que certaines marques ne veulent plus de distributeurs entre Paris et Genève. Par contre à Saint-Tropez beaucoup de références y sont encore présentes. Il me semble qu’il y a une volonté claire de rendre encore plus exclusifs leurs produits. Mais pour toi, comment vois-tu cette évolution? Justement, cette politique non plus distributive mais restrictive ?

ADM : Il y a deux chemins qui se tracent actuellement : soit les marques vont vendre leurs montres elles-mêmes soient elles vont imposer aux distributeurs de dédier des boutiques exclusivement pour une marque. C’est le cas avec Rolex et Dubail par exemple ou la boutique Tudor sur les Champs Elysées, c’est Dubail qui chapeaute en fait l’ensemble. Et on voit que même pour des groupes comme Bucherer, Richemont est en train de leur enlever toutes les marques, c'est inquiétant.

La grande question derrière c’est la répartition de la marge entre l'AD et la marque.

ADM : Oui, évidemment. Les marques ont déjà des marges à faire pâlir n'importe quel industriel alors si en plus ils veulent une marge pleine...

Ce faisant, si à court terme la désintermédiation leur permet de retirer des marges pleines, est-ce que tu penses que les marques se tirent une balle dans le pied à long terme ?

ADM : Oui, le problème c'est que les visions sont assez court termistes et ce dans beaucoup de domaines actuellement. C’est opportuniste, pour le moment, ça fonctionne comme ça. Les marques ont la chance d'avoir un marché asiatique qui les pousse vers le haut. Dans un marché haussier, ça leur permet d'être arrogants d’une certaine manière. Après, le jour où ils verront le vent tourner, peut-être qu'ils vont se retourner vers des AD, s'il en reste. Parce que moi, je dis toujours : « Les braquages ont décimé la profession, les groupes, l’achèveront ». Donc après ça, il ne nous restera plus en tant qu’AD du Hamilton et du Frédéric Constant à vendre dans le marché du neuf pour tout le monde.

Mais, en tant qu’AD, tu as une place particulière, du fait de ton immense collection et notamment du vintage. Il y a un mouvement spéculatif qui a continué à être alimenté et, il y a peu, la bulle a éclaté  sur les montres neuves. Néanmoins, sur les montres vintage, jusque-là, le marché est toujours à sens unique, ascensionnel.

ADM : Plus ou moins. Alors le marché du vintage a été entraîné dans le sillage haussier, mais dans une moindre mesure.

Le marché du vintage a connu une évolution spectaculaire à mon sens, par exemple une montre que j’avais achetée 300 euros il y a quelques années par exemple pour un petit cadeau d'anniversaire, maintenant, le même modèle, je le vois à 2000. C’était un cadeau, il n’y a pas eu de spéculation mais je reste un peu sidéré et ce n’est qu’un petit exemple. J’aimerais te poser une question pour l'audience des FAMeurs : bien que nous ne puissions pas remonter le temps et profiter des prix autrement plus modérés du passé, toi en tant que spécialiste du vintage, que recommanderais-tu à une personne qui souhaite s'initier à l'horlogerie à notre époque ?

ADM : La première chose à faire, c'est acheter ce qu'on aime. La première chose, c’est de respecter son goût. C’est le cœur qui doit parler. En tenant compte de ses moyens, vous pouvez déterminer ce que vous pouvez acquérir. Quand un client me dit qu'est-ce qu'il faut acheter ? Je dis : achetez ce que vous aimez. Et voilà, c'est la base. Si vous voulez acheter des montres pour investir, je conseillerais d’acheter plutôt des lingots.  

Voilà qui sort des articles horlogers qui vantent l'achat de montres comme des biens de placement en faisant miroiter de la plus-value ! Rien n’est plus triste à mon sens de laisser des montres dormir dans un coffre avec uniquement l’espérance qu’elles prendront de la valeur.

ADM : Oui, voilà, après une montre qui dort se repose.  

Et inversement, quelles sont les erreurs à ne pas commettre pour une personne qui commence sa collection de montres ?

