On est très bons !

"Comment ça ? On aurait raté internet ? " Ne dites jamais ça à un responsable de communication dans le milieu horloger. Il ne vous comprendrait pas. C'est qu'un bon responsable de communication a toujours réponse à tout et le sentiment d'avoir tout fait. D'ailleurs, il peut vous délivrer un avis par question à la vitesse d'une mitrailleuse lourde. Mais parfois les choses se grippent ... L'actionnaire se réveille et là c'est partout pareil, pas de pitié. Chez Richemont ce fut la porte ! Tout ce qui suit fut entendu maintes fois !

Les Forums ?  Pfff ! Ca n'est pas représentatif et ce sont de toutes façons des amateurs qui sont déjà acquis à leur marque et n'en sortiront pas.

Les réseaux sociaux ? Il faut y être et poster au moins trois ou quatre images par jour mais ça ne sert à rien de commenter car les gens ne lisent pas. On est sur Facebook, Instagram et Twitter.  Donc on est omniprésents.

Les sites propres de la marque ? On a une agence de communication qui nous a fait le site. Vous voyez, on s'en occupe.

Et la publicité ? Notre agence nous place une pendule par-ci par-là ? Je ne sais pas sur quels sites on est visible mais ça nous coûte 500 000 francs tout compris.

Et votre communication "pro-active" avec les consommateurs ? Hein ?

Vous faites des articles et des publications que vous soutenez ?  Ah oui, on invite des journalistes à des soirées et des blogueurs.

Lesquels ? Je ne sais pas leurs noms mais il y a celui qui fait un truc qui s'appelle, voyons... Je l'ai sur le bout de la langue ... Luxe et montre ou le luxe dans la montre ou la montre dans le ...

Vous lisez ces blogs ?  Euh, pas tous les jours mais ça arrive.

Vous avez lu quoi pour la dernière fois ?  Euh .... Je n'ai pas tout en tête.

Et la presse ?  On a des budgets et notre agence place la pub  mais on a des journalistes qui nous doivent deux ou trois articles par an. Ca oui on les paye.

Donc globalement vous êtes au maximum ? Oui, on a fait le max !

Alors pourquoi vous ne vendez plus autant qu'avant ? On vend moins mais on vend mieux ! Donc ça va bien !

Votre chiffre d'affaires a augmenté dans quelle proportion ? Il s'est tassé mais modérément.  

Et votre actionnaire en dit quoi ? Ben rien... Non, rien. On est bons ! Oui on est très bons.

et si cela ne tenait qu'à l'horlogerie...

La communication c'est bien mais que d'énergie et d'argent dépensés pour un traitement client calamiteux.
C'est un CRM et un suivi conso qui serait une vraie innovation.. et que les marques arrêtent de nous prendre pour des neuneus.
Quand tu vas chez un AD essayer et que tu repars sans laisser de coordonnées : perte sèche pour la marque.
Quandtu envoies un mail resté sans reponse : idem

Ça et 50 idées que l'horlogerie refuse de mettre en place, trop sure de sa supériorité sur le Petit client..

Bref la comm c'est bien.. mais bosser sur l'après page de pub sur papier glacé oh oui qu'elle est belle la photo toi acheter , bah là c'est le rien

On dirait du Mosbilo !

Je ne peux pas m'empêcher de faire le parallèle avec la pub Omega de l'autre jour. Aujourd'hui les montres ne répondent plus à aucune nécessité et c'est juste devenu un objet de luxe qui doit rapporter à des actionnaires. Comment peuvent-il communiquer de manière efficace et qui parle aux gens quand le but premier de ce qu'ils vendent est de rapporter des gros sous? Pour beaucoup, il n'y a plus rien à dire, si ce n'est les poncifs habituels dont les superla(xa)tifs cachent le vide. Au final, pour pouvoir bien communiquer, il faut avoir des choses à dire, sur des produits de qualité. En fait, j'ai l'impression que le problème de communication n'est qu'un symptôme d'un problème plus général...

Le mythe internet.

