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Sujet: Concours de chronométrie Sam 12 Aoû 2017 - 18:51
Ici les sujets sur les concours de Chronométrie
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Sujet: And the winner is Omega ! Les concours de Kew-Teddington Sam 12 Aoû 2017 - 18:51
Les Suisses à la conquête des Anglais !
La fin du 19ème siècle voit les manufactures suisses s'inquiéter de leur notoriété face à la concurrence anglaise et américaine qui annonce des montres de plus en plus précises. Les Suisses vont donc réagir et expédier leurs montres aux concours de chronométrie des observatoires étrangers. En premier lieu, les observatoires de Kew-Teddington et Washington. A cette époque, les Anglais sont encore très bien placés et les carroussels Bonniksen techniquement un peu indéfinissables et dans une technique qui ressemble plus ou moins au tourbillon sont en tête des classements de Kew. Près des deux tiers des instruments classés à Kew dans la catégorie des "Particulièrement bons" sont ces carroussels avec plus de 80 points sur 100 (100 étant le maximum). Même si en 1892, Baume (la moitié du futur Baume et Mercier) a obtenu 91,9, record conservé pendant 10 ans, il faut attendre que l'industrie suisse dans son entier horloger soit motivée par les expositions universelles où la concurrence est rude pour que les choses bougent. Les Suisses voient la précision des montres faire de grands progrès grâce à Charles Edouard Guillaume, James Pellaton, Paul David Nardin, Charles Rozat, Grossmann (Directeur de l'école d'horlogerie) et les grandes maisons vont donc partir à la conquête des records en Angleterre. Omega, Ulysse Nardin, Longines, Zenith, Vacheron & Constantin, Paul Distisheim, Movado rivalisent de talent.
Les 80 points des carroussels Bonninksen sont vite renvoyés au rang de montres ordinaires et les moyennes dépassent les 90 points. Les concours de Kew prennent fin en 1951 et des records époustouflants auront été enregistrés depuis le début du siècle. Le record de précision sur ces décennies reviendra à Omega (Louis Brandt) qui en 1936 remporte avec un chronomètre de bord de 21 rubis le record absolu avec 97,8 devançant d'un dixième de point Patek Philippe avec 97,7 points. Ulysse Nardin est constamment bien placé avec ses chronomètres de marine redoutablement précis mais on s'éloigne des montres portatives. Omega est aussi en tête à Neuchâtel et Genève.
Omega avait ainsi justifié son slogan "Omega – Exact time for life"
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Sujet: Les calibres d'observatoires de Zenith Sam 12 Aoû 2017 - 18:53
Les concours de chronométrie furent à partir de la fin du 19ème siécle, l'évènement annuel majeur du monde horloger un peu comme dans un autre registre le sont aujourd'hui le SIHH et les présentations de Genève ou Baselworld. A l'occasion de ces concours organisés par les observatoires de Genève, Neuchatel ou Kew Teddington près de Londres, les manufactures suisses mettaient un soin extrême à livrer le meilleur d'elles-mêmes et remettaient leurs pièces les plus précises entre les mains des meilleurs régleurs. Si lors des tous premiers concours, des calibres courants furent parfois présentés, très vite, les manufactures focalisèrent leurs moyens et leur maîtrise de la technologie sur des mouvements dits "d'observatoires" spécifiquement dédiés aux concours de chronométrie. Georges Favre Jacot comprit très tôt l'intérêt "marketing" de ces concours et sélectionna dans les mouvements produits par Zenith, un calibre de grand diamètre doté d'un balancier surdimensionné et donc théoriquement plus précis. Il en fit optimiser l'échappement et les chronométriers en améliorèrent les finitions (polissage des pivots, olivage des pierres, réduction des frictions...) jusqu'à ce que les pièces pourtant produites en série deviennent quasiment des pièces uniques.
Charles Rosat multiplia les inventions et se concentra entre autres sur les dispositifs régulateurs de raquettes. Le 21 février 1902, il dépose sous le numéro 24 025 un brevet consistant en un système de réglage dit en fer à cheval qui vient exercer une contre poussée sur l’aiguille de raquette dont une vis assure le réglage fin. Sorte de col de Cygne, à l’extérieur du coq le dispositif est intéressant par son accessibilité et la facilité de son façonnage. Le 22 février 1902, un autre brevet numéroté 24 677, exploite un dispositif de même nature pour une raquette montée sur un porte spiral pouvant tourner autour du balancier.
