Mon article arrive en retard, car il a été écrit au rythme de la maison. Et non à celui que nous nous somme imposés.
Tranquille ! Alors, prenez votre temps, et lisez calmement.
La maison Antoine Martin est une jeune société qui a fait ses premiers pas il y a moins de 3 ans, au salon de Bâle pour être précis.
La société a été fondée par l’association de deux personnes : Bruno Jufer qui est le dirigeant et l'horloger Martin Braun, qui possède une expérience depuis plus de 30 ans.
Il l’a acquise au sein des maisons Jaquet Droz, Maurice Lacroix, Zenith et Carl F. Bucherer.
Une telle association se devait évidemment de déboucher sur quelques surprises. Par ailleurs, on reconnaît le design de ses origines.
Mais… prenons les choses depuis le début : lorsque nous étions invités chez Antoine Martin, je ne savais pas à quoi m’attendre.
Pendant plusieurs années, Martin Braun a réfléchi à la possibilité de perfectionner l’échappement à ancre suisse sur ses propres mouvements de montre.
Malheureusement, ce dont il rêvait n’était pas réalisable par les techniques et procédés de production classiques.
La mise en œuvre toute récente du silicium dans l’horlogerie lui a permis d’y parvenir.
Un échappement dont les parties sont principalement constituées de silicium peut se passer de lubrifiants.
Et le nouveau mouvement peut se flatter d’avoir une efficience de 100%!
Depuis toujours, la détermination des angles utilisés dans l’échappement à ancre suisse était le résultat d’un compromis entre l’efficacité
et la teneur en huile assurée par capillarité pour certains angles. Désormais, plus besoin de ce compromis!
Le mouvement AM36.001 Slow Runner prend tout son temps pour parvenir à son but: décélérer les pulsations de son pouls.
Aller à rebours de la course à la vitesse qui étourdit temps l’encre de nos plumes.
Antoine Martin veut prendre le temps de battre à son rythme. Un rythme incroyablement lent, avec seulement 7.200 alternances par heure.
Soit un 1 HZ !
La toute première pièce, présentée l'an dernier à Bâle était un quantième perpétuel à grand balancier, 17.5 mm de diamètre.
Et son mouvement est positionné de sorte pour que ce balancier soit vraiment mis en scène.
Sans raquette, son dispositif de régulation est doté d'un spiral oscillant libre qui se règle au moyen de deux petites vis.
Ce balancier est aussi l'un des plus grands jamais réalisé. Du point de vue technique,
la grande taille prend tout son sens car il en résulte une énergie cinétique plus importante.
De plus, si un choc vient ébranler le mouvement, sa proportion conserve mieux l'amplitude souhaitée et n’influence que peu sa bonne marche.
Après ce départ original, souligné par une version automatique sortie au milieu de l'année 2012, Martin Braun se devait de récidiver.
Et comme il a des idées bien précises, il est convaincu que les oscillateurs rapides et les petits balanciers ne représentent pas la quintessence de l'horlogerie mécanique.
Il estime qu'en horlogerie mécanique, le bon sens n'est pas de donner un coup d'accélérateur à une époque trop agitée.
Son raisonnement n’est pas utopique.
On peut facilement s’imaginer les efforts que subissent les mécaniques,
les problèmes de lubrification et d’usure que l’on rencontre quand on se passionne de l’ivresse de la vitesse.
Ça commence déjà par son diamètre : 24 mm. Presque aussi grand qu’un mouvement conventionnel !
Mouvement qui soit dit en passant est composé de 199 pièces. Diminuer son rythme, en théorie, ne peut être qu’un gage de longévité.
Je dis bien en théorie, car la masse en mouvement devient plus importante et apporte d’autres contraintes.
En pratique, l'échappement en silicium HPE (High Performance Escapement) mis au point par Antoine Martin est fonctionnel.
Outre l'échappement en silicium, un spiral de la même matière est dorénavant utilisé.
Il nous dit que ce nouveau spiral est beaucoup plus «stable» que le spiral classique en acier.
Il faudra voir sur la longévité.
Martin Braun a modifié les angles, les plans d’impulsion de la roue d’ancre ,les dents sont plus incurvées.
Il a redessiné les palettes et tout ceci lui a offert un gain énergétique de 8% Enfin, l’optimisation de la cheville de plateau, en silicium,
a permis d’obtenir encore 1% supplémentaire.
Cette révision totale de l’échappement à ancre suisse apporte une amplitude passant de 300° à presque 330° par rapport à un échappement traditionnel.
Je leur souhaite sincèrement que ces lentes pulsations obtenues grâce à toutes ces petites révolutions vont les conduire vers un avenir prometteur,
en espérant que celles du marché actactuel vont pas les mettre en résonance jusqu’à l’implosion.
Le complément par Martin
Alors pour cette marque, grosse déception : je m’attendais à des V12 Ford retravaillés, une 2+2 ultra luxueuse.
Rien de tout ça au Palace … Ah, attendez … On me dit que c’est Antoine Martin et, non Aston Martin !
Plus sérieusement, j’ai été agréablement surpris de cette marque qui a eu une forte couverture médiatique avec ce gigantesque balancier.
Il faut avouer que cette Slow Runner est hypnotisante. Elle fait un bien fou à vouloir ralentir le rythme efffrené des battements de nos montres et de nos coeurs.
Plus d’amplitude, plus de sérénité. Voici l’impression que m’a donné ce rendez-vous hors du temps avec Bruno Jufer CEO d’Antoine Martin.