Bonjour à tous, aujourd'hui c'est jour de rentrée de classes. Aussi je me suis mis en devoir de faire une petite revue de ma dernière acquisition : la Bwaf Beihai SB-18 ! (comprenez par Bwaf la Beijing Watch Factory).
Certains auront sans doute du mal à le croire mais entre l'horlogerie et la Chine c'est une vieille histoire, comme nous l'explique ICI le site Europastar.
Lancée par le gouvernement chinois en 1958, à l'initative de Peng Zhen, secrétaire municipal du parti communiste de Pékin, la Beijing Watch Factory est l'une des plus anciennes marque du pays.
Ayant toujours produit des montres mécaniques la Bwaf a survécu à la crise du quartz, surfant même dessus puisqu'elle produisit en parallèle jusqu'à 100 000 mouvements à quartz par mois au plus fort de sa production !
Il s'agit aussi d'une vraie manufacture, produisant quantité de mouvements et plus de 10 000 montres mécaniques par an (dernier chiffre connu).
La Bwaf dit fabiquer tout sur place, de A à Z (mouvements, aiguilles, cadrans, bracelets, etc.).
Depuis 2004 la Bwaf n'est plus une régie d'Etat mais une entreprise privée. Elle s'étend aujourd'hui sur plus de 100 000 m² d'usines et de bureaux et emploie environ 600 personnes. Depuis près de 60 ans elle a produit quelques 22 millions de montres et de mouvements... un autre monde...
En 1995 la Bwaf commense à developper ses propres tourbillons.
En 2003, avec l'aide d'un maître horloger chinois du nom de Xu Yaonan (ancien de chez eux), la Bwaf sortait la première montre chinoise à tourbillon (le calibre TB01).
Récemment la production s'est intensifiée, avec le développement d'un double tourbillon (calibre TB02), d'un tourbillon 8 jours (TB03), du premier tourbillon répétition minute de Chine (MRB1) et depuis 2007 d'un tourbillon orbital (TB04). En 2013 la Bwaf et Zhao Zhenling, le plus jeune maître horloger de Chine, ont dévoilé le «Wu Ji», mouvement de tourbillon triaxial, la première de ce genre dans le monde.
Je vous laisse aller voir tout ça car là je suis complètement largué mais c'est impressionnant
Contrairement à certains de ses rivaux la Bwaf dit ne pas vendre ses tourbillons à l'extérieur [...]
La Bwaf est située dans le district de Changping, qui est une subdivision de la municipalité de Pékin. Ce district abrite notamment le site des tombeaux Ming, sépultures de treize des seize empereurs de la dynastie Ming, à une dizaine de kilomètres au nord de la ville (source Wikipédia).
Le nom Beihai est un hommage au Parc Beihai, parc millénaire aménagé sur les bords d'un lac et situé à l'ouest de la Cité impériale. La montre que je vous présente aujourd'hui est une vraie fausse édition limitée à 2008 exemplaires, et dont les premiers exemplaires sont sortis en 2008 pour les 50 ans de la Beijing Watch Factory. Je dis
vraie fausse édition limitée et
les premiers exemplaires car nous ne sommes pas chez R**** ou O**** et le volume est malgré tout conséquent pour une série limitée d'une montre n'étant pas destinée au grand public, du moins pas au chinois lambda. Aussi cette montre est toujours produite aujourd'hui, par petites séries et jusqu'à atteindre le 2008e exemplaire.
Ma montre porte le numéro 1253/2008.
Pour la petite anecdote j'ai acheté ma Beihai sur le site Times International et pas directement sur le site de la Bwaf car leur site demande une adresse en Chine (ce que je n'ai pas
) et qu'ils semblent avoir quelques difficultés avec la langue anglaise. A moins que ce ne soit avec mon anglais
.
Certains le savent ici, il y a eu un temps un bug sur le prix de la Beihai, affichée à 200 000 $ sur le site Times International
. Je me suis donc fendu d'un mail ou deux à leur service clients et j'ai le plaisir de vous annoncer que la Beihai est à nouveau disponible au prix de 535 $...
A noter qu'il existe une version automatique avec date et seconde centrale.
Voyons maintenant la bête en détails...
On va commencer par parler de ce que j'ai trouvé très moyen, comme ça c'est fait et on en parlera plus
Il y a donc une sur-boîte mais la boîte est en simili-cuir, avec des coutures machines approximatives. Bon en même temps, pour ce que j'en fais des boîtes
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NB : elle est accompagnée d'un certificat reprenant les spécificités techniques et traduit en anglais.
Second point négatif : le bracelet en «lézard véritable» ... bof bof... c'est brillant, ça fait faux lézard et ça grince... je virerai ça vite fait pour installer un beau téju ou un velours de toute façon.
La montre en revanche - et c'est ce qui compte - est plutôt une bonne surprise...
Elle fait 38mm de diamètre et 9mm d'épaisseur, entrecorne 20mm, corne à corne 45mm, poids 52 grammes, étanchéité 3 ATM (30 mètres).
La taille et le poids sont absolument parfaits et la montre se pose délicieusement bien sur mon poignet de 17cm de circonférence. La montre apporte une belle présence et le confort est remarquable.
