COMPLICATIONS (PARTIE II)FUSEAUX HORAIRESCrédit : Bruno Cracco & TobweLes montres à fonction
GMT permettent
de gérer l’heure sur deux fuseaux horaires en même temps. Suivant les époques et les mouvements, on retrouvera différentes manières d’indiquer ces deux heures sur un même cadran. En voici les principales (la liste qui suit n’est absolument pas exhaustive) :
1 - Les premières se "contentaient" d’une aiguille additionnelle synchronisée sur l’aiguille des heures mais qui faisait le tour
de cadran en 24 heures au lieu
de 12. Il était donc impossible
de la régler indépendamment et la gestion du 2d fuseau devait se faire exclusivement via la lunette.
Exemple : les premières Rolex GMT.
Apparaissent ensuite des mouvements qui permettent
de gérer indépendamment les deux aiguilles des heures (la "normale" et la GMT).
2 - Une première sorte
de montre GMT fonctionne
de la manière suivante : la couronne a deux positions
de réglage, la première pour les heures et les minutes, tout ce qu’il y a
de plus classique, et la seconde pour l’aiguille GMT toujours sur 24 heures, et qui se règle à part. Le problème vient
de ce qu’en cas
de changement
de fuseau horaire, il faut tout régler à nouveau car l'aiguille GMT est solidaire
de celle des heures : nouvelle heure locale, nouvelle heure GMT, ce qui est fastidieux. Cette configuration est intéressante si vous restez toujours "à la maison" et désirez suivre les pérégrinations
de quelqu'un autour du globe (l'aiguille des heures n'est pas solidaire
de l'aiguille GMT qui peut donc changer
de fuseaux en toute liberté).
Exemple : les montres avec mouvements ETA2893.
3 – Une autre solution est celle
de la Rolex GMT II qui fonctionne
de manière inverse à la précédente. Les minutes sont réglées avec les heures GMT (toujours sur 24 heures) et servent
de temps
de référence ; l’aiguille des 12 heures se règle indépendamment pas saut d’une heure et gère en même temps le quantième : elle permet
de gérer l’heure et la date locales. L’heure
de référence est généralement celle du domicile, il suffit alors d’avancer ou
de reculer l’aiguille des heures d’autant d’heure qu’il y a
de décalage par rapport au point d’origine. Comme la Rolex GMT II possè
de toujours une lunette graduée sur 24 heures, on peut mettre l’heure
de Greenwich en référence et utiliser la lunette pour calculer l’heure
de tous les fuseaux horaires. C'est le fonctionnement idéal pour le globe-trotter qui change
de fuseau horaire régulièrement.
Exemple : Rolex GMT II
Crédit : Fireblade & L. Joel4 – Ceci n’est plus possible avec les mouvements "Hometime"
de JLC et assimilé. En effet, leur aiguille GMT ne tourne plus sur 24 heures mais sur 12 comme l’aiguille des heures. Cependant, leur aiguille GMT est couplée à un indicateur "jour/nuit" qui permet
de savoir s’il est trois heures du matin ou
de l’après-midi dans le fuseau horaire
de référence.
Exemple : JLC Hometime ou Dualmatic, Panerai PAM 233.
5 – A mi-chemin entre ces deux dernières possibilité, il y les IWC Spitfire UTC ou Rolex Explorer qui gèrent l’heure
de référence sur 24 heures comme la GMT II mais ne possèdent pas
de lunette tournante ce qui les limite à cette seule heure
de référence.
Exemple : Rolex Explorer, IWC Spitfire UTC
6 – Il existe aussi des montres avec deux cadrans et deux paires d’aiguilles qui permettent
de gérer des heures différentes indépendamment. La aussi un indicateur "jour/nuit" permet
de ne pas se tromper dans la lecture
de l’heure.
