Billet & Grande Revue : la nouvelle Nautic 3 et le retour Franco-Suisse de LIP
J’ai et j'aurai toujours un moment de nostalgie quand je parcours mon humble collection de montres de l’âge d’or de l’horlogerie. Dans bien des domaines les réalisations de nos pères et nos grands-pères devraient nous pousser à davantage de respect et d’humilité. Certes, je ne suis pas né moi-même à cette époque mais j’ai eu la chance d’avoir un père qui m’a fait découvrir cette période particulière de notre histoire. A travers nos discussions, les livres, les documentaires et aussi les grands classiques du cinéma qu’il me fit visionner, je me mis à admirer cet équilibre entre la mécanique et le design, cette alliance entre des mouvements d’excellente qualité et une esthétique qui a marqué l’histoire de l’horlogerie.
Je pense que nos pères et nos grands-pères ne voyaient pas les montres de la même manière que nous les voyons aujourd’hui. Il n’y avait pas d’articles dans la presse de l’époque pour nous apprendre à investir dans les montres. Nos pères et nos grands-pères étaient commerçants, professeurs, agriculteurs, administrateurs, ouvriers, militaires, journalistes, étudiants, plongeurs amateurs ou professionnels. Leurs montres réunissaient en elles deux principes quelques fois opposés, quelques fois alliés : l’utilité et la beauté. Mais tout cela c’était avant. Bien avant la grande spéculation et la course vers le nirvana du luxe, bien avant les plongeuses de bureau et les augmentations tarifaires automatiques à deux chiffres. Il y a eu une époque où le regard envers les montres était plus sain qu’aujourd’hui. Ce fut une époque d’une grande effervescence : les montres devenaient réellement étanches et les marques menaient une compétition intense pour développer les caractéristiques de leurs modèles. Les premières montres-outils modernes naquirent d’ailleurs dans ce contexte. Pour nos grands-pères et nos pères, c’était avant tout des instruments de mesure. Pas des bijoux mais de beaux objets qu’ils aimaient porter et qui leur étaient utiles tous les jours. Comme celle que mon grand-père portait au quotidien, retrouvée un jour puis restaurée et qui depuis donne l’heure à mon père. Et cette montre du quotidien, c’était une LIP.
Avec l’âge, je me suis moi-même mis à collectionner les montres des années 60. Puis, avec le temps, j’ai étendu mon goût pour d’autres époques tout en gardant ma préférence première. Alors, quand la réédition d’une ancienne montre pointe à l’horizon, j’essaie de voir si le travail de notre génération atteint au moins celui de nos ainés. La réédition sera-t-elle fidèle ? La réinterprétation sera-t-elle convaincante ou sera-t-elle une énième adaptation paresseuse et sans âme d’une belle oubliée ?
Il y a quelques années, toujours en quête de pépites horlogères d’époque, j’ai eu l’occasion d’acquérir un modèle que j’aime toujours porter régulièrement. Puis, un jour, j’ai appris que cette montre allait être rééditée. En tant que porteur du modèle vintage, j’ai voulu sauter sur l’occasion pour réaliser un test un peu spécial. Celui de la LIP Nautic 3.
Le modèle d’origine de la LIP Nautic 3, collection personnelle. Au cours des années de sa commercialisation, quelques légères modifications furent apportées au modèle
Mais avant de tester la montre, j’aimerais revenir un instant sur l’histoire des Nautic de LIP.
La généalogie des LIP Nautic
Fondée en 1867 par Emmanuel Lipmann sous le nom de « Comptoir Lipmann », la marque LIP reste une marque qui occupe une place à part dans nos souvenirs. Née sous le Second Empire, la marque n’a pas seulement traversé l’histoire de France, elle l’a littéralement accompagnée : dans ses plus grands moments de gloire comme lors des moments difficiles. A la sortie du second conflit mondial, alors que les entreprises françaises avaient été mises en coupes réglées pendant 4 années par l’occupant, et cela incluait LIP, qui aurait dit à ce moment que la marque bisontine allait devenir la 1ère marque horlogère de France et la 7ème entreprise horlogère mondiale avec un pic de 600,000 montres produites en 1968 ?
1968 est d’ailleurs une année particulière avec le lancement commercial de la LIP Nautic Ski, la montre des Jeux Olympiques qui vit le triomphe de Jean-Claude Killy dont la contribution exceptionnelle apporta 3 des 9 médailles remportées par la France qui était alors à la 3ème place au classement des médailles. La Nautic Ski a été présentée officiellement l’année précédente par un Fred LIP qui était encore à la tête de l’entreprise bisontine. C’est lui qui a conduit la marque jusqu’à son firmament : LIP était devenue un géant à tous points de vue. Ses accords avec Blancpain puis avec Breitling et aussi avec Universal Genève montrent à quel point elle était incontournable sur le marché français. La marque ne se contenta pas d’ailleurs de distribuer des marques suisses, si ces marques s’associaient à LIP c’est bien que le rapport de force était largement en faveur de la marque française qui dominait son marché national. Ainsi, quand Breitling voulut que ses chronographes Top Time – rééditées récemment – soient distribués en France, elles devaient l’être sous le nom de LIP Genève, le haut de gamme de LIP. Et même LIP se permettait le luxe de retirer un contrat de distribution à Blancpain et sa Fifty Fathoms – parues sous le nom de LIP brevets Blancpain – car Fred LIP avait déjà en tête de produire ses propres plongeuses et ces dernières ce furent évidemment les FAMeuses Nautic.
