ZEN
Rang: Administrateur
Nombre de messages : 57505
Date d'inscription : 05/05/2005
 | | Sujet: Actu : Le nouveau virage des 24 Heures du Mans 2008-06-13, 07:35 | |
| - Citation :
- Le nouveau virage des 24 Heures du Mans
[ 13/06/08 ]
La course mythique du Mans accélère son développement avec une nouvelle politique commerciale et l'intention de combler son retard en Asie.
Le « business » que génère la course d'endurance reste faible par rapport aux autres grands événements sportifs mondiaux.
Développer l'activité commerciale des 24 Heures du Mans tout en respectant l'esprit d'un vénérable club d'usagers, telle est l'équation que doivent résoudre les dirigeants de l'Automobile Club de l'Ouest (ACO). La réputation de la course d'endurance automobile, dont la 76e édition se déroulera ce week-end dans la Sarthe, n'est plus à faire. Pourtant, le « business » qu'elle génère reste faible comparé à celui des autres grands événements sportifs mondiaux. Selon Jean-Claude Plassart, président de l'ACO, les 24 Heures 2008 réaliseront 21,4 millions d'euros de chiffre d'affaires. A titre d'exemple, les recettes du tournoi de Roland-Garros qui vient de s'achever vont dépasser les 112 millions. Certes, les Internationaux de France de tennis s'étalent sur quinze jours. Mais si l'on prend en compte toutes les compétitions organisées par l'ACO au Mans (les 24 Heures et le Grand Prix de France moto, les 24 Heures camions, Le Mans Classic, les World Series by Renault, une manche du circuit DTM), ainsi que les activités grand public de l'Automobile Club (stage de conduite...), ce chiffre est à peine doublé (38 millions d'euros). Pour un total de 500.000 spectateurs - dont 250.000 pour les 24 Heures auto -, à comparer aux 450.000 de Roland-Garros. Enfin, même si une course de vingt-quatre heures est difficile à « suivre » pour les télévisions, et donc à vendre, le 1,4 million d'euros de droits TV dégagé du Mans suffit à lui seul à souligner la marge de croissance.
« Nous pouvons faire mieux », reconnaît Jean-Claude Plassart, élu il y a quatre ans. « On a changé de braquet (...). Nous essayons d'être des managers avisés et plus des amateurs », a-t-il déclaré par ailleurs à l'AFP. Pour l'ancien cadre dirigeant des groupes de distribution Comptoirs Modernes, Promodès et Carrefour, un nouveau virage a été pris, qui porte déjà ses fruits : l'activité de l'ACO a progressé de 16 % depuis 2006. Repris en 1992 par les collectivités locales, le circuit a fait l'objet de 40 millions d'investissements. L'ACO a rajouté 4 millions pour l'accueil du public. Un poste de directeur commercial a été créé. Une gamme de produits dérivés, distribuée en grandes surfaces et dans les magasins spécialisés sport et auto, a été lancée, avec des licenciés comme Le Coq Sportif ou PlayStation. Une boutique de 190 mètres carrés a été inaugurée au siège du club.
Attirer des marques
Sur le plan du sponsoring, le but est d'attirer des marques autres que celles issues du secteur automobile (Audi, Peugeot, Michelin). Aujourd'hui, seul Rolex entre dans cette catégorie. « Ce que nous aimerions également, poursuit le président, c'est séduire un nouveau public, notamment issu de la région parisienne. »
Car, paradoxalement, Le Mans fait pratiquement plus rêver les Britanniques et les Américains que les Français. La faute à une diffusion minimale sur les chaînes hertziennes de l'Hexagone (cette année France Télévisions couvrira les moments clefs, TF1 a promis un peu de temps au magazine « Auto-Moto », mais le gros de la couverture sera assuré par Eurosport), mais, peut-être aussi, à un fonctionnement autarcique. Fort de son épreuve mythique, l'ACO dédaigne ainsi la Formule 1. Pas question pour Jean-Claude Plassart d'accueillir le Grand Prix de France, dont la première édition s'est pourtant tenue au Mans en 1906 et qui se trouve à la recherche d'un site depuis le rejet de Magny-Cours par Bernie Ecclestone. « Il y a d'abord une raison objective : nous ne disposons que de 60.000 places assises, ce qui est insuffisant pour la F1. Mais il est vrai aussi que nous ne voulons pas brouiller notre image : Le Mans, c'est l'endurance. »
L'esprit Le Mans
On touche là à la philosophie maison. L'ACO est avant tout un club de 100.000 adhérents dont la première mission est la défense de l'usager. « La formation des jeunes conducteurs est par exemple pour nous une priorité, explique le président. Et les 24 Heures sont d'abord utiles pour tester des nouvelles technologies qui serviront demain à tous les automobilistes, comme cela a été le cas pour les phares à longue portée, l'ABS ou le diesel, et comme ce le sera demain pour l'hybride. » L'esprit Le Mans est d'autant plus enraciné que les concurrents y adhèrent, et notamment Peugeot et Audi, les deux grands rivaux de cette année. « L'endurance nous permet de démontrer la performance et la fiabilité de notre technologie Diesel et de nos filtres à particules », affirme Jean-Philippe Collin, le nouveau directeur général de la firme au lion. Bruno Gisquet, directeur marketing d'Audi France, évoque lui l'injection directe essence (FSI). Mais le représentant de la marque sextuple vainqueur des 24 Heures parle également de « communion » avec un public de vrais amateurs et souligne « une ambiance de convivialité nettement au-dessus de la F1 ». « Le Mans, c'est l'antithèse des Grands Prix où quelques privilégiés multibadgés toisent le grand public du haut de leur espace réservé », ajoute-t-il.
Plus chaleureux, les 24 Heures ne sont, en revanche, « pas à la hauteur de la F1 en termes de retombées médias », reconnaît Bruno Gisquet. De fait, une étude de l'ACO montre que Le Mans est la deuxième compétition automobile qui intéresse le plus les Français... derrière la Formule 1 (37 % contre 43 %, selon TNS Sofres). La hiérarchie est identique à l'échelle des cinq principaux pays industrialisés (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne, France). Malgré sa déclinaison, les Le Mans Series, des courses de six heures ou de 1.000 kilomètres organisées en Amérique du Nord et en Europe, la formule 24 Heures ne jouit pas de l'audience des 18 Grands Prix de F1, dont 7 se déroulent dans la zone Proche-Orient-Asie-Pacifique. La création, en 2009, des Asian Le Mans Series, avec une course à Shanghai et une autre au Japon, devrait combler ce retard. A tout le moins, elle réjouit déjà les responsables de Peugeot et d'Audi. Et elle pourrait définitivement faire basculer les 24 Heures du Mans du côté des grandes marques sportives mondiales. PHILIPPE BERTRAND http://www.lesechos.fr/info/sport/4740075.htm
_________________
Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
|
|
