Actu : La crise financière ne fera pas souffrir Genève

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La crise financière ne fera pas souffrir Genève
PROSPÉRITÉ

Au bout du Léman, la plupart des branches ont réussi un excellent exercice 2007. La croissance devrait se poursuivre cette année.

PHILIPPE RODRIK | 09 Mai 2008

Les dirigeants de la Chambre de commerce, d'industrie et des services de Genève (CCIG) sont gonflés à bloc. Dans ce canton, la plupart des branches ont réussi un exercice 2007 faste et la croissance devrait se poursuivre cette année, en dépit d'un léger ralentissement. Le démon du subprime, la menace d'une
récession aux Etats-Unis, le désarroi des grandes banques ne devraient donc pas affecter l'économie du bout du Léman.

«On ne peut certes pas avoir de crise financière sans impact sur l'économie réelle. Mais elle sera peut-être d'assez courte durée pour que les entreprises genevoises parviennent à l'amortir, sans trop souffrir», estime le président de la CCIG, François Naef.

Le directeur général d'ABB Sécheron SA, Jean-Luc Favre, rappelle en outre que, avec ou sans crise financière, d'énormes investissements dans le secteur ferroviaire demeurent incontournables, notamment en Chine. «Nous remarquons en outre que les achats n'ont pas cessé à Hongkong et Singapour, alors qu'il s'agit de marchés extrêmement sensibles aux incertitudes conjoncturelles», indique le directeur général de Vacheron Constantin, Juan-Carlos Torres.

Ce puissant optimisme de la CCIG s'avère directement inspiré par celui de ses membres: «Nous avons en effet envoyé un questionnaire à 1750 sociétés, un tiers d'entre elles nous ont répondu et 93% de ces maisons nous ont livré, entre janvier et février, des prévisions optimistes. A ce moment-là, toutes connaissaient déjà une grande partie des données liées à la crise financière», relève le directeur de la Chambre, Jacques Jeannerat.

Responsabilités de l'Etat
La CCIG lie néanmoins la faible baisse de la croissance annoncée pour cette année au recul du secteur banque/assurance, générant à lui seul un quart du PIB (produit intérieur brut) genevois. «Le commerce extérieur du canton devrait lui aussi subir les effets de la crise financière internationale», relève Jacques Jeannerat.

Les conséquences d'une éventuelle récession chez l'Oncle Sam et d'un dollar très faible seraient toutefois pondérées par une hausse constante de la demande en provenance de Russie, Chine et émirats arabes. «Les recettes liées à l'exportation ont d'ailleurs déjà augmenté de 18,2% entre les 1er janvier et 30 avril, par rapport à la même période de l'an dernier», se félicite le directeur de la CCIG.

Au-delà des perspectives de nouvelles performances cette année, les différentes branches nourrissent leurs inquiétudes respectives. Les horlogers et les bijoutiers redoutent tout particulièrement le manque de personnel qualifié. «A Genève, les entreprises de notre secteur participent pour moitié aux exportations de tous les horlogers et bijoutiers suisses. Elles emploient 7000 personnes en comptant les sous-traitants, contre près de 50 000 dans l'ensemble du pays. De gros risques pèsent donc sur le tissu industriel genevois. L'Etat doit prendre ses responsabilités en matière de formation», prévient le directeur général de Vacheron Constantin.

Pour sa part, François Naef, membre du directoire de Merck Serono, évoque le danger de médicaments trop bon marché pour financer la recherche. Le directeur de la Chambre rappelle l'urgence d'améliorer la mobilité.

Zurich assure toujours
Le mois dernier une onde d’euphorie a traversé les services de promotion économique genevois et vaudois: la croissance sur l’arc lémanique aurait été supérieure à celle du grand Zurich en 2006 et 2007.

Concentration périlleuse

Cette performance incontestable ne permet toutefois pas de sous-estimer quelques réalités. Près de 30% du PIB (produit intérieur brut) helvétique se réalise toujours entre les cantons de Zurich et d’Argovie. Plus du quart de la population active suisse travaille en outre dans cette région.

Entre Zurich et Argovie, le poids du secteur financier paraît un peu plus raisonnable qu’à Genève: sa part du PIB régional y atteint un cinquième, contre un quart au bout du Léman, mais carrément 40% en Ville de Zurich (plus de 370?000?habitants)! L’institut d’études conjoncturelles BAK Basel Economics confirme le danger lié à de si fortes concentrations.

En dépit des crises de 1992-1999 et 2001-2003, la région Zurich/Argovie s’est assuré une croissance annuelle moyenne de 1,4% de 1990 à 2007. Beau résultat!

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