Il faut parler des Nautic plutôt que des Nautic Ski car celles-ci étaient en fait la continuation des premières Nautic apparues avant même la conception de la Nautic Ski. Une première montre eut cette mention sur son cadran dans les années 40 dans l’atelier d’Issodun dans le Val de Loire pendant la guerre avec comme originalité un boitier en aluminium. L’origine du nom Nautic chez LIP venait en fait de l’étanchéité des modèles. Contrairement à la 1ère Guerre Mondiale où nos vaillants poilus combattirent avec des montres qui n’étaient plus adaptées à une guerre moderne et, passé la période des montres de tranchée plus ou moins bricolées – une adaptation largement empirique des montres de poche et de col – la 2nde Guerre vit arriver au poignet de nos soldats des montres étanches et dotées d’un antichoc.
Publicité pour la FAMeuse LIP Nautic Ski présentée en 1967 et commercialisée en 1968 pour 375 francs. Mais saviez-vous qu’il ne s’agissait pas en fait du 1er modèle Nautic de LIP ? Credits to LIP
La mention Nautic revint par la suite dans les années 1960 avec la sortie des premiers modèles de Nautic de nouvelle génération avec l’arrivée du modèle 7307 doté du calibre R147 – calibre 1260 PUW – qui était doté d’une seule couronne puis le modèle 42518 doté d’un calibre à remontage manuel R17 avec cette fois-ci un réhaut intérieur et deux couronnes qui devinrent dès lors le trait caractéristique des nouvelles Nautic. Vint par la suite la Nautic dotée du calibre à remontage automatique R153 puis seulement après arrivèrent les Nautic Ski embarquant le calibre électromécanique français R184 qui était l’aboutissement de ces mouvements révolutionnaires en leur temps. Pour assurer l’étanchéité de ses nouvelles Nautic, Fred LIP avait négocié avec le suisse E. Piquerez SA le recours au boitier SuperCompressor. Le mouvement R184 était quant à lui à l’avant-garde des calibres de l’époque, situé à mi-chemin entre la tradition mécanique et l’arrivée de l’électronique dans les montres, ce fut lui qui équipa la plus FAMeuse des plongeuses françaises.
Les Nautic Ski ont été enrichies par la suite avec d’autres formes de boitiers dont un modèle protégeant davantage les couronnes – la Super Nautic Ski, référence 42634 – puis ensuite la Nautic Ski fut dotée d’un boitier coussin (références 42827, 42982 et 42983).
De gauche à droite : LIP Nautic Ski, LIP Super Nautic Ski et LIP Nautic Ski dotée d’un boitier coussin. Credits to LIP
Et la Nautic 3 ?Alors que la Nautic Ski prenait les devants de la scène horlogère française, bénéficiant d’une campagne de publicité soutenue par l’effet des Jeux Olympiques d’Hiver, une autre Nautic apparut en parallèle : la Nautic 3.
Au milieu des nouvelles Nautic Ski, la Nautic 3 apparaissait dès le départ comme un modèle à part. Si la Nautic 3 fut dotée du même calibre que la Nautic Ski, le R184 français, et qu’elle était également étanche à 200m, elle s’en démarquait nettement dans son design global. En l’absence de réhaut intérieur, la montre était dotée d’une lunette externe et d’une seule couronne. La vraie spécificité de la montre était qu’elle s’inscrivait dans une période de grande transition dans l’histoire du design.
Le mariage réussi des années 60 et 70C’est Joël Duval, à travers son intérêt pour la Zenith Defy de 1969 – autre modèle précurseur tant dans son esthétique que dans ses caractéristiques techniques – qui m’a conduit à m’intéresser aux montres de la toute fin des années 60 et du tout début des années 70. Il n’a pas fallu alors longtemps pour que je recherche un modèle français qui illustre cette transition entre les deux décennies.
Ma LIP Nautic 3 d’origine au porter et dans un état de compétition. Vous pouvez voir dans cette ancienne plongeuse les traits caractéristiques de la fin des années 60 et du début des années 70
Une montre est généralement la traduction d’une époque. Ainsi, la forme du boitier inscrit la Nautic 3 dans la tradition des plongeuses de la seconde moitié des années 60, alors que son cadran affiche une esthétique plus proche du début des années 70. C’est ce cadran avec son esthétique singulière qui m’a attiré quand j’ai commencé à m’intéresser à ce modèle. A la fin des années 60, les formes des boitiers commencèrent à changer mais c’était aussi l’arrivée massive de couleurs plus chatoyantes qui firent leur entrée dans les cadrans de nos montres. Sur la LIP Nautic 3, c’étaient des index orange larges qui allaient ainsi enrichir un cadran noir et blanc accompagné par de généreuses applications de lume.
Le calibre R184, s’il date des années 60, est lui aussi un calibre de transition, faisant le lien entre les mouvements mécaniques qui prédominaient jusqu’alors et les mouvements à quartz qui commençaient seulement à paraître avec la Seiko Astron de 1969. Si la trotteuse du R184 est un peu moins fluide que l’aiguille d’une mécanique, elle l’est bien davantage par rapport au quartz qui commençait seulement à paraître.
Après plusieurs années de port, la Nautic 3 est devenue l’une de mes vintages préférées : pour ce qu’elle symbolise en termes de transition historique, pour ses dimensions qui si elles ne sont pas contemporaines s’en rapprochent et surtout pour son charme de plongeuse française pas tout à fait comme les autres.