La boucle ardillon arbore le logo de la Bwaf à l'intérieur. Il faudra que je pense à conserver cette boucle lorsque je changerai le bracelet
Le boîtier est en acier inoxidable 316T (le T signifiant que l'acier contient du titane). Il est entièrement poli et présente deux parties principales, surmontées d'un verre saphir légèrement convexe (bombé quoi
). C'est subtil mais perceptible et c'est très plaisant.
La finition est parfaite, rien à redire.
Les cornes ne sont pas à proprement parlé des cornes de vache mais y ressemblent beaucoup. Habituellement je ne suis pas fan de ce genre de cornes mais celles-ci se marient bien avec la boîte et apportent une touche années 50 qui n'est pas pour me déplaire. Finition des cornes parfaite la encore, jusqu'en dessous.
Côté cadran il y a trois niveaux et plusieurs choses à observer.
Premier niveau, la périphérie et ses indexes. Ces derniers sont en argent, appliqués et polis. Il n'y a pas de chemin de fer, ce qui rend la mise à l'heure moins aisée mais ce qui évite également d'alourdir davantage le cadran.
Le cadran est en argent arénacé par procédé hydraulique (il s'agit d'un sablage argenté si j'ai bien compris), avec des lignes horizontales en sa partie centrale, qui forment une sorte de gaufrage poudreux pour le moins appétissant (miam). C'est le deuxième niveau.
Les aiguilles dauphines des heures et minutes sont en platine. Plus exactement celui-ci serait apposé par galvanisation/électrodéposition mais je ne saurais en dire plus.
A midi on remarque un logo appliqué en argent, représentant la porte de la Paix céleste (Tian'anmen) avec l'inscription "Beijing Watch" en dessous.
Troisième niveau, à six heures la petite seconde est légèrement creusée et présente de très fines stries, imperceptibles cependant à l'oeil nu et il m'a fallu sortir la loupe. Du coup vous ne le verrez pas non plus avec mon modeste Coolpix
.
L'aiguille des secondes, certainement en acier, est peinte en noir.
La couronne est de type « oignon », ce qui permet une bonne préhension et un remontage d'autant plus confortable.
Lorsqu'on retourne la montre on aperçoit un fond gravé avec l'inscription "50th anniversary, 1958-2008 Beijing Watch, # / 2008"
L'inscription "Made by BWAF China 18 Jewels, SB18" est quant a elle gravée en lettres d'or sur la platine.
Le calibre qui équipe la Beihai est le calibre SB-18 (pour 18 rubis) avec platine ¾, réglage par col de cygne, chatons en or vissés, vis bleuies, perlage et cote de... Pékin lol
Si l'on regarde à la loupe fini de rêver à la Haute Horlogerie, on s'aperçoit qu'il n'y a pas d'anglages et que la finition des rouages est assez brute mais tout cela reste très plaisant à l'oeil nu.
Je précise que sur mon exemplaire une des vis bleuies de la platine a vu sa peinture écorchée par un vilain tournevis
Aux dires de certains ce calibre serait un dérivé de calibre automatique Miyota 8200...
Une chose est sûre, si c'est le cas il ne ressemble plus du tout au calibre d'origine et Bwaf l'a entièrement modifié.
Caractéristiques du calibre SB-18 :
Diamètre du mouvement : 26,5mm
Epaisseur du mouvement : 3,86mm
Alternance : 21600 alt/h
Réserve de marche : 42h
Précision en marche : -10 à +25
Je change très souvent de montre mais après 3 jours de marche/porté successifs la mienne est à -1s/jour !!! Pas mal hein ?
Je ne peux terminer cette revue sans aborder la parentalité de le Bwaf Beihai avec une montre sortie de production de chez Patek Philippe, la Gondolo 5111...
Il ne s'agit pas d'une copie conforme, le boîtier étant complètement différent les chinois ont dû modifier la longeur des indexes et le positionnement de la petite seconde, mais l'inspiration est bel et bien là. Cette montre pourrait être une Frédérique Constant en somme...
Les Suisses donnent à fabriquer aux chinois, les chinois s'inspirent des suisses pour le design de leurs montres... donnant-donnant ???
En définitive je ne peux que conseiller cette montre à tout amateur d'horlogerie car elles présente somme toute un RQP remarquable et est issue de l'unes des dernières vraies manufactures horlogères au monde.
Il y a bien ici ou là quelques imperfections mais je dois admettre que ses qualités m'ont bluffé au regard de son prix. Son style, son confort, le niveau de finition global et son calibre maison joliment décoré sont autant d'atouts pour cette belle chinoise.
A y regarder rapidement on en attendrait pas moins d'une montre allemande à 1500 € ou d'une montre suisse à 3000 €.
Voilà, il est temps pour moi de rendre ma copie...
La Beihai est une montre qui m'apporte énormément de plaisir, j'espère que vous aurez pris autant à lire cette revue et qu'elle vous donnera l'envie d'en savoir plus à propos de la Beihai mais aussi de la Beijing Watch Factory et de ses modèles à complications.
J'espère également que vous serez indulgents vis-à-vis de la qualité des photos
J'en ferai d'autres prochainement, que j'ajouterai à ce fil, afin de mettre davantage en valeur le verre saphir bombé, le logo de la Bwaf ou encore la petite seconde striée