ADM : C’est souvent les gens qui achètent des montres en pensant faire de bonnes affaires, mais, dans le vintage, quand ils voient que la restauration coûte quatre fois le prix de la montre, ça les calme un peu aussi.

Oui, j'avoue que cela m'a calmé aussi quelques fois au tout début, le coût de la restauration peut être conséquent.

ADM : Ces coûts peuvent être disproportionnés par rapport à la valeur de l'objet. Et ça ne concerne pas que les montres de prestige. Ainsi, le coût de restauration d’une Patek peut être inférieure à celle d’une Omega pour la raison que l’Omega d’époque peut avoir été beaucoup plus portée que la Patek, le coût de la restauration s’en ressent. Certaines montres usuelles ont été portées pendant des décennies alors que d’autres montres de prestige n’ont été quasiment pas portées et donc le travail de restauration à faire ne sera pas du tout le même.

J’aimerais revenir sur le Watch & Wonders. Auparavant, les grandes messes horlogères suisses, c'étaient des événements professionnels dans lesquels les distributeurs étaient conviés en premier.

ADM : Tout est fait, c’étaient des salons professionnels et maintenant ce sont des salons pour instagrameurs. L’accueil accordé aux influenceurs est plus important que celui accordé aux professionnels.

C'est incroyable comment les effets de mode, notamment dans le marketing, ont pris une telle ampleur. Certains marchés effectivement fonctionnent beaucoup avec les influenceurs, notamment les marchés asiatiques. Mais, pour ma part, j'ai toujours dit : « qui dit influenceurs dit influencés ». Quand on est « followers » c’est tout de même reconnaître qu’on est un suiveur. C'est tout de même assez péjoratif en fin de compte quand on y réfléchit un peu.

ADM : C'est avant tout une chaîne alimentaire. Le client est là, il discute avec nous. On est le dernier maillon entre la marque et le client final. C'est pour ça que notre travail est aussi important. Nous, nous sommes en face à face avec le client.

Oui, vous rajoutez une part humaine. Il y a eu une grosse évolution par rapport à notre dernière interview : c'est l'arrivée massive des boutiques en ligne des marques. C'était limité auparavant surtout à l’entrée de gamme. Maintenant, cela concerne toutes les gammes. Est-ce que pour toi, en tant qu’AD, cela ne te pose pas de problème d'avoir certaines références d’une marque et qu’en parallèle elle se réserve des exclusivités pour sa seule boutique en ligne ?

ADM : Oui, ça arrive et c’est de plus en plus fréquent. Donc c'est très frustrant d’avoir des clients qui nous demandent des références que les marques se réservent pour leurs boutiques en ligne.

Suite au clap de fin - tout de même extrêmement médiocre - de Baselworld, le grand événement horloger du passé, en comparaison, que penses-tu du Watch & Wonders ?

ADM : Alors l'avantage du Watch & Wonders, c’est qu’ils ont ouvert l’événement au grand public alors que dans le passé c’était réservé aux professionnels. Et je pense que c’est très bien. Parce que, pour un passionné, c'est l'occasion de voir une vitrine géante de tout ce qui se fait. Chez Ulysse Nardin par exemple, il avait un truc qui était sublime. Il y a de la créativité, ça permet à la marque de non seulement présenter ses nouveautés mais aussi de fournir un environnement spécifique à la marque. Et je trouve ça très bien de le montrer au grand public pour lui permettre de mieux s’imprégner de ce que peut représenter une belle marque. Certaines se sont penchées sur l'élégance, d'autres sur le côté sport. Chacun cherche un créneau sur lequel communiquer. Et leurs stands sont le reflet de ce qu'ils veulent faire passer comme message.

C’est tout le concept du « Brand Identity ». Certaines marques travaillent très bien à approfondir le concept, d’autres ne font que de survoler le concept en tentant d’imiter ce que les meilleures marques réalisent. Mais pour toi, quelles sont les nouveautés qui t’ont marqué lors de cet événement ?