Beaucoup de rééditions pèchent par une exécution un peu trop froide, je le ressens dans certains modèles qui, s’ils semblent bien réalisés, manquent ce petit quelque chose qui me fait souvent préférer le modèle vintage. Alors, est-ce que la réédition de la Nautic 3 va connaître le même sort ?
Le nouveau modèle avec l’un des bracelets Tropic officiels de la marque qui revient avec une sérieuse mise à jour
La nouvelle Nautic 3 : le TestC’est avec une grande appréhension que je me préparais à recevoir les futures LIP Nautic 3. En effet, après avoir reçu la confirmation qu’il s’agissait bien du modèle doté du futur mouvement franco-suisse G100, j’ai demandé au patron de LIP si FAM pouvait avoir en exclusivité les premiers modèles pour un test grandeur nature. Par la même occasion, cela permettait de renouer avec la tradition des tests de montres de notre regretté administrateur. Le patron de LIP a accepté de jouer le jeu et de soumettre au ressenti des membres de FAM les nouvelles Nautic 3. Les modèles de prêt arrivèrent peu de temps après : ils étaient issus de la présérie. Le seul détail à noter dans le modèle commercialisé sera le bracelet acier qui sera modifié. Pour cette raison, j’ai choisi de tester la version fournie avec le bracelet Tropic qui restera identique. Mais commençons sans plus tarder le test.
La version bleue de la Nautic 3 avec le nouveau Tropic, couleur orange. Il est d’excellente qualité, en caoutchouc vulcanisé. Souple et agréable au porter, il n’a rien à voir avec des Tropic bas de gamme. Plusieurs teintes seront disponibles
Généralement on dit que la première impression est toujours la bonne. La première que j’ai eue a été une réelle surprise. LIP nous avait habitué aux rééditions à quartz ou du moins avec un calibre hybride ou encore aux calibres mécaniques Miyota et Seiko. Le recours au quartz ou à un mouvement hybride aurait été peut-être logique au regard du mouvement qui équipait l’édition d’origine mais ce fut tout le contraire qui se produisit. A travers la nouvelle Nautic 3, je vois une vraie remontée en gamme pour LIP. C’est un modèle de rupture par rapport à l’offre actuelle de LIP aussi je vous recommanderais de juger sur pièce en prenant en mains les modèles quand ils seront disponibles auprès des distributeurs pour vous rendre compte que ces Nautic 3 sont d’une qualité nettement supérieure.
Un boitier brossé et actualisé en 39mmLe boitier est la première bonne surprise, il s’agit d’une nouveauté dans la collection actuelle de LIP, spécialement conçu pour cette réédition. S’il reprend la forme du modèle original, il offre quelques mises à jour. Ainsi le nouveau modèle est principalement en acier brossé, seul les chanfreins – plus affinés par rapport au modèle d’origine – sont polis et la lunette, ce qui donne une alternance légère de poli brossé avec tout de même une vraie dominante pour l’acier brossé. C’est un bon choix car, pour une plongeuse, je ne suis pas adepte de l’excès d’acier poli qui marque, prend davantage les rayures et brille à mon sens de manière excessive. Par rapport au modèle d’origine qui était en acier poli, j’aurais tendance à préférer à cet égard la nouvelle édition.
L’originale à gauche en acier poli, la nouvelle édition à droite en acier brossé. Le lien de parenté est évident : même la dimension légèrement revue du boitier ne tranche pas le lien de filiation entre les deux Nautic 3
Les dimensions du boitier ont été revues, ainsi le 39mm a été préféré au 37,5mm d’origine. Ayant un poignet de 17,5mm, je ne me suis jamais arrêté au diamètre affiché d’une montre. J’essaie les modèles sans préjuger de leur supposée adéquation par rapport à ma taille de poignet : beaucoup de paramètres entrent dans la ligne de compte et vont ensuite contribuer à rendre proportionné (ou non) la présence au poignet d’une montre. Dans le cas de la Nautic 3, le choix du 39mm me semble judicieux, c’est un parfait équilibre pour la majorité de nos poignets et aussi par rapport à notre époque qui tend à favoriser ce type de diamètre presque universel dorénavant pour les hommes.
Si le diamètre de la montre a été revu un peu à la hausse, une vraie surprise concerne l’épaisseur du boitier : le modèle vintage est mesuré à 13,9mm alors que le nouveau modèle affiche 13,2mm. Plutôt que de me contenter des mesures affichées, j’ai pris soin de mesurer les modèles et la nouvelle Nautic 3 est effectivement moins épaisse que son ainée. Et même elle s’avère moins épaisse que bien des plongeuses contemporaines.
Les cornes sont quant à elles légèrement plongeantes et me semblent proportionnées, ni trop longues ni trop courtes, elles épousent bien le contour du poignet. Un bon point à noter : la position des pompes pour fixer le bracelet me semble équilibrée, ni trop proche du boitier ce qui rendrait l’intégration d’un bracelet difficile, cas que je retrouve malheureusement dans certaines vintages, ni trop éloignée ce qui est le cas de certaines montres neuves, laissant un espace entre le bracelet et le boitier que je trouve rédhibitoire. Ce nouveau boitier a été testé pour assurer une étanchéité jusqu’à 200 mètres ce qui correspond à l’étanchéité de la Lip Nautic 3 d’origine.
