ZEN
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 | | Sujet: Actu : Genève, baromètre des ventes 13/11/2008, 07:31 | |
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- Genève, baromètre des ventes
ENCHERES. A la veille des grandes ventes joaillières et horlogères, le marché donne des signes de ralentissement. Les maisons de ventes adaptent leur stratégie à la situation. Tendances.
Lorette Coen
Jeudi 13 novembre 2008
D'un côté, des visages blêmes parcourus de tensions extrêmes, des patrons de banque hier craints et révérés, désignés aujourd'hui à l'opprobre public, montrés l'œil fuyant comme des délinquants. De l'autre, des pages entières proposant des objets de marque hors de prix, des montres fastueuses, des joyaux opulents avantageusement photographiés. Déni de réalité ou décalage horaire? Non, ces images cohabitent tranquillement dans les médias, car ainsi le veut le calendrier genevois en cette veille de ventes aux enchères joaillières et horlogères. Il serait d'ailleurs maladroit de changer de style pour se vêtir de bure du jour au lendemain. La tempête financière qui gronde aux portes mobilise l'intelligence commerciale; elle l'aiguise aussi
Personne ne doute d'une baisse des prix générale. Assistera-t-on à une dégringolade ou à un recul modéré? Vendra-t-on beaucoup ou peu? Lesquels, parmi les objets proposés, resteront-ils sur le carreau? Lesquels au contraire trouveront preneur? Chacun y va de ses supputations et rumeurs; chacun affûte ses armes, affine sa stratégie. Le climat est à l'euphorie inquiète qui précède le combat. Pour tout négociant de métier et de fibre, l'heure est grave mais intéressante. Le déroulement des ventes genevoises et leurs résultats dicteront, en effet, l'humeur des marchés internationaux pour les mois à venir et ce, sur tous les continents. Car si les places de New York ou de Londres servent de références dans les domaines de l'art impressionniste, moderne et contemporain, Genève reste la capitale inexpugnable du marché horloger et joue aussi ce rôle, mais de manière moins nette, pour le bijou.
En joaillerie, d'autres villes ont aussi leur mot à dire. Le premier coup de froid est venu de Hongkong en octobre dernier suivi, dans une moindre mesure, d'un ralentissement à New York. Après quatre années de hausse ininterrompue, surtout dans le domaine du diamant, un réajustement mondial était fortement pressenti. Mais personne n'avait prévu que cela se produirait de manière aussi brusque et violente. «Les banques ayant tout bloqué, nos clients manquent de liquidités. Ceux qui sont contraints de vendre acceptent des prix inférieurs, de sorte que la baisse s'accentue», remarque Eric Valdieu, vice-président de Christie's Suisse, spécialiste du bijou, à qui le phénomène paraît salutaire. «Nous revenons progressivement à un niveau de prix raisonnable.»
Encore faut-il que les clients vendeurs des maisons d'enchères admettent cette situation. «Depuis deux semaines, nous prenons contact avec eux et, chaque fois qu'un prix nous paraît situé au-dessus du marché, nous proposons de l'adapter à la réalité actuelle. Dans notre nouvelle liste, près d'un tiers des estimations sont inférieures aux indications du catalogue, de 10 à 20% suivant les cas.» A son avis, le niveau reste encore élevé; il serait donc intéressant de vendre maintenant, avant que la décrue ne s'accentue.
En ces jours d'incertitude financière, le diamant remplit effectivement le rôle de valeur refuge qu'on lui prête traditionnellement. Mais ce mouvement ne suffit pas à compenser la baisse entraînée par l'ensemble du marché. Ni Eric Valdieu ni son collègue et archiconcurrent David Bennett, président du département de haute joaillerie pour l'Europe et le Moyen-Orient de Sotheby's, ne constatent la moindre panique. Mais un attentisme prononcé chez les acheteurs professionnels et une prudence accrue chez les acheteurs privés.
«La crise financière actuelle ne me préoccupe pas outre mesure. J'ai fait l'expérience de deux ou trois récessions au cours de ma carrière», raconte David Bennett, pour qui les dates de 1990, 1993, 1995, années difficiles, furent aussi celles d'excellents coups. «J'ai constaté qu'à ces moments-là précisément, les beaux objets se vendent particulièrement bien. Pour les bijoux rares, signés, les pièces d'exception, je reste donc optimiste.» Eric Valdieu confirme: les baisses varieront suivant les objets. «Alors qu'un bracelet Cartier art déco, très typé, perdra 10 à 20% de sa valeur, celle d'un diamant de 5 carats, rond, couleur D pur, pourra subir une dégringolade allant jusqu'à 40%.»
L'un et l'autre ont préparé ces ventes plus difficiles que prévu avant la débandade bancaire et ne sont pas peu fiers de leurs menus respectifs. Christie's propose deux collections de bijoux privées remarquables dont l'estimation totale s'élève à 10 millions de francs. Parmi les autres pièces figure un saphir de 42,28 carats d'un bleu parfait, d'une excellente pureté, d'une taille élégante et rare: «Le plus beau que j'aie jamais vu», déclare Eric Valdieu. Sotheby's n'est pas en reste avec son Lesotho 1 de 71,73 carats, de taille émeraude, extrait d'un diamant brut de 601 carats. Et ce, à l'heure où le marché se montre pauvre en pierres importantes. Car les producteurs, comme les pétroliers, jouent la carte de la rareté.
Quels clients sont attendus à Genève? Une palette d'acheteurs internationaux parmi lesquels les Européens, moins atteints par la crise, paraissent bien placés. Et sans doute moins de Russes fortunés frappés, eux, de plein fouet. Ces derniers avaient fait les beaux jours de certaines ventes de montres; aujourd'hui, ils ne sont pas attendus en nombre sur ce marché. Aurel Bacs, membre de la direction de Christie's Suisse, spécialiste du domaine horloger, estime que l'affluence ne fléchira pas. Les vrais amateurs ne se retirent pas; beaucoup de collectionneurs qui étaient sous-enchérisseurs espèrent accéder enfin au marché à la faveur de la situation actuelle. La force retrouvée du dollar et du yen devrait les aider. «Je suis d'un optimisme réservé. Pour l'heure, je constate peu de baisse et je ne vois pas de vendeurs désireux de se défaire à tout prix de leurs montres. Mais j'observe la plus grande prudence.» Les pièces d'exception sont les plus recherchées mais ne sont pas forcément les plus chères, fait-il remarquer.
Son catalogue, composé avec une finesse consommée comprend plus de 400 pièces, chiffre considérable, et répond aux intérêts les plus variés: beauté, originalité, raffinement technique, histoire. Mais pas de «lot phare» ni de montres atteignant des prix astronomiques; les plus importantes oscillent entre 600 000 et 1 million de francs. Sotheby's joue également la carte de la diversité quoique sur une gamme réduite de 200 lots. Le talent et la responsabilité des maisons d'enchères sont mis au défi. Ce que François Curiel, président de Christie's Europe, résume ainsi: «Je ne vois pas de crash à l'horizon, mais un réajustement des prix dans tous les domaines. A nous de nous adapter, de réduire la voilure et de diminuer nos frais. Et surtout de conseiller nos clients vendeurs en leur suggérant des estimations adaptées au marché. Aujourd'hui, ce sont les acheteurs qui dictent les prix.» http://www.letemps.ch/template/culture.asp?page=10&article=243914
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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