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Sujet: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Mer 30 Jan 2019, 20:30
Il suffit d'aller sur YouTube et sur les réseaux sociaux (de plus en plus interdits en Chine) pour voir que l'horlogerie parle de plus en plus directement et de plus en plus souvent aux Chinois. Les CEO se mettent en scène avec des acteurs et des artistes chinois qui sont parfois d'énormes vedettes en Chine mais nous sont parfaitement inconnus.
Les marques leur déroulent le tapis rouge et leur font le grand jeu, celui là même qu'on faisait aux Européens encore il y a 4 ou 5 ans. Accueil à la portière de la limousine par une attachée de presse ou directrice de com bien décolletée, CEO à l'entrée du stand, visite sur mesure avec parterre de photographes (dont 75% ne savent pas qui ils photographient) et présentation de la montre par un horloger en blouse blanche pour prouver à l'invité qu'on ne se moque pas de lui. Notre Chinois est bien traité et quand on cherche son nom sur Google on s'aperçoit qu'il vend 2 millions de disques à chaque nouvel album et qu'il a derrière lui tout le show-business chinois alors notre petit chanteur français qui fait un peu artiste régional n'intéresse plus grand monde. Tandis qu'Omega fait une tentative avec Bénabar dont l'écho a sans doute touché sa famille et deux de ses potes, notre artiste chinois est à la fois un leader d'Opinion, si si les Chinois ont le droit d'aimer des chanteurs apolitiques, et cela touche 4 ou 5 millions de Chinois ce qui est très peu par rapport à 1,4 milliard mais ouvre un potentiel de clients qui nous renvoie à notre rang de village gaulois.
Il faut l'admettre, nous ne pesons plus grand chose entre les Chinois qui absorbent une montre sur deux, les Indiens qui vont bientôt absorber et les Américains qui sont super-absorbants quand on sait leur parler. Evidemment, il reste en Europe élargie les Russes moins amateurs de montres qu'avant et les Italiens mais ces derniers se sont un peu rangés des voitures depuis les augmentations drastiques des tarifs helvétiques. Alors la question est bien "où sont les Français dans tout ça ?" .
Posez la question à un CEO si tant est qu'il réponde encore aux Français quand une interview à un micro-média chinois lui ouvre la porte sur 5 millions d'âmes. La première des réactions de notre CEO sera visuelle. La bouche se tord, les yeux se noient dans l'espace, un silence s'installe et on lit dans ses grimaces le questionnement de son moi profond " Que vais-je répondre sans être désagréable ? " C'est qu'au pays du Gilet Jaune, on a la susceptibilité à fleur de peau et qu'il n'y a rien qui brule plus facilement qu'une boutique de la place Vendôme que les gilets sont capables de transformer en libre service meilleur marché que les restos du cœur le temps d'un samedi après-midi. C'est bien la preuve, qu'en France, on s'intéresse encore à l'horlogerie, pourrait-on dire, et que le seul obstacle est celui du prix. Mais ça ce n'est pas un argument qui éclaire la pensée de notre CEO, non lui veut voir derrière chaque amateur de montre un client, un vrai qui n'attend pas les soldes, ne chasse pas le marché gris et met la main au portefeuille pour prouver son amour sans limite pour l'art horloger.
Un ange passe pendant que notre CEO réfléchit à formuler une réponse acceptable et en s'y reprenant à deux fois pour avoir la voix haute et intelligible, il va nous placer avec le plus grand sérieux " Le marché français est intéressant par la diversité des goûts des clients". Bon, ça ne veut rien dire et ça préserve les relations mais il est difficile d'avouer que deux montres sur trois vendues en France le sont à des touristes étrangers et que la plupart sont Chinois. Mais alors quels Français achètent encore des montres ? C'est assez simple, pour avoir la réponse, ce n'est pas au CEO de la marque qu'il faut s'adresser mais à monsieur Xee, qui depuis Hong-Kong, vend au marché gris les surplus de montres que les Chinois n'ont pas achetés. Effectivement, il faut bien les faire terminer quelque part ces montres et parmi les petits acheteurs potentiels, il y a les citoyens des petits pays émergents. Cette clientèle-là qui n'est plus directement acheteuse de montres n'a plus vraiment d'intérêt direct pour les marques au point qu'on lui sert sur Twitter, comme au reste du monde, la vidéo de l'événement organisé en Chine auquel aucun Français n'a participé.
Comprenez bien que les marques suisses n'ont rien contre les Français, non bien au contraire et d'ailleurs, quand il faut organiser un évènement en France, elle le font volontiers avec un traiteur français en servant du champagne français partout dans le monde mais pour l'horlogerie, la France c'est Reims, Epernay, Bordeaux et Cognac et plus accessoirement Paris mais depuis un samedi jaune, le lieu n'a plus la cote. C'est qu'en terme d'image, les Chinois n'aiment pas se faire dévaliser à Paris et qu'entre les odeurs d'urine de la capitale française et ses relents de gaz lacrymogène, le sens olfactif chinois préfère encore la pollution pékinoise.
Il faut s'y faire. Paris n'a plus la cote, la France se résume aux lieux de productions viticoles de prestige et question horlogerie, le pays est devenu un nain connu pour ses troubles à l'ordre public. Il faut se rendre à l'évidence, si l'on croise encore des CEO à Paris c'est parce que le siège de LVMH et celui de Kering y sont installés mais on peut compter sur l'aptitude des Français à conserver ce qui les enrichit pour que les groupes se délocalisent en Chine.
