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 Les montres de poche militaires : De vraies guerrières

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ZEN
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ZEN


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MessageSujet: Les montres de poche militaires : De vraies guerrières   Les montres de poche militaires : De vraies guerrières EmptyMar 15 Aoû - 0:38

Les montres de poche militaires : De vraies guerrières













Dès le milieu du 19ème siècle, la montre de poche s’est modernisée et l’industrie horlogère naissante en a fait des instruments de précision, en généralisant la montre à ancre qui a progressivement remplacé la montre à cylindre et en cultivant l’interchangeabilité des pièces, condition essentielle de la réussite industrielle de ce secteur d’activité.  



Si la montre à ancre de 15 rubis précise à la minute par jour se répand tranquillement, les manufactures s’attèlent également à proposer des montres dotées de Bulletins de marche (chronomètres) pour lesquelles la précision est supérieure à une dérive de trois puis d’une minute par semaine.


La première guerre mondiale va avoir sur l’horlogerie deux conséquences particulières :
-Les armées vont se doter massivement de montres jusqu’à étouffer la capacité de production de certaines manufactures notamment aux Etats-Unis. Elles vont ainsi provoquer un afflux énorme de commandes qui va occuper une grande partie de la production suisse. Les Anglais, les Allemands, les Français, les Américains, les Italiens vont ainsi porter des montres sorties des mêmes manufactures et avec des cahiers des charges extrêmement  proches.

-On a coutume de considérer que les montres vont passer de la poche au poignet durant la grande guerre. Les dates des dépôts de brevets démontrent que l’industrie horlogère avait commencé à produire des montres bracelet pour hommes quelques années avant la guerre. Sans nul doute, celle-ci fut-elle déterminante pour convaincre les soldats que la montre bracelet était plus pratique à porter que la montre de gousset difficile à aller chercher sous la redingote.
Malgré tout, la montre de poche a conservé pour les versions militaires une véritable supériorité lors de la grande guerre. Au cours de la deuxième guerre mondiale, elle resta un outil recherché pour sa fiabilité et sa précision même si elle cohabita avec des montres bracelets officiellement certifiées par les armées.  
Terre, air ou mer.



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Les trois corps militaires, terre, air et mer furent immédiatement intéressés par les montres de poche. Elles furent ainsi reconnues comme des instruments essentiels pour la reconnaissance aérienne. Les Anglais notamment calaient des montres de poches dans l’axe d’appareils photographiques embarqués à bord d’avions militaires pour mesurer la vitesse à laquelle les troupes ennemies se déplaçaient sur le terrain.   La montre calée en face de l’objectif apparaissait en bas de l’image lors de la première prise de vue. La position était alors soigneusement notée, le cas échéant avec des points de repère au sol, arbres, rochers, monuments.  Une seconde photo était prise ensuite un peu plus tard, des troupes en déplacement et grâce à d’autres points repérés, on connaissait en fonction de l’heure photographiée, la vitesse à laquelle les armées avançaient.

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Les montres étaient dotées d’aiguilles dites poires « un peu spéciales » et très épaisses pour compenser le flou potentiellement dû aux vibrations de l’appareil. Peintes en blanc sur des cadrans noirs ou en noir sur des cadrans blancs,  la lisibilité était optimale et le risque d’erreur quasiment réduit à rien.  
Ces pièces étaient particulièrement solides pour résister aux atterrissages parfois violents des appareils qui les transportaient. Un verre très épais et des boites solides, monobloc, fraisées dans la masse les plaçaient à l’abri des chocs et des poussières.  Cyma, Tavannes, Longines et Zenith notamment furent de grands pourvoyeurs de ces pièces.  