ADM : J’ai été assez déçu par Patek. Mes collaborateurs ont eu la même impression, nous ne sommes pas attardés sur leur stand du coup. Quand nous allons à un salon horloger, nous regardons tous en premier Patek et Rolex qui restent les deux fers de lance de ces événements horlogers. Cette année, nous nous sommes plutôt attardés chez Cartier car il y a un renouveau notable. Chez Tudor aussi, la marque se permet des fantaisies que Rolex ne fait plus en les proposant à des prix plus abordables. Pour Rolex, je n’ai pas l’impression que d’une année sur l’autre ça change beaucoup. Après on ne change pas quelque chose qui marche aussi.

Rolex a inventé une cash machine parfaite dans l’horlogerie, et du coup ils ne veulent pas changer leur formule magique si je puis dire.

ADM : L'avantage de Rolex, et là-dessus ils sont très, très forts, c'est que c’est la plus abordable des marques de luxe. On l’oublie souvent. C'est l’un des meilleurs rapports qualité prix du marché.

Le concept de rapport qualité prix est relatif bien entendu mais force est de constater que le prix de revente des modèles phares de Rolex contribue énormément à en faire un rapport qualité prix que peu de marques peuvent atteindre dans cette gamme de prix.  

ADM : Quand on a la qualité, quand on a l'identité, quand on a la reconnaissance, que voulez-vous changer ?

Ce côté « dual » dans le groupe Rolex, c'est d'avoir d'un côté Rolex qui est d’une certaine manière plutôt conservateur et qui veut continuer de faire cavalier seul avec ce qu’ils ont réussi à forger. Et de l’autre côté, Tudor qui était encore, il y a quelques années, totalement absente des marchés européens et américains et qui réalisait 90 % de ses ventes sur le marché asiatique et qui a depuis entrepris de reconquérir sa clientèle en Europe et aux États-Unis. Cela a permis de tailler des croupières à la marque qui était placée contre elle, à savoir Longines, en innovant, en étant très réactif par rapport au marché et à la concurrence et aussi en s’autorisant plus d’audace avec un marketing et une communication dynamique.

ADM : Avec Tudor, ils ont une arme énorme. Pour moi, je pense que Tudor c’est une arme de destruction massive dans le secteur horloger suisse et surtout dans un segment qui a été abandonné par tout le monde en Suisse et qui fait qu’ils ont un boulevard énorme devant eux.

Tu regardes peut être avec un regard amusé les statistiques horlogères suisses. Chaque communiqué depuis près de dix ans dit à peu près la même chose, à savoir que le haut de gamme continue son ascension, l'entrée de gamme, cela varie mais c’est plutôt positif in fine, et le moyen de gamme est sur une pente descendante. Le moyen de gamme c’est pratiquement le secteur le plus sinistré du secteur – exception faite de la santé insolente de Tudor qui contredit l’évolution globale de cette gamme et qui montre qu’un moyen de gamme reste très pertinent dans le secteur à condition qu’il représente un grand intérêt pour la clientèle. On voit une polarisation extrême du marché. Mais pour toi, justement, ce ne serait pas le moment pour des marques de chercher à reconquérir ce créneau ?

ADM : C’était un créneau qui était utilisé auparavant par énormément de marques. Jaeger y était, Omega y était, Breitling y était. Tag y est encore. La plupart ont passé le cap du luxe. Mais ce segment de 3-5000 euros, c’est aujourd’hui un segment presque abandonné par les marques suisses. Quand on regarde, il n’y a pas si longtemps que ça, une Reverso, ça coûtait moins de 5 000 €. Ça a doublé depuis.

On a l'impression que c'est justement quand les prix augmentent que le succès arrive ou revient. Pas toujours mais souvent.

ADM : Ça me surprendra toujours cette capacité des Suisses à augmenter les prix sans arrêt.

Les japonais comme Seiko ont finalement suivi aussi cette tendance. Avec près de 20 ans de retard, ils suivent le même mouvement. J'aimerais te poser une question sur la situation en France. Tu as certes un commerce prospère en sur notre marché national mais quel est ton regard sur l'horlogerie française de manière générale ?

