Les conditions climatiques ayant bouleversé mes activités prévues pour ce weekend, j'ai pu consacrer un peu plus de temps à la rédaction de la revue de mon QA.
Voici donc la revue de mon Quantième Annuel (QA) Patek 5035.
IntroductionPatek Philippe a lancé le quantième annuel en 1996 sous la référence 5035 (bracelet cuir) et 5036 (bracelet en métal intégré). Le 5035 est équipé d’un cadran des 24 heures alors que le 5036 est équipé d’une phase de la lune et d’une indication de la réserve de marche. La version 5036 a également connu une version en platine et cardan ardoise sous bracelet cuir en série limitée sous la référence 5056P.
La référence 5035 a été arrêtée en 2005 pour être remplacée par la référence 5146.
Le mouvement qui équipe le 5035 est le calibre automatique 315 S QA 24H qui comprend 316 pièces.
S : seconde au centre
QA : quantième annuel
24H : indication des 24 heures
Les références 5036 et 5056 sont équipées du calibre automatique 315 S IRM QA LU qui comprend 356 pièces.
S : seconde au centre
IRM : indicateur de la réserve de marche
QA : quantième annuel
LU : phase de lune
L’introduction du quantième annuel dans la gamme de Patek Philippe a permis l’accès à l’univers des complications pour un budget «raisonnable». Il s’agit d’une complication «utile» selon les termes utilisés par la manufacture. Ce calibre «reconnaît» tous les mois de 30 ou 31 jours en indiquant automatiquement le mois, le jour ainsi que la date exacte. Il ne nécessite qu’une seule mise à jour annuelle lors du passage au 1er mars.
La QA 5035 fut disponible en 4 versions de métal (or jaune, gris, rose ou platine). Chaque version pouvant être dotée d’un cadran d’une couleur spécifique. Le nombre de cadrans disponibles variait selon le métal (de deux à quatre). C’est la version en or gris qui offrait la gamme de choix de cadran la plus étendue avec 4 couleurs possibles : argenté, noir, saumon et ardoise. Relevons que le cadran ardoise a été introduit ultérieurement et assez tardivement. Il ne fut disponible que sur une relative courte période de temps. Par ailleurs, il était possible de choisir la langue du quantième : Anglais, Français, Italien et Allemand.
Mais venons-en à ma référence. Il s’agit de la version en or gris doté d’un cadran ardoise et des indications du quantième en Français.
Démarche quant au choix de la montrePossédant déjà à l’époque une Patek en or rose, je désirais avoir une autre montre haute horlogerie «passe partout» pouvant être confondue avec une montre en acier et que je puisse porter en tenue décontractée. Le choix de l’or gris s’imposait.
Après une revue assez détaillée du marché et des différentes options possibles, mon choix s’était réduit à deux montres : la Lange 1 version or gris et la Patek QA 5035.
Mon choix définitif s’est porté sur la Patek du fait que le cadran gris de la Lange 1 était assez terne (j’avais déjà exclu les versions avec un cadran bleu et un cadran noir) et, qu’à l’époque, le cadran argenté n’était disponible que sur la version en platine que je trouvais toutefois trop lourde au poignet (la Lange 1 est désormais disponible en or gris avec le cadran argenté).
Aperçu généralLe QA 5035 fait 37 mm de diamètre. La version en or gris est rhodiée (Patek Philippe a depuis abandonné ce procédé en modifiant l’alliage) et est dès lors assez brillante. Le cadran ardoise atténue sensiblement cet aspect assez clinquant.
Le bracelet en cuir est équipé d’une simple boucle à ardillon.
Le QA 5035 est doté d’un fond en verre saphir permettant d’admirer le mouvement automatique et la masse oscillante en or.
Le boîtierComme indiqué, le boîtier est d’une taille relativement modeste avec 37 mm de diamètre. Il faut toutefois rappeler qu’une telle taille en 1996 était considérée comme normale pour une montre habillée. Le rehaut est relativement imposant et le cadran est fort ramassé. Ceci a pour effet de rendre la montre plus compacte qu’elle ne l’est.
La couronne est légèrement intégrée dans le boîtier et porte la traditionnelle croix de Calatrava.
La cambrure des anses permet un ajustement agréable au poignet.
Le cadranLe cadran est très particulier et est certainement l’élément le plus caractéristique de cette montre.
Le cadran ardoise présente un aspect irisé qui fait varier la perception de couleur selon l’angle de la lumière. Ainsi le cadran peut paraître tantôt gris tantôt noir.