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Les troupes au sol avaient de leur côté,  des montres souvent réservées aux officiers et aux sous-officiers qui permettaient de synchroniser des actions et de répondre aux ordres de l’Etat-major.  Souvent en acier et achetées au meilleur marché, elles étaient dotées de mouvements performants. On rencontre même des chronographes destinés aux artilleurs et pour lesquels certaines maisons affichent clairement la destination. C’est le cas par exemple de LIP qui mena en temps réel, plusieurs campagnes de promotion pour ses montres à vocation militaire. Les manufactures suisses étaient sur ce terrain plus discrètes, neutralité oblige, mais n’en étaient pas moins actives. Certaines maisons étaient mêmes transformées en consortium d’armement en produisant des armes faites de laiton horloger à côté des montres.





Les besoins horlogers américains


La fin de la première guerre mondiale vit les Américains débarquer en Europe avec les Signal corps et les Corps of Engineers.  Les premiers étaient chargés de rétablir les communications détruites et les seconds d’aider à la reconstruction des ouvrages d’art et des routes, essentiels à la reconstruction des villes en ruines.
Les Américains lorsqu’ils furent expédiés vers l’Europe n’avaient pas matériellement le temps d’attendre que les manufactures américaines produisent d’immenses quantités de montres nécessaires à chaque soldat et ingénieur. Si des firmes comme Elgin, Waltham ou Hamilton ont pu équiper quelques unités, il fallut commander aux firmes suisses des montres bracelets et des montres de poche.





Pour les Signal corps, les deux types de pièces furent sollicités auprès des plus grandes maisons.  Tissot, Zenith, Omega, Longines, Cyma furent ainsi entre autres manufactures, chargées de livrer les Américains. Pour éviter que ces montres produites à un prix préférentiel ne se retrouvent dans les ventes de montres destinées aux personnes civiles, les manufactures en marquaient les cadrans du nom des « Signal Corps ».  Les versions bracelets, un peu plus rares pour ces unités, sont souvent également gravées sur le fond. Pour ce qui est des corps of Engineers, Hamilton fut chargé de répondre à quelques commandes mais l’essentiel des besoins fut réparti auprès des firmes suisses. Zenith, Ulysse Nardin, Vacheron  & Constantin et dans une moindre mesure IWC devinrent les fournisseurs attitrés des Corps of Engineers.  
Le volume exceptionnellement imposant et l'urgence affectée aux délais de livraison eut pour conséquence qu’Ulysse Nardin et Vacheron & Constantin se tournèrent vers des sous-traitants pour les aider à produire les commandes en respectant les contraintes calendaires imposées par l'US Army. A l'inverse Zenith, très bien structuré pour des fabrications en volume et qui disposait d'un stock important de calibres, fut en mesure de produire en interne toutes les pièces qui lui étaient commandées, boites comprises. La manufacture du Locle avait une aptitude d'autant plus souple à se conformer sans recours à l'extérieur aux besoins de telles commandes qu'elle disposait d'une autonomie quasi-totale dans la fabrication des boîtes, grâce à son atelier intégré et n'était donc que très peu dépendante des sous-traitants.


Ulysse Nardin livra ainsi les Corps of Engineers  avec des montres d’aspect identique (cahier des charges oblige) mais avec des mouvements de trois origines différentes dont deux extérieures à la marque.  Les Corps of Engineers avaient un goût manifeste pour les belles montres si l’on en juge au choix quasi systématique de boites en argent à 900 millièmes.


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Le modèle Zenith

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La version d'Ulysse Nardin





La première guerre mondiale fut un extraordinaire accélérateur pour l’industrie horlogère. Les firmes d’ailleurs affichaient à la fin de la guerre des chiffres d’affaires tout à fait éloquents quant aux bénéfices qu’elles avaient pu tirer des quatre années de conflit.
Entre les deux guerres, les commandes des armées furent logiquement plus réduites mais les firmes horlogères continuèrent à créer de nouveaux modèles à destination des militaires soit sur la base de commandes, soit en prenant l’initiative de proposer des nouveautés. L’année précédant la seconde guerre mondiale s’avère riche de ces créations.