Mais alors, les marques d'horlogerie aiment-elles encore les Français ? Ce bon vieux pays gaulois qui cultive la tradition de la critique et de la contestation permet-il encore aux clients français de profiter d'une cote d'amour auprès des marques, d'un petit je ne sais quoi qui lui donnerait un petit privilège auprès des grandes maisons ? La réponse est claire, c'est non ! La plupart des marques ne font plus que des vidéos en anglais, les slogans sont en anglais, les mannequins ne sont plus françaises, dans les notices des montres, le français est à la 25ème page et il a reculé de 10 places en 10 ans, bref, le français n'inspire plus rien d'autre qu'une certaine indifférence un peu comme dans un vieux couple l'un cohabite avec l'autre sans plus se poser la question de savoir pourquoi.
Notre CEO n'a pas vraiment de réponse à donner aux Français non parce qu'il les déteste mais parce qu'il ne sait plus qui ils sont. La langue française autrefois langue maternelle de l'horlogerie n'est plus que rarement usitée et s'il y a bien des employés français dans les manufactures suisses, c'est uniquement parce la petite main française est moins chère et plus souple que la main d'œuvre suisse. En plus, cette main d'œuvre française n'est même pas comptabilisée dans les statistiques du chômage suisse alors pourquoi se priver ? A défaut d'aimer la clientèle française, l'horlogerie suisse apprécie sa main d'œuvre. Cocorico !
_________________ Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
Dernière édition par ZEN le Jeu 31 Jan 2019, 08:35, édité 2 fois
Amphibia110 Animateur
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Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Mer 30 Jan 2019, 20:50
Y'a un truc que je ne comprends pas... il y a peu, on nous a parlé d'une crise horlogère causée par la Chine qui n'achetait plus (anti corruption)... et on lisait pas mal de marques dire qu'elles se recentraient hors de la Chine (Zenith je crois) parce que la stratégie du tout chinois les avait mis dans la panade...
Ils repartent donc le sabre au clair dans la meme chose???
Sinon, oui, si notre ami CEO cherche des clients qui se font "enfiler" a payer plein pot des montres qui valent le tiers de ce qu'il les vend, il a interet a marketer des pays avec une culture horlogere un peu moindre...
Totocatcho Membre référent
Nombre de messages : 7424 Age : 36 Localisation : TOULOUSE Date d'inscription : 22/03/2017
Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Mer 30 Jan 2019, 20:52
C'est vrai , en occident les marchés paraissent restreint en potentiels clients notamment sur l'horlogerie et plus largement sur l'industrie du luxe. Et en plus les consomateurs y sont devenus connaisseurs et exigeant contrairement a ceux des nouveaux marchés. Une aubaine !! Mais au fond cela ne change rien au plaisir qu'éprouve le Gaulois d'avoir une belle montre au poignet ^^
Tof971 Membre très actif
Nombre de messages : 192 Date d'inscription : 30/09/2015
Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Mer 30 Jan 2019, 21:19
D'une manière générale, il faut avoir conscience que la Chine est LA grande puissance du 21e siècle (et l'Inde sera juste derrière). Les Chinois ont commencé une partie d'échec avec les super-puissances au siècle dernier visant à prendre le contrôle du commerce mondiale. Ils ont d'abord appris à fabriquer les produits, puis ils ont appris à les transporter (Cosco, la compagnie maritime chinoise s'est élevée au rang de 3e compagnie maritime mondiale en reléguant CMA/CGM à la 4eme place et ce n'est pas finit) et maintenant ils prennent le contrôle des terminaux portuaires dans le monde.
Plus grave, lorsqu'on parle de dette publique, l'argent vient d'ou selon vous ? Lorsque la Chine voudra nous mettre échec et mat ils n'auront qu'à réclamer le paiement de l'argent qu'ils nous prêtent depuis des années, vu qu'on sera incapable de les rembourser nous devrons accepter les conditions qu'ils nous imposeront et je ne serais pas étonnée que, dans quelques décennies, ce soit nos enfants qui fabriquent des baskets pour les Chinois.
Le CEO dont parle Zen fait comme tous les autres CEO de quelque secteur que ce soit, il a une vision à court terme de son métier et pense qu'il restera le nombril du monde. Il est certain que les riches chinois sont des consommateurs naifs à qui ils peuvent vendre leurs produits une fortune et que les pauvres chinois ne sont qu'une main d'oeuvre malléable à bas prix, sans se douter un seul instant qu'il a affaire à une nation en ordre de bataille qui forme un tout et qui a, elle, une vision très précise de ce qu'elle fait sur le très long terme.
RC36 Membre Actif
Nombre de messages : 124 Age : 45 Localisation : Midi Pyrénées Date d'inscription : 07/12/2014
Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Mer 30 Jan 2019, 21:32
Bonsoir Zen,
Quand tu dis « nous » dans le titre de ton post, qui considères tu? Le passionné de montre, l’acheteur occidental moyen, le client historique d’une marque, le français moyen, le français pas moyen ?
J’ai lu ton autre billet / interview informelle de ce jour. Et il me semble que le premier type que je liste au dessus ne fait plus partie des priorités.
D’ailleurs a t’il ne serait-ce qu’un jour était ciblé par une quelconque marque ? Je me demande en fait si le passionné a un jour représenté la tête de Pareto des acheteurs d’une marque?
Fabrice.
Kilano Membre Actif
Nombre de messages : 123 Localisation : Rhône Date d'inscription : 19/01/2019
Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Mer 30 Jan 2019, 21:49
On peut retourner la question:
- Aime t-on encore l'horlogerie Suisse, et pour quelles raisons?
Perso la Suisse pour moi ce n'est pas un pays, juste un conglomérat de cantons à 4 langues, dont je n'ai aucune idée de qui le dirige, aucun poids politique mondial, un chocolat bien moins bon que les pralines belges, et des conducteurs qui viennent jeter leurs papiers chez nous et rouler comme des fous sur nos autoroutes. Bref, c'est pas un pays, juste une usine à montres.
