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Celsius X marie téléphonie mobile et haute horlogerie
[ 16/03/10 ]
Présenté à la Foire de Bâle qui s'ouvre demain, ce téléphone mobile est aussi une montre de luxe. Ses concepteurs veulent créer un nouveau marché de niche alliant le meilleur des deux univers. Il y a les marques horlogères, de plus en plus nombreuses, qui lancent des applications iPhone avec leurs derniers modèles de montres. Et puis il y a Celsius X, présenté cette semaine à la Foire de Bâle : un téléphone mobile qui est aussi un précieux garde-temps. Lourd dans la main, l'objet, quoique discret, ne passe pas inaperçu : habillé de verre saphir, caréné titane et ébène, il affiche les rouages d'un tourbillon inséré dans son clapet.
Du grand luxe puisque ce modèle ne sera vendu qu'à 50 exemplaires pour la somme de 250.000 euros, le prix d'une maison ! Un coup d'éclat pour ce coup d'essai destiné à alimenter le buzz autour de la jeune start-up qui l'a conçu, avant le lancement, en fin d'année, d'un autre modèle moins cher, nom de code : « B + ». Commercialisé, comme le Celsius X, chez quelques détaillants horlogers de prestige type Dubail ou Arije à Paris, ce dernier est tout de même annoncé autour de 50.000 euros !
A l'instar de Vertu, pionnier de la téléphonie de luxe, Celsius vise «
une clientèle d'hommes qui ont plusieurs terminaux mobiles et pour qui le téléphone constitue, comme les montres ou l'automobile, un élément de statut social », explique Edouard Meylan, à l'origine de ce projet un peu fou aux côtés de trois amis, ingénieurs et diplômés d'école de commerce.
Le jeune homme (Polytechnique Lausanne, MBA Wharton) a de qui tenir : sa famille est actionnaire de l'horloger suisse Audemars Piguet. Faire partie du sérail ne les a pas empêchés de se heurter à de nombreux obstacles au cours des quatre années nécessaires au développement de leur concept. Richard Mille, lui, y a cru. L'homme qui a révolutionné l'horlogerie de luxe de ces dix dernières années est en effet entré au capital de Celsius en 2008, contribuant à crédibiliser le projet. D'autres aussi, comme Sagem Wireless ou encore la Confrérie Hublot, filiale de
LVMH (propriétaire du Groupe Les Echos) spécialisée dans la mise au point de mouvements à complications, que la start-up compte parmi ses fournisseurs.
Antithèse de l'iPhoneCelsius X se propose en fait de marier le meilleur des deux univers, téléphonie et mécanique horlogère,
« avec aussi peu que possible d'électronique », assure Edouard Meylan, qui voit dans ses téléphones l'antithèse exacte de l'iPhone.
« Celsius se concentre sur quelques fonctions essentielles : téléphonie, photo et messagerie. Nous n'avons pas prévu de GPS et l'accès à Internet n'est pas prioritaire », dit-il rappelant que la clientèle visée a déjà tout ce qui lui faut dans ce domaine. Pas d'applications téléchargeables, mais un téléphone rendu autonome par la récupération de l'énergie cinétique liée à son utilisation, un peu comme une montre automatique se remonte toute seule grâce aux mouvements de celui qui la porte. C'est en tout cas l'objectif visé
Certains composants ont été « micromécanisés » comme le connecteur de charge, le clapet de carte SIM ouvert à l'aide d'un petit bouton ou encore celui de la batterie qui s'éjecte toute seule du téléphone. Rétro ? Edouard Meylan réfute le terme :
« Chaque fois que nous le pouvons, nous ennoblissons les composants à la manière de l'horlogerie de luxe. » Idem pour les accessoires, eux aussi repensés : le kit mains libres ressemble à une pince de cravate et l'étui de protection du téléphone se porte sous la veste façon holster pour ne pas déformer ses poches.
Marché de niche s'il en est, la téléphonie de luxe (à partir de 1.500 euros prix public) est difficile à cerner. Les dirigeants de Celsius l'évaluent entre 2 et 3 milliards d'euros cette année. Dans le sillage de Vertu et de Modelabs qui travaille, lui, en marque blanche pour le compte de maisons de mode (Dior, Versace) ou horlogère (Tag Heuer), d'autres se sont lancés, tels Ulysse Nardin et des « suiveurs » comme Gresso ou Mobiado, qui surfent sur la demande provenant pour l'essentiel du Moyen-Orient et de Russie. Quant à la gamme Celsius, c'est en fait une trilogie avec la sortie déjà programmée de deux autres mobiles, le « VI » en 2013 et le « II » en 2015, l'un et l'autre dotés de complications. On n'en saura pas plus.
VALERIE LEBOUCQ, Les Echos http://www.lesechos.fr/info/metiers/020391276385-celsius-x-marie-telephonie-mobile-et-haute-horlogerie.htm