Exemple : Oris Artelier Worldtimer, Parmigiani Tonda Hemispheres
Attention cependant, les montres GMT sont généralement conçues pour gérer des décalages horaires d’heures pleines. Or il existe des pays qui pratiquent la demi-heure
de décalage, comme l’Inde qui est en GMT +5h30. Même la Rolex GMT II à quelques difficultés pour gérer ce problème puisque sa lunette fait 120 clicks, ce qui correspond à 5 clicks par heure soit 20 minutes par clicks : 48 clicks ou 96 click auraient été plus à propos. Par contre, la Parmigiani Tonda Hemispheres peut gérer sans difficultés ces pays avec des décalages "partiels" (Vénézuela -4h30 p.e.) puisque ses deux fuseaux sont totalement indépendants l'un
de l'autre.
Crédit : patek.com & vulcain-uhren.deIl existe une autre façon
de gérer les différents fuseaux horaires, ce sont les montres dites
worldtimer ou
heures du monde dont la plus emblématique est sans conteste l’actuelle Patek Philippe 5130, dernier rejeton d’une longue lignée. Elles indiquent l’heure sur les 24 fuseaux horaires du globe via deux disques concentriques : celui
de villes qui permettent d’identifier les fuseaux et celui des heures. Ici encore une fois, la montre ne peut gérer que les décalages en heure pleines.
CALENDRIERCrédit : Alberto Schileo, Su JiaXian & Vacheron-ConstantinPour faciliter les explications, la première montre est un Quantième Annuel
de Patek Philippe (PP), la deuxième est un Quantième Perpétuel
de Lange & Soehne (LS), la troisième est un Quantième Perpétuel
de Vacheron Constantin (VC).
En horlogerie, la date s’appelle le
quantième. Voici les trois façons les plus communes d’indiquer la date sur une montre : guichet (PP), grande date (L&S) ou aiguille/pointeur, (VC), ici avec un affichage rétrograde.
Outre le quantième, une montre peut indiquer le
jour de la semaine, soit lundi, mardi, mercredi, etc. Ici les trois montres le font au moyen d’aiguille et en anglais mais Rolex a choisi le guichet pour sa Day Date, par exemple. Dans les trois cas illustrés ci-dessus, le jour
de la semaine est dans le registre
de gauche.
Le
triple quantième affiche la date, le jour
de la semaine et le mois. Il ne gère pas la différence entre les mois
de 28, 29, 30 ou 31 jours, et nécessite une correction manuelle plusieurs fois dans l'année.
On parle
de quantième annuel (QA) quand le calendrier est capable
de gérer les mois
de 30 et 31 jours mais pas le mois
de février. Il faut donc effectuer la correction manuelle une fois par an. Il peut n'afficher que la date et le mois, le jour
de la semaine n'est pas indispensable.
Le
quantième bissextile perfectionne le QA en ne demandant qu'une correction tout les quatre ans - le mois
de février à toujours 28 jours dans ce type
de montre.
Seul le
quantième perpétuel gère correctement le mois
de février et son cycle quaternaire (28-28-28-29). La "mémoire" mécanique du mouvement permet
de tenir compte d’un cycle
de 48 mois (3 années classiques et 1 année bissextile). Pour savoir où en en est dans ce cycle (dont la dernière année, la quatrième, est l’année bissextile), la montre affiche l’année en cours via une aiguille sur la L&S (sous-registre décentré à droite du cadran avec le chiffre 4 en rouge) ou via un guichet sur la VC (guichet indiquant 3 en bas à droite
de l’affichage rétrograde
de la date). Le quantième perpétuel demande quand même une correction tous les 100 ans (voir note ci-dessous).
Le
quantième séculaire (voir post précédent) gère l’entièreté
de la question des années communes ou bissextiles sur un cycle
de 400 ans et ne demande donc aucune correction. Ce genre
de montre est plutôt rare...
La VC pousse la sophistication jusqu’à afficher l’année en cours dans un guichet entre les deux registres du jour et du mois ; tandis que la L&S indique si vous êtes dans les heures du "jour" ou
de la "nuit" via le sous-registre
de gauche gradué sur 24 heures : ici, il est 7h26 du matin.