ADM : Je pense que l'horlogerie française est un peu à l'image de l'automobile française. On a un savoir-faire historique qui est énorme, on a une industrie mais on ne sait pas forcément la mettre en avant. Très souvent, les marques françaises se détachent par le design. Mais il y a un manque de visibilité dans les marchés internationaux sur l'image qualitative des produits dans l’automobile et dans l’horlogerie. A part Pequignet Manufacture qui arrive encore à garder une patte dans l’horlogerie de luxe. Nous formons en France des horlogers de très grande qualité mais la plupart vont s’installer en Suisse. Parce que le Swiss Made fait vendre.

Mais ce qui est très étonnant, c'est qu'avant la grande crise du quartz, la France était spécialisée notamment dans le très haut de gamme, dans le luxe. Ces marques ont été rachetées par la suite par les groupes suisses, notamment Leroy, Breguet ou Cartier. Et maintenant, il nous reste surtout que les jeunes marques et quelques marques renaissantes.

ADM : Il y a encore beaucoup de travail à faire avant de redresser complètement l’industrie horlogère française pour la hisser à nouveau au niveau de son passé. Notre horlogerie de luxe a été trop dans l’artisanal et il a été certainement trop exclusif. Aujourd’hui, nous avons bien entendu des marques dynamiques et qui se redressent mais qui restent dans une gamme de prix moindre par rapport à la majorité des marques suisses. Il reste tout de même Chanel et Hermès qui ont une légitimité horlogère aussi, ils font d’excellentes montres mais ils ne font pas que de l’horlogerie. Beaucoup de français sont présents dans l’horlogerie. N’oublions non plus que Richard Mille est français. Quand on regarde bien, les français restent tout de même très présents mais ils intègrent le secteur par des produits de niche comme Richard Mille. L’influence française est très présente néanmoins, au premier abord elle ne saute pas aux yeux mais les français ont une part importante dans l’horlogerie. Breguet reste la plus française des marques suisses aujourd’hui. La Suisse sous-traite beaucoup de leur production ou de leur SAV en France aussi.

Tudor réalise ses bracelets textiles en France via un fournisseur français disposant d’un bel atelier utilisant des métiers à jacquard historiques.

ADM : La Suisse manque de main d’œuvre et en trouve beaucoup en France qui forme d’excellents horlogers. Ce qui est étonnant tout de même, c’est que la France a l’image du luxe dans le vêtement et les accessoires mais elle n’en bénéficie pas ou beaucoup moins dans le technologique. Ce n’est clairement pas assez mis en avant.

Tu n’as pas de boule de crystal mais penses-tu que c’est une chose qui est appelée à évoluer ?

ADM : En France, nous avons des horlogers brillantissimes mais les meilleurs préfèrent se spécialiser dans l’ultra luxe et l’ultra exclusif. Dans un marché plus internationalisé, c’est beaucoup plus compliqué à valoriser, le travail à accomplir reste très important pour les marques françaises.

J’aimerais faire une comparaison : dans la Silicon Valley, les ingénieurs français sont réputés et recrutés à prix d’or, de même les horlogers français sont recrutés principalement chez nos voisins helvétiques. Nous produisons les savoir-faire pour que d’autres pays en tirent profit.

ADM : C’est le gros problème de la France actuellement : on exporte des Bac +7 et nous importons des Bac -7.

Est-ce que tu as eu quelques montres pour lesquels tu as eu un coup de cœur cette année ?

ADM : La nouvelle Black Bay de chez Tudor, la 54. Laurent Ferrier bien sûr, j’adore leurs nouveaux modèles. Sinon, pas plus de coups de cœur que ça cette année.

Quand la nouveauté de l’année c’est juste un nouveau cadran, c’est sûr que ce n’est pas ce qui va soulever le plus d’enthousiasme…

ADM : Je suis marchand de montres mais j’aime me placer aussi en tant que client. Tout ce que je vois aujourd’hui c’est devenu intouchable. Bien sûr il y a une clientèle qui existe pour les montres de luxe mais je trouve que les prix du neuf sont devenus totalement débiles dans une bonne partie de l’horlogerie. Le côté spéculatif des montres est devenu délirant. Des marques en sont devenues arrogantes et snobs. Des clients qui viennent acheter des montres se voient répondre : « non, vous n’êtes pas déjà client, il faut mériter la montre pour l’acheter », c’est ridicule. Chez certaines marques de luxe, vous avez quelques fois des vendeurs qui sont plus snobs que leurs clients.