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Ulysse Nardin fournit ainsi une montre avec un mouvement de qualité chronomètre à l’Armée Française. Une recherche dans les livres de la manufacture permet d’établir que ce mouvement fut produit dans une quantité limitée notamment en 1919. Ulysse Nardin en dénombre 4484 exemplaires dont moins de 1000 furent livrés dans des montres fabriquées pour le Ministère de la Guerre. Ce chiffre reste toutefois théorique.  Livrées par cartons de 6 pièces, ces montres avaient la particularité de disposer d’un joint d’étanchéité et d’un fond vissé avec six encoches permettant un serrage parfait au moyen d’une clé ou le cas échéant avec la main. La mention « Acier inoxydable » inscrite sur le fond de la boite laisse imaginer une livraison aux armées aux alentours de 1940 et en tout état de cause avant 1948 puisqu’à partir de cette date le Ministère de la Guerre (mention MG gravée sur les boites et le cadran) devint celui de la Défense Nationale. Le cadran en émail était directement numéroté au moment où les chiffres et les minutes en chemin de fers étaient peints de sorte que la numérotation ne pouvait être effacée par exemple pour donner une « vie civile » à la montre. Le mouvement de 19 lignes est particulièrement bien fini. Outre un anglage soigné des ponts, la plaque de contre pivot et le contre pivot à l’échappement dénotent une finition haut de gamme. La dorure de grande qualité avec un aspect sablé « fin » supprime les reflets disgracieux sur le mouvement comme si ses concepteurs avaient imaginé que l’esthétique des calibres serait un jour un critère étudié. L’empierrement de la montre est à noter car garant de qualité, il est aussi générateur d’un surcoût qui ne semble pas avoir fait reculer les services des armées. Le balancier bimétallique de grand diamètre achève de convaincre de la conception exceptionnelle de ce mouvement.



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L’armée est exigeante. Les pièces Ulysse Nardin sont des montres d’éclaireur. Leur fiabilité est essentielle et lorsque la seconde guerre mondiale éclate, les commandes faites aux manufactures portent sur des pièces précises le plus souvent offrant une précision de l’ordre de la minute par semaine. Ces montres militaires vont avoir de multiples usages. D’autres marques françaises cette fois comme Airin et Dodane seront aussi sollicitées pour des montres bracelet et des montres de poche, notamment des chronographes.


Les mythiques GSTP anglaises
Au cours de la Seconde guerre mondiale, l'Armée anglaise, qui s'était surtout consacrée, au titre de ses achats de pièces d'horlogerie, à équiper son armée coloniale, fut confrontée à un énorme besoin en montres pour les hommes du rang. Elle fit donc appel à plusieurs manufactures suisses et américaines pour la dotation de ses hommes en pièces d'horlogerie fiables, précises et de bonne qualité de finition. L’armée anglaise sera l’une des plus grande clientes des manufactures suisses. Les montres qu’elle commande connues des amateurs sous le nom de G.S.T.P. ou G.S/T.P., abréviation de "General Service - Trade Pattern" ce qu'on peut traduire par Usage Général Modèle Temporaire, furent livrées aussi bien par Jaeger LeCoultre, Cyma, Tavannes, Tissot, Damas, Grana, Helvetia (Général Watch), Rolex, que par des maisons comme Omega, Cortébert, Buren, Doxa, Elgin, Leonidas, Record, Lémania, Thommen, Recta, Unitas, FEF, Marvin, Moeris, Montilier, Waltham ou encore Zenith.

Certaines manufactures ne furent pas en mesure de faire face aux volumes de commandes passés par les Anglais et firent appel à des sous-traitants fournisseurs d'ébauches, tandis que des rhabilleurs livraient également des montres avec des cadrans anonymes et simplement la mention "Swiss made" à 6 heures. Qu'elles fussent d'origine suisse ou américaine, les montres répondaient strictement au cahier des charges de l'Armée britannique.


