Vers la fin de Baselworld ?
L'acharnement des organisateurs de Baselworld a quelque chose de pathétique. Au delà de la dynamique essoufflée et du contexte de crise qui peut motiver le départ de centaines d'exposants qui ne sont plus prêts à payer le prix exorbitant des stands, au delà de l'aveuglement des organisateurs à la transformation d'un monde qui ne se satisfait plus du conservatisme désuet de ce type de manifestation, il y a bien autre chose.
Antérieurement une marque ciblait Baselworld pour annoncer ses nouveautés. Réunir sur un même lieu pendant une semaine toutes les marques et toute la clientèle professionnelle était un atout extraordinaire. Et puis, il y a eu le phénomène de noyade, quand 300 fabricants annoncent en même temps leurs nouveautés, celles-ci deviennent moins lisibles surtout si au moment où elles les annoncent, d'autres sont déjà en phase de communication sur la commercialisation du produit. Le SIHH qui précède Baselworld de 3 mois a eu raison de cette dernière manifestation. Les clients n'ont plus les moyens de se déplacer deux fois. Sans doute cela a-t-il compté mais indéniablement il n'y a pas que cela. Les salons se multiplient dans le monde. Singapour, Dubaï, Hong Kong, etc... Les clients ne se déplacent plus puisque les marques vont à leur rencontre. La Suisse n'est plus le centre du monde de l'annonce de nouveauté. Les grandes maisons en saupoudrent la présentation au gré des manifestations et puis il y a internet... Plutôt que d'annoncer 8, 10 ou 15 nouveautés d'un seul coup, il est plus efficace d'en cibler une ou deux et de répartir sur l'année les annonces pour créer de l'actualité. Une marque dynamique hier présentait son nouveau catalogue à Bâle , aujourd'hui, il est mis à jour en permanence sur son site et sur les réseaux sociaux.
Baselworld est en probablement en phase terminale, cela ne représente plus grand chose et le prix des stands est devenu démesuré au regard de l'attrait de la manifestation. Pire, cela risque de devenir ringard de se cramponner à Baselworld. Les dernières marques présentes vont directement subir un préjudice d'image compte-tenu de la baisse de fréquentation. "Si il y a moins de visiteurs, c'est que les maisons encore présentes n'attirent plus grand monde". Le risque est élevé. Certains CEO s'interrogent sur les conséquences du dédit à leur engagement de 2018.
Baselword serait donc l'hôpital de marques malades de la crise ? La question mérite d'être posée tant c'est mal parti. C'est bien là que l'on se demande à quoi servent toutes les structures interprofessionnelles, fondations et autres organismes qui se sont nourris sur la bête pendant aussi longtemps et n'accouchent non pas d'aucune "bonne idée" mais simplement d'aucune idée pour voler au secours d'une industrie en détresse. Ca risque fort d'être sinistre cette année à Bâle à moins que ce ne soit pour la dernière fois.
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).