Généralement, il y a peu d’exceptions, les quantièmes s’accompagnent d’une
phase de lune qui indique la progression
de l’astre lunaire dans son cycle
de 29 jours, 12 heures, 44 minutes et 2,8 secondes. Sur la Lange 1, Lange & Soehne est arrivé à une précision
de 1 jour
de décalage en 122,6 ans.
Par mesure
de précaution, on ne règle jamais la date ou n'importe quelle autre information d'un quantième si la montre est entre 21h00 et 3h00 du matin. En effet, c'est à ce moment que débute le long travaille mécanique qui permettra le changement
de la date, du jour, du mois,
de la phase
de lune, etc. Toute tentative
de réglage pourrait perturber voire endommager le mouvement
de la montre et donc par mesure
de précaution, on préfère s'en abstenir.
NOTE : Pour rappel, les années bissextiles sont les années dans notre calendrier qui sont divisibles par 4 mais non divisibles par 100, à l’exception des années divisibles par 400 qui sont bissextiles elles-aussi. Ainsi 1600 et 2000 furent bissextiles, mais pas 1700, 1800, 1900 qui furent communes.
De même, 2100, 2200, 2300 seront communes, alors que 2400 sera une année bissextile. Comme aucun QP ne peut gérer pour l’instant ce cycle
de 400 ans, et que tous comptent les années multiples
de 100 comme bissextiles puisqu’elles sont aussi multiples
de 4, il faudra tôt ou tard (en 2100
de fait) que la montre passe chez l’horloger à moins qu’un mécanisme
de réglage ou
de correction n’ait été prévu.
EQUATION DU TEMPSCrédit : culture.hautehorlogerie.org & patek.comL’
équation du temps est la différence entre l’heure solaire vraie et l’heure solaire moyenne. Vous trouverez une explication complète
ici. Cette complication est toujours couplée à un quantième annuel ou perpétuel. Il y a deux modes d’affichage
de l’équation du temps : sur la première montre, une aiguille, ici avec un soleil, indique la différence actuelle sur une échelle
de +/- 15 minutes (sur le rehaut
de la montre dans ce cas-ci), à nous
de faire le calcul pour connaître l’heure solaire ; avec la seconde montre, on a une équation du temps dite marchante, c’est-à-dire qu’une deuxième aiguille des minutes, toujours avec un soleil, donne directement l’heure solaire.
SONNERIE & REPETITIONCrédit : Chrono59Les montres
réveil permettent tout simplement comme leur nom l’indique
de faire retentir une sonnerie à une heure fixée d’avance. Vu le cadran des montres, la programmation ne peut généralement se faire que douze heures à l’avance.
Crédit : Deniz & horlogerie-suisse.comA – Timbre
B - Marteau
C – Bloc
de fixation des timbres
Les montres à répétition indiquent, à la demande, l’heure en frappant deux timbres avec des marteaux. Le
timbre est une lame d’acier plus ou moins longue, solidement fixée à une des ses extrémités et qui fait le tour du mouvement. Frappée par un marteau, elle produira un son grave ou aigu, c’est selon. Certaines montres sont dotées
de 3 timbres ou plus, on parle alors
de sonnerie carillon ou cathédrale, ou encore Westminster parce que la mélodie du parlement
de Londres était la plus célèbre
de son temps.
Les
répétitions à quarts donnent successivement le nombre d’heures et
de quarts d’heure passés. Trois coups (timbre grave) suivis
de deux coups (double timbre) indiquent qu’il est entre 3h30 et 3h45. Apparaissent ensuite les
répétitions à cinq minutes qui, toujours sur le même principe, indiquent les heures, les quarts d’heure et les cinq minutes passé. Trois coups (timbre grave), suivis
de deux coups (double timbre), suivi d’un coup (timbre aigu) signifient qu’il est entre 3h35 et 3h40. Viennent enfin les
répétitions minutes qui donnent l’heure à la minute près comme l’indique leur nom. Trois coups (timbre sourd), suivis
de deux coups (double timbre), suivis
de six coups (timbre aigu) marquent donc 6h36.
