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Elle marie ergonomie, anthropologie et design
CAROLE BAUDIN La Franco-Chilienne a pris ses quartiers à La Chaux-de-Fonds et au Locle en mars dernier. (CHRISTIAN GALLEY)Carole Baudin, une Franco-Chilienne, vient renforcer la recherche au sein de la Haute Ecole Arc. Ses compétences dans les domaines de l'ingénierie et du design seront aussi utiles à la formation. Rencontre.
«Ce n'est pas dur, parce que d'un point de vue professionnel, je suis dans une équipe qui fait ce que je défends depuis toujours.» Carole Baudin a débarqué du Chili en mars dernier à La Chaux-de-Fonds avec son mari et sa fille Nina. Docteure en anthropologie sociale, elle est la nouvelle recrue de l'Institut d'horlogerie et création de la Haute Ecole Arc ingénierie.
Niort, Poitiers, Paris, Barcelone, Paris et Santiago du Chili. Les premières étapes du parcours de Carole Baudin ne sont pas banales (voir ci-dessus). «Elle a beaucoup travaillé dans les mondes de l'ingénierie et du design. Les gens qui ont cette double formation sont rares», commente Philippe Geslin, responsable de l'unité de recherche Edana (laboratoire de recherches en anthropologie) de l'institut.
«Philippe Geslin cherchait quelqu'un qui ait ses trois dimensions», explique Carole Baudin, à savoir l'anthropologie, l'ergonomie et le design. Concrètement? «Non seulement, on introduit dans le savoir-faire de l'ingénieur les dimensions humaine et environnementale, mais aussi comment on pense à l'Homme derrière l'objet, comment avec des connaissances sur la dimension sociale on peut concevoir des objets plus humains.»
La formation d'ingénieur-designer, qui a vu le jour au sein de la Haute Ecole Arc il y a un peu plus de trois ans, est un des atouts de l'établissement. Chaque année, le recrutement d'étudiants est un succès. «Cette formation est innovante parce qu'elle prend en compte le design. C'est rare. J'ai déjà une étudiante du Chili, qui vit à Prague, qui veut s'inscrire.» Carole Baudin constate d'ailleurs que ce type de cursus, «en Espagne, ça n'existe pas. En France, une formation d'ingénieur en 3 ans pas davantage», dit-elle.
A peine arrivée, elle n'a pas eu le temps de souffler. «Pour le moment, je suis en train de développer un projet sur la capitalisation des savoir-faire. Ça correspond à une demande et intéresse les entreprises, notamment horlogères», explique-t-elle. Plus précisément, ça touche à la conservation des savoir-faire traditionnels, à la manière de les transmettre, d'innover aussi. L'industrie horlogère? «C'est une nouvelle culture. Le monde horloger, je suis en train de faire sa connaissance petit à petit.»
Son expérience ne lui sera pas de trop. L'an dernier, elle a mené un projet de recherche d'amélioration de conception de produits pour les PME. «Le design, là-bas comme dans la plupart des pays, c'est considéré comme de l'art plastique.» Elle a dû se battre pour convaincre. Ses six premiers projets n'ont pas passé la rampe, le septième oui. «Au bout de 7 ans, j'ai compris la logique. J'avais la chance d'avoir trois entreprises derrière moi. Les industriels ont plus foi dans le design que l'université. Au Chili, les PME sont les forces vives du pays.» Sur ce plan-là, dans le canton de Neuchâtel, elle ne sera pas dépaysée.
Il n'a pas été difficile de la convaincre de rejoindre les Montagnes neuchâteloises, une région qu'elle ne connaissait pas du tout. «Au Chili, cette lutte permanente, ça m'a usé. Puis, j'avais envie de retourner en Europe.» Installée dans un appartement à La Chaux-de-Fonds, elle attend maintenant l'arrivée du conteneur renfermant ses meubles. Pas seulement. «Quinze cartons de livres me font défaut.» /DAD
DANIEL DROZ
http://www.arcinfo.ch/home/home-arc/article/267386/elle_marie_ergonomie_anthropologie_et_design.html