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Codex, une nouvelle collection de montres sino-helvétiques
par Yann Le Houelleur
Le propriétaire de ces montres haut de gamme dont la première boutique ouvre ses portes à Lucerne le 7 août est en réalité un investisseur chinois. Produites en Suisse, les «petites merveilles horlogères» ne vont pas tarder à être aiguillées, aussi, vers des marchés fort lointains. En réalité, les Chinois ont déjà mis un solide pied dans l’industrie horlogère helvétique.
«Nous avons le plaisir de vous inviter à l’inauguration de notre première boutique à Lucerne, le 7 août à 14 h.»L’expéditeur de cette invitation, par ailleurs disponible sur Facebook, est-il suisse ou chinois? Les deux à la fois! C’est en effet sur les rives du Lac des Quatre Cantons, dans une ville connue pour son pont couvert tout en bois, égayé par des bacs de géraniums, que sera lancée une collection de montres, Codex. Une collection qui fait parler d’elle dans les médias helvétiques !
En réalité, le propriétaire des trois lignes de montres portant la nouvelle griffe Codex est un groupe chinois coté à Honkkong, en l’occurrence China Haidian Holding Ltd. Pour la conception de ces nouvelles «petites merveilles horlogères» made in Switzerland, il a fait appel aux connaissances, sur le terrain, de sa filiale Ebohr. Situation un peu compliquée, il est vrai: située à Bienne, dans le Jura, cette entreprise se consacre à la fabrication et à la distribution à grande échelle (650.000 unités par année) de montres bas de gamme.
A présent, c’est au marché haut de gamme que s’attaque Ebohr, qui pour la mise en route de Codex a fondé une autre société locale, Swiss Chronometric, dont quatre des cinq membres du conseil d’administration vivent en Chine.
Leur prix : 1700 à 57.983 eurosDotées principalement de mouvements ETA (un manufacturier suisse), les montres portant la marque Codex ne seront pas à la portée de monsieur Tout le Monde. Leur prix doit se situer dans une fourchette de 2.400 à 80.000 francs (1.700 à 57.983 euros, selon le cours du change au 6 août 2010). L’usine de Swiss Cronometric dans le canton du Jura emploie initialement dix personnes, des effectifs qui devraient passer à 25 personnes en octobre prochain, ainsi que le relate le quotidien romand
Le Temps.
Outre cette première boutique ultra chic à Lucerne dans les vitrines desquelles les neiges des montagnes environnantes mêleront leurs reflets aux dorures des si chères montres sino-suisses, Swiss Chronometric commercialisera ses produits à travers un réseau de 25 détaillants en Suisse. Et les clients potentiels saliveront d’autant plus que les promoteurs de l’étincelante collection ont jeté leur dévolu sur un ex-Mister Suisse au sourire irrésistible, Robert Ismalovic, pour une campagne de publicité sur le point d'éclore.
Invité d’honneur, en décembre : le président russeAvec Codex, les Chinois voient très beau et très grand ! Une autre boutique sera ouverte à Moscou en janvier et dans cette perspective est prévue, le 8 décembre prochain, une cérémonie huppée au Beau-Rivage Palace de Lausanne. Invité d’honneur : Dmitri Medvedev. Le président russe aura tout loisir, ainsi, d’oublier la chaleur infernale sévissant en ce moment dans son pays, les rigueurs de l’hiver suisse s’avérant revigorantes.
Puis Codex fera son entrée en fanfare sur le marché chinois, avec l’ouverture en 2011 de deux boutiques, l’une à Shangaï, l’autre à Pékin.
Polémiques dans la presse suisseCette manière certes discrète mais décidée qu’ont les Chinois de se servir de la réputation des montres helvétiques a déclenché toute une polémique dans la presse suisse. Patron de l’horloger Hublot, établi à Nyon (canton de Vaud), Jean-Claude Biver a déclaré au journal à sensation
Le Matin :
«Après tout, personne ne s’émeut que Cartier et Vacheron appartiennent au groupe Richemont détenu par la famille Rupert, sud-africaine».
Le Temps, lui, a rappelé que les Chinois avaient déjà planté leurs aiguilles dans maintes sociétés horlogères de la Confédération helvétique, en particulier Universal Genève et Technotime. Ce dernier est un sous-traitant spécialisé dans les mouvements à quartz et mécaniques, jadis une société franco-suisse, dont l’un des sites de production près de Besançon a dû mettre la clef sous la porte en 2009.
http://www.usinenouvelle.com/article/codex-une-nouvelle-collection-de-montres-sino-helvetiques.N136540