De profil, la nouvelle Nautic 3 montre sa relative finesse avec des flancs affinés. La vue nous permet de voir les cornes plongeantes ainsi que l’alternance entre le polissage des chanfreins, de la couronne et de la lunette par rapport au reste du boitier en acier brossé
Enfin, les collectionneurs de vintages le savent bien, les couronnes LIP d’époque n’étaient quasiment jamais signées, contrairement au modèle actuel. Autre point : la couronne de la réédition est plus plate que celle d’origine. Etant porteur du modèle d’origine, je peux dire que c’est un petit plus car la couronne du modèle vintage avait un peu tendance à rentrer dans le dos du revers de la main lors d’une petite flexion du poignet. Le confort au porter du nouveau modèle me semble ainsi un peu supérieur par rapport au modèle d’origine.
Une lunette de meilleure qualité et unidirectionnelleLa lunette de la nouvelle Nautic 3 me semble également de meilleure qualité que son ainée. L’ancienne lunette était bidirectionnelle et ne comportait pas de clic contrairement à la nouvelle édition qui se voit dotée d’une lunette tournante unidirectionnelle où le clic est net et précis. Quand on tourne la lunette, on peut ressentir que le ressort est en acier, contrairement aux montres d’entrée de gamme où les ressorts sont généralement en plastique avec quelques fois des impressions de « savonnette » pour certains modèles d’autres marques.
L’insert de lunette est en aluminium ce qui me semble cohérent, le recours à la céramique aurait rendu cette réédition trop clinquante à mon sens et se serait éloignée du modèle d’origine dans son aspect final. La céramique a ses avantages et ses inconvénients, je tends à préférer l’aluminium même pour certaines montres récentes pour leur aspect plus mat et aussi car je sais que l’insert de lunette pourra un jour se patiner contrairement à une lunette céramique qui gardera son côté clinquant dans le temps.
La montre passe bien avec un costume, la variété des teintes des Tropic permet de jouer tantôt avec une couleur vive pour la plage, tantôt avec une couleur sobre comme le gris pour le travail
Si la graduation de la lunette est respectée par rapport au modèle d’origine, le point de tritium présent sur l’insert de lunette à 12h du modèle vintage a été changé pour comporter à la place un point de SuperLuminova. A noter aussi que sur le modèle du passé le point de tritium est de forme concave alors que le nouveau point de SuperLuminova est convexe. Plutôt que de tenter d’imiter la couleur du tritium vieilli, LIP a choisi de vivre avec son temps et de ne pas tenter de reproduire ce que d’autres marques ont tenté avec les reproductions de faux tritium vieilli sur leurs cadrans, point décrié par nombre des membres de notre communauté à propos des néo-vintages actuelles.
Un verre saphir de 3mm d’épaisseurLe plexiglas d’origine laisse sa place à un verre saphir bombé double dôme avec traitement antireflets. Nous sommes en terrain connu, le choix du verre saphir était évident pour le nouveau modèle, toutefois j’ai demandé plus de précisions au sujet de ce verre saphir car quelque chose avait retenu mon attention. Ce verre a en fait 3mm d’épaisseur ce qui n’est pas anodin. Il existe un vieux préjugé favorable au verre saphir qui le rendrait plus résistant de manière globale. Un verre saphir n’est pas invincible, loin de là. En fait un verre saphir, s’il avère bien plus résistant à la rayure qu’un plexiglas qui marquera très rapidement, il reste sujet à une cassure du verre, c’est le pendant de sa dureté supérieure.
Dans le monde des plongeuses, je m’intéresse souvent à l’épaisseur du verre les équipant car c’est cette épaisseur qui déterminera réellement la capacité du verre à encaisser la pression ou les chocs. Pour les montres de plongée, la majorité des verres mesurent 2mm d’épaisseur. Dans des plongeuses professionnelles ultra résistantes, je connais des verres qui poussent jusqu’à 4mm d’épaisseur (et même au-delà pour quelques modèles d’exception) ce qui entraine souvent le choix d’un verre plat pour limiter l’impression d’épaisseur de la montre. Pour la Lip Nautic 3, le choix a été d’opter pour 3mm d’épaisseur : un bon compromis pour garantir la solidité du verre sans pour autant donner de l’embonpoint à la montre.
Ici avec un bracelet personnel, vous pouvez apercevoir le biseautage léger du verre qui ne le rend pas trop protubérant par rapport à la lunette, le plexi du modèle vintage étant en comparaison beaucoup plus bombé
L’épaisseur du verre saphir n’a pas eu d’impact sur l’épaisseur globale de la montre qui est contenue pour une plongeuse contemporaine. En les comparant, on remarque que si les deux optent pour une forme bombée, le bombé de la nouvelle version est un peu différent par rapport à l’ancien modèle qui l’est davantage. Autre point, sur le nouveau verre saphir, on peut remarquer un léger biseautage du verre que je ne constate pas sur l’ancien verre. Au final, je pense que la mise à jour du verre est meilleure techniquement par rapport au modèle d’origine, contribuant à une durabilité et une qualité supérieures avec une épaisseur globale moindre de la montre.
Un cadran pour les gouverner tousPour être un collectionneur invétéré de vintages – et je continue de remercier notre ZEN depuis son repos des braves pour nous l’avoir transmis – je peux dire que dans la grande majorité des rééditions, l’un des éléments que beaucoup de membres remarquent c’est évidemment le charme supérieur des anciens cadrans. Il y a la question de la patine mais pas seulement. Souvent, la qualité de la patine dépendra beaucoup de la qualité du travail du cadranier de l’époque. Ainsi, Zenith avait un excellent cadranier à la fin des années 60 : les cadrans de ses Defy de 1969 vieillissent remarquablement bien et même je n’hésiterai pas à dire que les cadrans d’origine sont supérieurs à ceux des rééditions récentes.