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Noirs avec des chiffres blancs ou blancs avec des chiffres noirs et parfois un compteur de seconde blanc sur fond noir, les cadrans comportaient en général un marquage avec une peinture luminescente au radium. L'application de cette peinture semble souvent très artisanale avec des débordements des chiffres dessinés sur les cadrans. Cela encourage à imaginer l'urgence dans laquelle ces montres durent être produites et le fait que les cadrans durent être peints directement à domicile par les assembleurs de ces montres. Caractéristique notable, les aiguilles de trotteuses sont sur la plupart des modèles de type tout à fait classique.


La majorité de ces pièces est dotée de mouvements de 18, 25 lignes à 19 lignes, 15 rubis et donc sans empierrement au centre et malgré tout de mouvements de qualité. Certains sont dorés, d'autres rhodiés et au mieux, rhodiés avec une décoration des ponts de type "côtes de Genève". Le fond peut être vissé mais il est plus fréquemment clipsé sur les modèles les plus courants. Chaque pièce est gravée de la Broad Arrow au moins sur le dos et parfois également sur le cadran. La mention GSTP est suivie d'une référence d'inventaire distribuée chronologiquement. Certaines montres furent livrées avant la guerre et d'autres, dans une bien moindre mesure, après la guerre. En effet, dès 1946, l'Armée anglaise a commencé à revendre ses surplus de montres tout en stockant certaines qui furent par la suite recyclées, notamment pour les services hydrographiques de la Navy. Pour autant, ces pièces seront utilisées jusqu'à la seconde moitié des années 50.

Les boîtes de type anglais, avec une grosse couronne ronde, sont souvent nickelées, de petite qualité et de taille classique, aux alentours de 52 mm pour les 19 lignes et 50 mm ou un peu moins pour les pièces dotées de plus petits mouvements.

Les pièces de poche furent utilisées aussi bien par l'Armée de terre que par la Navy britannique. La Marine fut chronologiquement le dernier des corps militaires à utiliser des pièces de poche. L'Armée de terre s'équipa en effet,  plutôt de montres bracelets davantage pratiques, pour les hommes du génie notamment. Même si, dès la Première guerre, les montres bracelets font leur apparition au poignet de certains militaires, elles ne sont pas encore généralisées au début de la Seconde guerre mondiale. Il est rare que l'équipement en pièces horlogères soit une priorité militaire en dehors des périodes de conflits. Les pièces de poche sont donc largement répandues dans tous les corps de l'Armée anglaise, y compris bien avant la Seconde guerre, dans les espaces coloniaux où l'on retrouve des pièces de moindre qualité, notamment des montres à non plus 15 mais simplement 7 rubis, qui pèsent beaucoup moins dans le budget militaire. Ces pièces réglementaires sont d'ailleurs millésimées sur les cadrans.

Des chronomètres Jaeger LeCoultre dans l’armée anglaise







Après 1943, Jaeger LeCoultre livra à l'Armée britannique un important lot de montres de poche en laiton chromé dotées Calibre 467 fabriqué dans les ateliers du Sentier. Une partie des livraisons était destinée à l'Armée de terre (Montres gravées G.S.T.P. surmonté de la Broad Arrow), et la seconde partie à la Royal Air Force (gravées 6E/50), pour son personnel au sol. Ces montres n'ont pas été utilisées par le personnel volant de l'Armée britannique. Elles sont issues d'un programme lourd d'équipement des militaires de l'Armée de terre anglaise qui déboucha sur des commandes simultanées auprès de plusieurs grandes maisons.  Outre ses troupes postées en Europe, l'Armée anglaise s'est beaucoup consacrée à équiper son armée coloniale. Elle fit appel à plusieurs manufactures suisses et américaines pour la dotation de ses hommes en pièces d'horlogerie fiables, précises et de bonne qualité de finition. Si l'Armée anglaise a commandé pour ses sous-marins certaines pièces avec des calibres de 21 rubis, la plupart des montres militaires anglaises furent livrées en 7 ou 15 rubis notamment en Inde.  Les hommes du rang et les sous-officiers disposaient de montre à 7 rubis (réputées être précises à 5 minutes par semaine) tandis que les officiers se voyaient en général remettre des montres dotées de mouvements de 15 rubis précis à 1 minute par semaine.