C'est exactement la même chose dans la plupart des autres domaines « traditionnels » : (at)tirés par les sites marchands à succès, les sociétés se bercent d'illusions et rêvent de réussites façon Silicon Valley.
On espère, on croit, et surtout on dépense des sommes colossales pour des résultats bien maigres. Les utilisateurs ne veulent pas payer pour du contenu, point barre. Mais il faut absolument le faire parce que si on ne le fait pas alors on sera en dehors du coup.

C'est d'autant plus symptomatique sur les produit de luxe ou d'un « certain » niveau de prix : comme si les acheteurs se préoccupaient d'internet pour acheter une montre ou tout autre bien de consommation à plusieurs dizaines de milliers d'euros.

On est très bons , ou très .ons ?

freddy.lombard a écrit:

Le mythe internet.

C'est exactement la même chose dans la plupart des autres domaines « traditionnels » : (at)tirés par les sites marchands à succès, les sociétés se bercent d'illusions et rêvent de réussites façon Silicon Valley.
On espère, on croit, et surtout on dépense des sommes colossales pour des résultats bien maigres. Les utilisateurs ne veulent pas payer pour du contenu, point barre. Mais il faut absolument le faire parce que si on ne le fait pas alors on sera en dehors du coup.

C'est d'autant plus symptomatique sur les produit de luxe ou d'un « certain » niveau de prix : comme si les acheteurs se préoccupaient d'internet pour acheter une montre ou tout autre bien de consommation à plusieurs dizaines de milliers d'euros.

Au contraire plus le produit est cher plus les consommateurs vont sur internet. Les études de google sont très instructives sur le sujet du consummer journey (le parcours d'achat). C'est très probant sur l'automobile.
L'erreur des entreprises est souvent de croire a un retour sur investissent direct et traçable.

Pour bien connaître le milieu de l’automobile, c’est exactement la même chose...

Pour très bien le connaître, l'auto va au delà, en termes de collectes de "lead" et de leur traitement

selfautowash3 a écrit:

[...] plus le produit est cher plus les consommateurs vont sur internet. Les études de google sont très instructives sur le sujet du consummer journey (le parcours d'achat). C'est très probant sur l'automobile.

Je veux bien croire qu'avant d'acheter une voiture, on se penche sur les comparatifs de la presse spécialisée ou sur les témoignages d'utilisateurs. Il est également hors de doute que la consultation du net est fréquente sur les produits les plus courants (habillement, produits technologiques, électroménager, santé, bien-être, cosmétique...).

Je pensais plutôt à des produits de luxe qui font la fierté de la France (et donc de la Suisse pour l'horlogerie), pas des produits de consommation « courante » qui touchent un large public.

Sur ces produits de luxe (haute-couture, maroquinerie, bijouterie, voitures très haut de gamme, « haute » horlogerie, parfums...) je reste plus dubitatif sur le fait que la consultation d'internet intervient sur l'acte d'achat et sur le choix du produit.

La nouvelle génération a un mode de fonctionnement différent et le digital prend le pas sur tout, y compris pour l'achat en lui même. Les avis journalistiques ne sont plus essentiels mais les réseaux sociaux, la recommandation par des amis ou des 'influencers' sont déterminants ! Et certains marchés sont encore avancés dans ce nouveau mode de conso

De fait quelques témoignages rageurs sur un forum concernant le SAV pourri d'une marque en général et/ou des défauts sur un modèle en particulier sont devastateurs sous nos lattitudes...aucun barratin idiot d'un fanboys virtuel sur son blog ou photo de com ou ambassadeur ne peut par exemple rattrapper ça
Si l'horlogerie cesse de vendre pour l'Asie ou les nouveaux riches des pays émergeant et tente de reconquérir le marché occidental et ses "pas encore pauvres mais un tantinet crispés" il y a du boulot

jaeger92 a écrit:

La nouvelle génération a un mode de fonctionnement différent et le digital prend le pas sur tout, y compris pour l'achat en lui même. Les avis journalistiques ne sont plus essentiels mais les réseaux sociaux, la recommandation par des amis ou des 'influencers' sont déterminants ! Et certains marchés sont encore avancés dans ce nouveau mode de conso

Je comprends et accepte parfaitement cet argument.