Dans le cas de la Lip Nautic 3, et cela devient le leitmotiv de ce test, je trouve que le cadran du nouveau modèle corrige les quelques défauts de l’ancien. J’ai la chance de posséder une Nautic 3 d’époque irréprochable avec un cadran soigné mais j’ai pu également voir des cadrans de Nautic 3 vintage dont les applications de lume pouvaient être plus irrégulières. Cela n’était pas dû à de la négligence. A la fin des années 60, les manufactures se mirent à offrir davantage de couleurs dans leurs cadrans, reflets de l’évolution de leur époque, et aussi les applications de lume étaient plus épaisses qu’auparavant. Les pointes de lume plus discrètes du passé laissent la place à des applications rectangulaires plus grandes et, au début du moins, il a fallu un temps d’adaptation pour que le lume soit appliqué uniformément.
Comme vous pouvez le voir, sur le modèle vintage, les applications de lume sont épaisses et encore ces dernières sont de mon point de vue plutôt mieux réalisées sur ma montre que sur d’autres cadrans de Nautic 3 d’époque que j’ai pu voir
Sur la nouvelle Nautic 3, l’uniformité dans l’application du lume est meilleure que celle de l’originale et cela est dû au progrès des machines-outils d’aujourd’hui. Ainsi la nouvelle Nautic 3 présente un cadran dont la qualité est plus stable que celui du modèle original.
Sur le nouveau modèle, nous voyons bien que les applications de lume sont bien plus nettes par rapport au modèle vintage
La spécificité de ce cadran est bien sûr la présence des index larges de teinte orange qui apportent au cadran noir et blanc un supplément de couleur bienvenu – ce qui avait contribué à me décider dans l’acquisition du modèle vintage. La lisibilité est excellente sur le nouveau modèle, aidée en cela par la largeur des index, des aiguilles bâtons et de la trotteuse avec cercle.
Au sujet de cette dernière, je remarque une différence par rapport au modèle d’origine : sur l’ancienne Nautic 3, la trotteuse est plus fine – peut-être un poil trop fine à mon goût d’ailleurs – et comporte le symbole de l’éclair typique des modèles comportant le calibre électromécanique. Le nouveau modèle comporte une trotteuse plus lisible avec un cercle rempli de lume que nous retrouvons d’ailleurs dans certaines Nautic Ski d’origine qui a eu différentes types de trotteuses selon les années (avec cercle ou carré). Au final, le modèle d’aujourd’hui étant mécanique, le recours à la trotteuse à l’éclair n’était plus d’actualité et à l’observation je trouve que la nouvelle trotteuse est plus lisible.
Ici entre l’ombre et la lumière du soleil, la montre reste très visible et cela est dû à son cadran et ses aiguilles qui favorisent une lecture optimale de l’heure
Du fait de la dimension supérieure de la réédition, le cadran me semble davantage « respirer » si je puis dire : le cadran paraît moins chargé, il ne comporte plus le symbole de l’éclair en dessous du logo de LIP. Dans la liste des différences mineures, je remarque que le trait blanc du contour du guichet de la date est moins épais que sur le modèle d’origine. L’insertion de la date est judicieuse sur les deux modèles, cette dernière, placée à trois heures à la place de l’index, ne semble pas perdue au milieu du cadran. Enfin, les chiffres 6-9-12 gardent un charme rétro dans les deux versions. Si le nouveau cadran s’avère mieux fini, la préférence entre les deux reste une affaire d’affinité personnelle. Au niveau du charme, pour moi c’est un match nul.
Un fond plein qui cède la place à un fond apparentJe l’ai dit et redit sur FAM, à mon avis un fond apparent n’a de sens que quand il montre un mouvement intéressant comme c’est le cas avec les montres issues de la haute horlogerie. Voir un Calibre Royal me semble plus intéressant que de contempler les formes d’un énième 2824 ou de ses copies plus ou moins éloignées. Si le G100 est un nouveau mouvement, il n’appartient pas aux mouvements de la haute horlogerie. Il s’agit néanmoins d’un nouveau venu présentant des caractéristiques techniques supérieures à bien des égards au 2824, à ses copies ou à ses concurrents. LIP a en outre fait le choix de la meilleure finition disponible pour le G100.
Le fond apparent de la nouvelle Nautic 3 laisse apparaître le nouveau mouvement G100 de La Joux-Perret assemblé par le français Humbert Droz
In fine, je pense que le fond apparent peut avoir un sens pour la Nautic 3 dans la mesure où le mouvement est nouveau et sa finition s’avère irréprochable et enrichi esthétiquement par le recours aux vis bleuies. Bien des marques se contentent de changements esthétiques minimes avec une masse oscillante mieux décorée par exemple. Je préfère pour ma part découvrir un mouvement présentant une finition globale plus élaborée et des caractéristiques techniques notablement supérieures.
Le fond plein du modèle d’origine. S’il est irréprochable avec une petite gravure et les inscriptions habituelles, ce n’est pas le fond de boite le plus élaboré que je connaisse dans les Lip vintage
Le fond plein d’origine était classique et ne comportait d’autre gravure que le symbole, plutôt discret, de Lip et les numérotations et mentions d’usage. Le choix entre le fond plein d’origine et le fond apparent du nouveau modèle se traduit par un match nul de mon côté.
Le mouvement G100Le G100 est un nouveau venu dans son segment et il mérite qu’on s’y attarde un instant.