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Le marquage des pièces s'est fait exclusivement sur le fond de la montre avec rappel du numéro d'inventaire, ce numéro pouvait être complété d'un rappel sur la carrure en général à 3 heures. Le cadran, enfin, mentionnait la marque juste au-dessus du compteur de secondes et à midi une inscription de millésime correspondant à l'année de mise en service de la montre.







Les montres livrées à l’armée allemande





Longines, IWC, Lémania et Zenith fournirent à l’armée allemande des montres de poche innovantes. Etanches grâce à des joints en cuir ou en plomb, certaines d’entre elles renfermaient les premiers systèmes « antichoc ».



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Zenith exploita par exemple, une griffe parechoc sur son calibre 193 intégré aux montres livrées à la Wehrmacht. Les boites des Zenith étaient si épaisses qu’il semble inimaginable qu’un choc puisse les déformer. Longines dans le même temps proposait sur son calibre 19-71 N de 19 lignes, une raquette très sophistiquée habituellement réservées aux chronomètres de la plus haute qualité. L’armée allemande plaçait manifestement au plus haut niveau son exigence de précision des pièces qui lui étaient livrées. Lémania livra de nombreux chronographes. La manufacture maitrisait avec excellence ce type de montre. IWC proposait des montres extrêmement précises et prisées des Allemands. La marque était, il faut le souligner très implantée commercialement en Allemagne bien avant la guerre.  

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Zenith livrée à l'armée polonaise




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Les firmes horlogères américaines au service des armées


Si les Suisses fournissaient largement les armées européennes, les Américains devinrent eux aussi des fournisseurs habituels non seulement de l’armée américaine bien évidemment mais aussi de l’armée anglaise. La firme Hamilton fut ainsi un fournisseur habituel de la Royal Air Force. Hamilton consacra toute son énergie et ses moyens à la production de montres militaires. Chaque soldat devait avoir sa montre et la firme produisit en très grande quantité des montres bracelets mais aussi des chronographes mis au point en moins de 2 ans et un chronomètre de marine d’une précision tout a fait exceptionnelle. Hamilton releva ainsi le défi du gouvernement américain qui voulait pour ses armées un chronomètre de marine produit sur le sol américain et d’une qualité comparable aux meilleures pièces suisses.
Avant 1941, les firmes horlogères américaines ne sont pas encore prêtes et la Navy va devoir se fournir en Suisse pour disposer de chronomètres de marine. C'est une compagnie de Chicago qui va servir d'intermédiaire à Zenith. Les Suisses ne peuvent en effet livrer directement la Navy car seule une compagnie américaine est habilitée par la loi américaine à le faire.





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Vail Watch C° fait upgrader des calibres de 7 rubis prévus pour des tableaux de bord d'automobiles afin d'équiper des chronomètres de marine disposant d'une réserve de marche de 8 jours. Redoutablement précis, ces petits chronomètres de marine seront jusqu'en 1941, quasiment les seuls à équiper les navires de l'US Navy. L'armée américaine avait toutefois anticipé ses besoins et avait lancé un concours auprès des firmes nationales pour disposer d'instruments de mesure du temps fiables.
Aucune firme américaine ne s'était jamais intéressée à ce type de produits. Les bureaux d'études d’Hamilton particulièrement performants, mirent au point en quelques mois des mouvements aussi efficaces que leurs homologues suisses et supplanta la concurrence américaine. La manufacture de Lancaster se mit dès 1941 à livrer non seulement l'armée américaine mais aussi à répondre aux sollicitations de la marine anglaise. Ses calibres 21 et 22 allaient démontrer des qualités chronométriques exceptionnelles et ouvrir à Hamilton un extraordinaire marché. La firme produit jusqu'à la fin de la guerre jusqu'à près de 500 chronomètres de marine par mois soit davantage que toutes les firmes suisses réunies pour une année.