J’ai souvent dit qu’il y a un parallèle réel entre le monde du vêtement et celui de l’horlogerie : l’horlogerie de luxe suit les évolutions du textile et des accessoires de mode de luxe mais avec 10 ans de retard.

ADM : Il y a un côté méprisant avec lequel je suis en profond désaccord. Je ne vais pas m’étendre sur les retours de clients auprès de grandes maisons dont je tairais le nom et où l’expérience client est horrible.

C’est un danger pour ces marques ?

ADM : Il ne faut pas oublier que beaucoup de ces maisons étaient en dépôt de bilan auparavant. Maintenant elles surfent sur le succès du luxe et leur succès ils le doivent à leurs clients. Je ne dis pas qu’il ne faut pas avoir un certain standing ou dire oui à tout le monde mais je vois des comportements aujourd’hui qui ne sont pas intelligents. C’est difficile de trouver un équilibre mais je réprouve le côté arrogant de certaines marques de luxe envers des personnes qui deviendront par la suite des clients importants. L’arrogance ne donnera pas aux marques qui s’y adonnent de bons résultats sur le long terme.

Une personne se souviendra toujours de la première impression qu’une marque lui a donnée.

ADM : Je vais donner un exemple. Rue Madame dans le VIème arrondissement, nous avons aussi beaucoup d’écoles autour. Ces jeunes n’ont aujourd’hui pas nécessairement les moyens d’acquérir des montres d’un certain prix. Sauf que plus tard ils seront peut-être des personnes à très hauts revenus et leur expérience client passée jouera clairement sur leurs achats futurs. Du fait d’une mauvaise expérience client, je vois des clients boycotter certaines marques. En tant que commerçant et en tant qu’horloger, je ne peux que réprouver ces comportements qui se traduisent par de mauvaises expériences vécues par des clients qui aiment les montres.

Tout un jour se paie dans le monde des affaires. Merci beaucoup Antoine de Macedo pour cet échange extrêmement riche et qui nous a permis d’aborder des sujets de fonds qui ne sont pas souvent abordés et qui sont pourtant centraux pour comprendre l’évolution du secteur, avec ses beaux côtés mais aussi ses aspects les moins reluisants qui pourtant joueront à mon sens un grand rôle dans le futur d’un secteur qui nous passionne.
A bientôt sur FAM pour un prochain billet et merci à Antoine de Macedo, interviewé à sa boutique au 28 rue Madame dans le VIème arrondissement à Paris.


Don – Tous droits réservés.

_________________
"Le moyen d'avoir raison dans l'avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé" - Renan
Revenir en haut Aller en bas
Arthur7
Animateur Chevronné
Arthur7


Nombre de messages : 1334
Date d'inscription : 31/10/2022

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptySam 10 Juin 2023, 11:59

Interview intéressante.
Pas un mot sur "watch certificate"? Dommage.
Revenir en haut Aller en bas
Cartman
Pilier du forum
Cartman


Nombre de messages : 1738
Age : 40
Localisation : Lille/Paris
Date d'inscription : 24/02/2017

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptySam 10 Juin 2023, 23:04

Interview très plaisante merci Don
Revenir en haut Aller en bas
En ligne
Virgile
Membre éminent.
Virgile


Nombre de messages : 16773
Age : 43
Localisation : France
Date d'inscription : 13/12/2010

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyDim 11 Juin 2023, 07:44

Bonjour,

Merci pour cette interview, très intéressante.
Revenir en haut Aller en bas
https://www.instagram.com/virgilefontaine En ligne
Charly
Membre super actif
Charly


Nombre de messages : 480
Age : 51
Localisation : Bayonne
Date d'inscription : 31/01/2006