Le G100 présente une véritable mise à jour avec des performances optimales par rapport à notre bon vieux 2824 et ses dérivés
Si vous avez lu FAM régulièrement, vous êtes au courant du feuilleton du dimanche après-midi entre le Swatch Group et la Comco. Vous savez que la décision stratégique de ne plus fournir en 2824 une grande majorité de marques a changé entièrement la donne dans le secteur horloger. C’est peut-être la décision commerciale et industrielle qui a eu le plus d’impact dans l’horlogerie dans son ensemble. Les marques existantes ont dû travailler d’arrache-pied pour trouver des alternatives crédibles commercialement et qui ne feraient pas exploser leur SAV.
Si l’entrée de gamme de la montre mécanique reste dominée par le Miyota 8215 et le Seiko NH35, d’autres mouvements sont apparus pour le milieu de gamme. Sellita a été le premier sur la brèche, passant de client d’ébauches du 2824 à celui de fabricant d’une copie du 2824 : le SW200. Il y a également d’autres versions du 2824 comme celui de Soprod, le P024, ou celui de Fossil, le STP 1-11, sans parler des versions chinoises du mouvement. Pour autant, ces versions présentent toutes une réserve de marche qui n’a presque pas varié depuis le vénérable 2824 avec plus ou moins 40h seulement.
Le Powermatic 80 d’ETA aurait pu représenter une alternative avec ses 80h de réserve de marche MAIS avec une fréquence abaissée à 21600 alt/h. Le MT de Kenissi représente une autre alternative comme mouvement mécanique à trois aiguilles avec ses 70h de réserve de marche. En définitive, LIP a fait le choix d’un tout autre calibre et c’est une rupture par rapport à son offre actuelle car ce dernier est produit par une manufacture suisse : La Joux-Perret.
Je me retrouve confronté à une problématique : face à un nouveau mouvement que je n’ai pas pu tester dans d’autres modèles ou chez d’autres marques, comment puis-je le jauger ? C’est pour cette raison que j’ai fait une demande spéciale pour mieux appréhender le G100 : un exemplaire non emboité. Alors, en exclusivité pour FAM, je vais vous présenter le G100 de manière synthétique et évidemment sans le parachute d’un kit de presse.
Exclu pour FAM : le G100. Si la masse oscillante est d’apparence classique, le G100 embarqué dans la Nautic 3 est d’une finition irréprochable et c’est normal, il s’agit de la meilleure finition disponible proposée par La Joux-Perret : la « version soignée avec vis bleuies »
Localisée à la Chaux-de-Fonds en Suisse, la manufacture La Joux-Perret fut rachetée par le groupe Citizen en 2012, rachat relayé sur FAM bien entendu. A l’époque, le président de Citizen avait pour but dans ce rachat d’intégrer des mouvements fabriqués en Suisse dans le haut de gamme de ses marques. Deux calibres furent depuis élaborés : le G100 et le L100. En 2023, le G100 commence à séduire plusieurs marques mais quelles sont ses caractéristiques ?
Le G100 est un nouveau mouvement qui a été élaboré spécifiquement pour disposer d’une compatibilité dimensionnelle avec le vénérable tracteur de l’horlogerie qu’était le 2824. Cette compatibilité dimensionnelle indique clairement l’ambition de La Joux-Perret – et derrière le groupe Citizen – d’en faire un mouvement capable de remplacer par le haut le 2824. Comment ? En proposant une finition supérieure et une caractéristique technique notable : le fait de maintenir la fréquence de 28800 alt/h – généralement considérée comme un équilibre optimal – tout en montant la réserve de marche à 68h. Ce calibre met clairement le doigt où cela fait mal : si la solution retenue par ETA pour mettre à jour ses 2824 pour offrir 80h de réserve de marche a été de baisser la fréquence à 21600, d’autres ont préféré garder peu ou prou les caractéristiques du 2824 via ses copies comme le SW200 avec une réserve de marche de 40h environ.
Notre regretté Administrateur n’aimait pas spécialement les copies par rapport à l’original, vous avez pu le remarquer à travers ses interventions multiples sur le sujet. L’autre alternative était de concevoir de nouveaux mouvements sauf qu’un nouveau mouvement coûte très cher à élaborer, à fiabiliser puis à produire en masse afin de le proposer à un prix concurrentiel pour le secteur. Cela n’est pas donné à toutes les marques de pouvoir réaliser ce pari industriel. Présenté officiellement en 2021, le G100 commence seulement à être déployé de manière confidentielle pour le moment mais il faut rappeler que dès le rachat de La Joux-Perret par Citizen, cette acquisition avait beaucoup fait parler d’elle dans le microcosme horloger. Avec les moyens d’un grand groupe, la Joux-Perret a eu les capacités de développer ses nouveaux mouvements.
Après avoir retiré la masse oscillante en tungstène, vous pouvez voir plus attentivement les rouages du G100. S’il est fait pour une production en série, le G100 s’avère intéressant à observer avec par exemple la forme du coq qui peut rappeler celui de certaines anciennes montres de poche. Le réglage de la montre est effectuée via une raquette en provenance de KIFF qui fournit aussi l’antichoc. Credits to the Naked Watchmaker
Le G100 se présente ainsi comme un mouvement trois aiguilles mécanique à remontage automatique avec l’heure, la minute, la seconde et la date. Ses dimensions sont de Ø25.6 x 4.45mm avec un diamètre d’encageage de Ø26.00mm. Doté d’un stop seconde, le G100 ne comporte que 24 rubis par rapport aux 25 du 2824 et aux 26 du SW200. Mais, comme vous le savez, le nombre de rubis ne confère pas nécessairement une qualité supérieure au mouvement, le rôle du rubis est de rendre un mouvement plus durable, le frottement des pièces métalliques entraînant leur usure prématurée. Un rubis supplémentaire n’est donc pas la traduction d’un meilleur mouvement, c’est juste que le mouvement a besoin d’être « consolidé » avec des pierres de synthèse pour pouvoir durer.
