Je continue mon histoire.
Je reçois donc un message de Andy (pas d'excuse) : une sorte de ticket de caisse de la poste avec un code ressemblant à un numéro de suivi.
Je me précipite sur le site de la poste suisse, j'accède au suivi des colis, je tape le numéro... et en effet, un colis en transit, arrivée prévue le lendemain à destination...
Je préviens mon pote, immobilisé chez lui le lendemain matin, c'est parfait.
La fébrilité me gagne, je ne suis sûr de rien. la nuit passe... mon pote s'absente 5 mn, et hop, le facteur -sûrement planqué dans les buissons du voisin
- en profite pour déposer un avis de passage avec possibilité d'aller récupérer le colis le lendemain matin
Fchhh quelle tuile ; au moins c'était la bonne adresse, le suivi ne le précisait pas.
Il fallait attendre encore 24H pour savoir si ma montre allait enfin atterrir entre de bonnes et saines mains !
Vous me direz que je n'étais plus à un jour près... mais si au contraire ! Nous étions en hiver, mais ce jour s'étira alors encore et encore, il s'étira tellement, bailla à n'en plus finir, que le matin semblait tourner en rond, captif de mon attente. Le matin ne passait plus. Les heures passaient, elles, mes montres en attestaient. Mais le matin, lui demeurait ! Ecartelé comme un élastique, certes, mais vaillant et éternel !!
Je sentais ma peau se friper, mes cheveux blanchir, terrifié, je sentais que ma montre finirait posée sur mon cercueil, pour attester de mon histoire, de mon malheur sans fin !
Et puis, alors que je m'apprêtais à fêter mon siècle d'existence, l'après-midi saisit soudainement mon esprit, et me propulsait de l'autre côté, celui de la bascule vers le crépuscule, mais un crépuscule plus clément, plus bref, pour me signifier la fin de mon attente.
17H30 il fut, d'un coup d'un seul, et un message me tira de ma torpeur, de ma vieillerie avancée.
C'était mon pote qui m'envoyait une photo.
Une photo de ma montre ? Impossible, nous n'étions que le soir, et comme disait Coluche à propos des suisses : "levez, baissez ! bon maintenant on va faire l'autre paupière !"
De deux choses l'une (pas phase de lune) : ou cet après-midi m'avait extirpé de ce matin sans fin pour me replonger directement le lendemain matin, en résumé à l'aube, ou c'était une photo furtive du père noël passé par la poste suisse, ou .. c'était lui-même, mon pote, ce saligot, qui était passé à la poste, ils lui avaient donné le colis théoriquement disponible le lendemain matin seulement...
et je la voyais, stickée, c'était bien elle, ma montre tant attendue, à l'intérieur !!
Donc, contrairement aux suisses, je levai, j'écarquillai les 2 yeux en même temps... c'était difficile tant ils se mirent à danser la carmagnole, à sautiller dans tous les sens, Gilles de la Tourette incrusté sous mes paupières !
Alors voilà, elle était bien là, en sécurité, la fin du cauchemar s'annonçait !
Le lendemain, mon pote refila le colis à Chronopost, 24H Chronopost, dernier épisode !
Je suivis fiévreusement le trajet de ma belle, avec livraison prévue le lendemain entre 8 et 13. J'avais bien donné mon nouveau numéro de téléphone pour me joindre, avec Chronopost je me méfiais.
Le suivi m'indiqua une livraison entre 12h10 et 13h10.
A 13H20 mon ancien tel (que j'avais gardé je ne sais pourquoi) sonna comme souvent, invasion publicitaire agressive, comme toujours ; A 13h30, inquiet, je saisis machinalement mon vieux tel.. ce numéro me disait quelque chose..
Par acquis de conscience je composai le numéro... répondeur Chronopost !
J'avais pourtant donné le bon numéro, mais ces corniauds avaient du ressortir mon ancien numéro de leur listing !
Catastrophe et calamité ! (comme disait ma grand-mère, elle doit le dire toujours, d'ailleurs).
3mn après mon tel sonnait : Chronopost ; "désolé monsieur, je reviendrai demain, j'ai sonné, personne n'a répondu, je suis reparti !"
Ah non là hors de question !
"Excusez-moi, mais je ne peux pas attendre, c'est urgentissime, il me le faut absolument aujourd'hui, faites quelque chose, revenez !"
-Impossible désolé je suis en livraison chez d'autres clients.
-Oui mais écoutez c'est pas possible, j'étais chez moi, je n'ai rien entendu, vous avez sonné fort ? Il faut venir, j'ai besoin de ce colis, c'est très important, capital ! je sais pas, déposez le dans un point relais, il y a un U express par exemple pas loin... ou ailleurs, pas à l'autre bout de la ville, mais faites quelque chose !
-Bon, je suis à 2 mn de chez vous, je vous appelle dès que j'arrive !
Grrr, le voilà qui sonne, je descends lui ouvrir en 4e vitesse... je le regarde :
-Dites-moi, vous avez sonné où ? ici, là ? Car il faut sonner fort aussi, peut-être...
D'un air contrit, mais honnête, il tend le doigt vers une autre porte, un autre bâtiment, d'autres voisins... je ne risquais pas d'entendre !
Il me tend le colis précieux, mon précieux, je le regarde...
-Signez là... heu...
Il me reprend le colis et m'en donne un autre !
-Excusez-moi, je me suis trompé de colis !
Fébrile, je vérifie les adresses, c'est bien mon nom, ouf... you see, you know... en passant je constate que le numéro indiqué sur le colis est bien le nouveau
Je remonte chez moi si vite, porté par mon impatience et mon tapis volant soudain réveillé...
Scratch, j'arrache le carton... elle est là, bordel !!!
Au chaud, et désormais à mon poignet !!!
Bon petit bonus pour le plaisir...
Attention les mirettes (pas la compagnie d'avion hein, j'ai assez donné à ce propos hein
)
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