Entretien de montres HH d'indépendants

J'ouvre ce sujet car il me taraude depuis longtemps.
Il existe encore quelques indépendants qui produisent de magnifiques mouvements. Je pense notamment à FP Journe, Laurent Ferrier, De Bethune. Chacun a ses propres visions des mouvements et des matériaux utilisés. Par exemple, FP Journe est très classique dans le choix des matériaux, pas de spiral en silicium contrairement à Laurent Ferrier ou De Bethune. Les mouvements sont plus ou moins complexes selon les modèles, le remontoir d'égalité ou le chronomètre à résonance sortent des sentiers battus et sont d'une complexité que peu d'horlogers sont en mesure de comprendre l'architecture des mouvements.

Dans l'éventualité de la disparition d'une marque, je m'interroge sur les possibilités d'entretien des mouvements. Qui serait en capacité de réaliser une révision selon les normes de cette marque ? Comment remplacer une pièce défectueuse à l'identique de la pièce d'origine ? Qui aurait le matériel adapté pour entretenir ces mouvements ?

Votre avis m'intéresse.

LE vrai problème du sur-mesure: la maintenance...  Certaines de ces montres d'exception vieilliront mal.  Le SAV est déjà une bombe a retardement de l'industrie horlogère: il s'est fabriqué plus de Tourbillons depuis le début des années 2000 qu'entre la création de cette complication et justement 2000.  Ces montres vont tomber en panne dans les années qui viennent, et même les SAV des marques établies vont souffrir. Alors les marques artisanales appelées à disparaitre, ce sera l'horreur...  Leur production risque ne pas vraiment passer d'une génération à l'autre...

Ce sujet est intéressant car il mêle la pérennité technique et celle de la marque.

Sur le point technique, l'emploi de matériaux spécifiques comme le silicium, carbones et autres pose la question de leurs durabilités.
Si elle est faible, alors tout repose sur la continuité de la marque par sa capacité à posséder le savoir faire et l'outillage nécessaire. Dans le cas contraire, l'interrogation serait de trouver un équivalent. Par exemple, une question de béotien : un spiral en silicium pourrait il avoir un équivalent classique ?

La pérennité de la marque est (amha) peut être plus importante car elle sous entend la continuité technique par le maintien des compétences donc le savoir faire. La question serait de connaitre comment un indépendant envisage t il sa succession ? Là encore, cette question est délicate.

Jean Baptiste Viot dans son Chronomètre à Paris a pris en compte cette question. D'emblée, il a voulu faire une montre d'indépendant réparable par tous.

Certains indépendants fabriquent en effet des montres certes magnifiques et innovantes mais sans possibilité de SAV à long terme. D'où l'intérêt d'un choix réfléchi quand on s'oriente vers ce genre de niche (sauf si l'argent n'est pas un problème et que cette obsolescence probable bien que non programmée ne dérange pas).
Certains indépendants (tels Kari Voutilanen) prennent sérieusement en compte ce facteur.

Peter Speake-Marin utilise pas mal de Vaucher dans sa gamme. Un gage de pérennité, du moins plus que pour ces calibres maison...

Ça veut dire quoi pour Voutilanen de prendre serieusement le probleme en compte?  Il fait quoi au juste? Des stocks de pieces detachees pour chaque mecanisme sortant de son atelier?  Des spec techniques pour chaque piece permettant leur reproduction a l'identique? Ce serait bien de connaitre leurs solutions plutot que de dire qu'ils y pensent beaucoup...

Petersham a écrit:

 Il fait quoi au juste? Des stocks de pieces detachees pour chaque mechanisme sortant de son atelier?  

Oui, de mémoire les marques prévoient des pièces détachées selon une projection correspondant à assurer le SAV pour un minimum d'années (20 ou 30 ans, je vais rechercher l'info...)

La prise en charge peut être assurée, au besoin, par d'autres marques. J'ai l'exemple d'une Genta révisée chez Bulgari.

Petersham a écrit:

Ça veut dire quoi pour Voutilanen de prendre serieusement le probleme en compte?  Il fait quoi au juste? Des stocks de pieces detachees pour chaque mechanisme sortant de son atelier?  Des spec techniques pour chaque piece permettant leur reproduction a l'identique? Ce serait bien de connaitre leurs solutions plutot que de dire qu'ils y pensent beaucoup...

Par exemple:
- utilisation de matériaux classiques (pas de silicium, carbone et autres)
- planification de la montre (boîte et mouvement) pour garantir leur durabilité en essayant de limiter le recours au SAV
- mouvements réparables par un bon horloger.

Pas besoin de s'encombrer avec un stock de pièces pour tous ses mouvements sur 150 ans  (même si c'est un bon argument marketing) si celles ce peuvent être élaborées sans trop de difficultés.

Le véritable problème est que la seule façon de savoir si leurs réponses sont adaptées sera de leur rapporter les montres dans quelques décennies, et si problème il y a, il sera un peu tard pour regretter son achat...

C'est la que Patek, avec son SAV capable de réparer n'importe quelle montre sortie de leurs ateliers depuis la création de la marque propose une solution inégalée dans la HH.

ced993 a écrit:

Par exemple:
- utilisation de matériaux classiques (pas de silicium, carbone et autres)
- planification de la montre (boîte et mouvement) pour garantir leur durabilité en essayant de limiter le recours au SAV
- mouvements réparables par un bon horloger.

Pas besoin de s'encombrer avec un stock de pièces pour tous ses mouvements sur 150 ans  (même si c'est un bon argument marketing) si celles ce peuvent être élaborées sans trop de difficultés.

Je ne veux pas trop peindre le diable sur la muraille mais quand je vois comme ça peut être compliqué de faire réviser un calibre répandu (type 321) je me méfie des possibilités d'entretien et remplacement de pièces sur des calibres moins courants. Et effectivement, ça me paraît encore pire si les calibres contiennent des matériaux exclusifs.

ced993 a écrit:

Par exemple:
- utilisation de matériaux classiques (pas de silicium, carbone et autres)
- planification de la montre (boîte et mouvement) pour garantir leur durabilité en essayant de limiter le recours au SAV
- mouvements réparables par un bon horloger.

Pas besoin de s'encombrer avec un stock de pièces pour tous ses mouvements sur 150 ans  (même si c'est un bon argument marketing) si celles ce peuvent être élaborées sans trop de difficultés.

Le point sensible est peut être là : trouver un bon horloger !

HOMEGA3 a écrit:

Le point sensible est peut être là : trouver un bon horloger !

En effet, metier d'avenir mais malheureusement en voie de disparition....

Petersham a écrit:

C'est la que Patek, avec son SAV capable de réparer n'importe quelle montre sortie de leurs ateliers depuis la création de la marque propose une solution inégalée dans la HH.

Inégalée

AP est irréprochable également dans ce domaine avec son atelier de restauration.
En fait il font même mieux, puisque tu peux leur amener n'importe quelle montre (et pas seulement des AP) très ancienne et non réparable ailleurs, il la prenne en charge.

SylSS a écrit:

Inégalée

AP est irréprochable également dans ce domaine avec son atelier de restauration.
En fait il font même mieux, puisque tu peux leur amener n'importe quelle montre (et pas seulement des AP) très ancienne et non réparable ailleurs, il la prenne en charge.

AP prendrai en charges des modèles leur appartenant pas?
Je suis un peu beaucoup dubitatif

Tu as tord.
C'est la vocation de leur atelier de restauration. Évidemment s'il y a beaucoup de pièces à refaire le devis est très salé, mais ils le font.

Peut être que dans quelques années ils prendront même en charge les montres d'indépendants qui auront coulé entre temps, qui sait

Merci pour l'information.
Tu as cette information de chez AP même ?

Oui, du chef de l'atelier de restauration.
J'ai d'ailleurs pu voir de mes yeux qu'ils travaillaient sur autre chose que des AP.

Petit rappel, avec présentation de l'atelier de restauration et de leur travail à la fin du CR

https://forumamontres.forumactif.com/t150757-cha-immersion-au-coeur-de-la-manufacture-audemars-piguet

Merci Sylvain 👍

Petersham a écrit:

Le véritable problème est que la seule façon de savoir si leurs réponses sont adaptées sera de leur rapporter les montres dans quelques décennies, et si problème il y a, il sera un peu tard pour regretter son achat...

C'est la que Patek, avec son SAV capable de réparer n'importe quelle montre sortie de leurs ateliers depuis la création de la marque propose une solution inégalée dans la HH.

Inégalée ? Non, JLC  fait de même en conservant depuis leur existence tout ce qui permet de produire de nouveau des pièces devenues indisponibles ou irréparables et nécessaires à une remise en marche, voire une éventuelle remise à neuf.

ced993 a écrit:

En effet, metier d'avenir mais malheureusement en voie de disparition....

Je crois que c'est la combinaison des deux facteurs déjà débattus : des matériaux pas trop technologiques, voire une base connue et des modules et de bons horlogers capables de faire des restaurations d'anciennes et donc disposant du savoir faire pour la mécanique et les finitions mais aussi l'outillage.
Bien sur c'est pas donné...

Niveau restauration Parmigiani est pas mal pour les très vieilles pièces.

Pour les montres bracelets je ne sais pas.

Un point à prendre en compte est la rapide évolution des moyens de prototypage actuellement.
Refaire une pièce en maillechort ou en laiton reste compliqué et cher maintenant avec des moyens d'outillages classiques, mais à faire en frittage cela devient facile et rapide. Il suffit de faire le modèle 3D.
Je pense que cela va révolutionner la maintenance des calibres anciens. Bon après on ne peut pas tout fritter (pas un axe de spiral par exemple), mais toutes les roues je pense que oui.