Proust préférait la madeleine, moi c'est la sardine ... Histoire vécue

Cette histoire se passe en Vendée près de Saint-Gilles Croix de vie pour être précis. C'était un jeudi ordinaire de juillet, il y a quelques 20 ans et j'avais décidé d'aller comme lorsque j'étais enfant, regarder la préparation des sardines sur le port et leur mise en boite.  Il y a à Saint-Gilles des bateaux spécialisés sur cette pêche particulière. L'usine travaille portes grandes ouvertes mais on ne peut entrer pendant le travail. Je me contentais donc d'espionner tranquillement quand une dame vint vers moi et me demanda pourquoi ça m'intéressait tant. Je lui racontais donc mon souvenir de gamin et ces milliers de sardines qui défilaient sur un tapis pour se faire mettre à taille puis emboiter …

La dame m'expliqua que la technique avait peu changé et qu'entre 1970 et aujourd'hui, le gros du changement tenait à la qualité de l'huile. Autrefois d'arachides, elle était maintenant d'olives ou de colza… Les herbes aromatiques aussi fraiches… "Mais vous avez un peu de temps ? " La dame me proposa de l'accompagner chez une vieille dame qui fait ses sardines elle-même. Il était 10 heures trente et nous marchâmes 200 mètres ou un peu plus pour arriver devant une vieille maison. Une vieille dame vint ouvrir et mon accompagnatrice expliqua qu'il fallait me montrer comment elle faisait les sardines.

La vieille dame était en pleine préparation de cette spécialité qu'elle mettait sous vide après les avoir laissées refroidir. "Je ne fais pas de boite !" La vieille dame très alerte préparait les poissons et les cuisait dans un bain d'huile d'olive première pression avec des herbes qu'elle tirait de son jardin. "Le temps de cuisson est très important. Trop longtemps c'est une friture moyenne et pas assez c'est une purée de poisson pas bonne". Comme je lui demandais avec quoi elle se chronométrait, elle rit … "A l'œil et à la couleur de la chair et sa consistance…" Je n'ai pas de montre.  Ici, l'instrument de mesure est dans la tête. La dame me dit livrer des restaurants et des chefs étoilés mais je n'en sus pas plus car le secret est le secret. Je tentais d'acheter une de ses productions mais elle me dit ne jamais vendre à des particuliers. Elle m'offrit malgré tout un paquet et me proposa de gouter quelques sardines en cours de refroidissement.

Elle appliqua sur du pain frais, un filet d'huile d'olives et frotta de l'ail frais puis passa le pain sur une plancha avant de poser une demie sardine. Comme la tranche de pain était énorme et que je ne voulais pas me renverser de la sardine sur les vêtements, je sortis mon Laguiole et coupais la tartine en deux. Autant dire que le gout de ce petit casse-croute était sublime. Alors, elle sortit un petit vin blanc de pays très frais. J'en ai oublié le nom… Je me régalais et la dame me dit que j'y penserai souvent, bien plus souvent que je ne l'imaginais. Ce moment fut en effet un grand moment de sérénité intérieure et à chaque fois que j'attrape un coup de froid ou une intoxication alimentaire, j'y pense…

Ces cinq derniers jours furent une bonne occasion d'y penser. J'ignore ce que cette dame est devenue mais doute que cette pauvre dame soit toujours de ce monde. Elle avait pris le temps de me montrer son travail et la phrase qu'elle prononça lors de mon départ me trotte encore dans la tête "Si on prend le temps d'aimer les choses alors rien n'est jamais perdu". Je me disais ça il y a 3 jours avec les 40,6° de fièvre et ce soir je vais m'offrir des sardines fraiches. J'ai recherché une recette avec un temps de cuisson… Chaque recette donne un temps différent. Je vais donc faire à l'instinct et je sais que l'odeur de sardine va s'installer désagréablement dans la maison mais j'aurais pris le temps …

Ton récit de souvenirs me donne presque envie d'ouvrir une boite de sardines aussi (bon par chez moi, y'a la Belle Iloise qui fait des produits très corrects et donc simple à apprécier  )
Bonne dégustation. Et fait la recette au feeling mais rien ne t empêche de lancer un chronographe pour avoir une idée du temps ideal pour la prochaine fois 

ça m'a donné faim.

Je me contenterais d'une boite.

St Gilles Croix de Vie, sardines, vin blanc... elle est pas belle la v..!