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyDim 11 Juin 2023, 09:15

Merci pour ce post et cette interview très intéressante à lire d’un professionnel du marché
Revenir en haut Aller en bas
Pat51
Pilier du forum
Pat51


Nombre de messages : 1561
Age : 61
Date d'inscription : 04/05/2020

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyDim 11 Juin 2023, 09:28

Merci pour ce post, toujours intéressant ce genre d'interview.
Revenir en haut Aller en bas
coyoterebelle
Pilier du forum
coyoterebelle


Nombre de messages : 1904
Age : 49
Localisation : Charente
Date d'inscription : 28/05/2018

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyDim 11 Juin 2023, 10:05

Billet lu; ça fait plaisir de voir un patron qui se place du côté de ses clients, actuels ou potentiels. Ça parait pourtant être du bon sens, mais on voit bien que ce n’est pas l’état d’esprit le plus partagé dans le secteur horloger.
Revenir en haut Aller en bas
Ludo888
Passionné absolu
Ludo888


Nombre de messages : 2680
Date d'inscription : 22/10/2015

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyDim 11 Juin 2023, 10:39

Très intéressant merci!
Je retiens que même ADM trouve que les prix deviennent débiles..franchement heureusement qu il reste tudor parce que 10k la reverso sans complication c est sans moi quelque soit mon niveau de revenu..
Revenir en haut Aller en bas
Jagoon
Membre Actif
Jagoon


Nombre de messages : 120
Date d'inscription : 12/02/2021

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyDim 11 Juin 2023, 11:18

Merci du partage

Quelques vérités que les marques oublient un peu trop et qui n'est pourtant que du bon sens  Chinois
Revenir en haut Aller en bas
Taille1
Membre référent
Taille1


Nombre de messages : 8476
Age : 34
Localisation : Nord
Date d'inscription : 10/02/2019

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyDim 11 Juin 2023, 11:40

Merci pour ce partage et cette interview. 
Un beau moment de lecture. Merci FAM
Revenir en haut Aller en bas
H
Membre très actif
H


Nombre de messages : 296
Age : 51
Localisation : Epernay
Date d'inscription : 20/06/2008

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyDim 11 Juin 2023, 12:23

Merci Don,
Très intéressant !
Merci pour ces formats longs et passionnants !
Revenir en haut Aller en bas
Perpetual_dragon
Membre Hyper actif
Perpetual_dragon


Nombre de messages : 642
Localisation : Glashütte-sur-Seine
Date d'inscription : 20/07/2020

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyDim 11 Juin 2023, 12:35

DON a écrit:

ADM : « Les braquages ont décimé la profession, les groupes, l’achèveront ». Donc après ça, il ne nous restera plus en tant qu’AD du Hamilton et du Frédéric Constant à vendre dans le marché du neuf pour tout le monde.

Cette punchline...  Laughing
Revenir en haut Aller en bas
lekabe
Membre super actif
lekabe


Nombre de messages : 409
Date d'inscription : 29/11/2005

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyDim 11 Juin 2023, 13:36

Bravo et merci pour cette interview intéressante
Revenir en haut Aller en bas
Alt0201
Membre référent
Alt0201


Nombre de messages : 7679
Age : 56
Localisation : Lyon
Date d'inscription : 25/04/2012

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyDim 11 Juin 2023, 13:39

Merci à toi, cela a été une très agréable lecture.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.flickr.com/photos/99584456@N02/sets/
stellar
Animateur
stellar


Nombre de messages : 1054
Age : 58
Localisation : Paris
Date d'inscription : 16/04/2012

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyDim 11 Juin 2023, 16:38

Merci pour cette interview, très intéressante. 
J’ai apprécié le recul d’ADM sur les évolutions du marché et sur le comportement de certaines marques.
Revenir en haut Aller en bas
Roseau
Passionné absolu
Roseau


Nombre de messages : 2877
Localisation : Au pays du soleil couchant
Date d'inscription : 24/12/2011

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyDim 11 Juin 2023, 22:07

Merci beaucoup Don pour cette très intéressante interview, qui ne sent pas la langue de bois.

Merci également à Antoine de Macedo dans la boutique duquel il est toujours excitant de se rendre !