Les premiers éléments qui m’ont attiré sont le chemin de fer ainsi que les chiffres romains appliqués. Remarquons que le chiffre 4 figure de manière classique c.-à-d. IV et non IIII alors que l’industrie horlogère a souvent recours à cet artifice (afin d’obtenir un équilibre entre le «VIII» et le «IIII»). Relevons qu’une série limitée en or rose célébrant le centenaire du Milan AC comprend un cadran avec des index à la place des chiffres romains.
Crédit photo: Patrizzi – Collecting Patek Phillipe Wristwatches – Vol. II p. 287Les aiguilles feuilles ainsi que les chiffres romains sont luminescents.
Le cadran comprend 3 cadrans auxiliaires : deux cadrans de tailles plus importantes 9 et 3 heures qui indiquent respectivement le jour et le mois ainsi qu'un cadran légèrement plus petit à 6 heures indiquant les 24 heures.
La date apparaît dans un guichet sous fond blanc à 6 heures. Je sais que certains puristes (et particulièrement un qui se reconnaîtra) ont critiqué le fait que le guichet n’est pas anglé. Relevons quand même que s’il y a bien absence d’anglage, les bords du guichet sont légèrement arrondis et pas simplement emboutis comme de la vulgaire tôle.
Le verre saphir est subtilement bombé mais toutefois moins que le verre de mon chrono 5970 (pour la revue de ce dernier, c’est ici:
https://forumamontres.forumactif.com/forumamontres-haute-horlogerie-f24/revue-dun-chrono-patek-5970-t67685.htm….)
Ce cadran dégage un sentiment de symétrie avec une répartition équilibrée des cadrans auxiliaires. A cet égard, c’est un grand reproche formulé à l’encontre de sa grande sœur : le quantième perpétuel (références 3140 et 5140) qui laisse une impression de vide dans le haut du cadran. La lecture des indications du quantième est instantanée et très aisée.
Ma version est équipée des indications de quantième en Français. Cette demande a nécessité une commande spécifique et un délai d’attente de quelques mois. Pour l’anecdote, mon AD m’a indiqué que j’étais son seul client à avoir demandé un quantième en Français. J’ai la prétention de croire que j’ai une version relativement limitée dans sa production (cadran ardoise et quantième en Français).
J’ai donc acheté une montre sur catalogue. Je n’avais en effet pas eu l’occasion de manipuler une version en or gris avec cadran ardoise. J’avais toutefois eu en main une version assez proche, à savoir la 5056P (version limitée en platine avec cadran ardoise). Rétrospectivement, je reconnais que ce fut un pari osé mais que j’ai été ébahi quand mon AD me l’a présentée.
Le mouvementComme indiqué dans l’introduction, le mouvement est le calibre automatique 315 S QA 24 H.
Crédit photo: notice d’utilisation Il s’agit du mouvement 315 S C (S C pour seconde au centre) auquel la complication du quantième annuel a été intégrée. Ce faisant le mouvement connaît un léger embonpoint par rapport à sa version de base. En effet, son diamètre passe de 27 à 30 mm et son épaisseur de 3,22 à 5,22 mm.
Il s’agit d’un mouvement 13 lignes (diamètre 30 mm) composé de 316 pièces (224 pour les 315 S C) avec balancier « Gyromax » doté d’une fréquence de 21.600 alternances/heure.
Outre le quantième annuel, ce calibre comprend la particularité d’être un mouvement à seconde au centre indirecte. Ce qui en soi est déjà une performance horlogère (à ce sujet :http://www.timezone.com/library/horologium/horologium631670098360080701).
Pour les anglophiles, je vous recommande la lecture de l’article de Walt Odets (http://www.timezone.com/library/horologium/horologium0016) décrivant les spécificités techniques du 315 S QA 24 H. Ce mécanisme a fait l’objet d’un dépôt de brevet en 1996.
Si le calibre 315 n’a pas l’élégance du calibre 240 et de son micro rotor, il demeure toutefois un mouvement agréable à regarder.
La masse oscillante de 21 carats est très sensible. Elle porte fièrement l’emblème de la manufacture et son guillochage est subtil. Le remontage est unidirectionnel. Pour les possesseurs de Rolex, il est assez déroutant d’entendre un très léger bruit de roulement lorsqu’on agite le poignet.
Comme tous les calibres mécaniques de Patek Philippe, le mouvement porte le poinçon de Genève (voir à ce sujet le post de Tokage
https://forumamontres.forumactif.com/forumamontres-haute-horlogerie-f24/le-poincon-de-geneve-illustre-t67721.htm). La manufacture vient récemment d’abandonner celui-ci au profit de son propre poinçon.
