Quand on se plonge dans le monde abyssal des montres cheap, on se noie rapidement dans un océan de produits chinois. Aux grès de quelques déceptions, on parvient néanmoins à immerger quelques perles rares. Merci Mao, le productivisme a parfois du bon. Mais attention, la Chine a un important voisin, qui, tapis dans l'ombre, nourri les mêmes ambitions tarifaires ! J'ai nommé : l'Inde!
Bienvenue dans cette revue, combat de coq horloger entre Gandhi et Xi Jing Ping !
HMT, qu'elle est cette marque ?En me promenant sur plusieurs forums, notamment anglo-saxons (et pour causes), j'ai beaucoup entendu parler de HMT. Cette marque indienne, créée en 1953, semblait y avoir conquis le poignet de quelques aficionados curieux.
Après quelques recherches sur internet, je me suis rendu compte de l'importance de cette société au pays de Mowgli. Il s'agit d'un énorme conglomérat publique, donc les activités sont surtout tournées sur la production industrielle lourde comme la fabrication de tracteurs ou encore la métallurgie. En 1961, HMT se lance néanmoins dans la réalisation de montre avec l'aide du japonnais Citizen. L'aventure durera jusqu'en 2016, date à laquelle le gouvernement indien clos la branche horlogère du groupe. Après 55 ans d'activités, HTM laisse derrière elle quelques modèles devenus réputés, comme la Pilot ou la Janata.
Mon achatJe naviguais sur eBay à la recherche d'une bonne offre à pas chère pour poursuivre ma découverte de montre low-cost. Je suis alors tombé sur une enchère intéressante. Il s'agissait d'un lot de 5 HMT dont la vente se terminait dans la journée. Le vendeur, basé au Royaume-Uni, indiquait que les montres étaient révisées, nettoyées et les bracelets neufs. Une offre de type NOS donc. 33€ plus tard, frais de port compris, j'étais l'heureux propriétaire de cette mini collection. J'ai également acheté un autre modèle que celui présenté ici, en provenance d'Inde. Ce dernier, neuf, acquis pour 20€, vous sera présenté ultérieurement.
PrésentationDès la réception du lot, une semaine plus tard, je découvre avec émoi ces petites montres. Je vais en présenter plusieurs. Aujourd'hui, vous aurez droit au modèle que je qualifierais de "cool discret".
Cette HMT Sainik se présente sous la forme ultra classique d'une montre ronde, de diamètre 35mm et d'épaisseur 10mm. A l'intérieur, on retrouve un mouvement HMT 0231, dérivé du du Citizen 0200. Équipé de 17 rubis, il oscille à la vitesse folle de 18.000 battements par heure.
Montre 3 aiguilles sans aucune complication, elle est uniquement mécanique et se recharge donc via la couronne dédiée.
Le bracelet fourni ne mérite aucune présentation, tant il est de mauvaise qualité.
Le boîtierOn voit que les Indiens ont essayé de bien faire. Mais le résultat n'est pas à la hauteur de mes attentes, aussi menues soient-elles. Pour commencer, évoquons le design. Banal et sans saveur, le boîtier de la montre se présente sous la forme d'un disque au fond plain en acier poli. La lunette est fine, avec 2,5mm de large et la vitre fortement bombée. Malgré son faible diamètre de 35mm, le cadran profite donc d'une belle lisibilité.
Si la matière du boîtier en elle même me paraît de meilleure facture que sur la Shanghai 7120, les finitions sont déplorables. Nonobstant le mauvais état de la montre (soit disant remise à neuf par notre ami British), de nombreux détails trahissent la recherche d'économies substantielles dans la réalisation de la montre. Sur la photo ci-dessous, vous remarquerez l'excentration de la couronne, laquelle est grossièrement réalisée, en plus d'être trop petite. Est aussi remarquable le semblant de brossage sur le coté du boitier. Il semble avoir été réalisé à la lime, par de grands coup verticales.
Le clou du spectacle revient néanmoins au système de fixation du bracelet. Les cornes sont percées de parts en parts pour y insérer les anses pompes. Splendide
. Parce qu'en plus d'être moches, les interstices, visibles en détail sur la photo suivante, deviennent en quelques heures de véritables petits nids à poussières de peau. Raffinée et hygiénique non ? Cette montre n'est pas recommandée aux lépreux.
Sur le dessous de la montre, il n'y a rien à dire en particulier. Le fond vissé est gravé de quelques informations, lesquelles précisent que vous avez entre les mains un objet résistant aux choques et à l'eau (mais avec quelle ampleur ?...). Je vous laisse juger de la qualité du nettoyage que mentionnait mon gentil vendeur anglais
.
Le cadranC'est la partie pour laquelle j'accorde le plus d'importance. Je choisi mes montres surtout en fonction du cadran. Sur les photos, celui de cette HMT Sainik m'a plus.