Mais l'horlogerie n'est pas au cœur des préoccupations d'achat de la nouvelle génération (ou alors peut-être les montres connectées...).

Si l'on simplifie grandement les catégories de montres mécaniques en « moins de 300 € » (Seiko, marques russes...), « 300-1500 € » (plus ou moins) et « quelques milliers d'euros », est-ce que ces montres s'adressent à la « nouvelle génération », et, si oui, pour lesquelles de ces catégories ?

Mon point de vue subjectif et moyennement autorisé :
- les montres mécaniques « accessibles » peuvent s'adresser aux jeunes, ne serait-ce que par le budget ; en général, pour collectionner les russeries ou les Seiko d'entrée de gammes (et consorts), il faut un peu de passion : les forums me paraissent tout désignés pour ça, donc l'argument serait recevable.
- les montres nécessitant un « budget moyen » correspondent à des achats occasionnels (cadeaux, événements familiaux) : ici, soit l'on a à faire à des acheteurs occasionnels qui viennent ici poser leur question puis s'évanouissent dans la nature, soit l'on a des amateurs d'horlogerie considérés comme modestes par certains membres de ce forum (mais considérés comme de doux dingues par leur entourage), et là encore, le forum est un beau lieu d'échange entre amateurs et passionnés.
- les montres nécessitant un gros budget, voire un très gros budget (marques prestigieuses qui ont leur rubrique dédiée ici) : il m'a semblé que Zen évoquait plutôt cette dernière catégorie. A mon sens, la nouvelle génération - à de rarissimes exceptions près - n'est pas le cœur de cible de ces montres-là ; et (c'est ici qu'intervient le point de vue perso), je vois mal les réseaux sociaux, les forums, les sites marchands et tout ce que procure internet à travers un PC, une tablette ou un smartphone, être des prescripteurs pour ce type d'investissement.

La montre mécanique de prix est un marqueur social fiable depuis des siècles...si la nouvelle génération des classes supérieures n'en a rien à cirer, ce sera tout de même un haut fait venant des maisons horlogères, digne d'être salué des deux mains

landes a écrit:

On dirait du Mosbilo !

Il faut dire que la réalité devient si proche de la caricature...

C'est drôle, ton sujet Zen me fait penser à l'article d'Hugo Jacomet sur les réseaux sociaux (et en particulier Instagram).

Pour reprendre la conclusion de son article :

Code:

Dans un monde qui se perd parfois dans les méandres des photos de postérieurs, un magazine comme The Rake (ou un site comme PG, ndt), se doit de défendre les choses qui seront éternellement essentielles pour les hommes : l’authenticité, la beauté, l’éducation, la morale et le courage.

Je laisse le lien vers l'article pour les plus curieux, c'est drôle et bien écrit.

https://parisiangentleman.fr/2017/08/16/la-folie-instagram-ses-exces-et-ses-derives/

freddy.lombard a écrit:

- les montres nécessitant un gros budget, voire un très gros budget (marques prestigieuses qui ont leur rubrique dédiée ici) : il m'a semblé que Zen évoquait plutôt cette dernière catégorie. A mon sens, la nouvelle génération - à de rarissimes exceptions près - n'est pas le cœur de cible de ces montres-là ; et (c'est ici qu'intervient le point de vue perso), je vois mal les réseaux sociaux, les forums, les sites marchands et tout ce que procure internet à travers un PC, une tablette ou un smartphone, être des prescripteurs pour ce type d'investissement.

Certes maintenant, mais dans un futur plus ou moins proche, c'est elle qui en aura les moyens et si elle n'est pas séduite maintenant, elle achètera autre chose. Ne pas se préoccuper de séduire cette génération maintenant sous pretexte qu'elle n'a pas encore les moyens en se disant que ça viendra plus tard est un pari qu'à titre personnel je ne prendrais pas.


Jodko.