La réserve de marche est d’environ 48 heures.
Le passage du quantième n’est pas instantané. Il faut compter environ 45 minutes pour le saut de l’aiguille du jour et du passage de la date. D’après la notice d’utilisation, cette durée est portée respectivement à deux heures pour le passage du 31 au 1er et à quatre heures pour le passage du 30 au 1er. Mon exemplaire est plus rapide et accomplit la tâche en moins de deux heures.
Le braceletLe bracelet d’origine est en croco noir mat à grandes écailles carrées (provenance Camille Fournet) et est monté sur une boucle à ardillon. Après quelques années de bons et loyaux services, j’ai l’ai remplacé par un bracelet légèrement plus épais fait sur mesure par l’Atelier Jean Rousseau.
Réglage du quantième annuelLe mouvement est équipé de trois correcteurs permettant d’effectuer le réglage du quantième. Un stylet en or gris et ébène est livré afin de pouvoir actionner ces correcteurs. Un cure-dent peut également remplir ce rôle (il semblerait que certains puristes n’utilisent que cette solution afin de ne pas abîmer le boîtier avec la pointe du stylet). Il s’agit d’une opération délicate, le manuel d’utilisation stipulant clairement qu’il est impératif d’effectuer le réglage du quantième entre 2 heures et 19 heures. A cet égard, l’indication des 24 heures est une aide précieuse et permet de prévenir des erreurs fatales.
Paradoxalement, la mise à jour du quantième annuel est plus compliquée que celle de mon chrono quantième perpétuel. Ainsi, si ce dernier comprend un correcteur permettant un ajustement synchronisé de toutes les fonctions, le quantième annuel nécessitera un peu plus de travail en ajustant individuellement tant le mois, la date que le jour. Il est d’ailleurs impératif de suivre cette séquence afin de garantir la fonction de quantième annuel.
La sensation au porterLa montre se positionne parfaitement sur le poignet. Sa taille raisonnable convient très bien à mon poignet de 16,5 cm. J’ose affirmer que cette montre a un caractère assez furtif qui me permet de la porter en toute occasion sans attirer une quelconque attention.
L’emballageLa montre est livrée dans un écrin en bois précieux de taille somme toute modeste mais de très belle facture. Etant relativement insensible aux boîtes de grande taille et tous les accessoires qui finissent au fond d’un placard, je regrette l’abandon de ce modèle au profit des modèles actuels bien plus imposants mais plus clinquants et, en fait, moins bien finis. Les papiers sont insérés dans une simple pochette en cuir.
ConclusionJe possède cette montre depuis plus de 4 ans et je ne m’en lasse pas. Elle a définitivement sa place dans ma modeste collection. C’est toujours avec un émerveillement renouvelé que je la redécouvre après quelques semaines d’absence à mon poignet.
La référence 5035 a été arrêtée quelques mois après la réception de mon exemplaire. La référence actuelle qui la remplace est le QA 5146 qui a pris un léger embonpoint en passant à un diamètre de 39mm. Il a également abandonné les chiffres romains au profit d’une combinaison de chiffres arabes et index que je trouve moins élégante (la version en platine ne comprenant que des index est, à mon avis, plus réussie). Il a par ailleurs été doté d’office du calibre 315 S IRM QA LU (phase de lune et indication de réserve de marche). Ce dernier a été depuis remplacé par le nouveau calibre 324 S IRM QA LU (nouveau balancier « Gyromax » et fréquence portée à 28.800 alternances par heure).
Relevons par ailleurs que Patek Philippe propose des quantièmes annuels avec guichets au lieu de cadrans auxiliaires, à savoir : la référence 5125 en version limitée, la référence 5396 et la référence 5135 (voir les posts suivants:
https://forumamontres.forumactif.com/forumamontres-haute-horlogerie-f24/news-patek-5396-t70277.htm et
https://forumamontres.forumactif.com/forumamontres-haute-horlogerie-f24/et-la-patek-gondolo-calendario-t70715.htm).
Pour ceux désireux de découvrir l’univers de Patek Philippe ou d’approfondir leurs connaissances, je recommande la lecture de deux ouvrages : Huber & Banbery – Patek Philippe Genève montres bracelets et Osvaldo Patrizzi – Collecting Patek Philippe Wristwatches. Par ailleurs, si vous êtes de passage à Genève, une visite du Musée Patek Philippe vous fera découvrir de nombreuses merveilles.
Et pour finir, une petite photo avec quelques frangines...