(oui, pour les idées reçues je suis aussi con qu'un CEO suisse....)
Pour revenir au sujet des montres, à vrai dire je me fiche complètement qu'elles soient de Suisse ou d'ailleurs, ce qui prévaut c'est l'originalité, la qualité, le bon prix, le SAV, qu'on nous prenne pas pour des cons nous les clients, et aussi comme tout le monde je pense à l'image de marque dont les d'jeuns sont très imprégnés.
Je pense qu'il y a de très bonnes montres allemandes, américaines, anglaises, voire même françaises, et que le made in Swiss n'a plus vraiment de raisons techniques, il ne reste que l'image. Et il faut bien le dire: pour une certaine génération, avancée, voire très avancée. (car le d'jeun, lui, il kiffe du Diesel, pas du Omega à papy qu'à fait semblant de marcher sur la Lune).
Beaucoup de marques ont failli disparaître dans les années 70 à cause de nouvelles technologies, si elles ont survécu je pense qu'à l'époque ce n'est pas grâce aux marchés dits émergents (Chine, Russie, Inde etc...), mais grâce aux clients américains et européens.
Aujourd'hui elles nous snobent, grand bien leur fasse! Perso pas besoin de "made in swiss", ce n'est plus synonyme de qualité, je trouve bien plus classe d'avoir un "made in Japan" sur une GS qu'un "swiss made" sur une Steinhart.
En plus les CEO devraient se méfier, ça commence à pas sentir bon entre Chine/Russie vs USA, on ne sait pas ou tout ça va nous mener, mais clairement tout orienter vers la Chine est assez risqué à mon avis.
De simple amateur
Franceallemagne Animateur Chevronné
Nombre de messages : 1435 Date d'inscription : 02/12/2007
Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Mer 30 Jan 2019, 22:01
Il y a Pequignet, Lip et Yema en France, ici aussi il y a des CEO ... ok je
A+ FA
Kilano Membre Actif
Nombre de messages : 123 Localisation : Rhône Date d'inscription : 19/01/2019
Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Mer 30 Jan 2019, 22:14
Pour l'Allemagne il y a Sinn et Stowa, très bonnes marques avec excellent RQP, elles n'ont pas besoin d'inscrire un Swiss made sur leur cadran pour qu'on sache nous les amateurs qu'elles sont gage de qualité. D'ailleurs l'Allemagne dans le monde est synonyme de qualité, pour leurs bagnoles mais aussi pour la majorité de leurs productions industrielles. Bien sûr ça reste des marques peu connues pour les 2 pré-citées, mais clairement je pense qu'à la longue ce n'est plus le marquage "swiss made" qui fera le gage de qualité, ça va devenir juste le marquage du soit disant haut de gamme en marketing, qui s'effondrera un jour tout seul, face à la réalité et aux nouvelles générations.
Pour la France, tu as oublié Dodane, entre-autres....
LUDOSTER Pilier du forum
Nombre de messages : 1944 Age : 39 Localisation : RENNES Date d'inscription : 12/04/2013
Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Jeu 31 Jan 2019, 00:08
Les boutiques de montres vivent moins bien qu’il y a quelques années en France, elles ont d’ailleurs moins de budgets quand il faut refaire la boutique. Il n’y a guère qu’a Paris ou ça tourne bien, grâce au tourisme, mais actuellement on y trouvera facilement un hôtel à prix cassé sur les plateformes spécialisées dans s’y prendre avec de l’avance, Paris se voit actuellement tourner le dos par les touristes, les boutiques des grandes marques ouvrent le dimanche mais ça ne compense pas la perte de chiffre.
C’est vrai que nous nous plaignons souvent du design actuel (squelette, etc), des diamètres, mais souvent elles n’ont pas été dessinée pour nous...
FD Membre très actif
Nombre de messages : 163 Age : 55 Localisation : Paris Date d'inscription : 11/07/2009
Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Jeu 31 Jan 2019, 00:17
Bonsoir, Billet intéressant et d'ailleurs pas le premier, de Zen sur le déclassement du pays. Évidemment que la France ne compte plus comme avant. Ça fait 40 ans qu'on se regarde le nombril en tenant tête à tout le monde avec notre soit disant "esprit français" sans avoir su ou voulu voir que les autres avançaient sans nous. Je veux pas faire le declinologue mais l'état des lieux est pas brillant : recul dans les classements mondiaux, complaisance à tous les niveaux du pouvoir, aucune vision d'avenir, scolarité bradée au nom de l'égalité (mais par le bas, c'est moins fatigant et ça rentre dans les 35 heures). C'est sûr qu'on forme des chercheurs...qui vont ensuite trouver ailleurs !! La liste est sans fin des petits et grands abandons collectifs. La comparaison avec la Chine est juste impensable. Depuis le temps qu'on nous dit que la France recule...et bien voilà. On y est. Ça se traduit sur le forum par ces considérations horlogères. En automobile avec le raz de marée de Dacia dont personne ne rêve vraiment mais que tout le monde s'arrache. Avec les gilets jaunes, victimes malgré eux du système dans lequel ils se sont enfermés au nom des acquis sociaux. Tout ceci est désolant. Le constat sur l'horlogerie ne touche à la marge qu'une faible partie de la population. Tout comme l'automobile sportive ou de luxe. Mais ce sont des signes forts quand une partie de la cible de ces marques ne veut ou ne peut plus se les offrir.
Amphibia110 Animateur
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Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Jeu 31 Jan 2019, 00:34
Kilano a écrit:
On peut retourner la question:
- Aime t-on encore l'horlogerie Suisse, et pour quelles raisons?