Pour commencer, il est agréable d'avoir les chiffres d'indiqués. L'air de rien, la lecture de l'heure en est grandement. Ensuite, les index sous forme de ronds verts peint au dessus des chiffres, apportent ce coté cool à la montre. De bon gout, ils sont séparés par de petits indicateurs linéaires pour chaque minutes. Les peintures sont bien appliquées et tolères même un petit examen à la loupe.
Si l'on s'approche des aiguilles, on remarque qu'un travail intéressant a été réalisé. De type dauphine, la longue et la petite aiguille sont correctement découpées. Sans nervure centrale, leur polissage reflète correctement la lumière. J'apprécie particulièrement leur longueur, facilitant encore une fois la lecture précise de l'heure. Comme la trotteuse, d'un beau rouge vif, leur embout est recourbé pour épouser la forme convexe de la vitre et du cadran
. Sur une montre à 6/7€, ce détail est très appréciable.
Je tiens tout de même à pondérer mon avis jusque là positif. Premièrement, à 3h, on aperçois une découpe dans le cadran bombé. Elle permet en fait le passage de l'axe de la couronne. Décidément, le soucis de la finition ne devait pas faire parti du cahier des charges de cette HMT... Deuxièmement, l'absurdité absolue de la lecture nocturne. En effet, si les index sont visibles (à peine), dans la nuit, nos ingénieurs indiens n'ont pas cru bon d'appliquer un peu de lumi sur les aiguilles
. Ainsi donc, lorsque vous jeter un coup d’œil à votre tocante préférée quand tout devient sombre, vous pouvez seulement en conclure qu'il est entre minuit et 12h... Ou entre 12h et minuit.
Pour en finir sur le cadran, j'ai constaté qu'il y avait de nombreuses poussières à l'intérieur de la montre. Il y en à même à sur le dessous de la vitre !
Le mouvementComme indiqué au début de la revue, on a ici à faire à un mouvement spécifique HMT. Il est par contre fortement inspiré d'un vieux modèle de chez Citizen. Cette mécanique, d'inspiration japonaise et fabriquée en très grand nombre, joui d'une solide réputation de fiabilité, à défaut d'être raffinée.
Ce que ne laisse malheureusement pas présager le modèle que j'ai reçu. Soit disant révisée, la montre perdait 6 minutes par jour à sa réception. L'entretien n'a sans doute jamais été fait sur cet exemplaire de Sainik. Heureusement, j'ai pu régler moins même le mouvement. Aujourd'hui, il tiens une précision de -15s/j la nuit et +20s/j le jour. Je précise que je porte la montre pendant mon sommeil.
L'avantage d'un vieux mouvement rustique comme celui-là, c'est que l'on a pas peur d'aller y mettre ses doigts. J'ai du ouvrir et fermer plusieurs fois le fond de la montre pour obtenir un réglage assez satisfaisant. J'espère qu'il restera stable.
Concernant la réserve de marche, elle est d'environ 30h. Le remontage de la montre pourtant très doux, est pénalisé par la taille minuscule de la couronne. Il faut une quarantaine de rotation montre au poignet pour recharger complétement le ressort de barillet.
Au bruit, le mouvement dévoile à l'oreille avertie de nombreux sons. Entre le tic-tac classique de l'ancre et la vibration du ressort de barillet à chaque impulsion, ce mécanisme est assez intéressant à l'écoute. Pour autant, il reste assez silencieux dans la vie de tout les jours.
Enfin, j'ai trouvé la fréquence 18000 bps vraiment trop faible. Le mouvement de la trotteuse s'en trouve véritable hachée. Dommage.
Le confortDu fait de sa faible taille et de son poids, cette montre pourrait être confortable. "Pourrait" seulement, car le bracelet fourni est une calamité. Il se déchire et craque à tout va. Trop rigide, les espacements entre les trous sont trop faibles. L'ajustement au poignet en est altéré. Attention à ne pas trop tirer dessus, sous peine de casser une anse. Attention à la boucle également, elle a tendance à se détacher...
Pourquoi ne pas avoir équipé cette montre directement équipée d'un NATO ?
En conclusionLe style de cette montre me plaisait, quoi qu'un peu petite. Mais elle a trop de défauts. Qu'ils viennent de la conception douteuse de chez HMT ou de mon vendeur peu scrupuleux, cet ensemble de points négatifs me semble rédhibitoire. C'est dommage, parce qu'avec un peu plus d'attention accordées à certains détails, cette petite tocante aurait pu me plaire. Le style joyeux du cadran, avec cette couleur vert pomme peu commune, en faisait la compagnon de poignet idéal d'un barbecue en famille.
Après le test d'une Shanghai 7120 NOS très réussie, j'en attendais peu être trop.
Je ne perd en revanche pas confiance et vous publierais bientôt la revue d'un autre modèle HMT qui, je l'espère, ne me laissera pas ce petit goût amère dans la bouche ! En attendant : Chine 1 - Inde 0