L'avis d'un professionnel de son envergure est vraiment très éclairant.
Revenir en haut Aller en bas
RR&B
Animateur
RR&B


Nombre de messages : 937
Date d'inscription : 13/01/2022

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyLun 12 Juin 2023, 09:04

Merci pour ce travail qui nous enrichit.
Revenir en haut Aller en bas
DON
Modérateur
DON


Nombre de messages : 3197
Localisation : New York, mais ça c'était avant
Date d'inscription : 02/02/2016

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyLun 12 Juin 2023, 17:56

Merci messieurs Chinois

Je pense que c’est toujours intéressant d’avoir le point de vue d’un professionnel qui dispose du recul nécessaire pour parler en toute liberté des sujets de fond qui ne sont pas réellement abordés dans les articles de presse.

Antoine de Macedo est un AD qui a le souci du client et de son accueil. L’expérience avec un AD peut évidemment diverger pour chacun d’entre-nous. Certains AD ont le sens du client, d’autres peuvent aussi être moins compétents. Je ne me contente pas d’interroger les AD parisiens, à chaque déplacement, je prends toujours le temps dans la mesure du possible de rencontrer et discuter avec eux. Ils disposent d’une connaissance du client qui va bien plus loin que celle de nombreuses marques. Les statistiques affichées dans une présentation PowerPoint ne remplaceront jamais la connaissance proche du terrain.

Les marques veulent reprendre le contrôle de leur distribution. Soit. La vraie question derrière cela reste le contrôle de la marge. Éliminer l’intermédiaire au profit de la vente directe peut avoir du sens si le client en bénéficie. Sauf que dans notre cas en horlogerie, le retour est 0. La désintermédiation est un jeu de dupes : toute la marge ne bénéficiera qu’aux marques établies. Intérêt pour le client : nul. Entre-temps, une profession déjà contrainte de plus en plus par les impératifs croissants de sécurité (je me souviens encore d’un AD me montrant son nouveau dispositif de sécurité dernier cri) se verra laminée par la politique non de distribution mais de restriction. Le marché est haussier mais qu’adviendra-t-il lors des prochaines crises horlogères ? Les stocks de montres neuves s’accumulant dans les entrepôts des grands groupes, qui les écoulera ?

Là où Antoine de Macedo pointe le doigt c’est le court-termisme qui recherche la captation du profit immédiat au détriment d’une croissance de long terme plus saine. Nous retrouvons cela dans d’autres secteurs évidemment comme celui de la banque d’investissement mais aussi aux autres secteurs où la rentabilité exigée des marchés (rentabilité à deux chiffres) pousse lui aussi au court-termisme qui vide les caisses des entreprises et qui se retrouvent démunies quand une crise survient.

Dans un marché haussier, la prudence est remisée souvent, c’est le moment de profiter, d’être même arrogant, avec ses distributeurs et pourquoi pas avec les clients aussi. A la prochaine crise, nous entendrons d’autres sons de cloches. Nous verrons si l’Eglise sera alors remise au centre du village comme ZEN aimait le rappeler.

_________________
"Le moyen d'avoir raison dans l'avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé" - Renan
Revenir en haut Aller en bas
isosta
Membre référent
isosta


Nombre de messages : 9472
Age : 64
Localisation : Isère
Date d'inscription : 14/03/2009

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyLun 12 Juin 2023, 20:50

Merci à Don pour le temps consacré au forum à travers cet interview 
et à Antoine de Macedo pour ses réponses cash et de bon sens

Isosta
Revenir en haut Aller en bas
En ligne
LUDOSTER
Pilier du forum
LUDOSTER


Nombre de messages : 1938
Age : 39
Localisation : RENNES
Date d'inscription : 12/04/2013

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyLun 12 Juin 2023, 21:32

Intéressant !
Bravo pour le travail que cela demande.
Revenir en haut Aller en bas
caput
Membre référent
caput


Nombre de messages : 6802
Localisation : Ile de France
Date d'inscription : 26/08/2008