Certains adorent les moules

J'espère que tu t'es rétabli et que les  sardines vont faire baisser la fièvre 
Une belle histoire de rencontre 
Concernant les sardines , les portugaises sont egalement réputées.  J'en avais rapporté de Lisbonne, mais au contrôle de police on ne voulait pas me laisser passer. Heureusement que je parlais un petit peu le portugais. Après avoir parlementé 10 minutes avec la fliquette, en lui demandant comment on pouvait détourner un Airbus avec 3 boîtes de sardines, elle a fini par craquer et m'a laissé passer. J'ai appris par la suite qu'elle appliquait le règlement, qui interdit les boîtes de conserve en bagage à main.

Un plaisir tout simple mais au combien délicieux !

Je me souviens des sardines à l'huile dégustées le mercredi midi chez mes grands-parents avec une baguette croustillante légèrement beurrée !!

Depuis, ce petit plaisir ne m'a pas quitté et je repense certaines fois à ces bons moments partagés avec mes grands-parents !

Comme dans la guerre des boutons je prendrai du pain et je saucerai la boite

Ah la sardine, c'est un poisson de Roi mais qui pendant longtemps a été filé aux chats.

Enfant, je me souviens d'une vieille marchande qui vendait des sardines devant les Halles de LA ROCHELLE.
Les sardines étaient présentées sur sa remorque en bois de couleur bleue.
Nous nous y arrêtions avec ma mère à la sortie de l'école primaire afin de lui en acheter quelques douzaines pour le dîner.
Mon père les faisait griller au barbecue avec du laurier ... quel festin avec du pain frais et du beurre demi-sel !!!

Mon père achetait régulièrement des dizaines de boites de sardines, qu'il entreposait les unes sur les autres dans un carton, et il stockait le carton dans la cave pendant plusieurs années, en prenant le soin de retourner le carton tous les deux à trois mois, afin que les sardines s'imprègnent de l'huile et finissent par être confites avec le temps.
A chaque ouverture d'une boite, c'était un vrai bonheur gustatif ... des sardines millésimées en quelque sorte.

Citation :

Je me souviens des sardines à l'huile dégustées le mercredi midi chez mes grands-parents avec une baguette croustillante légèrement beurrée !!

Je suis bien contente de voir que je ne suis pas la seule à manger les sardines à l'huile sur du pain beurré...

Encore une belle histoire et de beaux souvenir!

Je suis originaire de commune d'à coté, St Hilaire de Riez, j'en suis partie à 23 ans pour commencer dans la vie active. Un de mes deux grand-père était pêcheur en mer au port de St Gilles X de Vie, je ne l'ai pas connu, il est décédé six mois avant ma naissance, comme beaucoup dans cette profession à l'époque, l'alcool l'aura emporté dans la tombe.

Quand j'était gosse, nous allions souvent sur le port à l'heure ou rentrait les bateaux de pêches. Les anciens marins connaissait mon père, il l'avait vu grandir, il était aussi souvent partie en pêche avec eux, il avait d’ailleurs voulu en faire son métier mais l'école de St Gilles avait fermé deux années avant qu'il arrive à cette étape d'éducation, les moyens de mes grands-parents paternels était faible et il ne pouvait l'envoyer à l'école des Sables d'Olonne, il a donc fait un autre métier. Nous avons souvent été invité à partir avec eux en mer, ce que nous avons régulièrement accepté. L'invitation comprenant la règle de ramener le casse-croûte, nous amenions avec nous du pain, des rillettes ou du pâté maison (c'est les seuls choses que cuisinais mon père... et nous le fessions tout les deux, sans oublier une ou deux bouteilles de vin rouge. Je n'ai jamais eu trop le choix que d'en boire un fond de verre, mon père n'était pas trop pour, mais quand l'équipage insiste puisque cela ferra de vous un homme! Nous ramenions à la maisons des sardines, du maquereau, etc. Ces souvenirs me sont précieux, je n'ai en effet plus mon père.


Tout ça pour dire que de mon côté, la sardine, je la préfère grillée au barbecue, sur une tranche de pain grillé sur laquelle l'on frottera de l'ail puis ou l'on étalera du beurre salé (au gros sel de Noirmoutier hein, pas de Guérande...). Ou toujours au barbecue, nature accompagnée de pomme de terre bouillie avec un peu de beurre salé dessus.   

ZEN a écrit:

… Chaque recette donne un temps différent. Je vais donc faire à l'instinct et je sais que l'odeur de sardine va s'installer désagréablement dans la maison mais j'aurais pris le temps …

Au barbac sur le balcon ... les voisins aiment bien les sardines grillées ... si le vent est porteur !
Je vois que tu vas mieux, et c'est là l'essentiel !!
Gaffe toi tt de même des sardines : ultra fraiches, sinon ... pire qu'une moule faisandée.