Perso la Suisse pour moi ce n'est pas un pays, juste un conglomérat de cantons à 4 langues, dont je n'ai aucune idée de qui le dirige, aucun poids politique mondial, un chocolat bien moins bon que les pralines belges, et des conducteurs qui viennent jeter leurs papiers chez nous et rouler comme des fous sur nos autoroutes. Bref, c'est pas un pays, juste une usine à montres.
(oui, pour les idées reçues je suis aussi con qu'un CEO suisse....)
Pour revenir au sujet des montres, à vrai dire je me fiche complètement qu'elles soient de Suisse ou d'ailleurs, ce qui prévaut c'est l'originalité, la qualité, le bon prix, le SAV, qu'on nous prenne pas pour des cons nous les clients, et aussi comme tout le monde je pense à l'image de marque dont les d'jeuns sont très imprégnés.
Je pense qu'il y a de très bonnes montres allemandes, américaines, anglaises, voire même françaises, et que le made in Swiss n'a plus vraiment de raisons techniques, il ne reste que l'image. Et il faut bien le dire: pour une certaine génération, avancée, voire très avancée. (car le d'jeun, lui, il kiffe du Diesel, pas du Omega à papy qu'à fait semblant de marcher sur la Lune).
Beaucoup de marques ont failli disparaître dans les années 70 à cause de nouvelles technologies, si elles ont survécu je pense qu'à l'époque ce n'est pas grâce aux marchés dits émergents (Chine, Russie, Inde etc...), mais grâce aux clients américains et européens.
Aujourd'hui elles nous snobent, grand bien leur fasse! Perso pas besoin de "made in swiss", ce n'est plus synonyme de qualité, je trouve bien plus classe d'avoir un "made in Japan" sur une GS qu'un "swiss made" sur une Steinhart.
En plus les CEO devraient se méfier, ça commence à pas sentir bon entre Chine/Russie vs USA, on ne sait pas ou tout ça va nous mener, mais clairement tout orienter vers la Chine est assez risqué à mon avis.
De simple amateur
Exactement. Sans compter que la majeure partie d'une montre est aujourd'hui produite à la machine... du coup ce qu'une machine sait faire en suisse, elle sait le faire ailleurs...
Le "savoir faire suisse" (avec des ouvriers français) n'a plus vraiment de sens pour les montres de grande diffusion...
FD a écrit:
Bonsoir, Billet intéressant et d'ailleurs pas le premier, de Zen sur le déclassement du pays. Évidemment que la France ne compte plus comme avant. Ça fait 40 ans qu'on se regarde le nombril en tenant tête à tout le monde avec notre soit disant "esprit français" sans avoir su ou voulu voir que les autres avançaient sans nous. Je veux pas faire le declinologue mais l'état des lieux est pas brillant : recul dans les classements mondiaux, complaisance à tous les niveaux du pouvoir, aucune vision d'avenir, scolarité bradée au nom de l'égalité (mais par le bas, c'est moins fatigant et ça rentre dans les 35 heures). C'est sûr qu'on forme des chercheurs...qui vont ensuite trouver ailleurs !! La liste est sans fin des petits et grands abandons collectifs. La comparaison avec la Chine est juste impensable. Depuis le temps qu'on nous dit que la France recule...et bien voilà. On y est. Ça se traduit sur le forum par ces considérations horlogères. En automobile avec le raz de marée de Dacia dont personne ne rêve vraiment mais que tout le monde s'arrache. Avec les gilets jaunes, victimes malgré eux du système dans lequel ils se sont enfermés au nom des acquis sociaux. Tout ceci est désolant. Le constat sur l'horlogerie ne touche à la marge qu'une faible partie de la population. Tout comme l'automobile sportive ou de luxe. Mais ce sont des signes forts quand une partie de la cible de ces marques ne veut ou ne peut plus se les offrir.
Oui et non...
D'abord quel CEO de quelle marque de montre? Si on parle de joyeusetés à plusieurs dizaines ou centaines de milliers d'euros, oui, la France n'est plus un pays pour ça et pas que pour de mauvaises raisons: oui, la France ne produit plus de riches et ceux qui l'étaient déjà se sont barrés. Mais oui, la France est aussi un pays avec une culture et un savoir vivre qui n'est pas le savoir vivre Chinois ou Saoudien ou le but - je caricature... mais pas tant que ça - est d'avoir la plus grosse et la plus brillante pour briller en société... Heureusement, la vieille Europe à une culture de la discrétion qui n'est pas favorable au bling...
Si on parle de montre moyenne gamme (Panerai, Omega, Rolo, ...) le problème est peut être autant l'offre que la demande. Les gens n'ont peut être juste pas envie d'acheter des montres marketées pour les chinois! Oui, peut etre que les gouts de ces gens la ne sont pas les notres, et que la énième déclinaison de montres qui ont 50 ans ennuie les gens ici...
Enfin, comme je disais, si le marché idéal est un marché ou le consommateur boit un marketing niais à la louche et est près a payer des milliers d'euros et attendre 1 an pour avoir une montre qui ne vaut pas la moitié et ne connait aucune réelle pénurie... forcément, un marché plus "éduqué" comme l'Europe n'est pas l'idéal...
Parce qu'à un moment, le billet décrit quand même le consommateur chinois comme idéal parce qu'il est le "bon con" du CEO qui veut vendre toujours plus...
Si le déclassement c'est de ne pas vouloir être un consommateur gogo, alors je veux bien être déclassé...
Ganesh Passionné de référence
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Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Jeu 31 Jan 2019, 06:41
Amphibia110 a écrit:
Sinon, oui, si notre ami CEO cherche des clients qui se font "enfiler" a payer plein pot des montres qui valent le tiers de ce qu'il les vend, il a interet a marketer des pays avec une culture horlogere un peu moindre...
