Je m'étais promis d'être sage, je jurais que je possède bien plus de toquantes que nécessaire.
Et puis, DHL a sonné à ma porte. Je suis faible. J'ai ouvert.
Sous le plastique moche et dans une boite en carton sans intérêt, une boite insolite.
Un peu de lecture
Maintenant que j'ai votre attention, ouvrons la boite.
Il s'agit donc, comme son nom à rallonge l'indique, d'un modèle S5000 dit Manta de la gamme Oceanus (JDM), en série limitée en hommage à l'Edo Kiriko.
Comme votre moteur de recherche préféré vous permettra de le découvrir, l'Edo Kiriko est une technique japonaise et raffinée de taille du verre remontant à la fin de l'ère Edo. Un peu à la manière de certains cristalliers français, il s'agit de tailler avec art des facettes dans du verre coloré.
Le processus de production est divisé en plusieurs étapes :
- Citation :
- Sumitsuke (ou Waridashi) ou marquage : des repères verticaux et horizontaux sont marqués à la surface du verre pour servir de lignes directrices lors de la découpe.
- Arazuri ou meulage de dégrossissage : le verre est coupé à l’aide d’un disque métallique ou d'une meule afin de réaliser grossièrement les motifs et les premiers contours.
- Sanbangake ou découpe de précision : les découpes très fines permettant de dessiner les motifs les plus subtils sont pratiquées à l'aide d'une meule et de poudre d'émeri. Les motifs sont déterminés par la profondeur et l'angle de la coupe.
- Ishikake ou pierre à aiguiser : le verre est lissé grâce à une pierre à aiguiser.
- Migaki ou polissage : la surface du verre est polie à l'aide d'un abrasif hydrosoluble. Cette étape maximise la luminosité et la beauté des motifs.
- Bafukake ou lustrage : de l'oxyde de cérium dissous dans l'eau est appliqué sur la roue de polissage pour terminer le lissage et lustrer le verre.
Réalisé à la main par une main de maître, la taille permet des reflets, des changements de couleur, et a été élevée au rang d'art national.
Casio s'est rapprochée d'artistes verriers pour sélectionner Toru Horigushi, héritier de 3 générations, qui a choisi des motifs linéaires "Senjuji". Après avoir réalisé une série spéciale pour la S4000, inspirée par les reflets du soleil levant, sur la S5000 il a voulu refléter l'ambiance et les reflets du soleil couchant sur la ville.
La lunette est donc constituée de saphir gravé au diamant puis teint de coloris ambre et bleu marine, puis posée sur un support revêtu d'argent pour mieux refléter la lumière.
Concrètement, on retrouve la S5000, montre en titane avec bracelet intégré, possédant des éléments polis selon la méthode Sallaz (autrement dit, le Zaratsu de Grand Seiko). Le titane est doté d'un revêtement durcisseur, sans autre précision. Casio la vend pour 42,3mm, et c'est un modèle assez fin, à 9,3mm. En réalité, elle se porte plus comme une 40mm.
Casio n'a pas multiplié les boutons, au contraire. On a 2 boutons et une couronne, comme un classique chrono sans histoire, la technologie se voulant utile et non ostentatoire.
Les maillons du bracelet sont des maillons simples, travaillés, brossés avec une rainure centrale polie. L'ajustement se fait simplement par goupilles, la partie centrale étant équipée de ces petites bagues si faciles à perdre qui bloquent la goupille. Le bracelet dispose d'un demi-maillon permettant un réglage plus fin.
La boucle paraît simple, mais dispose d'un réglage rapide sans outil pour s'ajuster aux variations de diamètre du poignet. Bracelet ouvert, il suffit de presser sur les boutons de la boucle et de tirer ou repousser le brin du bracelet pour qu'un élément coulisse sur environ ½ cm. Ça ne dénature pas la boucle, c'est totalement invisible, mais bien pensé.
Le fond est très descriptif, fidèle à Casio. On retrouve les principales informations sur la montre. On peut regretter que la mention de la série limitée, voire le n° dans la série, soit absent.
Le verre est un saphir double dome avec double revêtement anti-reflets. De fait, on ne le voit presque jamais.
Le mouvement est le mouvement ultra-fin créé spécialement pour les Oceanus. Casio annonce avoir travaillé très dur pour revoir complètement l'architecture de son mouvement pour le rendre plus fin. Les composants à haute densité sont implantés sur une seule face du PCB, les rouages ont été conçus en prenant en compte chaque centième de millimètre, et la lunette est désormais soudée par laser au boitier.
Il s'agit d'un mouvement solaire avec fonctions d'économie d'énergie avancées. Au bout d'une heure dans le noir, la trotteuse s'arrête, et après 5 heures, l'affichage de l'heure est stoppé.
On dispose de la possibilité de régler l'heure manuellement, par synchronisation à une horloge atomique, ou par bluetooth via une application très simple d'emploi. Le manuel, dont la seule langue occidentale est l'anglais, détaille le réglage manuel, mais à coups d'appui sur un bouton, de tirage de couronne, et autres manipulations, il est difficile de tout mémoriser et il faudrait emporter le manuel avec soi.
En comparaison, il existe une application Casio Oceanus dédiée, très didactique. À la première connection, un écran affiche le certificat d'assemblage sur une chaîne haut de gamme à Yamagata, par les meilleurs spécialistes de Casio, ainsi que le numéro de série. Il est possible de commander le réglage de la montre, les fuseaux horaires à afficher, mais aussi d'obtenir des données fines sur l'historique du radio-pilotage, les périodes de charge, l'état de la batterie par cinquièmes au lieu du tiers sur la montre, ainsi que sur les mises à jour des fuseaux horaires.
Les fonctions de la montre sont limitées. On dispose de l'heure sur 2 fuseaux horaires simultanément (permutables et réglables individuellement), du jour et de la date, ainsi que d'un chronographe sur 24 heures, précis à la seconde.
Ce déballage a été réalisé en intérieur en luminosité relativement faible, et les photos avec un simple smartphone. Des photos en plein jour montreront bien d'autres nuances et éclats.
En intérieur, la montre peut paraître noire et argent, ou présenter diverses variations cuivrées, mordorées, le bleu apparaissant ou s'effaçant.
La lumière s'accroche aux lignes perpendiculaires, pour évoquer le croisement des rues éclairées la nuit.
L'évocation d'un paysage urbain à l'heure du coucher du soleil est vraiment là. Les coloris sont reposants, mais intrigants.
Quand la luminosité baisse, la montre paraît s'enfoncer dans la nuit.
Un petit wristshot sous les projecteurs pour finir.
J'attends avec impatience de pouvoir découvrir cette petite en plein jour, au soleil et de poster d'autres photos.