Les dessous du G100 après avoir retiré la masse oscillante en tungstène et le pont de balancier. Credits to the Naked Watchmaker
Si le 2824 disposait de 4 niveaux de finition, le G100 en dispose de 3 : standard, soignée et soignée avec vis bleuies qui comporte la bien connue finition Côte de Genève et le biseau diamanté. La finition choisie pour la Lip Nautic 3 est la meilleure des trois ce qui est un très bon point à mon avis. Cette dernière affiche une tolérance de + ou – 4 secondes par jour pour le plus haut niveau de finition. Le réglage sera par ailleurs assuré par Humbert Droz.
Le G100 et ses différentes finitions. Credits to La Joux-Perret
Une revue approfondie du G100 a été faite par the Naked Watchmaker qui permet de rentrer dans rouages du mouvement. Je conseille d’ailleurs la lecture (en anglais) pour ceux qui veulent découvrir chacun de ses rouages.
L’examen du G100 montre un lieu de filiation avec les mouvements de Citizen mais à mon sens il ne s’agit pas d’une simple évolution d’un Miyota, nous sommes en face d’un nouveau mouvement qui bénéficie de l’expertise d’une manufacture suisse qui parvient à livrer un calibre très bien né et dont les caractéristiques apportent un réel plus au secteur dans son segment de marché. Le choix de LIP me semble judicieux car qu’est-ce que des copies du 2824 comme le SW200 ou le P024 auraient apporté à la Nautic 3 ? L’offre de montres emboitant un SW200 est déjà pléthorique aussi de la nouveauté dans les mouvements est la bienvenue surtout si elle semble supérieure à l’offre existante.
Le choix d’un calibre franco-suisse est aussi une manière de faire revivre la tradition des anciennes LIP qui, comme la quasi-totalité des marques de l’époque, n’embarquaient pas que des calibres « de manufacture » mais aussi des mouvements suisses dans ses montres et jusque dans son haut de gamme. J’aime le R184 mais je connais trop bien les difficultés pour assurer sa maintenance car le nombre d’horlogers qui acceptent d’intervenir sur les calibres électromécaniques d’époque ne fait que de décroitre chaque année. En outre, la fluidité de l’aiguille d’un mouvement mécanique reste supérieure au R184 d’origine. Aussi, je pense que la nouvelle Nautic 3 s’avère supérieure techniquement à l’ancien modèle.
Et le Bracelet ?Combien de fois avez-vous dû changer le bracelet officiel d’une montre pour un modèle d’un autre fournisseur ? J’ai pu tester dans le passé des Lip et j’ai toujours systématiquement changé de bracelet car ils ne correspondaient pas à ce que je souhaitais porter. Je reste difficile au niveau des bracelets, je n’hésite pas à utiliser des modèles beaucoup moins courants en faisant appel à des fournisseurs américains ou français pour mes montres. L’impact d’un bon bracelet a été largement sous-estimé à mon sens par les marques pendant des années puis il y a eu des améliorations notables dans le secteur mais il faut encore aller dans le haut de gamme pour disposer de bracelets de qualité. Le nouveau Tropic qui va paraître pour la Nautic 3 est une exception notable.
Rarement convaincu par les bracelets Tropic, le nouveau de LIP m’a en revanche bien plu au porter avec son confort et ses teintes diverses qui me permettent de personnaliser la montre
La marque recourait précédemment à un Tropic de moins bonne qualité : il était plus proche du plastique que du caoutchouc vulcanisé. La marque s’est efforcée à améliorer son offre et un nouveau Tropic en provenance du français Rochet vient de paraître. Je l’ai eu en avant-première et je confirme que celui-là se démarque nettement par rapport à ses prédécesseurs et ceux disponibles dans l’entrée et le moyen de gamme. Il est toujours possible de s’en fournir ailleurs chez des spécialistes des bracelets mais payer près de 70 euros par exemple pour un bracelet en caoutchouc vulcanisé, cela me réfrénait un peu.
Et si un Tropic ne vous séduit décidément pas, la montre se marie très bien avec une grande variété de bracelets, comme ce « single pass » en nylon chiné il y a un an
Le nouveau Tropic de LIP m’a surpris par sa qualité : souple et agréable au porter, il me semble au même niveau que ceux vendus par les fournisseurs spécialisés mais qui le commercialisent à près du double du prix de celui de Lip. Alors que je n’ai jamais été un grand fan du Tropic, même ceux des modèles vintage que j’ai acquis au cours des années, je me suis retrouvé à porter la montre presque essentiellement dans cette configuration. Et avec de la couleur je vous prie !
Les différentes versions du nouveau Tropic de Lip, elles sont toutes dotées des pompes rapides
Les teintes proposées par Lip sont suffisamment diverses pour apporter une vraie touche de couleur aux Nautic 3 et je me suis amusé à multiplier les combinaisons. Ainsi, LIP fait une nouvelle fois un bon en avant dans la qualité avec sa Nautic 3, du mouvement au bracelet, du boitier à la lunette.
