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 Actu :Nicolas Hayek: «L’horlogerie a tort sur le luxe de se focaliser...

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ZEN
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MessageSujet: Actu :Nicolas Hayek: «L’horlogerie a tort sur le luxe de se focaliser...   Actu :Nicolas Hayek: «L’horlogerie a tort sur le luxe de se focaliser... EmptyLun 31 Mar - 16:51

Citation :
Nicolas Hayek: «L’horlogerie a tort sur le luxe» de se focaliser uniquement

Numéro un mondial du secteur, Swatch Group célèbre cette année les 25 ans de la Swatch, la petite montre qui a permis à la Suisse de redevenir la référence internationale en matière d’horlogerie. Alors que Baselworld 2008 ouvre ses portes mercredi, son président fondateur Nicolas G. Hayek livre ses perspectives sur cette branche industrielle cruciale pour notre économie.

Ne lui parlez pas de son âge. Et encore moins de sa fortune. Entré dans le cercle des sages vénérables en février dernier, Nicolas G. Hayek n’a jamais travaillé pour l’argent. «Je n’ai jamais travaillé une seule se­conde, je m’amuse tout le temps», se plaît à répéter le fondateur et président de Swatch Group, numéro un mondial de l’horlogerie.
Surnommé par ses pairs «le sauveur de l’horlogerie suisse», récompensé par les plus hautes autorités du pays, Nicolas G. Hayek est un homme étonnant. Sur son bureau – un incroyable capharnaüm – s’accumulent dossiers, propositions, résultats financiers, papiers griffonnés, recueils de poésie et romans de Victor Hugo ou de Musset.
Sous une pile de livres, un Mickey Magazine, rempli d’an­notations et écorné tant il a été feuilleté. «Ça, c’est pour me rappeler la fantaisie de mes 6 ans, lorsque je croyais encore au Père Noël. Je le lis pour me prélasser, cela me permet de rester créatif»,souffle-t-il.
Le secret de la petite montre
Ingénieux, Nicolas G. Hayek l’est sans conteste. Alors que d’aucuns lui prédisaient une déroute certaine, cet entrepre­neur hors pair a, dans les an­nées 80, sorti l’industrie horlo­gère suisse du marasme écono­mique le plus total. Son secret: une petite montre en plastique aux couleurs joyeuses prénom­mée Swatch. En 25 ans, ce pro­duit à 50 francs a non seule­ment propulsé l’entreprise à la première place du secteur mon­dial, mais a également permis à la Suisse de redevenir la réfé­rence internationale en matière d’horlogerie.
Dire que le président de Swatch Group – qui compte aujourd’hui 19 marques horlo­gères et emploie 22 000 person­nes dans le monde – est une figure emblématique dans l’uni­vers des garde-temps helvéti­ques a donc tout d’un euphé­misme. Alors que la célèbre foire mondiale horlogère Ba­selword ouvre ses portes mer­credi, Nicolas G. Hayek, réputé pour son franc-parler, décrit sa vision du marché.


En 2007, Swatch Group a franchi pour la première fois la barre de 1 milliard de bénéfice. Un chiffre symbolique qui coïncide avec un anniversaire, puisque la Swatch fête cette année ses 25 ans. Combien de Swatch vendez-vous dans le monde?
Nous vendons à peu près deux montres chaque seconde dans le monde. Ce n’est pas mal, tout de même!

C’est votre fierté?
Pas vraiment. Disons que je n’ai pas honte de ce que j’ai fait. Je ne vais pas aller clamer mes victoires sur la place centrale de Bienne (ndlr. le siège de Swatch Group)!
J’essaie de ne jamais oublier que je ne suis qu’une personne sur une petite planète dans un immense univers. Et dans cette relation, nous ne sommes pres­que rien.

Vous avez tout de même sauvé l’horlogerie suisse…
C’est juste. Dans les années 80, j’ai évité la fermeture de 90 usines, sauvé beaucoup d’em­plois et préservé un énorme savoir-faire. Mais cela ne fait pas de moi le roi des montres comme certains l’ont dit.
Aujourd’hui, émergence de nouvelles richesses oblige, ce secteur affiche une croissance exponentielle. Du coup, les marques se concentrent de plus en plus sur le segment du haut de gamme. Cette stratégie est-elle dangereuse?
Evidemment, je le dis depuis longtemps. Les marques horlo­gères suisses ont tort de se focaliser uniquement sur le luxe. Nous risquons de revivre exactement ce qui s’est passé il y a 25 ans.

