[Baselworld] Quand doc-le-suisse et pastak ont rendez-vous avec Hautlence

Rationalisation et ouverture
Voici les mots qui devraient définir la marque Hautlence en cette année 2013. Créée en 2004, Hautlence tire son nom de l'anagramme de Neuchâtel. La marque basée à La Chaux-de-fonds a été pensée dans le but d'apporter une vision différente de la lecture du temps. La volonté originelle est de se démarquer du reste de la production horlogère par une forte influence des codes architecturaux et du style Bauhaus, un lien étroit en design et fonctionnalité.
Sur les 30 marques lancées la même année, seules trois seraient encore en activité. La crise aurait pu avoir raison de la marque neuchâteloise, les quatre dernières années n'ont pas été faciles malgré la sortie de la pièce maîtresse qu’est la HL2.0. En 2012, la holding familiale MELB présidée par Georges-Henri Meylan - ancien patron d'Audemars Piguet - devient actionnaire principale de la marque. La holding acquiert non seulement Hautlence, mais également Moser & Cie.
Plusieurs constats sont apparus : trop de références (une cinquantaine), un ticket d'entrée assez élevé (tous les mouvements sont manufacturés), … Outre un apport financier salutaire pour la marque, une longue réflexion a permis de clarifier le positionnement de la marque sur le marché.

Collections et labels
La marque Hautlence propose à ce jour trois collections : Origine, Avant-Garde et Concepts d'Exception :

• La collection Origine héberge les modèles qui vont être les plus à même de retranscrire les fondements de la marque.
  
• La collection Avant-Garde lancée l'année dernière est une réinterprétation plus moderne de la collection Origine. Comment les différencier ? Leur nom comporte un R pour Redesign. Cela donne donc HLRS et HLRQ. En passant, cette HLRQ est à tomber …
  
• Quant à la collection Concepts d'Exception, il y a peu de modèles mais quels modèles ! Basés sur le calibre HL2.0, c'est le vaisseau amiral de la flotte Hautlence.

Outre cette segmentation en trois collections, Hautlence introduit deux labels permettant de différencier les modèles manufacture (dits "Atelier") des modèles basés sur des mouvements réalisés en externe (dits "Signature") :

• Le label Atelier regroupe les quatre calibres Hautlence : HL, HLQ, HLC et HL2.0.
  
• Le label Signature regroupe les mouvements externalisés : pour l'instant seul le calibre Soprod 9351/A10-2 fait partie de ce label.

Ce qu'il faut retenir est que cette marque indépendante propose sept modèles différents, sans tenir compte des déclinaisons. Si on en tient compte, cela porte le nombre de références à 23. Pas mal pour une petite marque ! Des plus petits modèles aux plus imposants, la grande partie de leurs modèles est portable, point qui a été vérifié sur le petit poignet de votre serviteur. A l'heure d'un marché horloger proposant des montres de plus en plus volumineuses, seule la HL2.0 est grande. Sur la HLRS - voire d'autres modèles, à confirmer - la boucle déployante est identique à celle d'une certaine marque de Nyon. Difficile pour des habitués de cette marque de ne pas reconnaître cet élément ! Le confort de porté est indéniable, c'est donc un véritable avantage pour ces modèles que d'utiliser cette boucle (comme ci-dessous sur la HLRS 01).

Quelle lecture du temps ?
Vous devez vous dire qu'il y a bien une question fondamentale à laquelle je n'ai pas encore répondu : comment lit-on l'heure sur une Hautlence, comment sont représentées les heures et minutes ? Pas d'aiguille, bien trop classique. L'heure est sautante via un disque ou une chaîne, la minute rétrograde sur un 2/3 ou un 1/2 cercle. Ces deux complications sont interprétées différemment selon les modèles.