Le prix d'une montre ce n'est pas son prix de fabrication , mais celui que les clients sont prêts à mettre. D'ailleurs je pense que ton estimation de 30% est haute, on doit plus souvent être entre 10 et 20%. D'ou l'importance de la comm et du marketing qui vont permettre de suciter l'envie (pour un objet devenu maintenant superflu mais c'est une autre histoire). Sans cela , toutes les marques horlogeres mettraient la clé sous la porte et on ne trouverait plus que des quartz bas de gamme faites en Chine.
Ça me rappelle une anecdote. Enfant, je collectionnais les insignes de voiture et avec mon père, on faisait le samedi apres midi la tournée des casses auto pour recuperer pour 3 fois rien un insigne Mercedes ou Panhard. Mon père s'est alors mis en tête de trouver un insigne rolls royce. Évidemment ce genre de voiture ne se trouve jamais dans une casse, donc on a été voir un concessionnaire pour savoir si on pouvait l'acheter en pièce détachée. Effectivement on pouvait le commander, mais ça coutait 2500 F (imaginez ce que représente cette somme dans les années 60 ) Mon père lui a demandé si c'était en argent massif, et le gars a répondu "non c'est en inox, mais c'est Rolls Royce"
-Slayer- Pilier du forum
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Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Jeu 31 Jan 2019, 07:46
Il y a beaucoup de bon sens dans les messages de Kilano et Amphibia.
Le sentiment de déclassement est surtout dû et propice à la morosité et au scepticisme ambiants vécus de l'intérieur. Evidemment que l'on ne va pas lutter avec des pays de plus d'un milliard d'habitants (et encore, la Chine et l'Inde ne jouent pas ni ne joueront dans la même cour), mais nos atouts restent vivaces et c'est comme souvent depuis chez le voisin où c'est bien connu l'herbe est plus verte que l'on le mesure le mieux.
Pour rester sur l'horlogerie, le marché européen au-delà de toute considération de moyens est sans aucun doute le plus compliqué car le plus ancien, mature et exigeant.
L'Européen après des décennies de consommation des différentes itérations d'un même modèle veut une nouvelle version qui fasse souffler un vent de modernité sur le produit sans oblitérer d'un chouïa son ADN et des nouveautés qui cassent les codes de la marque mais respectent son historique, l'exercice n'est quand même pas simple. Le Chinois ou Qatari a encore lui les yeux de la découverte, il vient de connaître la présentation de sa deuxième ou troisième génération de Navitimer, Speedmaster ou autre icône, il est encore dans sa lune de miel, et pas seulement parce que le produit est marketé de plus en plus à son image.
Les pinaillages qui nous semblent, à raison ma foi, bien légitimes sur un logo ou index peint plutôt qu'appliqué, il n'en a souvent cure. Un discours marketing bien ficelé sur l'emploi d'un matériau moins noble pour une lunette, un spiral ou même un boitier convaincra sans mal là-bas. Ici ça sera au mieux du scepticisme ou de la défiance, au pire une levée de boucliers.
On veut ici (moi le premier) d'une pièce qu'elle soit remarquable sans être remarquée, exceptionnelle sans être farfelue ; et il y a pas mal d'élitisme : on aime que nos garde-temps soient invisibles du quidam et repérés seulement par le fin connaisseur qui nous ressemble. Le Chinois montre, partage avec qui veut autour de lui et sur internet, n'a pas les mêmes soucis de rapport à l'argent que le Français. Il n'a pas non plus à cacher son bien en public vu l'absence d'insécurité aussi.
Les Chinois sont aussi réticents à l'idée d'acheter au gris ou d'occasion à cause de leur défiance du faux qui reste bien présent dans le pays. Le neuf en boutique officielle est priorisé, tout bonus pour les marques horlogères qui voient les Européens chercher à acheter au prix juste et pas frileux d'acheter au gris.
Sans oublier les considérations de légitimité historique d'une marque de par son âge, sa contribution à l'avancée horlogère, son nombre de brevets déposés qui n'émeuvent pas plus que ça le consommateur asiatique.
Tout concourt à une fuite en avant, une recherche de la rentabilité maximale facile et sans efforts et une logique fort court-termiste de la part de notre "PDG de marque horlogère" décrit plus haut.
Déjà parce que l'exigence des marchés européens pousse à l'excellence, ce n'est pas en voyant qu'il suffit de mettre une sucette Chupa Chups rose fluo ou un morceau de bamboo du Sichuan dans une RM et de vendre le prix de l'objet à nos Chinois que l'industrie horlogère va être tirée vers le haut.
Le jour où leur marché fera sa mue (et ça va arriver) la chute n'en sera que plus douloureuse. Il suffit de voir que sur le continent le gris brille par sa très grande discrétion alors qu'à Hong Kong et à Taïwan, deux pays "chinois" riches et développés, on voit des boutiques de gris physiques en tout point semblables à celle d'un AD généraliste installé en face. Il en va de même au Japon.
Manivel Membre éminent.
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Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Jeu 31 Jan 2019, 09:12
Dire que la France fut la lumière du monde, sa mode, son luxe... la ou il fallait être...
L&S Membre éminent.
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Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Jeu 31 Jan 2019, 09:30
Tof971 a écrit:
D'une manière générale, il faut avoir conscience que la Chine est LA grande puissance du 21e siècle (et l'Inde sera juste derrière). Les Chinois ont commencé une partie d'échec avec les super-puissances au siècle dernier visant à prendre le contrôle du commerce mondiale. Ils ont d'abord appris à fabriquer les produits, puis ils ont appris à les transporter (Cosco, la compagnie maritime chinoise s'est élevée au rang de 3e compagnie maritime mondiale en reléguant CMA/CGM à la 4eme place et ce n'est pas finit) et maintenant ils prennent le contrôle des terminaux portuaires dans le monde.