C’est-à-dire?
En 1983, il y avait 1 milliard de montres vendues dans le monde. 950 millions d’entre el­les étaient à moins de 100 francs, 42 millions entre 100 et 750 francs et 8 millions dans le haut de gamme. Dans ce gâteau, la Suisse n’avait plus aucune part dans le bas de gamme, moins de 1% dans le moyen de gamme et produisait des montres de luxe à hauteur de 92%. La seule façon de re­monter la pente était d’attaquer dans le bas de gamme.

Pourquoi?
D’abord, nous devions assu­rer la survie de nos usines et donc de notre personnel avec son savoir-faire horloger. Pour sauver ces usines, il fallait les faire tourner. On ne parvient à faire tourner une usine qu’en produisant une masse critique. Seule des montres bon marché pouvaient constituer une masse suffisante. C’est aussi simple que cela. Parallèlement, il faut aussi transmettre un message de qualité et vendre des oeuvres d’art. En clair, il faut tous les segments de prix. C’est exacte­ment ce que nous faisons au Swatch Group, et c’est grâce à la Swatch que nous sommes nu­méro un mondial.
Baselworld 2008 ouvre ses portes mercredi et devrait pour­tant accueillir de plus en plus de marques exclusivement ancrées sur le haut de gamme, qui indi­quent répondre à une demande toujours plus forte dans ce créneau…
Elles refusent de voir la réa­lité. Certes, Selon Forbes, il y a dans le monde 1500 milliardai­res et 100 000 millionnaires sur la planète. Il reste plus de 6 mil­liards de personnes qui ont be­soin de montres normales, à 100fr. et un peu plus. Le mar­ché est là, vous ne croyez pas?

Mais qu’attendez-vous dès lors pour tirer la sonnette d’alarme?
Je le fais tous les jours, mais les gens n’écoutent pas tou­jours. Cela fait des années que j’essaie d’expliquer que l’impor­tant n’est pas de mettre des diamants sur une montre. La véritable prouesse, c’est de faire une belle montre qui marche, un objet d’art et de désir. Pour cela, il faut avoir une bonne capacité de production des piè­ces qui composent les mouve­ments horlogers. Actuellement, hormis Swatch Group, aucune manufacture ne peut prétendre posséder une véritable autono­mie de production. Toutes s’ap­provisionnent chez nous, qu’il s’agisse de petites marques ou de grandes marques! Ils préfè­rent augmenter leurs prix. J’ai alors adopté une autre stratégie pour les convaincre.

Laquelle?
Nous avons commencé par diminuer de 25% les livraisons d’ébauches que nous leur fai­sons. Ces livraisons cesseront définitivement en 2011. On m’a beaucoup critiqué. On a même dit que je voulais tuer l’horlo­gerie suisse! Mais certains entrepreneurs ont réfléchi, se sont mis à investir dans leur outil de production, et quelques-uns sont aujourd’hui un peu plus autonomes. Ça, c’est une vraie victoire, une grande réussite pour l’horloge­rie. Et une immense satisfaction personnelle.
Vous êtes également un ardent défenseur du «swiss made».
Aujourd’hui, votre projet de renforcement de ce label semble enterré par les autorités suisses…
Notre gouvernement a l’air d’avoir peur d’affronter la Com­mission européenne. Ce renfor­cement est dans l’intérêt de tout le monde, aussi de la communauté européenne.

Comment comptez-vous vous battre?
Je ne me bats pas, je con­vaincs. J’ai 90% de l’industrie horlogère ainsi que la majorité des cantons de mon côté. Ce projet passera, c’est une ques­tion de temps.
Il y a cinq ans, vous avez passé les rênes de Swatch Group à votre fils, tout en continuant d’assumer la présidence du conseil d’administration du groupe ainsi que celle de la marque Breguet. Songez-vous à la retraite?
Quelle horreur! Un entrepre­neur, c’est comme un artiste. Il ne cesse jamais d’entreprendre, de créer. Avez-vous jamais de­mandé à un peintre quand est-ce qu’il ira à la retraite?
Dans votre position, il doit être difficile de reconnaître ses vrais amis…
C’est vrai dans n’importe quelle position. Les amis, c’est pour chacun très rare. Je compte sur mes collaborateurs. Pour la plupart, ils sont très attachés à moi et à la société. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est grâce à eux. A la population helvétique aussi, qui m’a beau­coup soutenue. Ce soutien me permet de surmonter les obsta­cles. Il n’y a que deux choses qu’on ne peut pas surmonter: la mort, et les impôts.

Florence Noël

Tribune de Genève

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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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