Les nouveautés Baselworld 2013 : Destination et HL2.4
Les montres Destination deviennent l'entrée de gamme Hautlence. "Entrée" est un terme réducteur car nous restons dans le haut de gamme pour cette montre à complications. Cette nouvelle montre est importante pour la manufacture car elle est synonyme de trois "premières".
Une première fonctionnelle en devenant la première Hautlence avec un second fuseau horaire.
La seconde première d'aspect plus économique inaugure l'ouverture de la marque à des mouvements externes. Ce n'est pas une ouverture à prendre à la légère. L'objectif est de proposer des montres à un tarif plus abordable, tout en gardant l'esprit de la marque qui fait sa force. Toute marque aura un jour le dilemme de rester dans son segment, ou d'élargir son offre. Hautlence fait le pari sensé d'ouvrir sa marque à une clientèle plus large.
L'ultime première est le fait que la Destination est la première montre avec aiguilles de la gamme Hautlence. Il aura fallu neuf ans à cette marque pour enfin dire “Nous faisons des montres avec aiguilles”, preuve que leur lecture du temps est originale ! Pour ceux qui souhaitent ainsi avoir une Hautlence et rester dans une lecture du temps classique, c'est enfin possible.
La Destination est basée sur le mouvement Soprod 9351/A-10-2 et possède les fonctions suivantes : heures et minutes, grande date à midi, second fuseau horaire à 6 heures, indication jour/nuit à 7 heures. Le dos de la montre est plein, ce qui reste cohérent avec le fait que le mouvement ne soit pas un calibre développé en interne. Une petite ouverture permet tout de même de voir le logo Hautlence apposé sur le rotor. Cette surface vide est intelligemment utilisée, les fuseaux horaires UTC des différents destinations possibles y sont inscrits. Si votre destination est Alice Springs et que vous avez un décalage de 9H30 UTC, ce ne sera pas inscrit sur la montre … allez plutôt à Tokyo !
Trois finitions sont disponibles (toutes sur une base de boitier titane) : or rose et clous de Paris pour la Destination 01, cadran opalin argent pour la Destination 02, look all black et nid d’abeille pour la Destination 03.

Au sommet de la gamme Hautlence se trouve la HL2. Ce modèle est rapidement différenciable des autres par un premier élément : son mouvement baguette. Rares sont les marques à proposer un tel type de mouvement. Cette forme peu commune demande sans aucun doute une certaine maîtrise.
Là où l'heure sautante est représentée par un disque pour les autres montres à calibre Hautlence, la HL 2.x propose une lecture de l'heure via une chaîne composée de 12 maillons, attention à ne pas dérailler ! Un système relativement complexe permettrait justement d’éviter tout emballement du mécanisme. N’ayant pas assez de connaissances horlogères pour expliquer la complexité de ce mouvement, je vous laisse le soin de creuser le sujet par vous-même, cela vaut le coup.
Outre cet impressionnant mouvement, le boitier est judicieusement aéré, un vrai bonheur à regarder. Le verre se prolongeant sur le côté du mouvement baguette permet à la fois de laisser passer la lumière jusqu’aux rouages internes et d’apprécier pleinement le travail accompli.
La réserve de marche est de 42h avec la présence de deux barillets car il y a beaucoup d’éléments à faire tourner finalement : un barillet pour le mouvement et un pour les complications. Le mouvement HL2.0 est le seul calibre interne à être à remontage automatique, une fonction facilitée par le volume important de ce mouvement comparé aux autres.
Cette pièce d’exception est disponible en quatre finitions, dont les deux dernières en image : boitier titane avec traitement DLC noir et or rose pour la HL2.3, boitier titane Grade 5 pour la HL2.4 sortie au Baselworld 2013.


Hautlence est une marque qui a dès le début su se démarquer de par sa lecture du temps différente. La HL2 nous propose une vitrine - tant au sens propre qu’au figuré - du savoir-faire de Guillaume Tetu et son équipe. L'élargissement de la gamme avec le label Signature est un pari que fait la marque sur le long terme, pari que je leur souhaite de tout coeur de réussir.



Le complément par Driss
Il est gentil Pastak, il rédige une bible qualitative sur la marque, et une fois qu’il est bien sûr que tout est dit, Voilà qu’il me demande de faire un complément ! Eh bien voyons !! Plus sérieusement … Je dois avouer que ces HL2 sont tout de même extraordinaires à regarder. Le mouvement baguette rotatif est juste admirable à contempler quand ce dernier est en pleine action.
Pour l’anecdote, lors de mes balbutiements horlogers, c’est la première montre de haut vol que j’ai eu le droit de porter. C’était au GTE en 2011. Cela m’avait vraiment marqué, car c’était aussi mon premier salon horloger.
Avoir l’audace de faire un tel mouvement en trois dimensions avec une heure sautante, tout en étant précis, et qui plus est visible sous différents angles, il faut être une tête de mule, enfin… Tetu pour se convaincre d'une telle réalisation. Sans parler des contraintes techniques inévitables. Rien que pour ça, on ne peut qu’ admirer sans retenue un tel travail. On notera aussi que cette technologie leur a offert une identité propre. Ce qui est déjà beaucoup devant cette course effrénée et étourdissante à l’innovation.

NDR : Ce compte rendu fait partie d'une série d'articles réalisés suite à notre séjour au Baselworld 2013, vous trouverez l'article central ici.