Plus grave, lorsqu'on parle de dette publique, l'argent vient d'ou selon vous ? Lorsque la Chine voudra nous mettre échec et mat ils n'auront qu'à réclamer le paiement de l'argent qu'ils nous prêtent depuis des années, vu qu'on sera incapable de les rembourser nous devrons accepter les conditions qu'ils nous imposeront et je ne serais pas étonnée que, dans quelques décennies, ce soit nos enfants qui fabriquent des baskets pour les Chinois.
Le CEO dont parle Zen fait comme tous les autres CEO de quelque secteur que ce soit, il a une vision à court terme de son métier et pense qu'il restera le nombril du monde. Il est certain que les riches chinois sont des consommateurs naifs à qui ils peuvent vendre leurs produits une fortune et que les pauvres chinois ne sont qu'une main d'oeuvre malléable à bas prix, sans se douter un seul instant qu'il a affaire à une nation en ordre de bataille qui forme un tout et qui a, elle, une vision très précise de ce qu'elle fait sur le très long terme.
Je pense comme toi... bien que ça me foute les j'tons
Kilano a écrit:
Pour l'Allemagne il y a Sinn et Stowa, très bonnes marques avec excellent RQP, elles n'ont pas besoin d'inscrire un Swiss made sur leur cadran pour qu'on sache nous les amateurs qu'elles sont gage de qualité. D'ailleurs l'Allemagne dans le monde est synonyme de qualité, pour leurs bagnoles mais aussi pour la majorité de leurs productions industrielles. Bien sûr ça reste des marques peu connues pour les 2 pré-citées, mais clairement je pense qu'à la longue ce n'est plus le marquage "swiss made" qui fera le gage de qualité, ça va devenir juste le marquage du soit disant haut de gamme en marketing, qui s'effondrera un jour tout seul, face à la réalité et aux nouvelles générations.
Pour la France, tu as oublié Dodane, entre-autres....
... et toi tu as oublié Archimède et (surtout) Nomos pour l'Allemagne. Entre autres
Leopal Membre référent
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Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Jeu 31 Jan 2019, 15:02
Tof971 a écrit:
D'une manière générale, il faut avoir conscience que la Chine est LA grande puissance du 21e siècle (et l'Inde sera juste derrière). Les Chinois ont commencé une partie d'échec avec les super-puissances au siècle dernier visant à prendre le contrôle du commerce mondiale. Ils ont d'abord appris à fabriquer les produits, puis ils ont appris à les transporter (Cosco, la compagnie maritime chinoise s'est élevée au rang de 3e compagnie maritime mondiale en reléguant CMA/CGM à la 4eme place et ce n'est pas finit) et maintenant ils prennent le contrôle des terminaux portuaires dans le monde.
Et grâce à qui ? L'occident, qui a délocalisé le travail et exporté le savoir. Ce sont les US et l'Europe qui ont donné l'occasion à la Chine de se transformer, tant mieux pour eux, et tant pis pour nous... maintenant il va falloir gérer les envies d'expansions : politique, territoriale, miliaire, etc.
Kilano a écrit:
(oui, pour les idées reçues je suis aussi con qu'un CEO suisse....)
Je pense qu'il y a de très bonnes montres allemandes, américaines, anglaises, voire même françaises, et que le made in Swiss n'a plus vraiment de raisons techniques, il ne reste que l'image.
Dans le genre idées reçues, oui tu performes bien...
Pas de raison technique ? Ou tu peux trouver l'équivalent de, par exemple, des Jaeger-LeCoultre Master Grande Tradition Gyrotourbillon Westminster Perpétuel ou Vacheron Constantin Twin Beat, hors de Suisse ? Ta réponse m'intéresse... Dire que ce pays n'en est pas un ou n'a pas d'avance en matière horlogère mécanique, c'est une farce.
-Slayer- a écrit:
Pour rester sur l'horlogerie, le marché européen au-delà de toute considération de moyens est sans aucun doute le plus compliqué car le plus ancien, mature et exigeant.
Certainement, le marché traditionnel aussi, avec les US. Et il n'est jamais bon de se couper de son marché d'origine.
M ONE HUNDRED Passionné de référence
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Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Jeu 31 Jan 2019, 15:38
L'horlogerie Suisse a peut être intégrée que les acheteurs Européens, dont les Français font partie, en ont marre d'être pris pour des vaches à lait avec sa politique tarifaire en hausse perpétuelle sans que la qualité perçue soit à la hauteur du prix "exigé" en boutique.
Comme dit plus haut par d'autres FAMeurs, le "swiss made" est-il toujours et encore considéré comme un gage de qualité, un peu à l'instar du "made in France" d'ailleurs.
Il y a, dans de nombreux pays d'Europe, des fabricants et des Manufactures de montres dont la qualité des produits n'a pas à rougir en comparaison du "swiss made".
J'ai visionné il y a deux jours, sur YouTube, un reportage sur Philippe DUFOUR, dans lequel il expliquait qu'il voulait fabriquer une série de 100 exemplaires d'une montre, mais que devant la demande pour ce modèle, il avait choisi d'en fabriquer 200 ... en indiquant qu'il lui avait fallu 12 ANS pour fabriquer et assembler les 200 exemplaires. Là, le "swiss made" ne me semble pas galvaudé.
Ganesh Passionné de référence
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Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Jeu 31 Jan 2019, 15:51
M ONE HUNDRED a écrit:
L'horlogerie Suisse a peut être intégrée que les acheteurs Européens, dont les Français font partie, en ont marre d'être pris pour des vaches à lait avec sa politique tarifaire en hausse perpétuelle sans que la qualité perçue soit à la hauteur du prix "exigé" en boutique.