Cependant, le décompte des quarts est quelque peu fastidieux : trois coups suivis d’un coup, suivi
de six coups donnent 3h21. C’est pour cela que l’horloger finlandais Kari Voutilainen propose des
répétitions décimales dont la deuxième série
de coups décompte les 10 minutes et non pas les quarts d’heure. L’exemple précédent (trois coups + 1 coup + 6 coups) ne serait plus égal à 3h21 dans ce système mais 3h16 ce qui est sans doute plus intuitif.
Ces répétitions se font généralement à la demande via un poussoir ou un verrou. Cependant, elles peuvent aussi sonner automatiquement au passage
de l’heure ou du quart. C’est ce qu’on appelle les grandes et petites sonneries. La
grande sonnerie, sonne les heures et les quarts et répète les heures à chaque quart ; alors que la
petite sonnerie sonne les heures et les quarts mais ne répète pas les heures à chaque quarts. Pour éviter toute cacophonie, il est possible
de réduire ce mécanisme au silence le plus complet via un autre verrou ou poussoir.
PRÉCISIONCrédit : Alexandro Schileo & thepurists.com Le
tourbillon a été inventé par Abraham-Louis Breguet et breveté en 1801. Il permet
de compenser les écarts
de marche d’une montre verticale dus à un déséquilibrage
de son balancier ou
de son spiral en enchâssant balancier, spiral et échappement dans une cage mobile qui fait généralement un tour par minute. En effet, un défaut d’équilibrage, même minime, peut faire la fréquence du balancier/spiral selon qu’il est placé au dessus
de l’axe
de pivotement ou en dessous. Autrement dit, si la montre est verticale couronne vers le haut, elle ne battra pas à la même fréquence que si elle est couronne vers le bas. Le tourbillon permet en faisant en permanence varier la position
de l’échappement par rapport à la montre et donc
de "mélanger" les défauts
de marche pour obtenir une marche moyenne juste.
Crédit : journal.hautehorlogerie.org & Ron DeCorteCependant, avec les techniques modernes, les défauts d’équilibrage n’ont que très, très peu
de chance
de se produire
de nos jours.
De plus, comme le tourbillon ne travaille que sur un axe, il n’a
de sens qu’avec une montre portée en position verticale (ce qui était le cas des montres
de gousset à l’époque d’A.-L. Breguet). Aujourd’hui, nos montres ne sont plus que rarement en position verticale stricte et nos mouvements
de mains ont tendance à leur faire prendre toute sorte
de positions qui peuvent compenser jusqu’à un certain point des écarts
de marche. Le tourbillon en tant que tel est donc devenu quasi inutile sauf comme preuve
de savoir-faire. A moins que les tourbillons travaillant sur plusieurs axes, comme le Gyrotourbillon
de JLC (voir photos précédentes à gauche) ne viennent changer la donne.
Une deuxième sorte
de tourbillon, dit
tourbillon volant (voir photos précédentes à droite) se distingue du précédent par l'absence
de pont supérieur (
cfr les deux premières photos) et est donc uniquement soutenu d'en-dessous. Il a été inventé par Alfred Helwig en 1920.
(Merci à
Tic&Tac pour son post limpide sur le sujet)
Crédit : thepurists.com & InconnuLe photo (Lange & Soehne) et le schéma (François-Paul Journe) montrent à chaque fois un
remontoir d’égalité. Pour comprendre l’utilité
de ce système, il faut tenir compte du fait que l’échappement à ancre suisse est relativement énergivore. Or la déperdition d’énergie peut influencer la régularité des oscillations
de l’ensemble balancier/spiral. Pour compenser ce problème, les horlogers ont disposé une seconde source d’énergie qui agit en relais sur l’échappement
de la montre et en compense les pertes. Le remontoir d’égalité agit comme une sorte
de "pacemaker" avant la lettre et renforce la régularité des battements
de la montre.
Nicolas