En 1903, la manufacture remporte le premier prix de chronométrie de l'observatoire de Neuchatel.
En 1916, c'est avec un de ces calibres que Zenith reçoit un prix à l'observatoire de Kew Teddington avec un certificat de classe A ...
En 1916, l'échappement ainsi optimisé reçoit le nom de Colomb sans que l'on sache s'il s'agissait du nom de son régleur ou si c'était celui du projet collectif qui l'entourait ou une référence à l'explorateur.
Cet échappement est à nouveau amélioré à partir de 1922, par Charles Fernand-Perret, chronométrier de la manufacture Zenith. Le calibre de 20,5 lignes de Zenith connaîtra une carrière de chronométrie de concours du milieu des années 1910 à 1962, soit 52 ans au total.
On remarque la plaque de contre pivot à l'ancre qui a changé de forme pour un meilleur ajustage, les grosses vis de compensation en platine et cette raquette exceptionnelle et unique semble-t-il faite en un seul exemplaire. Cette pièce est premier prix du concours international de chronométrie de l'observatoire de Neuchatel en 1924 et 1925. Charles Fernand Perret meurt hélas prématurément à la fin de l'année 1924 et c'est Charles Fleck qui reprend en main la préparation des montres pour les concours.
Le calibre 20,5 ligne bat des records absolus de précision tant dans la catégorie des montres de Bord que la catégorie des montres de poche.
Le calibre 261
Le 261 imaginé en 1928 et fabriqué dès 1930 connaît jusqu’en 1968 une longue carrière au titre des concours de chronométrie. Ce mouvement de montre d’observatoire d’un diamètre de 65 mm avec une platine petit modèle est muni d’un remontage et d’une mise à l’heure arrière, d’un indicateur de développement du ressort par engrenage sans arrêt du balancier Guillaume qui lui apporte sa précision. Ce mouvement fut exclusivement emboîté, montre de concours oblige, dans des coffrets en bois vitrés des deux côtés pour satisfaire aux épreuves. Destiné aux compétitions dans la catégorie des chronomètres de bord , le calibre 261 a deux variantes non destinées aux concours.
Ce mouvement ira jusqu'au bout des concours de chronométrie. Détenteur de records absolus, il équipera aussi des chronomètres de marine... Il en existe plusieurs mini séries que la manufacture fait évoluer dans le temps au gré de ses découvertes.
Le calibre 135.0
Dans la catégorie des montres bracelets, le 135 Observatoire est une pièce qui diffère un peu de la version commerciale. Non décoré, la raquette du 135 de compétition est de type soit mono-flèche soit bi-flèche, système largement préféré des chronométriers car permettant un réglage plus fin que le système à disque excentrique breveté en 1903.
Ephrem Jobin développa son calibre en 2 ans de 1946 à 1948 et ce quasiment seul aux commandes de la conception et de la mise au point. Un balancier surdimensionné, un grand barillet et une chaussée folle sont les recettes décrites par Jobin pour expliquer les qualités de ce mouvement. Les horlogers savent que la taille du balancier est un facteur essentiel de précision et Jobin finalement minimisait les risques en adoptant ce dispositif conceptuel qui était un facteur fondamental dans le gain de précision.
La configuration du mouvement avec petite seconde ne fut pas la seule, contrairement aux idées reçues, car il existe une version de laboratoire avec seconde centrale et on suggère même qu'une tentative d'implantation de date fut étudiée. Il existe même une version expérimentale à 36 000 alternances par heure avec un petit balancier. La succession de records consécutifs est en soi un record dans le record du 135. La version d'Observatoire 135.0 fabriquée pour les concours ne dispose pas de la fameuse raquette en colimaçon de ZENITH brevetée en 1903 et exclusivement implantée dans la version commerciale. En effet, les chronométriers expérimentés n'ont pas besoin de vis micrométriques ou de col de cygne pour régler leurs montres. Une flèche de raquette classique dont le frottement est équilibré permet facilement d'optimiser le réglage.
Les modèles 135.0 ne disposent pas par ailleurs d'un antichoc. Le numéro de série inscrit sur plusieurs pièces du mouvement démontre que la sélection des pièces pour les concours se faisait très en amont dans la fabrication du mouvement. L'interchangeabilité avec des pièces de série n'est probablement pas à l'ordre du jour pour ces pièces particulières. Il existait pour les version 135.0 une fabrication et une finition à part avec un jeu de pièces détachées distinctes de celles placées au SAV. Les chronométriers travaillaient avec une réserve de pièces de rechange. Il faut dire que les chronomètres de concours étaient assez mal traités au point parfois d'avoir des pièces qui lâchaient comme ce serait le cas dans une écurie de voitures de courses.
Pièces spécifiques au 135.0. la finition les différencie de la version classique
Le mouvement 135 est génétiquement totalement imprégné des meilleures recettes de ZENITH, antérieurement appliquées aux montres de poche. Le 135 est resté un modèle emblématique au regard de ses performances mais aussi de sa modernité. Il caractérise le souci de précision d'une époque ou la concurrence entre les marques s'établissait non sur l'esthétique mais sur les performances. Le 135 est dans l'évolution de la manufacture ZENITH, un mouvement qui a contribué à faire l'histoire de la marque.
Le calibre 5011 O
Le 5011 fait partie des calibres créés au regard des règlements des concours de chronométrie. Sa création fut notamment dictée par la volonté de trouver un successeur au calibre 261 dans les épreuves de concours. Il participa donc à ces concours d’autant plus aisément qu’il doit sa conception à ces derniers. Sa taille le prédestine bien évidemment aux compétitions dans les catégories des montres chronomètres de bord et de poche. Le 5011 est développé à la fin des années 50 par Jean-Pierre Gerber, Directeur Technique de ZENITH et fabriqué à partir de 1969. Il n'est plus assemblé de nos jours mais demeure est une véritable référence dans les calibres chronomètres de montre de poche.
D’un diamètre de 22 lignes (50 mm étant la norme de la catégorie prévue par le règlement de concours) et d’une hauteur de 10 mm, le 5011 évolue à 18 000 alternances par heure. Dans sa version 5011 O il est détenteur du record absolu de précision en catégorie « Chronomètres de poche à balancier-spiral » obtenu aux concours de chronométrie de 1967 de l’observatoire de Neuchâtel (prix de série des 4 meilleures pièces d’un même fabricant). Il est présenté aux concours jusqu’en 1968 année où lesdits concours sont mis à mal par la percée du quartz.
La version 5011 O ne reçoit pas décoration « Côtes de Genève » ni de rhodiage et c’est donc un mouvement doré que l’on retrouve avec une raquette à double flèche identique aux autres versions commerciales qui équipent les montres de bord et celles de poche.
Cette raquette mise au point par Charles Fleck a équipé d’autres calibres de la manufacture dont le calibre 120 mis au point par Ephrem Jobin.
Par ailleurs, le 5011 O n’est pas doté du même balancier que les autres versions commerciales du mouvement et reçoit un balancier bimétallique coupé à vis de compensation. Ce type de balancier de diamètre légèrement réduit assure un réglage plus fin mais évidemment plus complexe que la version classique monométallique.
Le calibre 707
Le calibre 707 est un mouvement d’observatoire. Surnommé « la patate » à cause de sa forme à la fois triangulaire et ovoïde, il fut conçu en 1961/1962 et construit en 1963. Exclusivement destiné aux concours, il ne connut aucune carrière commerciale. Ce mouvement est le dernier conçu pour la spécificité des concours de l’observatoire par Zenith. Sans nul doute, ce n’est pas sa décoration qui le distingue particulièrement. Il tient son nom de 707 de la catégorie ouverte par le règlement qui limite la participation à des chronomètres de moins de 30 mm de diamètre et/ou à une surface de 707 mm carrés.
La surface exacte du 707 est de 687 mm carrés. Le choix de cette surface de 707 millimètres est la conséquence d’une volonté d’avoir au concours des pièces qui soient ouvertes sur la créativité des fabricants qui y participent. Aurèle Maire, Directeur technique de ZENITH s’investira avec son équipe dans ce projet d’autant plus qu’il a acquis la conviction que malgré toutes ses qualités, le calibre 135 a atteint pour les concours la limite haute des performances accessibles. Toute l’équipe de régleurs de l’époque composée de René Gygax, Jean-Pierre Vuille et Paul Favre et Jean-Pierre Sunier contribuent à ce projet. . Le mouvement participera aux concours dans la catégorie des chronomètres bracelets de 1963 jusqu’en 1967. Réglage, remontage et mise à l’heure se font par l’arrière au moyen d’une couronne. Le train de rouages (roue des minutes et roue de moyenne) est celui du calibre 17 ¾ lignes, un calibre de poche de 17 lignes et si le balancier est commun avec celui du 135, la ressemblance s’arrête là. En effet, le pont de balancier transversal s’appuie sur trois points dont deux sont situés du même côté et le troisième à l’opposé. D’une construction totalement atypique et asymétrique, le 707 répond au seul souci des chronométriers et se veut avant tout expérimental. Ses caractéristiques sont optimisées pour les compétitions auxquelles on le voue. D’une épaisseur de 5 mm, reçoit un échappement à ancre, un balancier Guillaume de 13,80 mm x 0,99 mm à 14 vis, un double anti-choc Duofix à l’échappement et au balancier, 21 rubis, un ressort en inox 1.4310 Nivaflex de 460 mm pour une hauteur de 2,10 mm, une épaisseur de 0,16 mm, d’un diamètre enroulé de 15, 50 mm dispose d’une réserve de marche de 36 heures, d’un angle de levée de 52 degrés et sa fréquence est optimisée à 28 800 alternances par heure.
ZENITH teste pour son calibre plusieurs versions dont la fréquence varie en fonction d’une roue intermédiaire dont le nombre de dents est ramené d’abord de 48 à 45 ce qui abaisse le nombre d’alternances par heure à 27 000 puis à 42 dents pour une fréquence réduite à 25 200 alternances. Des essais sont également menés pour pousser la fréquence à 36 000 alternances ou au contraire l’abaisser à 21 600. C’est finalement la version à la fréquence intermédiaire de 28 800 alternances qui est retenue par l’équipe technique qui y voit le meilleur compromis. On peut rétrospectivement s’étonner que ZENITH n’ait pas testé des fréquences plus élevées que des marques comme Longines expérimentaient déjà. Il semble que l’équipe technique de la manufacture n’avait pas encore d’intérêt pour les très hautes fréquences qui pourtant feront son succès en 1969 lors de la présentation du El Primero. Il ne semble pas d’ailleurs que ZENITH se soit livré à des études sur des mouvements évoluant à 36 000 alternances par heure sur d’autres calibres que le 707 antérieurement à la conception de son chronographe mis à part quelques tests sur son 135. Les mouvements Movado qui avaient épousé cette fréquence avaient été conçus totalement en dehors de la manufacture du Locle. Le dernier mouvement conçu par ZENITH pour les compétitions est donc celui qui évolue à la plus haute fréquence jamais proposée par la marque aux concours de l’observatoire de Neuchâtel. Le choix du balancier Guillaume bimétallique coupé n’a rien de surprenant. Il est guidé par les exigences de compensation de températures lors des tests et épreuves du concours. La conception du pont de balancier étranglé en son milieu rend les ébats du spiral observables sur la totalité de sa longueur. Tout ce qui a pu apparaître superflu a été écarté de la conception. En revanche, rien n’a été omis pour améliorer les qualités mécaniques du mouvement. Deux roulements à billes de 18 billes chacun viennent par exemple faciliter le bon fonctionnement du barillet. Les surfaces de frottements ont été réduites au minimum et le plan de lubrification optimisé. Les dents des roues sont effilées, chaque axe est poli, les pierres des palettes d’ancre et l’ensemble des rubis sélectionnés parmi les pierres de la meilleure qualité connue sont également polis soigneusement, bombés et olivés. Le porte piton mobile placé sur la raquette facilite le réglage du spiral sans risque de l’altérer en intervenant sur la virole. Le mouvement obtient des résultats époustouflants aux concours notamment dans la catégorie des pièces isolées de type bracelets en 1964 où le chronomètre Numéro 558 réglé par Pierre Gygax est premier avec une note de 2,62. Un autre chronomètre numéro 521 du même type réglé par Jean-Pierre Vuille se classe la même année, troisième avec une note de 2,78 tandis qu’un autre exemplaire numéroté 527, réglé par Jean-Pierre Sunier est neuvième avec une note de 3,43 et que le dixième chronomètre classé, numéroté 515 est réglé par Jean-Pierre Vuille avec une note de 3,43. Ainsi sur les 10 premiers chronomètres, quatre sont des 707 de ZENITH. En 1965, René Gygax classe à nouveau au rang de premier un exemplaire numéroté 601 du mouvement avec une note de 5,58 puis de 4,39 l’année suivante en 1966. La manufacture a construit à peu près de 200 exemplaires de ce calibre, numérotés à partir de 501.Il semble qu’il n’y ait eu que 127 exemplaires présentés aux épreuves des concours entre une et quatre fois. En 1963, 11 calibres 707 sont présentés à côté de 27 calibres 135. En 1964, 38 mouvements 707 sont soumis aux épreuves du concours et de 1965 à 1967, 50 exemplaires sont chaque année portés à l’observatoire de Neuchâtel pour concourir. A partir de 1965 et du numéro 571, les ponts et platines grises de la première série de mouvements reçoivent une dorure
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Sujet: Les chronométriers à l'établi... Sam 12 Aoû 2017 - 18:55
Nous sommes au début des années 50 dans un atelier de Zenith, celui des chronométriers et en particulier sur l'établi de René Gigax qui prépare les montres Zenith pour les concours de Chronométrie succédant à Charles Fleck qui tenait la barre depuis 1924. Cette photo de René Gigax, en plein travail de relevé des mesures des pièces qu'il régle, est riche d'enseignement et mérite un zoom ...
La base de cette recherche est donc cette image tirée d'un journal d'époque ...
Sur l'établi à droite, une montre pendue ... Sans aucun doute un 20,5 lignes, montre qui avait remporté des records de chronométrie au milieu des années 20 et que René Gigax a décidé de remettre au concours en 1952...
C'est bien une montre de ce type que nous apercevons avec ces mêmes aiguilles hélas peu discernables sur cette photo mais accessibles sur une autre
Revenons à l'image d'origine et zoomons sur une autre partie de celle-ci ...
Cette fois nous apercevons une série de calibres 261 qui ont établi des records absolus de chronométrie... Ce calibre extraordinaire que l'on retrouve dans une version spéciale dans les chronomètres de marine de Zenith fut une véritable machine de compétition ...
C'est bien ce type de pièce qui est sur l'établi ... Zenith présentait en effet plusieurs familles de calibres simultanément afin d'optimiser ses chances de succès aux concours de chronométrie.
Continuons l'exploration et cette fois arrêtons-nous sur ces 135 qui trainent sur l'établi... Nous sommes rappelons-le dans les années 50, c'est à dire la période ou Zenith a remporté 5 fois de suite des premiers prix avec le 135.
Intéressons-nous maintenant à ce que René Gigax tient en main ... Un 20,5 lignes ou un 5011 ? Simple, le 5011 apparaitra dans 5 ans donc c'est forcément un 20,5 lignes et pas non plus un 707 dont les contours étaient en alu et non en bois.
On note ici la présence d'un système d'amplification du son. C'est une sorte de vibrographe qui permet de contrôler la régularité de marche et de régler la pièce. Le micro est posé juste devant la "grosse boite " sur l'établi.
Pour terminer ce tour d'horizon, un coup d'oeil sur sur le système de remontage ou de sensor qui équipe l'une des montres . Cet outil montre que le contrôle ou au moins la vérification comportait une partie des tâches assistées par la machine ...
Voici donc, d'une image, toutes les informations qu'on peut tirer pour souligner le travail du chronométrier à l'établi en train de relever les résultats des mesures faites sur les montres en cours de préparation.
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Sujet: Paul Ditisheim, l'un des plus grands chronométriers de l'histoire Sam 12 Aoû 2017 - 19:01
L'histoire de Paul Ditisheim n'est pas banale. Peu disposé pour l'horlogerie et maladroit, il dut sa vocation horlogère à une brûlure provoquée par des feux de bengale qui se sont enflammés dans sa poche alors qu'il s'engageait dans des études de chimiste.
Sa mère horrifiée lui imposa une destinée horlogère
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Sujet: Profession chronométrier - Régleur de montres de concours. Sam 12 Aoû 2017 - 21:04
Profession Chronométrier
La nuit va tomber en ce début de soirée et ils sont là, faisant les 100 pas devant l’observatoire de Neuchatel, ils n’ont pas tous le même employeur, pire ils sont concurrents et s’opposent pour un titre…celui de meilleur chronométrier. Leurs manufactures d’attache sont Ulysse Nardin, Longines, Zenith ou Omega ou d’autres manufactures toutes aussi prestigieuses. Ce titre, ce premier prix, ils le défendent pour eux-mêmes ou pour la manufacture qui les emploie. Ils ont derrière eux tous les horlogers, tout le personnel et tous les patrons qui savent que le premier prix de concours de chronométrie leur permettra de faire de la publicité, on dit à l’époque, de la réclame pour la marque. Cette comparaison des performances, les chronométriers l’ont intégrée à leur vie quotidienne, leur savoir faire se transmet de génération en génération, de père en fils parfois et tels les secrets de la haute cuisine, les ingrédients de la réussite sont très bien gardés.
Des concours pour encourager le progrès
Les concours sont nés de la volonté des cantons et de la confédération suisses de faire progresser l’industrie horlogère. La Suisse au milieu du 19ème siècle s’est aperçue que la prééminence de son savoir faire était en péril car dans d’autres lieux, en particulier aux Etats-Unis, l’industrie horlogère est en train de se construire et d’adapter des modes industriels de production plus élaborés que ceux que la Suisse a pu mettre en place. Le phénomène amplifie avec la fin du Siècle et les Suisses vont aux Etats-Unis pour s’imprégner de nouvelles techniques d’industrialisation. En parallèle, il faut prouver que les montres suisses sont plus précises que celles venues d’outre Atlantique. Même si les Allemands, les Anglais et les Français deviennent de sérieux concurrents, les Américains sont boulimiques pour se tailler de grandes parts de marchés et surtout ils sont très offensifs. Leur secret transite par une communication massive et par de la « réclame ». Les Suisses restent convaincus que la publicité doit être informative et que la suprématie de la montre Helvétique repose sur sa précision. Ce sujet sera le terrain de jeu de la concurrence entre les marques jusqu’à la fin des années 60.
Les prix décernés aux manufactures vont donc se succéder à diverses occasions jusqu’à parfois troubler la lisibilité de leur origine quand comme c’est le cas pour l’exposition universelle de 1900, plusieurs marques revendiquent le grand prix de la manifestation. Beaucoup des « prix » distribués de la fin du 19ème aux années 40 ne sont que des expédients commerciaux destinés à faire valoir la marque plus qu’à la récompenser réellement d’une innovation technologique majeure.
Plus sérieux sont les prix résultant des concours de chronométrie. Ceux-ci sont nés à Genève en 1790 d’une idée de la société des arts pour motiver les inventeurs et faire évoluer l’horlogerie. Le premier concours n’interviendra qu’en 1816 avec comme Lauréat Antoine Favan. L’épreuve consistait à présenter une montre à plat, pendue ou portée et dans une amplitude de température de 25 degrés de l’échelle de Réaumur, déviant de moins de 3 secondes par 24 heures, une véritable prouesse pour l’époque.
Préparation des montres chez Omega pour les JO ( Années 30)
Des épreuves sans concession
A Neuchâtel, il faut attendre la création de l’observatoire en 1860 pour assister au premier concours de chronométrie. En charge de la détermination de l’heure exacte et de sa transmission, l’institut reçoit dans ses missions celle d’observer des chronomètres et de consigner leurs performances sur des bulletins de marche. La première année, six chronomètres de marine et treize montres de poche furent soumiss à l’observatoire.
Louis Augsburger - L'un des meilleurs chronométriers - Ulysse Nardin
Les règlements sont soumis à de perpétuelles évolutions, les prix sont individuels ou de séries, il faut alors pouvoir aligner six montres proches de la perfection et les pièces sont classées par catégories d’abord les chronomètres de marine, puis ceux de poche et de bord puis la catégorie des montres bracelets sera reconnue en 1945. On parle écart moyen de la marche diurne, des changements de positions de la montre, de coefficient thermique lié à la variation de marche à un degré près et d’erreur résiduelle quand la montre passe de l’étuve à la glacière. Pendant 45 jours, les montres sont testées, torturées dans tous les sens, à toutes les températures avec un contrôle permanent de leur marche par comparaison avec l’heure « officielle » de l’observatoire.
Charles Fleck - Régleur chez Zenith milieu des années 1920
Une vie dédiée à la précision
La vie des chronométriers est modelée à la récurrence des concours. Toute l’année, ces horlogers, régleurs de précision ont une place à part dans la manufacture qui les emploie. Leur mission est de parvenir non pas à un très bon résultat mais au meilleur résultat, celui qui donne la première place face à la concurrence. Charles Thomann historien et fils de régleur de précision a vécu dans sa chaire la vie du chronométrier. Il en a fait un livre publié en 1982 aux éditions du Griffon à Neuchâtel intitulé « Les dignitaires de l’horlogerie ».
Dévoués corps et âmes à leurs montres, les chronométriers n’abandonnaient jamais leurs pièces et souvent, c’est 7 jours sur 7 que leur métier s’exerçait. L’absence parfois de moyens de transport les obligeait à aller à pieds par tous les temps surveiller le comportement d’une pièce. Les épreuves du froid, c'est-à-dire l’étude du comportement du mouvement à de basses températures pouvait conduire celui qui préparait la pièce pour le concours à la porter dans la chambre froide la plus proche ou la plus évidente, parfois celle du du boucher explique Charles Thomann. Rarement, le chronométrier laissait sa pièce transportée par quiconque autre que lui-même. Le moindre choc, le moindre incident pouvant remettre en cause des mois de travail, la confiance n’était pas l’apanage des régleurs de précision, eux qui n’hésitaient pas à affronter hiver comme été des kilomètres de marche pour rejoindre l’observatoire et remettre leurs pièces en main propres. Point de dimanche ou de jour férié, la cause du réglage étant entendue comme supérieurement importante pouvait couper court à la vie de famille et à la tradition des réunions familiales. Qui d’autres qu’eux pouvaient sans dommage assurer le remontage des pièces chaque jour ? On entre en chronométrie comme d’autres entrent en religion. Le chronométrier porte une véritable dévotion à son métier. Si les épreuves avaient lieu à l’observatoire de Kew Teddington en Angleterre, alors le chronométrier suivait le plus souvent sa ou ses pièces jusqu’à sa destination.
Tous les régleurs de précision se connaissent d’une manufacture à l’autre, ils forment une véritable confrérie remplie d’un esprit de concurrence et d’amitié, d’émulation et d’angoisses partagées à attendre la proclamation des résultats. La disparition de l’un attriste tous les autres qui perdent bien plus qu’un adversaire, un ami proche, si proche de ce qui les fait vibrer. Hommes à part dans les firmes horlogères, loués par leurs patrons et leurs collègues, c’est sur eux que repose l’image de l’entreprise et la pression du résultat. Etre le deuxième ou le troisième n’a pas grand sens car seul le premier tire réellement profit du succès. La publicité comparative n’hésite pas à afficher les résultats, humiliant implicitement ceux qui n’ont pas conduit leur manufacture à la victoire. Certaines marques seront véritablement abonnées aux victoires. Ulysse Nardin conserve pendant plus d’un siècle à partir de 1861, la place de premier au concours dans la catégorie des chronomètres de marine. Omega, Zenith ou encore Longines forment un trio gagnant sur les montres de poches puis les bracelets qui laisse parfois une place à Movado, Vacheron Constantin, Jaeger LeCoultre ou d’autres marques. La demande des consommateurs suit le mouvement et la communication des marques sur la précision porte ses fruits. On réclame à tout va des pièces certifiées de bulletins de marche que délivrent les Observatoires et les Technicum. Jusqu’en 1960, l’heure de référence, est donnée par un régulateur qui s’installe dans une chambre à pression constante. L’heure est encore calculée de manière astronomique par observation de la position du passage des étoiles au méridien. Ce n’est que plus tard que les horloges atomiques et leurs étalons de fréquence prendront le relais.
Les concours s’arrêtent à la fin des années 60, la cause en est la montre à quartz. Le règlement des concours est une nouvelle fois modifié se transformant en remise de prix généralisée et les marques historiques refusent cette duperie. Les derniers chronométriers repartent dans les ateliers où ils collaborent aux fabrications des manufactures et au développement des derniers mouvements en voie de création. Chez Zenith, le El Primero reçoit ainsi l’aide experte des chronométriers qui mettent la dernière main à la finalisation du calibre. On est en 1968, d’autres révolutions attendent les hommes…
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