Voila tout est dit Je refuse d'être pris pour un ...gogo (pour rester poli) et payer une swiss made dont la majorité des composants vient d'ailleurs, et qui coûte 2 fois plus cher qu'il y a 8 ou 10 ans à produit identique J'étais à un moment tenté par une speedmaster mais je vais m'abstenir, même si en mettant un peu de côté je pourrais me l'offrir
skrinch Membre Hyper actif
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Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Jeu 31 Jan 2019, 18:48
FD a écrit:
Depuis le temps qu'on nous dit que la France recule...et bien voilà. On y est. Ça se traduit sur le forum par ces considérations horlogères. En automobile avec le raz de marée de Dacia dont personne ne rêve vraiment mais que tout le monde s'arrache. Avec les gilets jaunes, victimes malgré eux du système dans lequel ils se sont enfermés au nom des acquis sociaux. Tout ceci est désolant.
Très clairvoyant, et à mon sens réaliste. J'ai mal pour mon pays. Bref, il est temps de se rendre compte, ne serait-ce qu'à travers une futilité telle que les montres, que l'ordre mondial n'est plus le même qu'il y à 10, 20 ou 30 ans. Et nous sommes restés sur place. Dans le domaine de notre passion cela se traduit par des marques qui deviennent inaccessibles et vendant des objets qui ne font même plus rêver car sempiternellement ennuyeux, sans renouveau. Alors effectivement, la question se pose aussi dans l'autre sens : est-ce que l'horlogerie suisse nous fait encore rêver ? Qui veut du clone d'ETA dans une boite fabriquée en Chine avec un Ring Spacer en plastoc' à 4 ou 5k€? L'envie d'acheter une première montre 'sympa' m'a conduit a m'intéresser à de nombreux domaines, à acquérir des connaissances, à rencontrer des personnes certaines fois. Ceci me plaît et me passionne. La production actuelle frelatée du Swatch Group et consors : Désolé, sans moi !
Amphibia110 Animateur
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Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Jeu 31 Jan 2019, 20:27
Ganesh a écrit:
Le prix d'une montre ce n'est pas son prix de fabrication , mais celui que les clients sont prêts à mettre. D'ailleurs je pense que ton estimation de 30% est haute, on doit plus souvent être entre 10 et 20%. D'ou l'importance de la comm et du marketing qui vont permettre de suciter l'envie (pour un objet devenu maintenant superflu mais c'est une autre histoire). Sans cela , toutes les marques horlogeres mettraient la clé sous la porte et on ne trouverait plus que des quartz bas de gamme faites en Chine.
Ça me rappelle une anecdote. Enfant, je collectionnais les insignes de voiture et avec mon père, on faisait le samedi apres midi la tournée des casses auto pour recuperer pour 3 fois rien un insigne Mercedes ou Panhard. Mon père s'est alors mis en tête de trouver un insigne rolls royce. Évidemment ce genre de voiture ne se trouve jamais dans une casse, donc on a été voir un concessionnaire pour savoir si on pouvait l'acheter en pièce détachée. Effectivement on pouvait le commander, mais ça coutait 2500 F (imaginez ce que représente cette somme dans les années 60 ) Mon père lui a demandé si c'était en argent massif, et le gars a répondu "non c'est en inox, mais c'est Rolls Royce"
Justement, avec 30% j'étais sympa, j'estimais le prix qu'il serait juste à mon sens de payer...
Manivel a écrit:
Dire que la France fut la lumière du monde, sa mode, son luxe... la ou il fallait être...
C'est toujours le cas... à vrai dire, rien n'a vraiment changé... le coté "France" fait toujours luxe et bonne facture partout dans le monde, mais aujourd'hui comme hier, le peuple français n'a jamais vraiment été acheteur...
Après, qu'en terme marketing le consommateur français soit moins convoité que le consommateur chinois à quelque chose de rassurant quand on voit ce qu'on leur vend et comment...
MisterP Permanent passionné
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Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Jeu 31 Jan 2019, 21:27
Autre chose à prendre en compte, concernant les clients chinois...
Ils sont justement très sensibles à la question du prix. Ils ne vont pas en boutiques pour poser des questions techniques, ils ont regardé les réfs, les caractéristiques sur le web depuis longtemps. Ils ne sont là que pour discuter du prix final.
La détaxe entre 10 et quasi 20% chez certaines marques leur permet d'arriver à des prix moindres. Si on veut voir sur le luxe (horlogerie et autres secteurs), qui achète, il faut regarder ce qui sort des opérateurs détaxe. Sur plusieurs années de suite, c'est la Chine en tête, et de très loin en proportion.
Là où le client français va vouloir sortir son chéquier en 2019, où ne comprendra pas le principe de plafond de sa cb, le client chinois dégaine Alipay en 5s sur son téléphone.
Les européens, les français (hormis un peu les Allemands), sont hors-course depuis longtemps. Ce sont eux qui gratteront 54,50€ sur leur hamilton sur le marché gris. On est sur 2 planètes différentes.
NB: quant aux Navitimer et Speed, ce sont des modèles qui n'intéressent absolument pas les clients chinois.
L&S Membre éminent.
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Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Jeu 31 Jan 2019, 22:11
MisterP a écrit:
Autre chose à prendre en compte, concernant les clients chinois...
Ils sont justement très sensibles à la question du prix. Ils ne vont pas en boutiques pour poser des questions techniques, ils ont regardé les réfs, les caractéristiques sur le web depuis longtemps. Ils ne sont là que pour discuter du prix final.
La détaxe entre 10 et quasi 20% chez certaines marques leur permet d'arriver à des prix moindres. Si on veut voir sur le luxe (horlogerie et autres secteurs), qui achète, il faut regarder ce qui sort des opérateurs détaxe. Sur plusieurs années de suite, c'est la Chine en tête, et de très loin en proportion.
Là où le client français va vouloir sortir son chéquier en 2019, où ne comprendra pas le principe de plafond de sa cb, le client chinois dégaine Alipay en 5s sur son téléphone.
Les européens, les français (hormis un peu les Allemands), sont hors-course depuis longtemps. Ce sont eux qui gratteront 54,50€ sur leur hamilton sur le marché gris. On est sur 2 planètes différentes.
NB: quant aux Navitimer et Speed, ce sont des modèles qui n'intéressent absolument pas les clients chinois.
... ton post vient de me faire penser à un truc... quelqu'un sur ce forum a-t-il déjà revendu une montre à un chinois ?!? Je ne sais pas ce qu'ils peuvent bien acheter en seconde main ou en vintage mais j'ai revendu pas mal de montres de toutes marques ici comme sur la Baie ou Chrono24 et jamais je n'ai eu affaire à un particulier chinois Des allemands, des néerlandais, des anglais, des italiens, des espagnols, des américains, des brésiliens... oui mais des chinois... que dalle. Et dans mon entourage proche c'est la même. Est-ce que c'est une question de mentalité ??? Si c'est pas neuf c'est caca ???
Kilano Membre Actif
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Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Jeu 31 Jan 2019, 22:43
Leopal a écrit:
Dans le genre idées reçues, oui tu performes bien...
Pas de raison technique ? Ou tu peux trouver l'équivalent de, par exemple, des Jaeger-LeCoultre Master Grande Tradition Gyrotourbillon Westminster Perpétuel ou Vacheron Constantin Twin Beat, hors de Suisse ? Ta réponse m'intéresse... Dire que ce pays n'en est pas un ou n'a pas d'avance en matière horlogère mécanique, c'est une farce.
Avoir de l'avance en matière horlogère mécanique, alors même que la montre mécanique est dépassée depuis 50 ans technologiquement, en précision, simplicité et prix, ça laisse rêveur de tels arguments.
La montre mécanique est un dinosaure, qui survit en 2020 (presque) non plus en tant qu'outil indispensable, mais en tant que bijou, ou marqueur social. D'où le besoin obsessionnel de trouver pour les marques suisses des "faire valoir", donc des personnalités du cinéma, du sport, ou autres, pour faire avaler les prix délirants d'objets obsolètes.
Tu cites des montres exceptionnelles, qui pourtant seront moins précises qu'une quartz à 15 €.
Avoir de l'avance dans le passé, est-ce un gage d'avenir?
De moins en moins de personnes portent une montre, car l'heure est partout, et le smartphone est devenu l'objet le plus porté et consulté, les d'jeuns ne peuvent vivre sans. Et même les vieux, comme moi, finissent par en avoir marre de se faire mettre pour acheter une mécanique simple 3 aiguilles, fusse t-elle swiss made.
Alors oui, les européens n'intéressent plus les suisses, et inversement.
Les pays émergents de nouveaux riches (ou aisés) voient les choses différemment.
Ils n'ont jamais eu accès au luxe (ou vu comme tel) depuis au moins un demi-siècle, alors ils sont prêts à acheter tout ce qui dans nos pays européens et américains faisait office de luxe, vu qu'ils n'ont pas leur propre référentiel à ce propos. D'ou débauche d'achat de montres des Russes et Chinois. Pas pour ce qu'elles sont, juste pour ce qu'elle représentent, à tort ou à raison.
Ca s'est un peu calmé avec la loi contre la corruption en Chine, et ça devrait se calmer fortement avec les hyper-tensions entre la Chine, la Russie et les USA.
A terme de toutes façons, la Suisse devra trouver d'autres produits pour exister (des fromages, ou encore des banques véreuses?), parce qu'il ne faut pas rêver, les montres mécaniques finiront un jour ou l'autre dans les antiquités.
Nezitic Animateur
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Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Jeu 31 Jan 2019, 23:12
Kilano a écrit:
A terme de toutes façons, la Suisse devra trouver d'autres produits pour exister (des fromages, ou encore des banques véreuses?), parce qu'il ne faut pas rêver, les montres mécaniques finiront un jour ou l'autre dans les antiquités.
Je suis pas sûr : c'est comme les disques vinyles, censés disparaître d'abord avec les CD, puis avec les iPod, balladeurs MP3, smartphones, etc. Au final, ils résistent même plutôt mieux que les CD à l'ère du numérique, je trouve. Ou la photo argentique : certes, la quasi totalité des grandes marques ont jeté l'éponge, beaucoup de films ont disparus, etc. Pourtant de nouveaux films sont relancés (Impossible project, Adox,...), Leica a sorti un nouvel appareil argentique en 2014 (certes pas à la portée de toutes les bourses).
Bref, dans ces deux cas, le marché n'a pas disparu, mais c'est devenu un marché de niche. A mon sens, les montres mécaniques, c'est déjà un marché de niche... Il y aura peut-être de la casse, mais ça continuera d'exister, enfin à mon avis.
foversta Passionné de référence
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Sujet: Re: L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet Jeu 31 Jan 2019, 23:28
Cette stratégie purement chinoise, je l'ai ressentie il y a 5 ans mais à part au sein de quelques marques qui ont un retard sur cette zone (par exemple: Breitling et sur un plus petit volume Parmigiani), je n'ai pas l'impression que ce soit un phénomène qui s'est amplifié. Je trouve au contraire que les marques ont bien compris qu'il fallait être présent partout. L'offre s'adapte aussi au contexte des marchés matures avec des produits plus calibrés et des prix plus raisonnables. Quant à la clientèle chinoise, elle est bien plus mûre que ce que l'on veut bien lire ici et là.
L'horlogerie suisse nous aime-t-elle encore ? - Billet