Le calibre 22 va vite s'imposer comme le mouvement phare d'Hamilton. Précis, solide, fiable, son grand diamètre "Size 35" en fait un calibre exceptionnel. Inadapté pour des montres de poche car trop large, il est en revanche parfait pour les montres de bord et Hamilton va le livrer dans une double boite en bois pour le protéger. Son utilisation à plat recommandée pour optimiser la précision et le rembourrage de ses boitiers le rendent peu sensible aux perturbations qui peuvent en altérer la marche.  Cette montre au-delà de tout équipement radio à bord donne la garantie à bord des navires de détenir une heure juste, celle-ci permettant de synchroniser les interventions et donc les montres de tous les militaires. En cas d'avarie électrique, cette heure juste permet aussi de repérer la longitude, condition essentielle de la navigation maritime.



Le boitier de la montre, taillé dans la masse, est travaillé par Keystone, grand fabricant de boite de l'époque, sur une Base métal. Le calibre comporte 21 rubis et comme il fut quasi-exclusivement livré aux armées, il mentionne son appartenance à L'US Navy BU. Il est ajusté en températures et 6 positions. Le fond de boite gravé précise " Bureau of Ships - US Navy, un numéro de référence et l'année de mise en service (ici 1943) Il comporte enfin la rare mention sur une montre américaine - Chronometer Watch". La réserve de marche est proche de 60 heures mais la précision n'est garantie que sur 56 heures. La montre est imposante et massive, évidemment sans bélière. Ces montres étaient vérifiées de manière draconienne. Elles sont restées en service jusqu'aux années 50.

Hamilton a réalisé un véritable tour de force en offrant aux armées des instruments de mesure du temps très précis. La manufacture durant la seconde guerre mondiale n'a quasiment plus produit que pour l'armée, sacrifiant sa clientèle civile. Elgin, Waltham eurent une logique industrielle approchante et personne ne se relèvera vraiment de la guerre. Sans Nicolas Hayek la marque aurait sans doute totalement disparu même si elle fut omniprésente au poignet des troupes américaines pendant la guerre du Vietnam.

Les deux guerres mondiales firent indéniablement progresser l’horlogerie dans la recherche industrielle en vue de la production à moindre coût et en grandes quantités de pièces précises et fiables. Si au cours de la seconde guerre, la montre bracelet prend le pas sur la montre de poche, cette dernière reste jusque dans les années 1950, le symbole de la garantie d’une fiabilité supérieure. Les deux guerres ont laissé des millions de montres militaires éparpillées dans le monde entier. Elles font aujourd’hui la joie des collectionneurs en demeurant dans des prix contenus jusqu’à ce que la mode ne les emporte au sommet des enchères.


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MessageSujet: Re: Les montres de poche militaires : De vraies guerrières   Les montres de poche militaires : De vraies guerrières EmptyMar 15 Aoû - 5:57

Bonjour,

La montre Longines a le même mode de réglage de la raquette que la montre Hamilton, pourquoi ?

Merci

Salutations
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ZEN
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MessageSujet: Re: Les montres de poche militaires : De vraies guerrières   Les montres de poche militaires : De vraies guerrières EmptyMar 15 Aoû - 8:12

Hamilton a beaucoup copié les Suisses. Les chronos de marine sont "inspirés " par Ulysse Nardin et effectivement cette raquette est très inspirée. Le même brevet fut en Suisse exploité notamment par Omega, Aegler, Cyma et quelques autres.

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MessageSujet: Re: Les montres de poche militaires : De vraies guerrières   Les montres de poche militaires : De vraies guerrières EmptyMar 15 Aoû - 9:41

Zen , comment les suisses, voisins immédiats des allemands, faisaient-ils lors des deux conflits mondiaux pour livrer l'Angleterre, les USA ou le Canada? Ils étaient quand même "encerclés"... En 1940 en particulier, la France occupée ne permettait pas, j'imagine, une expédition de montres à destination de l'oncle Sam à partir d'un port français.
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