Bilan : le retour excellent de la Nautic 3 La nouvelle Nautic sera disponible avec un cadran bleu ou avec un cadran noir
Oui, j’ai été surpris par le Lip actuel : c’est la première fois que j’estime qu’une réédition de Lip est supérieure au modèle vintage. Etant porteur depuis plusieurs années du modèle d’origine, je pèse mes mots, d’autant plus qu’il s’agit d’un de mes modèles préférés en vintage avec toute la symbolique d’une montre française équipée d’un mouvement d’avant-garde de la grande époque.
Je dis toujours qu’il faut savoir rester humble par rapport à nos anciens : ils ont connu des périodes autrement plus difficiles mais ils nous ont fait le cadeau de leurs réalisations, réalisations que j’estime globalement supérieures par rapport à celles de notre époque. Oui, nous avons fait des progrès dans certains domaines techniques, oui nous avons changé d’époque mais non nous ne sommes pas supérieurs à nos anciens qui ont tant fait pour faire rayonner la France par leurs grandes réalisations et sur les bases desquelles nous avons pu évoluer à notre tour.
Rendons toujours hommage à nos anciens et utilisons les bases qu’ils nous ont légué pour à notre tour réaliser de beaux objets : tout aussi durables mais en poussant encore les performances. J’ai suivi l’actuelle marque LIP pendant plusieurs années, j’ai vu de l’effort mais j’attendais aussi que l’essai soit un jour transformé. Leur patron récemment nous a accordé une interview qui enfin nous a permis de voir la direction que prenait la marque. Et je crois que ce modèle laisse entrevoir une rupture pour LIP en rentrant dans une nouvelle gamme. La LIP Nautic 3 est un cheval de Troie : le milieu de gamme dans les montres voit un nouvel arrivant et je suis pour ma part heureux de voir la marque poursuivre sa renaissance. Mais cette renaissance, a-t-elle un prix ?
Le prix de la Nautic 3Il faut savoir comparer ce qui est comparable. Comparer des montres issues de gammes complètement différentes n’a pas de sens, aussi je vais prendre comme critère de comparaison les quelques autres marques françaises qui vont embarquer le G100. March Lab propose ainsi sa surfeuse à 1595 euros avec 100m d’étanchéité et un bracelet silicone. Charlie Paris propose le G100 à travers des éditions limitées de 100 pièces pour des montres habillées étanches à 30m et également pour 1595 euros. La LIP Nautic 3 est proposée à partir de 1099 euros avec un bracelet Tropic et 1199 euros avec un bracelet acier pour une montre étanche à 200m et un G100 de la meilleure finition. A tarif équivalent, si j’avais à choisir entre une plongeuse dotée du SW200 et une autre dotée d’un G100, je pencherais pour celle avec le G100 ne serait-ce que pour voir ce que ce nouveau mouvement peut donner en performances. Si en plus la montre dispose d’un design qui m’avait déjà séduit dans le passé alors oui cela mérite que je prenne la plume pour décortiquer un modèle qui m’a fasciné en tant que collectionneur et que j’aime porter.
En conclusion de ce billet qui s’est doublé d’un test, j’aimerais rappeler cette citation de ZEN à propos de la LIP Nautic Ski : « le président (suisse) d’une grande manufacture qui harcèle depuis des mois ses cadres pour les faire avancer sur la mise au point d’un mouvement électromécanique est furieux : « Comment un Français a-t-il pu se montrer plus rapide qu’eux ? ». LIP avait marqué un grand coup en 1967 pour la Nautic Ski, je pense qu’aujourd’hui LIP réédite un grand coup par une offre compétitive et une remontée en gamme salutaire sur un modèle fort marquant le passage des années 60 aux années 70.
La gamme des montres à plus de 1000 euros a été délaissée par beaucoup de marques suisses qui regardent avec des yeux de chimènes le client asiatique et le nouveau riche, laissant tout un segment s’ouvrir aux marques françaises qui ont une fenêtre d’opportunité pour occuper le segment par lequel les marques suisses ont construit dans le passé leur réputation. Un retour ironique de l’Histoire ? Je pense surtout que le retour des calibres franco-suisses dans des montres françaises permettra de renouer davantage avec les passerelles du passé qui existaient entre l’horlogerie française et l’horlogerie suisse, un fonctionnement qui fut gagnant-gagnant pour les marques et pour les clients du passé et peut-être désormais aussi pour les clients de demain.
Le V de la victoire pour un nouveau Lip Lip Hourra ?
Et vous ? Que pensez-vous de la nouvelle LIP Nautic 3 ? En attendant avec intérêt vos réactions, je vous dis à bientôt à tous pour un prochain billet, un prochain test ou une prochaine interview avec toujours la volonté de partir à la découverte des montres du passé et actuelles que nous aimons tant.
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Référence : LIP Nautic 3
Couleur du cadran : noir ou bleu
Diamètre : 39mm
Épaisseur : 13,2mm
Entrecorne : 20mm
Boitier en acier brossé, poli sur les chanfreins et la lunette
Couronne vissée
Verre saphir double dôme bombé traité antireflets
Mouvement mécanique à remontage automatique G100 de La Joux-Perret
Finition du mouvement : soignée avec vis bleuies
68h de réserve de marche
Étanchéité : 200 mètres
Prix : 1099 euros avec un bracelet Tropic, 1199 euros avec un bracelet acier, 49 euros le bracelet Tropic supplémentaire
Disponibles dès maintenant sur la boutique de la marque https://www.lip.fr/fr/183-nautic-3 et à partir de lundi auprès de vos distributeurs agréés préférés