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyLun 12 Juin 2023, 22:43

Très intéressante analyse Don, merci pour ton investissement dans ce Forum.
Revenir en haut Aller en bas
jacno1977
Passionné de référence
jacno1977


Nombre de messages : 3472
Date d'inscription : 15/03/2016

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyMar 13 Juin 2023, 10:20

Merci pour ce billet, très intéressant. Non seulement Rolex offre le meilleur rqp, c'est un placement, un rare produit manufacturé qui vaut plus cher en sortant du magasin.
La distribution AD, aujourd'hui c'est dans les grandes lignes une concentration de quelques revendeurs par pays, j'en connais qui vendent absolument toutes les marques Suisses, plus Grand Seiko et aussi des pures marques d'influenceurs, ils sont dans de pures situations de monopole dans les secteurs ou ils sévissent.
Je trouve que le débat AD indépendant Vs Boutiques de marques n'a pas de sens en fait, les AD aujourd'hui n'ont plus d'horlogers et n'offrent plus aucun réel service à part la mise à taille du bracelet.
Pour ma part, le vrai horloger est mort depuis plusieurs décennies, d'ailleurs je me souviens d'une époque on n'achetait pas une marque mais un horloger en qui on avait confiance qui présentait des marques qu'il connaissait, dont il assumait l'entretien et les réparations dans des prix humains, c'est une époque complètement révolue ou la diversité existait, aujourd'hui je ne fais aucune différence entre le fait d'acheter chez un AD ou dans une boutique de marques, d'ailleurs parfois des boutiques dites de marques sont parfois en partenariat entre un privé local et la marque, elles ne sont pas forcément la propriété exclusive de la marque. Aprés je ne dis pas qu'il n'existe pas quelques exceptions ...
Revenir en haut Aller en bas
Tekila
Membre Hyper actif
Tekila


Nombre de messages : 655
Age : 46
Localisation : Clermont-Fd
Date d'inscription : 04/03/2010

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyMar 13 Juin 2023, 10:35

Bon article, intéressant à lire.
Revenir en haut Aller en bas
https://www.instagram.com/arnaudchassagne.photo/
Chronographe
Membre super actif
Chronographe


Nombre de messages : 313
Age : 39
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2012

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyMar 13 Juin 2023, 14:58

Très intéressant retour d'un acteur du secteur.
Merci DON pour ce genre d'article qui traite du fond  Chinois
Revenir en haut Aller en bas
Niiico78
Membre Actif



Nombre de messages : 78
Date d'inscription : 25/02/2020

Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage Empty
MessageSujet: Re: Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage   Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage EmptyMar 13 Juin 2023, 18:12

merci pour ce billet.
Côté stratégie de distribution des marques/groupes horlogers, je ne pense pas qu'il n'y ait qu'un souci de maximisation de la marge à court terme.
Pour avoir un tout petit peu travaillé dans le secteur de la distribution, la maitrise de cette activité permet aussi une meilleure maitrise de l'expérience client, du bon usage de la marque et du marketing dans sa globalité.
Rajoutons à cela le développement de la vente en ligne, et je comprends très bien cette tendance de fond.
Normal qu'ADM soit sensible à cette tendance. Il lui reste sa caution et son image sur le vintage.

Toujours eu du mal avec les AD qui qualifient de "débile" l'évolution des prix et qui en profite aussi...

en tant que client d'ADM, très satisfait du contact commercial, des échanges techniques avec ADM et surtout du SAV. c'est un homme passionné sans nul doute
Revenir en haut Aller en bas
 
Billet & Interview : Échange avec Antoine de Macedo, spécialiste du vintage
Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant
 Sujets similaires
-
» Billet & Interview : Échange avec Guillaume Laidet, Nivada & Vulcain
» Billet & Interview : Échange avec Pierre-Alain Bérard, patron de LIP
» Interview FAM - Questions à un horloger : Antoine de Macedo
» [Baselworld] Quand doc-le-suisse et pastak ont rendez-vous avec Antoine Martin
» Un interview avec Max Büser (de MB&F)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
FORUMAMONTRES :: Forum général de discussions horlogères-
Sauter vers: