De toute façon, s'il faut trouver un coupable, ce n'est ni le président de telle ou telle marque ou l'ouvrier chinois qui bosse au lance pierre, mais le système capitaliste lui même qui pousse les marques à produire le moins cher possible. Il suffit de lire un "que sais je" d'économie pour comprendre la division du travail, la mondialisation des systèmes productifs, phénomène déjà ancien : le coton indien qui alimente les premières usines de textiles anglaises. Aujourd'hui, c'est encore plus poussé : dimanche dernier, reportage sur l'iphone. Conçu en Californie, produit en Chine, vendu dans le monde entier. Il est quoi alors ? Chinois ou américain ? Au fond on s'en fout pas mal.
Et bien alors pourquoi on parle encore de manufacture, de swiss made ? C'est l'effet terroir. On ne sait plus ce qu'on bouffe, comme dans les KFC, chaine américaine où on mange une recette mexicaine avec un poulet allemand. Donc on s'accroche à des valeurs "sûres" : les AOC, label rouge, etc... jusque aux fermes auberges du Sud Ouest où on mange les poulets de la basse cour avec les patates du potager et un vin "du coin". La manufacture authentique. Sauf que voilà, ce système, avec 6 milliards d'humains, ça marche plus. Si chacun élève son poulet, on s'en sort plus. Faut diviser tout ça.
Le label swiss made tient au crédit qu'on accorde à la qualité suisse, mais aussi au fantasme qu'on y fait dessus, l'histoire de l'horlogerie. Certes, les mouvements sont encore fabriqués et assemblés en Suisse, mais les boitiers, bracelets, bref, tout ce qui est de faible valeur ajoutée, est produit en Chine. Pour nous amateurs, c'est triste à accepter, mais c'est comme ça, et on peut pas revenir en arrière. Le monde, il est pas tout beau, tout suisse. Il arrivera peut être un jour où les chinois produiront de vrais mouvements de qualité. Pour l'instant, ils en sont encore au même niveau que le Japon des années 50-60. Mais ce jour là, que deviendra l'horlogerie suisse ? Et bien elle devra s'adapter, innover. C'est le système dans lequel on vit.